Lettre au maire de Capvern Vincent.P

- Vincent P.

Exemple de lettre envoyée aujourd’hui :

Monsieur le Maire,


Il m’arrive de passer dans votre commune. Ce matin, le temps était splendide, Capvern était dominé par toute la masse du Pic du Midi, Mauvezin dans la distance, c’était un paysage enchanteur.
C’est parce que Capvern est dans une région si belle qu’il vous faut peut-être ce regard extérieur que n’ont plus les habitants de la commune sur l’endroit qu’ils habitent.


Le constat est simple : on construit n’importe quoi à Capvern.
J’ai rarement vu dans les Hautes-Pyrénées un tel amas de maisons bariolées (rose, jaune, ...) qui s’inspirent des pavillons provençaux de la Méditerranée ou des villas californiennes.
C’est un morceau du pire de la banlieue résidentielle tarbaise transporté sur le balcon des Baronnies.
Toutes ces nouvelles constructions sont hors-contexte.
Il est inconcevable que des gens entendent s’installer dans cette région sans respecter au minimum l’architecture vernaculaire de l’endroit et son ambiance pyrénéenne traditionnelle.
Le bâti ancien à Capvern est très homogène et évident : toits d’ardoise inclinés, coloris austères et discrets (bleu, gris, blanc).
C’est la maison traditionnelle pyrénéenne. C’est la beauté de notre pays bigourdan.


On pourrait alléguer que les nouveaux venus ont la liberté de choisir. La liberté de porter atteinte irrémédiablement à l’homogénéité de Capvern, donc à sa beauté, donc aussi à son potentiel touristique et à son attractivité (la vue sur Mauvezin est irrémédiablement dégradée), ce n’est pas là en tout cas l’intérêt public local.
Vos fonctions de maire vous permettent de corriger cette lèpre pavillonnaire, par exemple en imposant lors de la révision de votre plan d’urbanisme des contraintes esthétiques (le minimum me semble une restriction de la gamme des coloris, des toits inclinés et l’imposition de l’ardoise : on construit encore comme ça dans les vallées, aucune raison que les entrepreneurs locaux ne puissent proposer de tels modèles).
Il est possible de faire une tolérance pour le style néo-basque, d’implantation ancienne dans la commune ainsi que le prouvent certaines maisons construites depuis les années 30.
Parce que maire, vous pouvez également refuser les permis de construire et vous entretenir avec les jeunes couples qui font construire, souvent sans repère culturel régional.
Il y a tout un travail d’éducation à faire. Je pense également au danger de la privatisation des vues sur les Pyrénées.


Je ne me serais pas permis de vous écrire si je ne voyais pas au fil des ans les paysages de Capvern se dégrader à ce point (l’effet bretelle d’autoroute en somme).
Grosso-modo, c’est tout le Sud-Ouest de la France qui est frappé par une dégradation de son bâti architectural, soit que l’on ne sache plus restaurer convenablement les anciennes maisons, soit que l’on laisse construire n’importe quoi.
Cela est évidemment le reflet d’une perte de conscience culturelle : la disparition du petit patriotisme bigourdan en est la cause, il y a encore 20 ans, personne ne se serait autorisé de causer de telles blessures à notre environnement paysager, la pression de la tradition était trop forte.
Celle-ci éteinte, il nous reste à en garder le meilleur, à savoir le bon goût, une certaine modestie dans le respect des formes léguées.

P.-S.

Bravo Vincent !
(Les passages en gras le sont du fait de Gasconha.com.)

Grans de sau

  • De passage à Capvern, j’ai été frappé par le bric à brac architectural (et aussi, si je me rappelle bien, par une dispersion des constructions nouvelles), qui contraste avec l’unité magnifique de villages voisins comme ceux d’Avezac-Prat-Lahitte (sauf le portail blanc).
    Mais ces derniers sont un peu plus à l’écart des influences extérieures.
    Capvern est au contraire une localité thermale qui a depuis longtemps voulu gommer son caractère paysan.
    Mais on pourrait quand même essayer d’arrêter le massacre !

  • J’ai moi aussi constaté cette exception de Capvern, à quelques encablures de Mauvezin, site d’une grande harmonie, et évidemment porte des Baronnies, pays splendide à la grande unité architecturale.
    J’ai pensé pareillement à une influence du thermalisme, au sens où la ville ne se penserait plus seulement pyrénéenne mais également cosmopolite, éclectique.
    Cela a pu jouer mais autant qu’on puisse le constater, Capvern-les-Bains s’inscrivait pleinement dans le style régional (mélange d’architecture chalet et néo-basque).

    Je pense plutôt au fond à la mauvaise influence de Lannemezan, foyer de chaos urbain et de gaspillage de terre.
    Sur Capvern, cela prend la forme d’un mitage généralisé de la moindre parcelle avec vue sur les Pyrénées.
    Mais là c’est grave, c’est le site de Mauvezin qui est atteint, le département devrait intervenir.


Un gran de sau ?

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