Lòcs (toponymie, paysage...) de Carignan-de-Bordeaux
Carignan-de-Bordeaux
Allée de Nougueylon
(lo) Noguèir
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La banalité pavillonnaire de la rive droite bordelaise : c’est Bordeaux qui s’étale, depuis des décennies, par diverses strates, sans pour autant que ces communes n’appartiennent à Bordeaux-Métropole.
Au hasard des lotissements, il arrive que la toponymie gasconne soit ressuscitée : le toponyme "Nougueylon" n’apparaît sur aucun carte, et pourtant, il a servi à former le nom de cette artère sans vrai style, dont le charme réside dans la seule absence de prétention, et la discrétion.
Un "noyer long" ou bien une déformation de Nougueyron ? Difficile à dire. Du coup, pas de forme normalisée dans l’attente de trancher la question.
J’avais envie de l’appeler le "lotissement du Pitchou" parce qu’il englobe la rue du Pitchou ; mais il est très vaste, et va bien au delà de cette rue !
Plus de 50 ans après, il est intéressant de voir l’évolution des maisons, toutes semblables au départ : des couleurs nouvelles, des modifications d’ouvertures, des ajouts de cousteys/appentis...
Mais la structure de base qui fait l’originalité de ces maisons, une avancée qui crée un double fronton, a rarement été modifiée.
On sent une allusion discrète au modèle basco-landais tardif, d’abord avec cette façade sous fronton (mais qui n’était pas double dans le modèle vernaculaire original), mais aussi par les étais (décoratifs ?) obliques (qu’on voit surtout sur la photo de la maison ocre) ; eux non plus n’ont pas été touchés par les innovations des propriétaires.
Il aurait suffi d’arborer les trois petits triangles de ventilation du grenier (le fenil en Labourd) pour appuyer l’allusion néo-basque. Mais ce n’était sans doute pas la volonté de l’architecte.
De plus, je n’ai pas remarqué de volonté individuelle d’accentuer ce caractère régional discret dès le départ : pas de rouge et blanc "basque" (qui n’avait pas de faux pan de bois pour s’accrocher !), pas d’aménagement d’emban ou de structure boisée...
D’après les renseignements que m’a aimablement fournis un habitant de longue date, le lotissement aurait accueilli beaucoup de rapatriés d’Algérie, dont certains travaillaient dans l’établissement aéronautique militaire bordelais AIA.
Les noms donnés à certaines maisons ne sont guère régionaux non plus, sauf un (devinez !) :
Kilorédi, Lagadoue, Outacha, Aire ona, Cathy, Emiloka, La coquille (avec un joli escargot en fer forgé en façade !), Christian, Skikda*, Les Myrtilles, Isabelle, Sainte Rita...
* Skikda est le nom autochtone de la ville algérienne appelée Philippeville pendant l’époque coloniale.
Carignan-de-Bordeaux
Entre Cadène et Lalouga
Enter Cadena e L'Alogar (Lo Logat ?) / Ente Cadéne é L'Alougà (Lou Lougat ?)
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L'Alogar ? Lo Logat ?
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A défaut de photographier Lalouga, j’ai pris un chibàu, plutôt vers Cadène.
Mais vous pouvez regarder là : c’est un gîte.
Le nom :
Sur place, on voit "Lalouga".
L’IGN écrit "La Louga".
Quand on voit un nom gascon avec l’article féminin et une terminaison en a, on peut flairer la mauvaise coupure d’un nom masculin commençant par a et terminant par ar (r non prononcé).
Ici, ce serait "L’Alouga(r)". Mais une terminaison en ar est rare pour une appellation qui ne dérive pas d’un caractère botanique.
De plus, il semble que Cassini écrive "Le Lougat", ce qui ouvre la voie à une autre explication (une pièce de terre louée ?) ; la chute d’un t final est rare cependant en gascon, parce qu’il était prononcé.
Carignan-de-Bordeaux
Peyvideau
Pèir, Pèr Vidau
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Au départ (à l’autre extrémité), c’était une maison de vers le milieu du 20e siècle, vaguement néo-régionale.
Carignan-de-Bordeaux
Grand Arnaud
Grand Arnaut / Grand Arnawt
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Je suppose que la forme locale bordelaise pour grand est "grand", et non pas "gran", comme en gascon méridional. La liaison devait donc se faire ainsi : [grantar’nawt]. Gaby pourra confirmer.
Pour le reste, l’une de ces nombreuses demeures girondines en état de décrépitude, souvent abandonnées, et dont les terrains adjacents sont lotis intensément. A 2 mètres de Grand Arnaud, un nouveau lotissement.
Une connaissance agent immobilier m’a affirmé que le secteur de la rive droite jusqu’à Créon était en plein boom : un bien à vendre tient 24h. C’est le nouvel eldorado pour les promoteurs.
D’un point de vue architectural, la construction me semble typique du XIXème siècle voire du début du XXème siècle, avec une influence "chalet" notable, sur le bâtiment orangé, qui rappelle peut-être des formes autochtones plus anciennes dont le bâtiment plus à gauche, dans des tons gris, est une incarnation modernisée.
Carignan-de-Bordeaux
Bouchon de Robert
(lo) Boishon
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Robert
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Cad. napo. (Section C feuille 1 : Le Bourg) : Leyson ;
FANTOIR : Leysson
Même débat que pour Leysotte/Leyssotte ? c’est peut-être la même racine (mystérieuse) eis, et dans ce cas, c’est plutôt eissòt, eisson ; on attendrait même eishòt, eishon en gascon...