Pays de Born Pays negue Landes de Gascogne Mar e còsta gascona / Ma é coste gascoune

Mimizan

- Vincent P.


 

La plage de Lespecier

en graphie alibertine :

L’Especièr, l’Especièra

espicèr, espicèir, espicièr, especièr / épicier

espicèr (pron. espicè) : forme gasconne normale espicèir (pron. espiceÿ) : (...)

La forêt brûle en cet été 2022, ambiance fin des temps, plage de Lespecier (ce qui n’interdit pas de s’interroger sur l’étymologie : l’on trouve Lette de L’Espicier sur la carte d’État-Major du XIXème siècle).


 

Grans de sau

  • Adishatz,
    L’especièr = L’épicier bien segur.
    Mès le rason ?
    Simple, deu temps deus gemèrs, un òmi (En Sargos) que portèva lo de qué aus gemèrs au trabalh.
    Que l’an aperat "l’especièr" e lo son shafre qu’estot dishat au lòc !

  • Ici nous vivons dans l’angoisse car nous sommes, depuis presque une semaine, alternativement sous les fumée de Landiras ou de La Teste, avec un vent obstinément au nord ou au nord-est. Jeudi en fin d’après-midi c’était apocalyptique, avec un ciel noir dans lequel on ne voyait même plus le soleil. Il pleuvait des cendres, une espèce de Pompéi en Born. Nous sentons presque en permanence l’odeur de l’incendie, avec des moments où on ne peut pas rester trop longtemps dehors. Aujourd’hui encore beaucoup de stress car la situation s’est aggravée. L’incendie a touché l’océan à La Lagune et semble progresser vers le sud. Biscarrosse-Plage et les premières maisons des Hautes-Rives sont à moins de dix kilomètres. Alors on a beau se dire que c’est encore relativement loin, on ne peut s’empêcher d’y penser parce que ce feu est vraiment hors normes. Malgré tous les moyens déployés, il n’est pas contenu depuis presque une semaine et reprend sans arrêt. La forêt usagère de La Teste est détruite à 80%.
    Du côté des Landes du Cernès, c’est très grave aussi. Au pire, l’autoroute servira de pare feu à l’ouest et peut-être les grands champs de maïs au sud ?
    Tout ça me fait furieusement penser au grand incendie de 1949, les morts en moins fort heureusement.
    Je peux vous assurer que c’est une situation très angoissante. D’ailleurs vous voyez l’heure qu’il est, je n’arrive pas à dormir. Demain et après-demain, les vents seront a priori moins défavorables que ces 6 derniers jours. Et puis mardi la température baisse de 15 degrés.

  • Il faudra à tête reposée tirer les leçons de ces incendies géants en matière de lutte contre le feu comme cela l’avait été après les incendies de 1949. Pour l’instant le Sud-Landes n’est pas menacé.

    • “à tête reposée”... bravo Cristian pour cette pondération !
      Mais après les incendies géants au Canada, en Californie, en Sibérie, en Australie, au Portugal, on pouvait prévoir que ça arriverait “chez nous” en Landes de Gascogne, malgré le dispositif de la DFCI mis en place après les incendies de 1949. Donc nous avons déjà commencé à réfléchir... peguilhèira = allée pour les troupeaux
       On parle de coupe-feux (virahucs = birehucs) ; je vois de larges péguilleyres pour les troupeaux, de retour dans nos forêts, où ils brouteraient l’hiver les sous-bois inflammables ; ces coupe-feux pourraient aussi faire passer les lignes électriques portant le courant des parc photovoltaïques.
       Les chênes, moins inflammables que les pins, poussent très bien dans le sable landais, d’après mon expérience perso : ils poussent même tout seuls ; enfin peut-être pas partout, c’est à creuser...
       Gestion de l’incendie : j’ai vu cette idée dans le Diario de Navarra (la Navarre a eu des incendies aussi graves il y a un mois, avec des évacuations de localités) : on pourrait garder sur place les habitants volontaires pour combattre le feu, au lieu de les évacuer ; cela suppose peut-être une formation continue pour les préparer à ça... mais ça existe déjà avec les "pompiers volontaires", me dira-t-on ?

  • C’est un peu ma marotte, car je pars souvent arpenter le massif forestier landais pour en photographier les lagunes (en triste voie de disparition), mais la restauration, en de nombreux endroits, des milieux marécageux et lagunaires, comme pare-feu, n’est-elle pas la solution ?

    Ressusciter la lande en de larges espaces, casser avec le mythe du miracle du pin, accepter une part d’inhospitalité dans ce monde.

    Cela nécessite évidemment de renouer avec les communs ou toute formule juridique qui s’en approche. Ce sera quelque chose de ce genre, ou alors la lande deviendra un terrain à panneaux photovoltaïques, c’est l’enjeu de demain.

    Pour ce qui est de la forêt usagère, il est douteux que son régime survive à cet événement.

  • En tant que "Cernésien" (lol) je suis bien d’accord avec Vincent. Notre pignada est une bombe à retardement. La maison de famille est a 200 m du début de la forêt landaise. Mais comment compenser le manque à gagner si on supprime des pans entiers de pignada ?

  • Oui, la comparaison avec 1949 ne peut que venir à l’esprit quand les incendies du côté de Saucats étaient ressentis comme proches jusqu’à Bordeaux.
    Cette nuit vers 1h 30, j’y ai été réveillé par une forte odeur de brûlé, les vents soufflant sans doute depuis la région de Landiras. Depuis la terrasse on percevait bien l’épaisseur d’un nuage de fumée qui densifiait l’air sous les lampadaires. Je pensais aux riverains des incendies qui vivent avec cet air empuanti, probablement fatal aux allergiques, entre autres effets.
    Pour l’avenir, Vincent a raison mais les freins et contraintes (cf ce qu’écrit Gaby) seront énormes.

  • Pareil, à Cavignac, réveillé vers 3 h par une odeur de... jambon grillé !

  • Déjà lors des grandes tempêtes on a envisagé des pistes nouvelles pour le massif landais. Mais l’inertie semble grande. Ce n’est pas facile de changer de modèle économique.
    Et si changement il y a, il risque d’aller parfois vers le pire : le pignada, malgré l’inconvénient de la monoculture, porte quelque chose de landais (au point même de s’identifier aux "Landes" !), et est compatible avec une certaine biodiversité.
    Un peu comme pour les élevages de canards face à la grippe aviaire, les solutions retenues risquent d’accentuer l’industrialisation, d’imposer encore plus de normes (concernant par exemple le nettoyage des sous-bois), donc d’exclure les acteurs les moins installés, les plus imaginatifs et les moins conformistes...
    L’evolucion de las lanas de Gasconha

  • En tout cas, il est certain que la "lande" va changer, pour s’adapter à de tels étés. C’est à nous de suggérer des pistes, pour au moins infuser. Avec la nécessité de restaurer l’humidité, je pense que nous avons là une idée dans l’air du temps, reste la solution pratique (mais quand l’État veut, il exproprie sans difficultés, sans compensation).

    Ensuite, si l’on prend les départs des deux feux, constatons que l’un est le produit d’un pyromane (pas grand chose à faire, la psychiatrie est un domaine qui n’est pas de notre compétence), l’autre de la circulation sur une piste étroite dans une forêt, de l’aveu de tous, mal entretenue (que l’on dit alors "naturelle", mais la forêt usagère est tout sauf naturelle).

  • Aujourd’hui nous respirons enfin un peu, au sens propre comme au sens figuré. Il y a de l’espoir après 8 jours d’angoisse. Il fait doux, l’air est chargé d’humidité et il a même un peu plu ce matin. Depuis chez moi, je ne vois plus aucune fumée vers le nord. Pour Landiras je ne sais pas.

    Ici les pompiers, l’ONF et la DFCI des Landes ont pratiqué un immense pare feu, en voie d’achèvement, entre l’étang de Cazaux-Sanguinet et l’océan, plus de 5 kilomètres. Toute une flopée d’engins, du bulldozer à la simple débroussailleuse, sont au travail nuit et jour pour élargir le pare feu existant, dit pare feu de la limite (Landes-Gironde), entre La Truque et Les Brannes (aujourd’hui appelé les Hautes-Rives) et le Trencat, jusqu’à 90 mètres de largeur. C’est plus que les plus gros qui sont dans le CEL et qu’on voit sur les images satellite. Il y a des machines incroyables, qui transforment des pins de 40 ans en copeaux en un clin d’oeil. Les entreprises forestières du coin sont toutes mises à contribution. Je sais aussi qu’ils sont en train de pratiquer des coupes préventives ailleurs. Pour ce fameux pare feu, ce sont 500 hectares de forêt qui ont été sacrifiés. C’était indispensable. L’enjeu est d’empêcher que le feu saute sur Biscarrosse-Plage et s’engouffre dans le CEL vers Mimizan. Ensuite, qu’est-ce qui l’arrêterait ?
    A priori, il a été contenu un peu au nord du wharf de La Salie à l’ouest et un peu au nord de Peyroutas et Cure Pipe à l’est. A cet endroit, ce sont effectivement les marais de La Courpeyre et la lagune que les Testerins appellent le Gurp qui ont aidé à stopper les flammes. Ensuite, la forêt domaniale, vers Maubruc, a semble-t-il été plus facile à défendre que la Montagne qui a quasiment totalement disparu. Côté ouest, tout a brûlé depuis La Salie nord jusqu’aux portes du Pilat. La Lagune, le Petit Nice, tout a disparu. (La Teste-de-Buch / La Tèsta de Bush)
    Le Gourcq (le Gurp ?)

    Ensuite, l’ambiance est d’ores et déjà électrique à La Teste où les règlements de compte vont être sanglants. Si je vous dis que c’est tendu, je suis bien en dessous de la réalité. Tout le monde va se renvoyer la responsabilité et ça va être la guerre.
    Pourvu qu’il en ressorte quelque chose de positif pour que nos enfants et petits enfants puissent profiter de la nouvelle Montagne qui va naître dans les décennies à venir. Je pense que la seule évacuation du bois prendra des années.
    Pour l’anecdote, je suis allé me promener à moto le lundi 11 juillet, en remontant la route du Pilat depuis Biscarrosse-Plage, en traversant la Montagne par la route des Sénégalais (la fameuse piste) et j’ai terminé au bord du lac à Cazaux. J’étais loin de me douter que c’était la dernière fois que je contemplais ces paysages. C’est une sensation très étrange.
    Désormais, la dernière forêt usagère est la Montagne de Biscarrosse, qui servira peut-être pour réensemencer celle de nos malheureux voisins Testerins

  • Pour ceux qui ne sont pas allergiques à Facebook et veulent avoir des échos en direct de l’incendie de la Teste, avec les controverses auxquelles Halip fait allusion, je conseille le groupe HTBA - Histoire et Traditions du Bassin d’Arcachon qui depuis longtemps observe - entre autres - la forêt usagère de la Montagne de la Teste.
    Il aura fallu cette catastrophe pour que je commence à distinguer cette forêt usagère de la forêt domaniale qui, elle, est gérée par l’ONF...
    LA FORET USAGERE de LA TESTE DE BUCH (site de Robert AUFAN)

  • Voici le pare feu géant qui a été pratiqué en moins d’une semaine le long de la limite départementale Landes-Gironde. Ils en ont fait semble-t-il un autre plus au nord, entre Peyroutas et La Salie. C’est impressionnant et très rassurant.
    A Landiras, le front du feu est bien plus grand qu’ici. Je ne sais pas ce qu’ils vont faire.

  • Je me permets de m’inscrire en faux contre la version -assortie de beaucoup de prudence- de l’OT de Mimizan quant au nom de l’ Especier ou Lespecier*.

    Dès la période 1830, la carte dite d’Etat Major porte la mention d’une lette de l’Espicier située au N E de la route venant de Bias ( qui n’existera que dans les années 1950).
    Pour moi cette désignation relative à un épicier, est à mettre en relation avec l’activité de contrebande qui découle des avantages fiscaux accordés à la ville de Bayonne en 1674. Ces faits sont attestés pour le tabac de façon irréfutable par JJ Taillentou dans son histoire du Marensin de l’Antiquité à la Révolution (Princi Négué 2002). Il démontre que régulièrement les hommes des Fermes ( les douaniers) s’opposent à des bandes de contrebandiers venus de l’intérieur lors de chaque débarquement de chaloupes. Pour le tabac c’est une certitude.
    On peut faire une hypothèse raisonnable avec les épices, également taxées et point fort de l’activité commerciale bayonnaise ( pèbe e lane : poivre et laine). Sur le terrain, dans la foret domaniale de Saint Julien on retrouve la dénomination d’un Chemin des Brigands sensiblement parallèle à la RF des 5 lettots. En fait ces brigands là n’étaient autres que des contrebandiers. Lors du Blocus, Napoleon 1er fit même établir des maisons des Douanes à la sortie des dunes. L’une d’entre elles se trouve au SE de l’étang de Bourg vieux à Bias

    * la version confiée à Sud Ouest parle d’un fourgon d’épicier ravitaillant un chantier dans les dunes en 1928. Le nom est bien antérieur.


Un gran de sau ?

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