"Una escòla bilingüa mai per Landas" Tederic M.

- Tederic Merger

C’est ainsi (donc probablement dans une sorte de languedocien*) que l’hebdo occitan "La Setmana" annonce l’ouverture d’une classe bilingue à Saint Martin de Seignanx (Landes), donc quand même une école située en Gascogne...
Voir en ligne (mais le texte intégral de l’article n’est pas accessible).

Je préfère en général souligner le positif plutôt que le négatif.
Mès tròp qu’es tròp !

J’ai aussi entre les mains le n°774 (15-21 juillet 2010) de "La Setmana".
Comme d’hab, mon réflexe (mais d’où vient donc cette manie ?) a été de chercher à quelle page on trouvait du gascon.
Il y a quelques années, on en trouvait vers la page 5 ou 6...
Eh bien, cette fois, j’ai trouvé un articlòt en gascon seulement en page 7, et deux autres en page 11.
J’ai bien dit des "articlòts" !
Au total, en étant généreux, ça fait une demi-page sur 12 du journal qui est en gascon.
0,5 / 12 = 4,16% me dit ma calculatrice.
Comptons 4 %. Et encore, rélégués vers la fin ! C’est donc ça la part du gascon dans l’hebdo de référence de l’occitanisme ?

Lavetz... quan e’ns disen que l’occitan es multidialectau, divèrs, e que cada dialecte a ua legitimitat egau entà representar l’occitan, a tau punt que lo gascon e’s pòt aperar "occitan" shens precision...
jo disi que son sonque paraulas.
En realitat, end’eths, l’occitan de referéncia qu’es lo lengadocian.

S’ac digossen, au mensh... ! que seré mei clar.
Mès n’ac diran pas ! quauquas aolhas gasconas qui son enqüera dens lo tropèth qu’u poderén deishar !
Pr’amor que si l’occitan es identifiat au lengadocian, lo gascon ne pòt pas estar occitan.

*Mais un languedocien authentique dirait-il vraiment "per Landas" (sans article) pour dire "pour les Landes" ?

Grans de sau

  • Peut-être ne trouvent-ils pas tout simplement de gens capables d’écrire des articles en gascon.
    Depuis quelques années, il semble bien que l’occitanisme s’évanouisse en Gascogne.
    Il est certes devenu un acteur institutionnel à la région et dans les départements mais le nombre de désistements, notamment de personnes bien en vue, est tout de même assez révélateur.
    Dans les publications de l’Ostau Biarnés ou de Per Noste, c’est désormais le terme d’"occitan" qu’il faut traquer car il se fait rare, au profit d’un étonnant retour en grâce de "gascon". Seulement, c’est un peu trop tard à mon avis ...

    Il ne faut pas non plus mésestimer le fait que bien souvent, les occitanistes gascons sont prêts à faire le sacrifice du gascon au nom de l’occitan. On ne peut pas leur en vouloir, c’est cohérent.
    Si l’occitan veut subsister et si l’on est persuadé que de toute manière, de Bayonne à Nice il est un même peuple, faire le choix d’un standard languedocien ne pose aucun problème et est même rationnel.
    Les mièvreries sur l’occitan multiple et l’égale dignité des dialectes servent d’appât.
    Je ferai remarquer qu’à la calandreta de Muret, pays de Comminges, on enseigne le languedocien. Et même pas le languedocien toulousain.

    calandreta.muret.free.fr

  • N’y aurait il pas une volonté d’uniformisation de la part des occitanistes gascons languedociens etc... : tous la même langue ? comme ça été le cas par le français à une certaine époque ?

    Réponse de Gasconha.com :
    Mais si !

  • Donc si je saisi, depuis que l’état sous couvert d’une diversité culturelle a remis au gout du jour la défense des langues régionales et sachant que la langue d’oc est la langue la plus parlée en France,
    que selon la délégation générale à la langue française et aux langues de France (www.culture.gouv.fr/culture/dglf), le gascon est une variété (ou dialecte) de l’occitan..
    qu’étant donné que la France n’a pas ratifié la charte européenne des langues régionales et minoritaires où elle s’engageait notammentà :
    "à faciliter et/ou à encourager l’usage de ces langues"
    "à appliquer les accords bilatéraux et multilatéraux existants qui les lient aux États où la même langue est pratiquée de façon identique ou proche, ou à s’efforcer d’en conclure, si nécessaire, de façon à favoriser les contacts entre les locuteurs de la même langue dans les États concernés, dans les domaines de la culture, de l’enseignement, de l’information, de la formation professionnelle et de l’éducation permanente " dixit le texte
    et que ses engagements du fait n’ont pas été respectés
    qu’il existe une volonté des occitanistes d’uniformiser la langue pour devenir de fait la première langue régionale parlée en France (si j’ai bien compris)
    Quelle est la marge de manœuvre qu’il reste à nous gascons pas aidés de l’état, bousculés par un occitanisme en mal de vivre pour qu’enfin il soit reconnu en tant que langue ?
    Surtout que l’Unesco l’a même classé en danger de disparaitre parmi les 2500 langues dans le monde voir son Atlas : www.unesco.org

  • Tederic, la marge de manœuvre pour que le gascon soit reconnu en tant que langue, n’est pas si étroite ; les jeux sont ouverts.
    D’ailleurs, pour ma part, j’admets très bien que cette langue fasse partie de la famille occitane, et le qualificatif "occitan" ne me pose aucun problème pour définir l’appartenance au domaine d’oc.

    Mais là où la marge de manœuvre est quasi-nulle, c’est pour que le gascon continue à être une langue vivante. Il semble même déraisonnable de miser là-dessus.
    Il faut s’habituer à l’idée d’une Gascogne sans le gascon !
    Après tout, nous y sommes déjà quasiment (on me dira que justement, ce n’est pas brillant...).

    Pendant longtemps, j’ai cru que la Gascogne pouvait trouver sa voie dans une Occitanie à l’esprit fédéral, mais dès lors que les jacobins prennent le pouvoir dans l’occitanisme, ce n’est plus possible.

    Pour revenir à l’hebdo occitan "La Setmana", j’aurais bien vu que sur 12 pages, ils aient une ou deux pages pan-occitanes, puis une ou deux pages par grande région : Gascogne, Guyenne, Limousin etc.
    Et que la page d’info sur le Limousin soit en limousin, la page sur la Gascogne en gascon, etc.
    Le choix éditorial a été autre, et cela dès le début : tout mixer (en respectant dans un premier temps la diversité des "dialectes") pour homogénéiser progressivement l’Occitanie. C’est un choix jacobin.

  • Je comprends mieux pourquoi tu crois plus en la géographie d’une Gascogne.
    Mais néanmoins il n’existe pas que des gens ou politiques à l’esprit jacobin (que je ne supporte pas d’ailleurs) ; je donne l’exemple du journal du conseil régional d’Aquitaine :
    En dernière page il y a une place pour les langues régionales : en Basque et en occitan.
    La Gascogne représente près de 70% de la surface de la région d’Aquitaine pourquoi l’Occitan a sa place ?
    Ne serait-il pas judicieux de proposer l’emploi du gascon pour d’éventuels articles ? (Sud Ouest le fait déjà en tout petit certes mais ils font l’effort.) qui écrit ces articles apparemment des assos ? N’y aurait il pas parmi nos érudits gascon de Gascohona.com ou des associations gasconne (de vraies) certains qui auraient envie d’écrire un article culturel sur le magazine ?
    Je lance des idées, des propositions.
    Je reste persuadé que pour combattre le jacobinisme, il faut grignoter petit à petit du terrain et non pas se heurter de front.
    En tout cas merci Tédéric pour ces éclaircissements et je comprends mieux les envolées très violentes de nos amis sur les posts concernant le gascon face à cette volonté d’uniformatisation dans les pays d’Oc.

  • Tederic, concernant le Conseil régional d’Aquitaine, les choses sont assez compliquées.
    Je pense qu’il y a de la part de son président Alain Rousset une sensibilité aux particularismes régionaux, et qu’il n’est pas jacobin.
    Sous sa présidence, le Conseil régional a montré une certaine bienveillance envers "le basque et l’occitan".
    Il se trouve que le domaine d’oc n’est pas du tout homogène dans la Région Aquitaine (une juxtapostion de départements très hétérogènes) : il est certes majoritairement gascon, mais la Guyenne et le Périgord ont des parlers qui varient entre guyennais et limousin, qui sont souvent très éloignés du gascon.
    Les officiels du CR ont été habitués à parler avec des occitanistes qui masquent le plus possible les différences internes au domaine occitan, et utilisent systématiquement l’étiquette "occitan" sans précision.
    Evidemment, à chaque fois qu’il faut fournir un texte au CR, la question est de savoir "quel occitan ?" ?
    Après avoir affirmé l’unité de l’occitan, il n’est pas possible de fournir trois textes différents !
    Dans les documents longs, la solution adoptée est parfois un cocktail étrange gascon-languedocien-limousin ;
    dans les articles courts, c’est souvent, je crois, le gascon qui est choisi, parce que les occitanistes tiennent compte (au moins jusqu’à présent...) du poids démographique du gascon dans la Région.
    Je suis toujours anxieux d’imaginer la réaction des "limousinophones" du Périgord quand on leur fournit sous l’étiquette "occitan" un texte en gascon !
    Déjà que la graphie occitane normalisée est une barrière...

    Bref, demander que le CR passe du gascon, ce serait taper à côté de la plaque : il en passe, mais sous l’étiquette "occitan".
    Il serait même juste qu’il fasse passer plus de limousin ou de guyennais !

  • Adixats a touts,
    ana-p béde aqueste ligam.
    A û moumentot que çi parle de l’abiéne dous dialectes ouccitâs.
    fr.truveo.com/video-detail/partit-occitan-debat-david-grosclaude/1404644507

  • Qu’ac ei escotat/vist. David Grosclaude donne sa feuille de route à l’occitanisme pour les années à venir.

    Je rappelle qu’il est à la tête de l’IEO et exprime donc le point de vue du courant dominant de l’occitanisme.
    Il a été aussi pendant longtemps le "cap-redactor" de "la Setmana", dont j’ai critiqué ici la ligne éditoriale.

    Grosclaude fait miroiter pour dans quelques années une remontée du nombre de locuteurs de "l’occitan", après la saignée régulière qu’on observe depuis longtemps et qui va encore se poursuivre quelques années, reconnait-il.

    Comment pourrait se produire ce rétablissement ?
    Je comprends qu’il mise sur un sursaut des autorités européenes, françaises, régionales, au nom de la biodiversité des langues.
    Il insiste sur les plus de 10 millions de locuteurs potentiels de l’occitan (parce qu’habitant l’Occitanie), et en fait la première langue minorisée d’Europe, et donc un cas remarquable susceptible d’interpeller les autorités...
    On comprend ici que détacher le gascon de l’occitan ne peut que le gêner : ça ferait baisser le compte de quelques millions !

    Je remarque qu’il n’y a pas d’autocritique sur les dernières décennies, où l’occitanisme n’a pas réussi du tout à faire émerger de nouvelles générations de locuteurs (il n’y a en fait eu aucune relève générationnelle, ce qui signe la mort des langues ou dialectes d’oc).
    Je ne vois pas comment l’occitanisme réussirait demain, privé du vivier des locuteurs naturels ou semi-naturels, actifs ou passifs, ce qu’il n’a pas su faire hier quand il y avait encore ce vivier.
    Il est vrai que ce vivier, le mouvement occitaniste n’a pas su le mobiliser. Cela explique peut-être qu’il en fasse peu de cas.
    On ne fait pas revivre une langue comme on relance la culture d’une espèce botanique ancienne dont on a gardé des graines !
    Pour qu’une langue vive, il faut qu’il y ait une population qui en fasse son outil de communication privilégié.
    L’Occitanie est désormais massivement francophone.
    Seul un sentiment nationaliste puissant (mais alors d’une puissance inouïe !) dans la population concernée pourrait lui donner la force de re-changer de langue, au terme d’un combat titanesque.
    Or, Grosclaude ne mise pas, apparemment, sur un réveil identitaire, et donc encore moins nationaliste.
    Seulement sur l’idée de la biodiversité lingüistique...

    Pour ce qui est du gascon, c’est cohérent avec l’évolution de "la Setmana" : pour obtenir l’appui des autorités, il faut leur présenter un "occitan" un/unique/unifié.
    Exit donc le gascon, et tous les parlers périphériques au domaine d’oc comme le limousin : une des aspérités évoquées par Grosclaude sur la route du grand renouveau doit être leur sacrifice.
    La biodiversité lingüistique, argument massue (croit-il) pour obtenir un "plan Marshall" pour l’occitan, devient gênante à l’intérieur du domaine occitan...

    Ma conclusion : entre le projet de réveil identitaire gascon, porté entre autres par Gasconha.com, et le projet occitan de biodiversité hors sol, dessiné ici par Grosclaude, il y a incompatibilité !

  • Je crois l’attitude de la Setmana purement économique. Uniquement écrit en gascon à l’origine, il s’est avéré que les lecteurs languedociens étaient plus nombreux !
    Aussi Grosclaude a choisi les languedociens parce que plus viables économiquement.
    J’aimerais bien savoir combien de gascons lisent encore la Setmana.

  • Quand les occitanistes gascons quelque peu honnêtes vont-ils se réveiller et en finir avec l’occitanisme ?
    Il paraît que Gilbert Narioo en revient. Il y a des années qu’il en revient, mais on ne l’entend pas beaucoup dénoncer publiquement ce mouvement nocif.
    J’ai de grands amis occitanistes qui, pour des raisons que j’ignore, ne se permettent jamais d’émettre la moindre critique à l’égard de l’occitanisme.
    Je ne comprends vraiment pas cette attitude, ça me dépasse.
    Ceci dit, quand on voit l’excommunication de Per Noste, on se demande si tous ces gens n’ont pas un peu peur des leaders occitanistes, qui tiennent les rênes et captent tout l’argent public.
    Peut-être que, surtout s’ils sont élus, ils ont une grande capacité de nuisance et que cela fait peur à ceux qui auraient pourtant envie de critiquer.
    C’est terrible. Est-ce de la paranoïa ?


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