Acceptation sociale de noms dans la langue autochtone Vincent.P

- Vincent P.

Sondage mitigé : Brest a laissé aux internautes la possibilité de nommer ses stations de tram. Les résultats montrent bien combien il est difficile de ressusciter l’ancienne langue même s’il y a quelque espoir...
Cela rejoint les réflexions sur le métro de Toulouse : il faut vendre le "patois" autrement qu’il ne l’est aujourd’hui.

stations.letram-brest.fr

Quelques exemples sur Brest : les internautes ont préféré "Dupuy de Lôme" à "Quéliverzan", "Mac Orlan" à "Prat Lédan", ...

Quelques satisfactions : ils ont préféré le nom autochtone "Menez Paul" à l’abstraction si française "Droits de l’Homme". Ainsi que "Coat Tan" à "Parc Eole".

Mais je pense que dans des villes comme Toulouse ou Bordeaux, tout nom un peu trop patoisant serait systématiquement rejeté.

Grans de sau

  • Brest est le type même de la ’ville coloniale’, foyer de francisation, dont le folklore même s’est exprimé assez largement en français.
    La signalétique bilingue y a été plus frileuse qu’ailleurs.
    Mais les esprits changent et les interventions des échelons départemental et régional y contribuent.
    Bien sûr l’arrière-plan de la question n’est pas seulement linguistique.

  • Per tant que ne’n i augi pas fòrt, i a egau, preu tram de Bordèu :
    Peychotte, Roustaing, Carle Vernet (?), Tauzia (patronime) ; preu bus : Lartigue, Peyandreau(?), chemin de Suzon, Lestonnat, Malartic, Chouiney, Toctoucau, le Dorat, Capeyron, Lalanne, Pont de la Maye(?), Ducourneau (patronime), Quai Dupeyron, Pt Peyronnet, la Paillère, Paludate, MAS Barail, Lucassot, château Rouquey, la Grave, Béchade, Bernède, Lestage, place du Mayne, Costedoat(?),Sembat, Cap de Bos... e ne’n passi.
    Qui a dit que l’òc èra desgitat de la sinhaletica deus transpòrts en comun ???
    Mossur Vincent, va faler arrestar de diser "i a pas mèi de gascofònes" "i a pas mèi de Gascons" "lo gascon (l’òc) n’a pas d’avenir" ... Se lo practiquèvatz, aquò haré un de mèi que parla la lenga !!!
    E pus precisament per la Gironda, quòra disèvatz i auger viscut 4 ans, avèvi oblidat de vos diser qu’i damòri dempui quasi 20 ans...
    Ma mair, mons grands-parents la coneishen tanben... E lo gascon, a cada còp que frequenti lo mitan vasadés, entendi lo gascon, dens la boca deus vielhs, coma deus qu’an 40 ans, o la vintena...

  • Les lignes de bus de la CUB s’enfonçant dans l’ancienne campagne des environs de Bordeaux, il est certain que de nombreux lieux-dits ont été repris pour nommer des voies, qui à leur tour ont nommé des arrêts de bus.
    En tout cas, me citer Toctoucau montre bien que nous ne parlons pas de la même chose ... à savoir la question toponymique en milieu urbain, l’acceptation par les bobos contemporains des sonorités perdues du "patois".
    Mais Toctoucau n’est pas sauvé, entre deux foyers de francisation intenses que sont Arcachon et Bordeaux (cf l’affaire du Pays de Buch).

    Pour ce qui est du tram, j’ai étudié la question, la plupart des stations n’ont pas un nom gascon, celles qui en ont un ne l’ont que par vivacité ancienne du lieu-dit ou indirectement via un patronyme (donc ça revient au même, Victor Hugo ou Doyen Brus, c’est pareil, c’est le même phénomène français des "Grands Hommes" qui effacent les anciennes dénominations, trop paysannes).

    Quant au gascon en Gironde, c’est une langue morte.
    Les cartes dialectologiques des années 90 placent le Médoc en zone francophone, il n’y avait presque plus de locuteurs en Nord-Gironde dans les années 50, idem dans l’Entre-Deux-Mers. Il reste le Bazadais peut-être, mais ainsi que j’ai pu l’écrire, sa nouvelle situation au débouché de deux autoroutes condamne la langue dans la décennie qui vient.

    Que dans le "mitan vasadés", on parle l’occitan, c’est assez attendu. Dans les clubs de pétanque, on trouve beaucoup de boulistes.

  • Quelle langue pour le tram de Bordeaux ?

    Je commence avec la ligne A :


     Mérignac Centre : c’est gascon parce que la France dans sa grande clémence, n’a pas renommé la ville Marigny.


     Lycées de Mérignac : mouais. C’est descriptif.


     Quatre Chemins : français.


     Pierre-mendès-France : aaaah, les grands hommes, la mythologie républicaine, un jour, il y aura tellement d’avenues Mendès-France qu’il faudra les numéroter pour les différencier.


     Alfred-de-Vigny : cf ci-avant. Pourtant, la station dessert le quartier des Eyquems (nom gascon).


     Fontaine d’Arlac : Arlac aurait suffi non ?


     Peychotte : gasconnisation du portugais Peixotto, mais ça reste gascon, mais pas prononcé à la gasconne.


     François-Mitterrand : cf Mendès-France.


     Saint-Augustin : ok


     Hôpital Pellegrin : c’est descriptif, mais ce n’est pas gascon.


     Stade Chaban-Delmas : la plus récente francisation qui a fait disparaître l’ancien nom de Lescure.

    Gaviniès : pas gascon.

    Hôtel de Police : descriptif mais français.

    St-Bruno-Hôtel de Région : idem.

    Mériadeck : c’est gascon par ricochet, mais enfin, c’était bien le nom du quartier dans la langue vernaculaire.


     Palais de Justice : descriptif. Mais avant d’avoir une version gasconne acceptée des Bordelais ...

    Hôtel de Ville : idem.

    Sainte-Catherine : ce n’est pas la version gasconne de l’hagiotoponyme.


     Place du Palais : j’ai encore dans la tête le bel accent parigot de la dame. C’était marrant d’ailleurs, les annonces étaient en mode "Air France", mais dès qu’il y avait un incident, on entendait l’accent du Sud-Ouest de la personne qui intervenait en direct.


     Porte de Bourgogne : même pas son vrai nom de Porte des Salinières.

    Stalingrad : et oui, la station qui dessert La Bastide ne s’appelle pas "La Bastide".

    Jardin Botanique : descriptif.

    Thiers-Benauge : le nom autochtone de Benauge ne suffit pas, il faut lui joindre le sempiternel Thiers.

    Galin : ?

    Jean-Jaurès : jurisprudence Mendès-France.

    Cenon Gare : ok.

    Carnot : one more time ...

    Buttinière : plus oïlique, tu meurs.

    J’ai la flemme de faire les deux embranchements qui se perdent dans le Bas-Entre-Deux-Mers.
    Je me souviens qu’un nom gascon d’une station récente avait été refusé dans l’avant-projet car trop païsanass et homonymie avec je ne sais plus quel terme grivois d’argot français. Je me demande si c’est pas la station Iris.

  • Je me souviens, c’est "Le Grand Cam" à Lormont.

    Réponse de Gasconha.com :
    Il n’y avait pourtant pas de quoi fouetter un gat !

  • Evidemment, j’exagère à dessein, il est trop tard aujourd’hui pour revenir sur certains noms bien ancrés, il n’est pas raisonnable de rejeter un patronyme du fait de sa consonance oïlique, ... mais, mais, quand même.
    Où sont passés les noms "topiques" de la Bordeaux gasconne ? Où sont les stations "Fort du Hâ", "Talence", "Paludate", "La Bastide", "Porte Cailhau", "Porte Dijeaux" ?

  • Allez, la ligne C, qui longe la Garonne.

    Les Aubiers : français. Il y avait un grand nombre de lieux-dits gascons dans les environs selon les anciennes cartes.

    Place Ravezies-Le Bouscat : Le Bouscat ne suffisait-il pas ? C’est gascon au moins. Du moins si l’on prononce le t final...

    Grand Parc : French.

    Emile Counord : un grand homme dont personne ne sait qui c’est.

    Camille Godart : idem.

    Place Paul-Doumer : idem.

    Jardin Public : descriptif.

    Quinconces : ce n’est même pas vraiment gascon, s’il y avait eu un nom gascon à cette place, cela aurait été Troupeyte, le vrai nom des lieux. Allez renommer les Quinconces "La Place Troupeÿte", on va rire.

    Place de la Bourse : ça tombe bien, s’y trouve la Bourse.

    Porte de Bourgogne : là encore, son vrai nom est Porte des Salinières (Salineÿres en gascon bordelais).

    Saint-Michel : ok.

    Sainte-Croix : ok.

    Tauzia : patronyme importé, mais c’est gascon, miracle !

    Gare Saint-Jean : ok.

    Belcier : c’est saintongeais.

    Carle Vernet : grand homme, en l’espèce d’origine provençale.

    Bègle Terres Neuves : ouais.

    On fait le pourcentage de stations gasconnes ?

  • La ligne B ! Tout un symbole, on va de Claveau à Bougnard, comment faire plus français, oïlique au sens ethnique que cela ?

    Claveau : français.

    Brandenburg : international.

    New York : ...

    Rue Achard : là encore, plus que la référence à une personne, c’est jusqu’à la consonance qui marque.

    Bassins à Flot : descriptif.

    Les Hangars : descriptif.

    Cours du Médoc : indirectement gascon, encore que je me demande si "Cours" n’est pas symptomatique de la francisation de Bordeaux, dans sa généralisation pour remplacer les anciens "camins".

    Chartrons : francisme en gascon.

    CAPC : ouais.

    Quinconces : cf ligne C.

    Grand Théâtre : descriptif. Mais il y avait d’autres noms, plus gascons.

    Gambetta : les grands hommes, bis repetita.

    Hôtel de Ville : cf ligne A.

    Musée d’Aquitaine : descriptif. Au passage, nom sympa pour un musée ethnologique consacré en grande partie à la Gascogne occidentale.

    Victoire : c’est le nom.

    Saint-Nicolas : ok (au passage, le vrai nom complet est Saint-Nicolas de Grave, c’est là que se trouvaient les Gahets bordelais).

    Bergonié : patronyme importé.

    Barrière Saint-Genès : ok.

    Roustaing : attesté Arrostanh dans les textes anciens, l’un des rares toponymes gascons authentiques du tram.

    Forum : imaginaire moderne pédant.

    Peixotto : Peychotte bis.

    Béthanie : référence religieuse.

    Arts & Métiers : descriptif.

    François Bordes : un patronyme probablement gascon ...

    Doyen Brus : patronyme.

    Montaigne Montesquieu : les 2M.

    UNITEC : descriptif.

    Saige : anciennes propriétés homonymes (patronyme juif portugais ?)

    Bougnard : sur la mélodie de "A Paris !"

    Camponac Médiathèque : parce que Camponac était trop plouc probablement, on lui adjoint Médiathèque.

    Pessac Centre : Pessac suffisait.

    Au bilan, moins de 5% de noms gascons restés en français.

  • Bien. Bien. D’accord que les stations de tram aient des noms français.
    D’accord qu’il y ait fort peu de gascophones en Médoc, Bordelais, Cubzagais, Entre 2 Mers...
    Egau, urosament, i a de pus en pus de cors d’occitan per adultes, sàbetz qu’una calandreta a ubèrt l’an passat, e las associacions occitanas son pas morentas encara...
    I a mème produccion literària en Gironda (literària, exagèri benlèu...) : cf. Astié, los Tradinaires, Viaut, Gric de Prat...
    Lo gascon "girondin" s’ec pòdi diser, dispareish, mès
    1° lo gascon non girondin es parlat en Gironda per los novèths occitanistes ;
    2° ren n’empacha d’assajar de lo reviscolar.
    Vous êtes fort déprimant dans tous vos messages, -je ne sais pas pourquoi - des mauvaises langues diraient donc que vous pourriez être un "franchimand" qui s’infiltre sur ce forum pour saper le moral des occitanistes qui ont des projets.
    D’autant plus que vous n’écrivez pas en gascon....

  • On dirait aussi que vous dites "la Gascogne indépendante, ou alors on la laisse aux Français".
    Je plaisante un peu, là, j’exagère moi aussi, mais je vois ça comme ça.

  • "Fort du Hâ" est "Palais de Justice", "Talence" est "Forum", "Paludate" est "Tauzia" en somme, "La Bastide" est "Stalingrad", "Porte Cailhau" est "Sainte-Croix", "Porte Dijeaux" est "Gambetta".
    Qu’on ne me dise pas que quelque part, ce n’est pas révélateur.
    Et encore, Bordeaux est une vieille ville, ses rues sonnent encore gascon, dans des petites villes pour 3/4 du XIXème siècle comme Pau, c’est quasiment que du français, dans la langue ou dans l’esprit.

    Pour comparer avec Toulouse, cela me semble un peu mieux dans la ville rose, je vais faire la même chose que sur le tram.
    Et il faut voir aussi la ligne D du tram bordelais. Elle devrait (elle est en service ?) gasconner puisqu’elle passe par les anciennes landes à l’Ouest de la ville, les anciennes paroisses gasconnantes de chez Meste Verdié, et pourtant ...

    Ravezies : ...

    Jean-Jaurès : STOOOOOOP !!!

    Tivoli : tiens, une variante, la référence classique.

    Libération : mieux qu’Occupation.

    Avenue d’Eysines : un terme gascon s’est glissé dans ce nom, sauras-tu le trouver ?

    De Lattre de Tassigny : encore et encore.

    Stéhélin : personne ne sait plus qui l’on honore.

    Rue de Capeyron : toujours accompagner un nom gascon d’autre chose, il n’a pas le droit de se promener tout seul.

    Pasteur : la rage !

    Gare Caudéran-Mérignac : parce qu’une station qui dessert Caudéran, il est trop difficile de la dire tout simplement Caudéran.

    Verdun : toponyme celte formé par les Bituriges (haha).

    Marne : une bataille, enfin !

    Paul Doumer : deuxième fois après la place, quel grand président il fut. Et originaire des environs en plus. Ah non ?

    Fontaine d’Arlac : jurisprudence Capeyron.

    Victor Hugo : la honte, Victor Hugo en banlieue, même pas au centre !

    Jean Cordier : qui ça ?

    Bas-Brion : ah zut, ma blague sur Verdun, et bien là c’est la réalité (celtique brigantion "éminence").

    Dr Albert Schweitzer : j’ai habité l’avenue homonyme pendant 2 ans, quelle corvée quand on n’est pas germaniste pour écrire son adresse dans les papiers administratifs ... Et ce n’est pas comme si juste à côté se trouvait le château de Brivazac ...

    Enfin bref, au bilan, action (in)volontaire de dégasconnisation. A part ça, tout va bien, dixit Gaby.

  • NB : J’ai une petite hésitation sur le Ravezies du Bouscat, cela semble être gascon, en lien avec Ravez à Macau (33) ? Ravezies a été un patronyme bordelais au 18ème siècle.

  • Je ne me déprime pas, c’est déjà ça, je suis même assez optimiste parce qu’une fois que l’ancien monde est mort, et avec lui les espoirs de le ressusciter, on peut tout inventer.
    Et comme je décèle dans la jeunesse une forte volonté d’identification locale, qui prend des formes diverses, je pense qu’il ne manque plus que l’articulation intellectuelle de ces manifestations, qui les fera dire "gasconnes".

    En plus, je pense que si l’on regarde la réalité en face, par exemple que le tram bordelais ne gasconne pas, ni dans les dénominations, ni dans l’accent, et bien on peut développer une stratégie plus intelligente de riposte.
    En tout cas, si je peux t’ouvrir les yeux sur la réalité gasconne à Bordeaux, j’en suis content, que l’idéal en soit fort éloigné, c’est pas grave, on s’y habitue, et pour ne pas déprimer, il faut se projeter dans le futur, il ne déçoit pas car il n’est pas encore là.

    NB : Maintenant, pour ma part, je suis aujourd’hui convaincu que tout mouvement régional se doit d’abandonner Bordeaux et Toulouse, parce que ce ne sont plus les lieux idoines de l’expression d’une culture régionale, ou alors au milieu d’autres cultures issues de la diversité mondiale, et ça ne me branche pas à titre personnel.
    Donc après tout, que Bordeaux nie son passé, il vaudrait mieux contacter les petites villes girondines comme Langon, Pauillac, La Réole, ... qui maltraitent le gascon dans les noms des rues.
    Après, rien n’empêche de se passionner pour l’avenir de la métropole bordelaise et de penser que son avenir ne nous est pas indifférent.

  • Je vois bien comment est la réalité, hélas.
    Mais ce que je veux dire, c’est qu’il y a des initiatives émergentes, des projets, des mouvements (quoique rassemblant seulement quelques dizaines de gens), qu’il existe, de ci de là, des bribes de culture gasconne en Gironde et même à Bordeaux, et que l’on peut essayer de faire qqch.
    Eric Roulet, par exemple, a écrit/chanté/conté sur le Bordèu gascon, notre compatriote David Escarpit oeuvre là-dessus, et je vous rappelle que c’est à Bx que se trouvent l’IEO, le Med’Oc (peu actif, d’accord), l’Estaca et, là encore, plusieurs cours d’oc.
    Après, d’accord, ça ne va pas s’améliorer tout de suite... Mais bon...

    Cela dit, Vincent, si vous voulez me communiquer votre mail, je vous enverrai le journal électronique dont je parlais dans un autre gran de sau, cela vous informera sur nòsta "Gironda, tèrra occitana" (e gascona), et nous publierons volontiers vos réactions.
    Siitz hardit e a benlèu !

  • Je n’ai pas trop le temps d’entrer dans le débat entre Gaby et Vincent P.
    Ils ont sans doute dit tout ce qu’on peut dire là-dessus.
    Simplement ne décourageons pas ceux qui soufflent sur des braises encore chaudes.
    Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, n’est-ce pas, etc.... je trouve même que c’est une attitude assez noble (don Quichotte est un de mes héros préférés et j’ai toujours pensé qu’il n’était pas si fou que ça ...).

    Par ailleurs,quelques mineures :
    Gaviniès :un petit génie du violon, bordelais parti rechercher la renommée à Paris - l’a-t-il eue ? Je n’en sais trop rien !
    Heureux en tous cas qu’il ait sa place, même au cimetière ou juste à côté) ;
    Mériadeck :gascon par destination mais à l’origine, très breton : le prnce Maximilien Mériadeck de Rohan, archevêque de Bordeaux, celui du palais-Rohan, archevêché pour quelques décennies avant la Révolution et dans ma petite enfance, quartier des moins recommandables mais si attirant pour la fantaisie et l’imaginaire qui s’en dégageaient ;
    Bergonié : d’importation ? Je n’en sais trop rien mais hommage à un des plus grands cancérologues français (fondateur à Bordeaux du premier centre anticancereux du pays, mort des rayons auxquels il s’était imprudemment exposé car ses priorités étaient autres.

    Avec tous ces noms hétéroclites notés le long du parcours du tram, on voit bien qu’à Bordeaux la Gascogne se conjugue de façon imprévisible avec des apports variés (je ne vais pas resservir les lieux comuns et phrases toutes faites sur le métissage et autres rencontres multiculturelles mais enfin, en effet c’est une Gascogne ouverte, tellement ouverte à tous les courants d’air qu’elle a salement pris froid,prauba d’era !

  • Honorer les enfants du pays, c’est très bien, pas au détriment des anciens lieux-dits, d’ailleurs, je ne pense pas qu’une individualité honnêtement attachée à sa contrée aurait l’arrogance de goûter à voir son nom remplacer l’ancienne appellation de son enfance.
    Je pense qu’un petit buste, une statue dans un square quelconque, sont idéaux pour rendre hommage aux enfants du pays.

    Par contre, assez clairement, il n’y a aucune raison d’honorer les grandes figures nationales qui n’ont avec nos villes de Gascogne qu’un rapport lointain.
    A ce titre, pour illustrer, je suis partisan de déplacer la statue de Danton de la place de la mairie de Tarbes, à la rigueur il aurait mieux valu un Barère de Vieuzac.
    Toujours est-il que pour revenir aux stations de tram, la grosse déception vient de la ligne D, qui traverse l’ancien pays gasconnant de la ceinture bordelaise, et au fond c’est là que l’imaginaire est le plus stérile et le respect de l’ancien monde rural le moins achevé.
    Bref, il n’est pas exagéré de dire qu’à Mérignac, on vomit encore plus la Gascogne que dans le vieux Bordeaux, c’est la civilisation pavillonnaire, hors-sol.

    En tout état de cause, il faut reprocher que jamais les occitanistes n’aient entendu réfléchir à ces questions, trop obsédés qu’ils sont à obtenir des panneaux bilingues, plutôt que de sauver les anciens lieux-dits.
    C’est que comme l’a prouvé l’affaire du métro toulousain (une bonne voix sud-languedocienne remplacée par des annonces "occitanes" francisées depuis peu), eux-mêmes sont dans le moule républicain français, chantre de la diversité, et au fond, assez peu à l’aise avec l’ancien monde qu’ils méprisent, ou tout du moins, pensent incapable de séduction auprès de la population moderne.

  • La Gironde en général et Bordeaux en particulier sont depuis bien longtemps les têtes de pont de la francisation en Gascogne occidentale.
    Bordeaux est une ville française, qui tourne le dos à la Gascogne depuis le 17eme siècle. Qu’est-ce qui est réellement gascon en Gironde ?
    Quasiment rien. Le Médoc c’est et l’Entre-deux-Mer c’est mort. Le Libournais ? Mais qu’y a-t-il de gascon dans le Libournais ? Le Buch c’est fini, le Bazadais ça ne va pas fort.
    Les quelques relents de "régionalisme" sont occitans et pas gascons, Gaby le dit très bien.
    Or, l’occitan c’est un autre monde, c’est le levant et pas le couchant, le vieux monde et pas le nouveau, un autre imaginaire, loin de cette super-Gascogne que fut la Gascogne de l’Ouest, qui tournait ostensiblement le dos aux traitres occitans (languedociens), depuis longtemps acoquinés avec les Français.
    Et de temps en temps, les guerriers anglo-gascons allaient donner quelques coups de pied au cul des mauviettes languedociennes. Les bonnes choses se perdent décidément !!

    Réponse de Gasconha.com :
    La fin de ce gran de sau est bien sûr à prendre au second degré.

  • Paradoxalement, ce qui peut sauver la gasconnité de la Gironde, c’est qu’au rythme de la dégasconnisation dans les Landes ou le Lot-et-Garonne, voire jusqu’aux Pyrénées, il n’y aura plus de différence d’intensité de la culture régionale entre les pays bordelais et les autres, supposés à tort mieux préservés de la francisation.
    Parce que si je suis bien d’accord qu’il n’y a plus grand chose d’évidemment gascon du côté de Libourne, Créon, Soulac ou encore La Réole, c’est aussi le cas de Marmande, Dax, Saint-Gaudens, ...
    Il n’y a plus que le coeur du Gers et les Pyrénées d’un peu authentiquement gascons.

    Pour la Gironde, là où cela devient très inquiétant, c’est que les gens n’ont même plus l’accent, mais n’importe où.
    Arretez-vous acheter du pain dans un village du Médoc ou de l’Entre-Deux-Mers, et tendez l’oreille. Plus d’accent.
    Plus que la francisation, c’est comme de la charentisation.

  • Evidemment, nommer les lieux d’une ville n’est pas innocent et au delà d’une certaine représentation de l’espace social c’est aussi l’imaginaire et le système de représentation des habitants qu’on cherche à organiser voire à conditionner.
    C’est ce qui a été fait dans toutes les villes européennes au XIXè siècle, époque où, après avoir fait sauter les fortifications quand elles restaient, on élargissait l’espace par des constructions, des voies et des places nouvelles parfois recouvrant d’anciens chemins, parfois en les créant de toutes pièces.
    C’est l’urbanisme haussmannien en tout petit à Bordeaux (la rue d’Ornano) puis en grand à Paris, c’est l’"ensanche" ou l’eixample" en Espagne, etc...
    En France, ce moment a été suivi aussitôt par le conditionnement des esprits méthodiquement opéré par la IIIè République.
    Nos rues et nos places ont ainsi été peuplées par les grands noms chers au jacobinisme laique et national, pêle-mèle les Voltaire, Rousseau, Danton, Victor Hugo ? puis Pasteur mais aussi toute la masse des politiciens type Thiers, Clémenceau, Painlevé et autres avec après 1919 la vague des maréchaux et généraux de la Grande Guerre.
    Aux mêmes époques, Amsterdam nommait ou renommait ses rues nouvelles des noms de la kyrielle des peintres hollandais de l’âge d’or, Barcelone se dotait d’une rue Balmes du nom de son grand philosophe et juriste...
    Dans ce dernier cas, en effet c’était un enfant du pays, alors que l’intention assimilatrice de la IIIè République ne fait aucun doute.
    Quelques noms "nationaux illustres ici ou là auraient été bien préférablles à cette invasion obsessionnelle (c’était fait pour) par les mêmes noms, en laissant une bonne place aux vieux noms ruraux quand ils existaient ou même, pourquoi pas pour les voies nouvelles, une place aux illustres enfants du pays.

    A ce titre, la place Gavinies dont nous parlions n’existait pas avant la création du cimetière de la Chartreuse et sans doute pas avant même 1863 ou on l’appela, voisinage oblige, la place du Repos (rien de gascon là-dedans).
    Gavinies , le prodige du violon n’a donc rien volé à personne de même que Ravezies, négociant propriétaire des terrains lotis au Bouscat et à Bordeaux (donner le nom d’un ancien propriétaire des terrains lotis étant une pratique assez fréquente un peu partout).

    Ceci dit, je pense qu’il serait bon d’aller au bout de la démarche et de sélectionner une liste raisonnablement limitée de noms trop absurdes (parce que ne correspondant à aucune résonnance profonde ni à aucune utilité sociale type Hôpital ou Hôtel de Ville par des noms
    authentiquement gascons chaque fois que possible,
    à condition qu’ils aient aussi une certaine esthétique sonore pour eux (d’accord avec Vincent :
    "Tropeyte- ou " Tropeita " pour les Quinconces n’a pas une seconde de chance !)
    Ensuite reste à effectuer rapidement avant que les nouveaux noms entrent trop profondément dans les têtes en direction des "autorités" idoines, CUB en tête où l aide de groupes, associations et corps constitués quelconques viendraient utilement épauler des courriers individuels.
    D’accord pour ma part pour m’investir là-dedans.
    Qu’en disetz ?

  • Vincent : ah, pensi tanben a l’estatuda de Jeanne d’Arc, cors de Verdun a Bordèu. Quala orror ! ;s

    A perpaus de "Qu’est-ce qui est réellement gascon en Gironde ?
    Quasiment rien. Le Médoc c’est et l’Entre-deux-Mer c’est mort. Le Libournais ? Mais qu’y a-t-il de gascon dans le Libournais ? Le Buch c’est fini, le Bazadais ça ne va pas fort." aquò vòu diser "la Gironda es pus occitana que gascona" o "la Gironda n’es pus ni occitana ni gascona" ?
    Com ec èi dejà dit, lo Vasadés, per exemple, n’es pas pròishe de pèrder son identitat gascona. Los que lo frequentan se’n seràn apercebuts !
    Los quites junes Vasadés son 100% vasadés e saben frasas en patués !
    Epui, tant qu’i aurà cors d’occitan dens l’ensenhament public e las calandretas, ren n’es pas mòrt !
    Siitz hardits

  • Et "plus d’accent en Gironde" faut pas exagérer !

  • Ma suggestion du 20 octobre n’a donc intéressé personne ?
    Qu’est-ce qui est préférable : polémiquer entre occitanistes et non occitanistes, etc... ou faire ensemble oeuvre commune ?

  • @Gérard : je suis tout à fait motivé pour faire quelque chose mais je suis irrémédiablement pessimiste, je crois que le substrat idéologique est trop défavorable.
    J’envoie des lettres aux maires sur des tas de sujets, jamais une réponse.
    Il faudra passer à l’étape suivante, à savoir constituer une association et aller devant le juge.
    Mais en l’espèce, ce n’est pas la question, il faut contacter des historiens, type Guilhem (Pépin) qui pourraient nous aider à baliser un passé topographique bordelais potable.

    @Gaby : Je n’exagère pas, personne n’avait l’accent à Bordeaux, quelques vieux, des quinquas de la banlieue prolo comme Cenon ou de l’autre côté Pessac, ... Partout ailleurs, l’accent charentais.
    J’ai un ami gabay qui a un accent oïlique, quand les Parisiens l’entendaient, ils lui disaient "tu as l’accent bordelais prononcé !". La blague. Dans les commerces, j’entendais l’accent du côté du petit Leclerc de Pessac, notamment chez les caissières.
    Les chauffeurs de bus ont l’accent aussi. Pas besoin de grandes études de sociologie pour comprendre la distribution de l’accent dans la population ...
    Quant à la jeunesse, elle a l’accent banlieusard, même dans les classes dites hautes. "J’avoue, trop un bollos." Je ne me faisais pas comprendre avec mon léger accent béarnais.

  • Faire oeuvre commune !!!

  • Cher Vincent.P, j’aurais aimé vous envoyer un dossier montrant la présence gasconne en Bordelais.

  • A propos des perspectives de gasconitat :
    1) Oui, nous sommes tombés très très bas. Absolument tout ce qui faisait la Gascogne est en voie de disparition, et cela sur la totalité du triangle gascon, montagne comprise.
    2) Il y a des pertes qui seront irréversibles. La disparition de "l’accent", un des derniers marqueurs encore bien présents dans la population, et très remarqué par les estrangers, semble inéluctable si les tendances actuelles se prolongent.
    3) La disparition du nom "Gascogne" pour nommer le triangle est achevée, mais elle est réversible, elle !
    Il peut y avoir là le premier pas d’une reconquête identitaire.
    4) A partir du nom "Gascogne", on peut faire passer un contenu (histoire, géographie, cuisine, mémoire de la langue...)
    5) Il doit y avoir une dialectique, un cercle vertueux, entre cette transmission et la croissance d’une affirmation identitaire gasconne (la fiertat gascoune) :
    une affirmation gasconne un peu sommaire et bébête peut donner envie d’apprendre quelques fondamentaux
    , et plus la population (archéo- ou néo-gascons, et surtout les jeunes) accroîtra son savoir gascon (quasi-nul pour l’instant), plus elle développera une fierté gasconne.

    Il s’agit de faire assumer le mieux possible l’héritage gascon par tous ceux qui vivent maintenant dans le triangle gascon, d’où qu’ils viennent.
    Le défi est énorme.
    Mais le succès peut être partiel : ce n’est pas binaire échec/réussite.
    Le succès dépend en partie de tendances générales qui nous dépassent : si la population continue à bouger sans jamais se fixer, il sera très difficile de recréer une culture gasconne*. Mais sauver "l’appellation Gascogne" est jouable même dans ce cas.

    * Comme Vincent, je pense qu’il ne faut pas espérer une forte gasconitat pour Bordeaux, Toulouse, voire Bayonne. Ce sont des aires métropolitaines (en formation pour Bayonne) qui comptent pour la Gascogne, mais qui la dépassent.

  • Oui, redonner au terme de "Gascogne" sa véritable signification, c’est un projet très modeste (c’est un peu un combat similaire à celui de 5B, "Nantes en Bretagne", sauf qu’avec tout le respect que l’on doit aux militants bretons, nous avons quand même plus d’arguments que des frontières administratives médiévales) mais duquel peut découler une avancée identitaire formidable qui s’articule sur plusieurs plans (langue, architecture, économie, ...).
    Je pense que ça peut marcher, assez franchement, car ce sont des concepts simples (triangle aquitain, Basques romanisés, esprit festayre, ...).

    Gaby peut me joindre sur facebook ou à l’adresse suivante : un . gascon @ gmail . com

  • Donc formons dès que possible une commission intégrant les volontaires motivés et s’il se peut, en particulier, quelques spécialistes de ce genre de question à un titre ou un autre (G.Pépin par exemple).
    S’il faut aller au delà, former une association, soit.
    Mais plutôt, proposons nos conclusions à une ou plutôt, plusieurs associations dont nous aurions des raisons de penser qu’elles devraient accueillir positivement nos suggestions et les relayer sur la place publique comme auprès des entités décideuses à convaincre (nous avons tous, de ce point de vue, des antennes ici où là).
    Bien sûr faisons-le dans un esprit d’honnête ouverture (que personne ne se sente pris dans un traquenard quelconque).
    Mais quant à aller devant un juge, je n’y crois absolument pas.
    Ni l’intérêt à plaider ni la substance de la plainte ne me paraissent réunis pour espérer un minimum de chances de réussite (à moins qu’un juriste éprouvé ne nous prouve gracieusement le contraire...).
    Commençons sans doute par créer une liste d’adresses email et travaillons à partir des travaux préparatoires de Vincent.
    Ensuite,si nécessaire, je suis prêt à abriter les séances de réflexion nécessaire à la mise en forme (les Landes offrant un calme garanti pour ce genre d’exercice et le froid suffisant pour nous éviter des distractions ou l’envie de jouer les prolongations !).
    A part cela, les constats de Tederic sont, comme bien souvent, marqués du bon sens et de la clairvoyance les plus certains...hélas.

  • Oui à l’enseignement de l’histoire locale et des spécificités régionales à l’école, dès le primaire, ce qui se fait déjà en fonction de la sensibilité des enseignants (c’est très variable, avec des réactions diverses : du fils d’immigrés devenu instit totalement rétif à la culture patoisante à la vieille fille du pays qui en fait trop dans le côté "mon petit clocher", sans oublier le parigot muté pour suivre son épouse et autres profils-types).

    Mais, l’école ne règlera pas tout, parce qu’une éducation est avant tout familiale/communautaire à mon sens, et que l’on paie l’éclatement de la cellule familiale dans notre société contemporaine justement, son éclatement au niveau de l’éducation parentale (démission des parents, culture télévisuelle, ...), éclatement géographique (parents divorcés, des grands-parents en Sologne, d’autres à Nice), ...

    Bref, pour faire simple, sensibiliser au fait régional à l’école, oui, mais ça ne sert à rien si le mercredi après-midi, il n’y a pas "Papi" pour raconter les histoires de l’ancien temps.
    C’est caricatural ce que je dis mais il y a du vrai.
    J’ai relu les théories de Lapassade, c’est d’une niaiserie folle : toute une génération d’occitanistes a abandonné l’idée de maintenir quelque chose de régional via les rapports privés au profit de l’école fantasmée comme seul vecteur de savoir.
    D’où le sacrifice d’une graphie lisible de tous.
    Les occitanistes des années 60 ont en toute conscience laissé tomber une génération. Par idéologie.

  • Sui retombat sus aqueth hiu de discussion. Èri un franc occitanista de basa, a citar les quitas calandretas ! Ma desoccitanisacion (o pulèu mon desendoctrinament) es estada espectaculària, e fòrt probable n’auré pas aujut lòc shens Gasconha.com que, mèi qu’una simpla lectura, permet d’escambiar en argumentant. Donc mercí Gasconha.com ! :D

  • Gaby : quauarren de positiu,doncas,que serà sortit d’aquèth hiu .Mes lo negatiu es que n’avem pas hèit arren deus tribalhs detectats sus aquèth tema en 5 ans . Vergonha !

  • Mès qué pòdem i hèser, a mens de préner en otatge lo president de Bordeaux Métropole ?

  • Non cau pas estuja’s devath las coberteras de la nòstas passivitat.Los pòsts de 2011 qu’avevan amuixat un camin de seguir .N’es pas tan complicat qu’aquò.L’associacion GRP que deuré estar l’apric d’aquèth tribalh,pensi.


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