Pas de particularisme médocain ? Vincent.P

- Vincent P.

"C’est frappant de constater que dans le Médoc, il n’y a pas de folklore, y’a pas de costume, de langue particulière, y’a pas de patois médocain, il y a juste quelques mots par ci par là."

www.lemague.net

Grans de sau

  • C’est injuste à l’aune de l’histoire médoquine et de sa culture gasconne "landescote", mais est-ce si faux en ce qui concerne le Médoc moderne ? Qu’y reste-t-il d’authentique ?

  • Il faut, d’après mes informations, distinguer le Médoc forestier du Médoc de la vigne et du fleuve.
    Le premier est resté "landescot" plus longtemps, et ne se trouve peut-être pas très loin, en termes de gasconitat, du Pays paroupian au sud de Bordeaux par exemple.
    Mais le Médoc de la forêt tombe à son tour, englobé qu’il est dans l’aire urbaine de Bordeaux, et cela jusqu’à l’océan (dernières études de l’INSEE).

  • Atz entendut parlar daus Tradinaires ?
    Es lo darrèir bastion de la cultura nòrd-Medoquina ; son vielhs que saben la lenga, lo vrai paròlis dau Medòc, e qu’an apris a l’escriure.
    Pòden tanben notar l’assò lo Gric dau Medòc , l’ensenhament de l’òc a Paulhac (e, cresi, tanben au Boscat), los cors per adultes de l’Esparra, Vendais, Blancafòrt, e la classa bilinga de Cussac.
    Enfin, es en Medòc que tròban dus artistes : lo poète Alan Viaut, e l’ancian cantaire Pèir-Andriu Delbeau.
    Coma de costuma, fau pas èster excessiu, fau bien reconéisher qu’i a encara brigalhas de cultura que demandan pas qu’a se reviscolar.
    Siitz hardits !

  • C’est profondément et grièvement méconnaître le Médoc.
    L’état de conservation de la langue y est au contraire phénoménal, notamment dans le canton de Lesparre.
    Je suis un peu effaré de lire des propos limitants sur la gasconnité du Bordelais de façon globale, quand chaque pas que fait l’enquêteur dans le paysage linguistique local fait pulluler des centaines de contes, chansons, pamphlets, articles en gascon, de toutes époques, dans une proportion très supérieure à ce qu’on peut trouver dans la majorité des autres départements gascons, que j’ai aussi prospectés.

  • Le Médoc moderne est aussi peu gascon que la Pau moderne, avec ses lotissements comme à Mantes-la-Ville et ses halles qui causent toutes les langues possibles sauf gascon. Ni plus ni moins.

  • Mouais. Je suis le premier à dire que Pau est avant tout une ville française.
    Je l’ai écrit mille fois, sur la langue des halles, l’accent nordiste médian, ...
    Mais, mais, mais, il n’en reste pas moins que Pau est la ville de référence des Béarnais des environs, que les lotissements sont peuplés pour partie des descendants des paysans autochtones, ...

    En Médoc, l’impression qui se dégage est quand même celle d’un pays sans identité, là où Pau fait encore l’étalage d’un certain caractère pyrénéen.
    Le Médoc était assez peu peuplé au fond, il a été en grande partie "colonisé" depuis le 19ème siècle et aujourd’hui il est un terrain de jeu des Bordelais.
    A terme, il est évident que la gasconnité médoquine sera aussi nulle que celle du Béarn, linguistiquement plus personne ne parlant, mais je crois à la force des paysages ou des ambiances, et si les choses restent en état, Pau aura toujours quelque chose d’un peu béarnais (quand on s’éloigne de la ville pendant un moment et que l’on y revient c’est évident, surtout avec l’hiver qui approche) quand le Médoc, c’est franchement un no man’s land.

  • I a brigalhas, disi, i a brigalhas.
    A fòrça de voler tuar la gasconitat de la Gironda e mèi d’alhors....
    Mès jo, parli de la Gironda perçò que sui girondin ; parli pas de Tolosa, p’rai ?

  • Personne ne veut tuer la gasconnité de la Gironde, surtout pas moi, au contraire.
    Maintenant, parce que j’y ai vécu 4 ans, que j’ai arpenté nombre des chemins de ce département, que j’y ai fait des connaissances, j’ai la conviction que la gasconnité de la Gironde est entamée, ce depuis longtemps.

    Les phénomènes qui expliquent cette gasconnité moins évidente de la Gironde sont connus : implantation des Bituriges, l’Aquitaine seconde, la Guyenne, les migrations gavaches, Bordeaux ville française, le cosmopolitisme, les migrations charento-limousines, ...

    Quels sont les marqueurs de cette moindre gasconnité historique ?
    La langue de toute évidence, moins typée, qui montre des convergences avec les parlers guyenno-limousins.
    Les patronymes qui font la part belle aux anthroponymes ou encore la forte proportion de patronymes purement gavaches.
    L’architecture, constitutive des maisons basses de l’Ouest de la France jusqu’à la Vendée. Et beaucoup d’autres éléments.

    Mais partout, on peut trouver des restes de gasconnité plus évidente, car avant toute chose, c’est le 19ème siècle qui a changé la Gironde.

    On trouve dans la toponymie des vieux restes de formes hyper-gasconnes, jusque du côté de Castillon-la-Bataille ou au Verdon.
    On voit encore les vieilles bergeries landaises du Médoc ou les maisons à façade sous pignon du Bordelais, semblables à celle du Bazadais.

    Une petite note au sujet du Bazadais : ce n’est pas la "Gironde". Cela ne l’a jamais été. Le Bazadais est un pays très gasconnant autour de sa lande et de Bazas.
    C’est un Gers septentrional, il faut l’analyser à part du Bordelais.

    Maintenant, ainsi que je l’ai écrit maintes fois, je suis très sensible à la gasconnité du Bordelais.
    La route nationale qui relie Langon à Bordeaux en est l’incarnation, le pignada au loin, la vigne, le fleuve boueux, les platanes, les châteaux ocre.

    C’est parce que nous savons que cette gasconnité est menacée, historiquement, qu’il faut d’autant plus la défendre.
    Et dans cette optique, je crois que le combat occitan ne sert à rien, parce que le Bordelais ne se reconnaîtra jamais dans l’univers mental du "Sud", c’est autre chose, un autre chose en somme gascon.

  • La vision de la Gironde que tu présentes me semble simplificatrice.
    Peut-être ton oeil d’aigle n’a-t-il pas eu loisir de fouiller assez profondément le gascon girondin :
    les parlers que Bourciez et Daleau nous transmettent pour la région de Bourg sont souvent hyper-gascons, davantage que ceux de Bordeaux : "que" énonciatif, /a/ prostétique, etc.
    L’incertitude ethnique concernant les Bituriges (et les deux ou trois millénaires nous séparant d’eux) me paraît difficilement recevable comme argument, tout comme l’Aquitaine seconde, simple division administrative sans conséquences sur les populations locales qui n’ont jamais su que cela existait.
    Tout cela ne tient pas la route non plus parce que c’est antérieur de plusieurs siècles à ce gascon bordelais des XV-XVI et XVII e siècles, hyper-gascon et très typé.
    Sans parler du Bordeaux que nous décrivent Hugo, Flaubert, Balzac (et cet autre journaliste-polygraphe nantais d’origine, ce me semble, auteur d’une relation de voyage Paris-Alger au XIXe siècle.

  • Moi, je prends une carte IGN des environs de Bourg, et je constate une foultitude de toponymes gavaches.
    Je prends les généalogies des gens du coin et je vois encore beaucoup de patronymes gavaches.
    Et je cherche les patronymes gascons typés genre Laborde ou Lacaze, les patronymes nord-gascons sont plutôt anthroponymiques (Bernard, Arnaud, ...) ce qui tend à faire la preuve d’une civilisation différente.

    Il n’y a aucune incertitude ethnique quant aux Bituriges, tous les auteurs anciens s’accordent à en faire des Celtes installés sur l’estuaire de la Gironde, probablement à Lamarque.
    Au demeurant, l’archéologie a montré qu’à Burdigala, il y a eu accroissement de la population par milliers à une époque contemporaine de l’intervention romaine en Gaule, pour justement mettre fin aux migrations celtes.
    La toponymie du Médoc antique est toute entière celte, on trouve des toponymes celtes jusqu’à Langon (Saint-Macaire, anciennement Ligena, Casseuil, Gironde, ...).
    Je réitère aussi mon désir de mettre en branle un grand projet de collecte du patrimoine génétique avant qu’il ne soit trop tard, si vous connaissez de vieux Médoquins autochtones, contactez-moi.

    L’Aquitaine seconde, je ne sais pas quelles furent ses conséquences, mais je sais que religieusement, cela a eu son impact, il suffit de constater les Saints honorés, la diffusion du style saintongeais en Bordelais, ...

    Je maintiens ce que j’affirmais sur la Gironde : sa gasconnité est réelle mais assez distincte de celle plus "violente" des Landes adjacentes.

  • Le Saint-Honoré, c’est délicieux. Honorer les seins aussi.

  • Constituer une base de données qui permettra de comparer et de placer les divers échantillons dans le contexte ouest-européen, de tirer des conclusions sur les affinités plus ou moins grandes de telle ou telle population avec leurs voisins, ...
    Autant de choses passionnantes permises aujourd’hui par la génétique moderne.
    Et dans le cas d’espèce, la question la plus fascinante est de connaître l’affinité gasconne des autochtones du Bordelais, idéalement de comparer avec des échantillons saintongeais, au surplus constater l’affinité basque (qui décroit très vite dès qu’on quitte les vallées reculées, je pourrai développer), ...

    Une autre question intéressante est que la région de Pair-non-Pair par exemple tend à prouver une affinité culturelle plutôt avec le mégalithisme périgourdino-poitevin plutôt qu’avec le mégalithisme lando-pyrénéen.

    Enfin bref, il y a des questions fascinantes à résoudre mais je doute qu’il soit possible de les élucider.

  • Je pense que nous avons encore quelques années pour faire ces tests ADN : il y a encore dans tous les parçans de Gascogne et d’ailleurs des autochtones qui sont quasi complètement d’une souche locale.
    La difficulté est peut-être de s’assurer de cette souche locale dans le choix de l’échantillon.
    Quelqu’un qui a ses trois grands parents issus du même terroir remplit les conditions, non ?

    Ce genre de projet peut-il aboutir sans être mené par une équipe professionnelle, universitaire ou autre ?

    Il y a un obstacle culturel : toute personne qui préconise des tests ADN dans un but d’étude de l’histoire des populations est soupçonnée de rêver à une pureté ethnique, dans notre cas gasconne bien entendu...

    Mais si d’aventure ces tests montraient qu’il y a une population stable qui s’est reproduite depuis des millénaires sans beaucoup d’apports extérieurs dans certains coins de Gascogne, où est le problème ?

    Les tests ADN devraient justement montrer la perméabilité plus ou moins grande aux apports de population extérieure, selon les terroirs.
    N’est-ce pas une donnée historique intéressante ?
    Quand les archéologues s’occupent de ces questions, on ne fait pas tant d’histoires !

  • Que’vs prèi de’m desencusar, mes n’i vei pas nat interés. Perqué parlar, ensajar de manténer le lenga (donc le cultura) seré boharòc, quan bastir ua basa de dadas ADN e seré mèi utila ? Le logica que hèi hrèita aquí bé.
    Enfin, e’m pensi que diu estar le crasta que separa los dont calculan e saunèjan, e los qu’an los pès tròp pròche deu sòu...

  • Un aute mòt sonqu’entà posnhar lo clau : lenga e cultura que son quasi hrairs, l’un ne va pas shens l’aut :
    deu moment que le cultura paisana, percé aquò qu’es le cultura gascona, qu’estot miaçada, que dishèren de parlar le lenga.
    Los vielhs n’i vedèn pas mei l’interés se ne tornèvan pas har le bugada au lavedeir o a bojar dab les vacas...
    Alavetz, voler arrevitar o sonque arreviscolar le cultura shens de le lenga, qu’es dijà condamnat entà jo.
    E sordeis, que’m pareish estar un saunei un chic nau e idealiste.
    Per jo, qu’es simple, se le lenga que’s mò, acabats qu’èm.
    E d’un costat, que sèi que n’èm dejà, acabats...
    Arrèis, ne disi pas tanpauc que calhi desseparar cultura locau e lenga.
    Qu’es l’amor deu país, deu lòc on vadorem (o pas), que’ns harà vir entà le lenga.
    Mes los voler desseparar ne pòt balhar qu’ua sob-cultura shens nat shuc. Qu’es de dòu har (o pas tanben tè !) mes qu’es "l’esprit de clocher" que’ns harà vir entà le cultura gascona. Per descobrir ad arron, d’auts campaners !

  • Je ne possède pas la langue de manière naturelle, mais je ne suis pas mort, je suis gascon, parce que mes ancêtres l’étaient tous, point.
    Et qu’on aille me dire le contraire. Je ne l’ai pas choisi manière.

    Quant à la base de données génétiques, on peut trouver en effet que déchiffrer l’histoire du peuplement de l’Europe est sans intérêt.
    Moi je ne le pense pas. Les Basques sont fiers de mettre en avant les oeuvres de leurs ancêtres, dans les grottes d’Isturitz.

  • J’ai vu cette affiche hier à Ludon-Médoc.
    Le nouveau Parc naturel régional communique, avec "les ambassadeurs du Parc" !
    https://www.pnr-medoc.fr/actualites-pays-medoc/2019/07/09/les-ambassadeurs-du-parc.html

    A noter :
    la première Fête du Parc qui se tiendra le samedi 12 octobre 2019 sur le site de la Ferme de Lorthe située à Saint Laurent-Médoc

    Je place ce gran de sau sous un fil de discussion qui a démarré sur la question "Pas de particularisme médocain ?".
    L’avenir du nouveau PNR tourne aussi autour de cette question.
    Exemples :
     Ludon, où j’ai vu l’affiche, sera-t-elle davantage une localité du Médoc ou une banlieue bordelaise ?
     Un projet de tram-train Bordeaux-Lacanau voit le jour : Lacanau, qui fait déjà partie de l’aire urbaine de Bordeaux, va-t-elle suivre une logique de développement en étoile autour de Bordeaux, plutôt que chercher une insertion dans un Médoc autocentré ?

  • Nous faisions il y a quelques années la distinction entre le Médoc de l’estuaire, et le Médoc de la forêt, en matière de maintien d’un particularisme, la forêt étant supposée plus archaïque, ce qui n’est plus vraiment certain, au vu des bouleversements actuels en tout cas (la banlieue pavillonnaire bordelaise s’étend, les classes moyennes vont de plus en plus loin en grande périphérie, et l’attrait pour le "Sud" fait venir en Médoc des gens de partout en France).

    J’ajouterais une distinction, celle du Médoc balnéaire, qui lui, me semble parfaitement "landais" au sens large, avec ses qualités (sensation de liberté, semis de maisons, la beauté du pin) et ses défauts (capharnaüm esthétique depuis 20 ans). En tout cas, mis à part Soulac la proprette, colonie de la IIIème République, pas de différence majeure entre un Montalivet et Moliets dans l’esprit.

    Maintenant, étant revenu vivre en Gironde depuis mes paroles de 2011 (vivre est un grand mot, je bouge pas mal vers les Pyrénées et ne me sens pas "ancré" en Bordelais), j’ai pu ces dernières années, depuis 2013, année de mon retour, arpenter de manière relativement fine le Médoc. La première surprise qui a été la mienne, assez étonnante car je le savais déjà, mais sans trop m’y pencher avec précision, c’est celle du caractère agressif de sa toponymie gasconne, quand elle est gasconne : les lieux disent un monde qui n’est plus celui de l’accent des gens qui les habitent.

    En revanche, pas de surprise quant au fait que le Médoc a subi de plein fouet une acculturation profonde (ce que la sociologie politique de la contrée montre sans grande difficulté) : parcourir le Médoc, qui est beau seulement quand il échappe aux horizons trop industriels (que ce soit la forêt de pins plantés trop proches les uns des autres, les zones artisanales sans fin à la sortie de Bordeaux ou même les paysages viticoles, qui ne m’ont jamais enchanté), c’est tout de même faire le constat assez triste d’une identité évanescente. Rien n’y semble plus typé, c’est un peu les mêmes sensations que la traversée de la Grande Gavacherie, en termes de couleur identitaire : je parlais de no man’s land il y a 8 ans, le mot ne correspond pas, c’est plutôt un nowhere land.

    Le parc naturel régional peut-il redresser la barre ? Aura-t-il les pouvoirs normatifs ? Nous suivrons ça, et s’il faut, nous les contacterons.

    Maintenant, j’aime le Médoc, enfin le Médoc par endroits : la beauté des rives de l’estuaire à Saint-Christoly par une journée froide de février est quelque chose d’une âpreté envoûtante, qui vaut largement la magnifique rive saintongeaise en face, mais peut-être trop classique. On trouve en Médoc de superbes hameaux "landescots", qui cochent toutes les cases du paysage landais : pignada, lagune, bergerie à façade-pignon, un paysage sans haies. Et allez tous vous perdre au château de Sémignan ou près de la fontaine de Bernos, lieux enchanteurs du Médoc !

  • Je suis assez d’accord avec ce résumé sur le Médoc.

    Nous avons la chance d’être aux débuts du PNR, il est temps de voir ce qui pourrait être fait en termes de mise en valeur de la gasconnité de la région, notamment dans la signalétique. Je crois qu’en gros les formes normalisées proposées par BBF pour le Médoc ne sont pas choquantes, mais par exemple Saint-Yzans est appelé Sent Dicenç (nom archaïque me semble-t-il) alors que les anciens dis(ai)ent Sent Idenç, ce qui est quand même différent. Cela dit, ce n’est qu’un détail. Il serait intéressant qu’il existe une sorte de collectif associatif autour du gascon en Médoc, interlocuteur force de proposition auprès du PNR, qui associerait :
     los Tradinaires (Vendays) pour les connaissances linguistiques
     Région Gascogne Prospective pour l’aspect "développement territorial"
    Avec Alain Viaut, Patrick Lavaud ou David Escarpit comme personnes ressources au niveau scientifique (linguistique, ethnologie). David Escarpit avait fait une conférence sur la toponymie du Médoc à laquelle j’avais assisté, ça devait être vers 2012 ou 2013.

  • Le combat auquel nous assistons est inégal ; tout semble augurer que c’est l’espace métropolitain bordelais qui l’emportera, parce qu’il a la force de l’économie et de la culture mondialisées, très voraces en km², qu’elles bitument, artificialisent, uniformisent, à toute allure.

    Mais ce qui est passionnant dans l’histoire, c’est que les choses ne se passent jamais exactement comme on pensait ! D’où la tentation pour nous d’influer quand même...

    Comme tout montage politique, le nouveau Parc du Médoc est ambigu ; et justement, ça laisse un espoir à ceux qui, comme nous, ont envie que le Médoc continue à vivre son histoire sans trop d’oubli.

    Dans le 1er paragraphe de la page sur les "ambassadeurs du Parc" est reformulé ainsi le but du Parc : « faire reconnaître au niveau national les richesses naturelles, architecturales, paysagères et culturelles du Médoc. »
    On voit ici s’esquisser un programme qui risque d’être étroitement touristique (pour lequel le Médoc a des argument forts, quoique disparates).
    Et pourquoi "au niveau national" ? Allons-y franco : maintenant, il faut viser le niveau européen et le niveau mondial, surtout quand il s’agit de contrebalancer Bordeaux !

    Un peu plus loin sur la même page, on veut allier « préservation de l’environnement et des paysages et développement économique et social ambitieux ».

    Dans ces deux citations, je trouve le mot paysage.
    Nous pouvons trouver là un champ de propositions :
    Préserver, améliorer, mettre en valeur le paysage (modelé par l’homme dans le cadre de contraintes naturelles), ça suppose une profondeur historique qui nous agrée forcément, et aussi des idées prospectives (par exemple sur les voies de communication à faire ou ne pas faire).

    Le paysage n’est pas que visuel, il est aussi sonore, par exemple la prononciation des noms de gare par la SNCF : nous avons relayé récemment l’irritation du député des Landes Fabien Lainé à ce sujet... le Médoc est surement concerné ; je n’ai pas d’exemple en tête immédiatement... allez, si, mais c’est déjà vieux et concerne un arrêt de bus du côté du Porge, le Bourdiou, prononcé à la française...) ; allez, un autre me vient : comment va-t-on dire "Vendays" dans les années qui viennent, dans les annonces automatisées des lignes de bus ?

    Paysage visuel, sonore... si je poursuis l’énumération des sens : olfactif... les odeurs (oui ça compte aussi, mais nous n’avons pas encore de réflexion construite ni de corpus là-dessus !-))...

    La toponymie est le "dada" de certains d’entre nous (moi en premier). J’ai trouvé récemment sur le site de la Commission Nationale de la Toponymie un joli schéma qui la place à l’intersection de l’Histoire, de la Géographie et de la Linguistique (ou plus exactement, du temps, de l’espace, du verbe)...
    Nous pourrions apporter au Parc du Médoc nos lumières à ce sujet, j’abonde dans le sens de Gaby ci-dessus.

    Cette semaine, j’ai exploré à vélo Ludon-Macau-Arsac-Le Pian-Blanquefort. C’est le début du Médoc, très entamé par l’expansion de Bordeaux, mais aussi très hétérogène de paysage : les palus, le bord de Garonne avec ses maisons de prestige du 19e siècle, le vieux bourg de Macau, le Médoc des vignes, puis celui du pignadà et des lagunes, puis celui boisé et résidentiel du Pian (avec ses maisons néo-vasconnes), puis Blanquefort, elle-même diverse mais déjà pleinement intégrée à la métropole bordelaise.
    C’est une gageure de vouloir réactiver par là une identité médoquine ! Pourtant, si on veut ne pas abandonner ce parçan à l’ogre bordelais, si on veut qu’il "fasse Médoc", il faut, entre autres, trouver, créer, des repères visuels qui disent aux habitants et aux visiteurs : « ici, on est en Médoc ».
    Ce sont des choses qui se font, mais souvent grossièrement et superficiellement par des panneaux ajoutés à l’entrée des communes. Il faudrait être plus subtil, plus efficace, en généralisant par exemple une signalétique particulière, médoquine, des lieux-dits : il est question ici à la fois d’esthétique et de contenu... Il faudra avoir l’oreille des professionnels qui s’en occuperont pour le Parc...


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