Chalosse-Tursan Pays negue

Tercis-les-Bains

Attention, l’accent grave sur le e de Tèrcis signifie en graphie alibertine que l’accent tonique est sur la syllable Tèr, contrairement à la prononciation française !
Cassini : Terciis ; que signifie ce double i ?


 

 

Lòcs (lieux-dits = toponymie, paysage...) de Tercis-les-Bains :


 

 

 

Grans de sau

  • Mais y a-t-il vraiment un accent grave ? Se reporter à l’ouvrage de BBF sur les noms de communes des Landes...
    S’il n’y en a pas, l’accent tonique est quand même sur e, mais alors, comme c’est en pays negue, ça se prononce "Teurcis" (accent tonique sur la 1ère syllabe).

    Ce nom viendrait du latin :
    "Tertiis leucis" (trois lieues, depuis l’ancienne Dax) selon une explication affichée localement, mais figurant aussi ici.

  • Même cas pour la commune de NÈRBIS, 1ère syllabe accentuée en gascon.

  • Curieusement, le centre-bourg de Tercis semble s’être déplacé plus à flanc de tuc, s’éloignant du bord des barthes.
    C’est la création de plusieurs lotissements qui semble avoir causé ce déplacement de centre de gravité.
    Le Cadastre napoléonien montre le "Bourg de Tercis" là où sont les thermes (d’ailleurs fermés depuis 2001 selon Wikipédia ; c’est triste, le bâtiment est récent...), donc plus bas vers les barthes.

    Finalement, Tercis a des tucs et des barthes !
    Quand j’y suis passé à vélo, une femme qui me voyait rebrousser chemin (je cherchais "le Peyrata" - avec mon obsession des noms en a(r) - et croyais l’avoir trouvé plus haut) m’a au contraire suggéré de continuer vers les barthes (beaucoup plus intéressantes que des champs, selon elle).
    Les barthes intéressent et attirent, maintenant, elles sont de plus en plus un lieu de promenade...

  • L’ennui c’est que tertius, tertia ne veut pas dire "trois" en latin, mais "tiers, troisième", ce qui semble poser quelques problèmes aux latinistes. Donc lire "aux troisièmes lieues" (à l’ablatif pluriel), forme plutôt étrange. De plus, il semble que ce leucis ait été une hypothèse ad hoc, proposée mais non attestée pour répondre à la question "Ben oui mais les troisièmes quoi ?"…
    — 
    Or les formes anciennes du nom (Terces, Tertiae, Tertiis, Tercis, v. le dictionnaire de B. Boyrie-Fénié) évoquent aussi les Tertiae (Romanae) ("la tierce (part) des Romains"), peuplements soumis à une fiscalité romaine, par opposition aux Sortes Gothicae ("la part des Goths"), de régime différent*. On parle bien sûr de l’époque wisigothique…
     Je crois donc davantage que le latin Tertiae (forme attestée) est directement passé au gascon sous la forme traduite Tèrcias** (avec, oui, un è ouvert***), prononciation locale normale Tèrcis [ˈtɛrsis] (également attesté). Question d’économie…
    — 
    * Là je simplifie, parce que le sujet semble avoir été étudié surtout par des universitaires anglo-saxons dans de vieux bouquins introuvables, et que je n’en sais donc pas lourd. Notons que les Sortes Gothicae ont peut-être aussi laissé une trace dans la toponymie, notamment à Sort-en-Chalosse et Sordes l’Abbaye. — Et oui, je sais que d’autres étymologies sont habituellement avancées.
    ** De la déclinaison latine la langue populaire n’a finalement conservé que les formes de l’accusatif : tertia(m), tertias < tèrcia, tèrcias. L’m du singulier était déjà muet en latin impérial et même classique.
    *** J’ai vécu des années à Dax près de la route de Tercis, e je n’ai pas souvenance d’avoir jamais entendu dire Teurcis. Mais bon, à l’époque je ne faisais spécialement attention au "patois".

  • Le mieux est de demander aux autochtones patoisants, s’il en reste. Même chose avec Contis qui est accentué sur COUNtiss et pas CounTISS. Les indigènes le savent bien, ou le savaient. Quant au parler noir, il va parfois se loger dans des endroits bizarres. Par exemple Pey, dans le même secteur, qui est prononcé Poey par ceux du cru et pas Pèy. Et Dax qui ne parle pas neugue alors que Saint-Paul oui. Les mystères du gascon sont parfois impénétrables.

    • Je me suis déjà penché sur cette bizarrerie. Le parler "cla" (non negue) fait une pointe jusqu’à Dax. Au sud, au nord et à l’ouest de cette pointe, c’est negue.
      Pour moi, c’est simplement qu’en milieu urbain, le negue avait été supplanté par le cla (prestige, etc.). Au fond, Dax est en pays negue.
      Yzosse, Narrosse, Candresse, n’étaient pas urbains, mais sur le chemin entre le pays cla et Dax, ils auraient aussi été "clarifiés" !

  • Entre Dax et l’ouest de Chalosse j’ai toujours appris à distinguer "le heumne" et "lou hè" (la hemna / lo hèr). Et je dis : "quouquarreuy" (quauquarren), "tabeuy" (tanben), "aou rœbeude” (au revéder), etc. ; mais bien "hartère" (hartèra) et "cantèbe" (cantèva), è ouvert.
    Cela étant, comme Dax est à la croisée de plusieurs parlers (lanusquet, shalòssa, baish Ador…), il est tout à fait possible que cela change d’un quartier à l’autre, d’un locuteur à l’autre. Quand je dis "que souy" (soi), une tante de Saint-Lon me corrige : "que suy" (sui)…
    Question vocalisme, c’est une de ces zones transitoires qui doivent faire un joli sac de nœud d’isoglosses.
    — 
    Pour Tercis, je suis pour l’heure à 250 km à vol d’oiseau du patoisant le plus proche… je passe mon tour :D

  • Les incohérences de la graphie normalisée et l’énorme problème de la restitution correcte des sons autochtones. Comment expliquer à un non gasconisant, à un apprenant, que quauqu’arren se prononce ici koukarroey et tanben taboey. On entendra invariablement, même chez les bons élèves, kaoukarrènn et tambènn. Alors que, dans son esprit originel, la graphie normalisée était très adaptable. Quauqu’arrei e tabei ne seraient pas impensables, sauf pour les dogmatiques gardiens du temple occitan...

  • Si les bons élèves prononcent kaukarènn, c’est que le prof est mauvais.
    Voilà, je l’ai dit.

  • Bien, parfait et pan sur le nez des mauvais enseignants qui n’arrivent pas expliquer à leurs élèves que vert c’est en fait bleu et rouge incontestablement jaune . Bref, pour expliquer à un élève, bon ou pas, que quauqu’arren se prononce koukarroey et tanben taboey (et on pourrait trouver des dizaines et des dizaines d’exemples du même acabit), il faut d’un côté un pédagogue doué de pouvoirs quasi surnaturels et de l’autre des élèves dotés d’une grande dose de bonne volonté et d’une perspicacité assez remarquable. Mais je comprends bien que la graphie est LE tabou indépassable du mouvement occitaniste contemporain, prêt à tout sacrifier, y compris la langue elle-même, en son nom. Parce que les anciens étaient moins fermés et autistes. Les occitanistes se moquent des Français et de leurs lubies orthographiques mais c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité. Mais comme la plupart des enragés de la graphie sont aussi des enseignants, donc totalement formatés au moule français, rien d’étonnant à tout cela.


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