Bourgeais, Cubzaguais, Fronsadais Pays gabaye

Saint-Ciers-de-Canesse

- Vincent P.


 

Les Sclaponniers

Il est assez évident que nous avons là un toponyme gascon déformé, ce qui n’a rien de surprenant dans cette zone frontalière. C’est évident, car le groupe scl- à l’initiale est impossible en oïl. On a fatalement une mécoupure de quelque chose qui doit être L’Esclaponier. En oïl, escl- donne ecl-. Donc, c’est bel et bien un toponyme gascon.

Reste à l’élucider, tant il est déformé. La carte d’état-major indique "Sclaponiers", sans article, et Cassini ... "Lesclapon" ! Que s’est-il passé ?

Il faut comprendre l’apparition d’un suffixe d’abord : pourquoi le lieu-dit "Lesclapon" est-il devenu "Les Esclaponniers" ? On peut supposer que les gens prirent l’habitude de nommer ce lieu-dit en fonction de ces habitants, "ceux de Lesclapon", d’où apparition du suffixe. On peut supposer aussi que Cassini a omis le suffixe, par erreur.

Quelles sources pour élucider le toponyme ? Si la forme de base est L’Esclapon, il convient de trouver le sens de ce mot, que l’on retrouve en toponymie en Provence, et qui doit être un dérivé du verbe esclapar "écraser".

Il est possible que la forme de base ait été L’Esclaponèir (ou Los Esclaponèirs), l’on tourne autour des mêmes interrogations, sauf que l’on a là, peut-être, un nom de métier. Bref, c’est très difficile à dire sans une connaissance pointue du nord-gascon, et de son vocabulaire technique, peu présent dans les dictionnaires de référence à ma disposition.

Dans tous les cas, remarquons combien un toponyme immanquablement gascon a pu revêtir un aspect simili-d’oïl, par déformation.


 

Grans de sau

  • A propos de l’article masculin pluriel en gascon du nord de la Dordogne : il semble bien que c’était "les", ce qui a facilité les mécoupures en français, je pense.

  • Entre Garonne et Dordogne, très généralement, l’article défini pluriel avait la même forme les (lés) au masculin comme au féminin.

  • Si l’on en croit l’ALLOc, la forme unique les (lés) pour le masculin comme pour le féminin arrivait jusqu’à Beaupuy, aux portes de Marmande. Et la Parabole marmandaise de l’enquête Bourciez ne donne que cette forme unique alors que, d’après mes souvenirs d’enfance, seule la forme los (lous) pour le masculin pluriel était en usage. A moins que les deux versions n’aient eu cours à l’époque et que l’une ait pu passer pour plus "noble" par rapport à l’autre jugée plus "rustre"...


Un gran de sau ?

(identification facultative)

  • [Se connecter]
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document