Rive droite gasconne Gascogne médiane Tonneinquais

Nicole

- Tederic Merger


 

Ancienne maison bourgeoise / Vielh ostau borgés / Bieilh oustaou bourgés


A observer Nicole (dont le nom serait un des rares à venir de l’anglais - Lincoln), on comprend que ce village, adossé au Pech de Bère et voyant Garonne, a eu au début du 19e siècle la faveur des bourgeois (d’Aiguillon ?) pour s’y faire bâtir des "ostaus" cossus.
Hélas, le chemin de fer puis la montée en puissance de la route nationale se sont interposés, enlevant de l’agrément à ces demeures.
La question se pose toujours pour Nicole : comment apprivoiser la "nationale" (départementale depuis la décentralisation Raffarin) et le chemin de fer ?
Pour la nationale, un contrôle accru de la circulation des camions, des bandes cyclables sécurisées (rejoignant Ayet et Aiguillon), l’embellissement des trottoirs... seraient bienvenus.

Quant à cette maison elle-même :
Elle est un bon exemple des maisons massives, un peu écrasantes et austères, que les vieilles familles bourgeoises du Tonneinquais ont bâties.
A Tonneins même, il y a la maison Tapol, qui sert de maison des associations, qu’on n’a pas réussi à rendre vraiment avenante...
Et pour un usage d’habitation (en partageant en appartements), c’est difficile : ni garages ni terrasses...
Il y a sans doute des solutions à trouver ! (avis aux jeunes tonneinquais qui étudient l’architecture...).


 

Grans de sau

  • Comment expliquer que cette nationale soit si fréquentée alors même qu’il existe l’autoroute ?
    Desserte locale ? J’y ai vu énormément de camions.
    La preuve qu’une autoroute parallèle à une nationale ne sert pas qu’à aspirer le trafic de la première (Pau-Bordeaux anyone ?).

    Là où cette saignée m’a le plus choqué, c’est au Port-Sainte-Marie, qui, si j’ai bien vu, n’a plus que de port que le nom.

    Réponse de Gasconha.com :
    Les poids lourds doivent être autorisés pour la desserte locale. Pour le reste, il parait que la gendarmerie contrôle...

    "Port-Sainte-Marie" (ou "Le Port" pour les intimes, et "Lou Port" pour les intimes qui parlent occitan) a été supplicié par le nouveau tracé de la route nationale, dans les années 60 ou 70.
    Ce tracé a encore plus isolé le bourg du fleuve, et a supprimé une promenade en bord de Garonne, qui parait magnifique d’après les vieilles cartes postales.
    J’ai parlé à la liste Gasconha-doman du livre de Pierre Vital, ancien maire du Port, Requiem pour une Garonne défunte.
    Dans ce livre admirable, qui reproduit justement certaines de ces cartes postales, on sent le regret du maire (l’était-il exactement au moment où cette ultime saignée a été faite ? de toute façon, il en parle comme d’un mal inéluctable).
    "le Port" avait déjà souffert de la saignée du chemin de fer.
    Il reste de vieilles rues, dont bien des maisons semblent irrémédiablement endommagées par le manque d’entretien. La rue principale (ex route nationale), jadis grouillante de monde, a vu comme ailleurs ses commerces mourir.
    "le Port" a été une ville importante, beaucoup plus peuplée au temps du trafic fluvial que maintenant.
    Tonneins, qui a connu la même histoire de port disparu, a la chance d’avoir sauvé son site, et peut donc espérer le meilleur pour les années qui viennent.
    Pour "le Port", c’est un véritable casse-tête : on retrouve le cas de Nicole, et des localités coincées entre la colline et la Garonne, et traversées par la Nationale (maintenant départementale) et le chemin de fer. Seule une nouvelle révolution dans les transports peut changer la donne.


  • A Saint Macaire, en revanche, les données sont inversées.
    La RN 113, qui traversait le bourg jusqu’en 1974 a été remplacée par une "rocade" qui contourne le village par le N.
    Le but était de mettre fin aux nuisances sonores et aux risques causés par le passage des camions.
    Comme dans le même temps, l’ancien pont Eiffel de Langon a été démoli (et ses restes revendus avec profits) le tronçon de la RN qui venait de Langon a été lui aussi condamné.
    St Macaire, jadis petite localité commerciale, riche d’une dizaine d’épiceries, coiffeurs, bistrots, artisans, d’un "dancing", de quatre pharmacies et trois boucheries en 1964 est devenue une cité morte, qui vivote avec trois ou quatre pauvres commerces...
    Où est la vérité ?

    Réponse de Gasconha.com :
    Débat très intéressant.
    Même si la rocade n’avait pas été faite, une partie de ces commerces auraient probablement disparu.
    A Tonneins, on a un cas qui peut donner des enseignements :
    La "113" a aussi été déviée, mais sans création de rocade : elle passe toujours par le centre ville, mais sur un sillon où elle peut prendre plus de largeur.
    Or, les commerces disparus sur l’ancien tracé ne se sont pas reportés sur le nouveau.
    C’est le commerce hors la ville qui a pris le relais (hypermarché et galerie commerciale, autres grandes surfaces).

    L’usage de l’automobile et le désir de la "parquer" facilement et à deux pas sont décisifs.

    Sur Tonneins débat, je développe une vision de la ville qui, en promouvant les circulation s douces, l’habitation en centre ville, et la réhabilitation du vieux Tonneins, doit revitaliser le commerce de centre ville.
    C’est une politique de longue haleine, qui pour l’instant n’est pas menée.
    [Tederic]


  • C’est vrai qu’à Saint Macaire, d’autres facteurs expliquent la déchéance de l’économie locale :
    croissance de Langon, développement (côté Langon) de grandes surfaces, de zones commerciales, exode rural...
    La "rocade" n’a apporté strictement aucun renouveau commercial sur son tracé.
    Et le déclin des activités macariennes (deux usines fermées, ainsi que plusieurs tonnelleries) explique aussi la chute de la population, son appauvrissement, son vieillissement et la disparition du dynamisme commercial.

  • Je pense quand-même que la déchéance des anciennes voies de communication qui existaient depuis l’époque romaine parfois a causé la fermeture de beaucoup de commerces qui ont perdu leur visibilité et même parfois leur raison d’être (stations services).
    Cette urbanisation nouvelle des rocades et autres voies rapides ou élargies a coïncidé avec l’apparition des zones commerciales (années 70-80) qui a fait le reste. Voilà pourquoi il n’y a pas eu de report des commerces des anciennes voies sur les nouvelles : les deux phénomènes sont contemporains et peut-être liés (volonté de désengorger les centres des villes ?)

  • Le changement dans les modes de transports, avec la suprématie de l’automobile et du camion, ont fait déchoir, comme tu le dis, David, certaines voies très anciennes, au profit d’autres.

    Les commerçants qui étaient sur les voies anciennes ont parfois sauvé leur commerce en déménageant, mais bien souvent, ils n’ont pas pu ou su le faire, d’autant plus qu’il fallait en plus changer de mode de fonctionnement et d’échelle.
    Samedi dernier après-midi, je suis passé à Marmande. C’était saisissant de voir l’affluence sur la zone commerciale vers Sainte-Bazeille.
    Le centre commercial est là, et non plus en centre-ville.

    C’est dur à avaler pour ceux qui aiment les lieux chargés d’histoire et les vieilles et belles pierres (et boiseries !).
    Mais est-ce durable ?
    Le tout automobile n’est pas sage : trop gaspilleur en espace et en énergie.
    Je pense qu’on en reviendra (et c’est au centre de ma réflexion sur la ville), mais je dois avouer qu’on en voit peu d’indices pour l’instant.

  • Nous sommes passés dans un espace temps basé sur l’automobile.
    En clair, nous calculons trajets et durées en fonction du temps qu’il faut EN VOITURE pour y aller.
    Cette logique est celle des Américains depuis 50 ans :
    les villes américaines sont pensées à l’échelle de l’automobile, pas de l’homme.
    Et nous y sommes arrivés aussi.
    Pour un Homo Vehiculatus, c’est à dire pour un être humain qui n’a plus comme moyen de locomotion deux jambes mais quatre roues, les zones commerciales sont plus "ergonomiques".
    Il est loin le temps où l’on calculait le temps et l’espace à l’aune de ce que pouvaient parcourir les jambes d’un homme pendant un temps donné. Nous avons changé d’étalonnage.


Un gran de sau ?

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