La langue tectosage Vincent.P

- Vincent P.

"Idiotismus Tectosagicus latissime patet ; ejus duae sunt summae
differentiae : altera continetur in vetere Aquitania Caesaris, hoc est intra Garumnam, Pyrenaeos, et Oceanum Aquitanicum.
Hic idiotismus proprie dicitur Vasconismus, multam a reliqua parte idiotismi Tectosagici discrepans, adeo ut neque commercium quotidianum, neque
vicinitas, neque flumina pontibus juncta illam differentiam tollere potuerint. Reliquae partis, quae citra Garumnam in usu est, etiam multae sunt differentiae, in quibus Lemovicismus et Petrocorismus a reliquis idiomatibus valde alienus est. Denique in tota Europa non invenies, in tantis angustiis finium, tot discrepantias dialectorum."

"La langue tectosage est une langue bien répandue ; on en connaît deux variétés fort dissemblables : l’une se parle à l’intérieur des limites de l’ancienne Aquitaine de César - Garonne, Pyrénées, Golfe de Gascogne.
L’idiome que l’on parle là - ou gascon - diffère considérablement de l’autre variété de l’idiome tectosage. Bien plus, ni les contacts quotidiens, ni les relations de voisinage, ni les ponts qu’on jette sur les fleuves ne paraissent susceptibles de supprimer cette différence.
Dans l’usage des régions situées de l’autre côté de la Garonne, il existe aussi bien des variétés ; le limousin et le périgourdin y diffèrent fort du reste. Bref, nulle part en Europe, on ne trouverait une aussi grande différenciation dialectale sur un territoire aussi restreint."

Scaliger (1540-1609) in Diatriba de hodiernis francorum linguis

Grans de sau

  • On voit se dessiner le triangle de la Gascogne !
    Bien beau texte où il est dit clairement que ce qui se parle entre la Garonne, les Pyrénées et "l’océan aquitanique" a pour nom spécifique Gascon, et qu’il est irréductible aux autres parlers voisins.
    Il renforce les thèses de bien des érudits de ce blog.
    Pour ma part je connaissais le nom de Scaliger comme maître de Grotius à Leyde mais je ne savais pas qu’il était né à Agen, ni qu’il avait écrit sur le gascon.

  • Scaliger, qui nous avait bien compris et était finalement devenu l’un des nôtres (comme quoi on peut gasconniser des immigrés italiens !) est connu pour avoir écrit à propos des gascons "o beatae gentes pro quibus vivere est bibere "soit une équvalence entre notre goût bien connu du bon vin et notre propension, bien connue également, à prononcer "b" les "v" latins au moins en début de mot... Très actuel tout ça ,non ?

    Réponse de Gasconha.com :
    Un autre connaisseur (inattendu) de la différence gasconne : Jules Ferry !
    "Dans ses parcours provinciaux, seule la frange d’outre-Garonne a paru à [Jules Ferry] constituer un territoire exubérant et exotique, presque une terre étrangère".
    [Composition française, Mona Ozouf, chez Folio p.224]
    [Tederic M.]

  • Scaliger ne fait que reprendre una très très ancienne partition, qui remonte, on le sait, à César.
    Pour ma part, j’attache plus d’importance à l’analyse de son contemporain Pèir de Garròs, qui, comme maniant avec virtuosité la langue, devait avoir un avis peut-être plus pertinent dans la pratique que celui de Giulio Cesare.

  • David,
    Je crois que vous confondez deux Scaliger, celui dont Vincent P. a donné les dates a été élevé au collège de Guyenne a Bordeaux, fils de Giulio Cesare c’est un émigré de la deuxième génération par les hommes, (comme d’habitude on ne dit rien de sa mère, peut-être était elle gasconne ?), quant à lui il a vécu aux Pays Bas les dernières années de sa vie, après avoir fréquenté l’Université de Paris.
    Mais le bibere prouve bien qu’il n’avait pas oublié le goût du vin de chez nous, que d’ailleurs les hollandais du temps ont bien su accommoder à leur art de vivere !

  • Scaliger (II) est en effet un enfant d’Agen, donc la dichotomie de son Agenais natal, il devait connaitre.
    Il développe dans le même texte la question du poitevin dont il situe très précisément le domaine, puisqu’il précise qu’il s’arrête aux faubourgs de Bourg.
    Bref, 3 siècles avant la dialectologie moderne, un humaniste agenais sait pertinemment placer le gascon.
    A mettre en rapport avec les propos de Pey de Garros de la même époque.

    Mensonge éhonté que de faire croire aujourd’hui que le gascon serait une découverte de la linguistique occitane (et honte à Mistral qui ne comprenait rien en divisant aquitain de gascon).

    La mère de Joseph Juste Scaliger était Andiette de Roques-Lobejac, ce qui sent sa vieille famille guyennaise.

  • Joseph-Luste Scaliger disait de son père Giulio Cesare :"Mon père était étranger et parlait bon gascon.Il n’y a Français,quoi qu’il ait demeuré cinquante ans en Gacogne,qui puisse conjoindre quatre mots sans faillir et sans faire incongruité" (sous-entendu:ce n’était pas son cas .) (Scaligeriana,1669,cité par Rpbert Lafont "Renaissance du Sud").


Un gran de sau ?

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