
Un copain m’ayant demandé d’où venait le nom du petit massif au dessus de Lourdes : "Le Béout", j’ai fait quelques recherches.
En consultant le recueil Sacaze de la commune de Lourdes (Arrondissement d’ Argelès 240), j’ai constaté que l’instituteur (Jean Barbet de Bartrès) a utilisé deux orthographes pour transcrire la prononciation gasconne de l’oronyme « Béout ».
- Beüt : « …et de là monte par le Bouchet et par la creste de la Montagne du Beüt, Lenners et Aigue Bez. ».
- Bèout : « Grand Bèout », « Petit Bèout », « Trésbèout ».
Deux premières conclusions à tirer .
Contrairement à la prononciation française induite par l’orthographe "Béout", Jean Barbet nous indique que :
• le E est ouvert (Bèout)
• l’accent tonique est porté sur le Bè (Beüt)
Il reste à savoir comment les locaux gascophones prononcent en 2025 ce toponyme.
Renseignements pris (famille Castérou d’Omex), la prononciation actuelle correspond exactement au document Sacaze : En gascon et français régional, le local dira toujours « eth Bèut » [‘bèout] contrairement au randonneur qui va demander le sentier du « Béout » [Bé’out].
Etymologie de cet oronyme.
Dans le Palay, on trouve :
Bèut : voir « Begù ». Nom de lieu.
Begù, bigù.-de : qui a la lèvre supérieure relevée. V. Beout.
Le Dictionnaire de Per Noste note :
bèuc/a : déformé, tordu. Qui a une pointe. bèuc = épine, écharde
En gascon, la terminaison -c devient souvent -t dans la prononciation et vice et versa (Tostat/Tostac). Palay a orthographié « Bèut » et Per Noste « Bèuc ».
Nous avons donc la même attestation que dans le document du recueil Sacaze.
Hypothèse :
En français : Le Béout.
En gascon : Eth Bèut.
En gascon, le E doit être ouvert (comme le précise l’instituteur collecteur du Sacaze de Lourdes) contrairement au toponyme mis en français.
L’accent est sur le « Bè »
On peut penser que cet oronyme vient du gascon « Becut, begut, begù », qui avec assimilation est devenu « bèut ». C’est donc le mont qui a une pointe… La présence au sommet de plusieurs énormes rochers erratiques en granit explique sûrement ce terme. L’un d’eux est en équilibre sur son socle calcaire ("Le rocher mystérieux").

Beaucoup d’oronymes utilisent la métaphore du « bec » : « Las Bequetas », « Lo Bec de Sescas » (Ossau)…
A noter que dans la montée vers le sommet, on peut visiter une grande carrière de sarcophages en calcaire (époques romaine et mérovingienne), certains encore en place.






