Du pays Basque à la pointe de Grave (Nouveau fil sur les Landes) Dàvid

[Ce gran de sau suit le fil du ligam "Du pays Basque à la pointe de Grave"
[Tederic]]

Oui, merci. Voilà un beau prétexte qui nous a été donné de dire l’amour de notre terre.
Dommage, justement, qu’il nous faille un prétexte pour ça :/.
Celui qui, ayant beaucoup voyagé (comme ce monsieur, comme Manciet, comme je l’ai un tout petit peu fait aussi) et qui dit son amour charnel de sa terre,
Est-il forcément un lyrique illuminé ou un poujadiste à l’esprit étroit ?
Non ! Car nous avons tous laissé notre coeur, qui bat quelque part, dans un endroit, et pour les apatrides, dans une chanson, dans un livre, une image.
Plus rarement dans une personne (plus dangereux).
Moi, mon coeur repose sur du sable gris, des fougères rousses, au pied d’un grand pin, entre le fronton de pelote et la mer qui gronde.
Ce n’est pas du lyrisme : jamais je n’ai exprimé d’une façon aussi dépouillée ce que je ressens.

Grans de sau

  • David, entre ne pas aimer et haïr il y a une grande différence.
    Je respecte les gens qui n’aiment pas la corrida et il ne me viendrait pas à l’idée de les obliger à aller en voir ou à les insulter.
    Je demande simplement le même respect en retour.
    Il y a dans le fait de haïr, quelque chose de très agressif. Les gens qui haïssent ou méprisent les cultures des autres me font peur.
    "le voyeurisme quasi-pathologique de la tauromachie", ce n’est pas parce que vous n’y êtes pas sensible (je ne parle même pas de compréhension) qu’il faut écrire de telles insultes.
    Vous avez le même type de réaction que ces gens qui dénigrent les landes parce qu’ils n’y sont pas sensibles.

    En ce qui concerne la francisation et l’occitanisation je ne suis pas sûr que des siècles de la première aient été plus néfastes pour le gascon qu’un demi siècle de la seconde.

    Réponse de Gasconha.com :
    Cette réponse concerne la 1ère partie du fil "Du pays Basque à la pointe de Grave".

  • "Puis en remontant vers le sud-est, à une lieue plus haut, les bouquets de chênes du lointain Tauziet, vagues silhouettes grisâtres, si menues et isolées sur l’immense étendue déserte ; après quoi c’est l’énorme morceau de ciel absolument vide où se perd invisible le reculé Cornalis, la terre plane, sans fond, dont la vue positivement fait peur, où plus rien n’émerge sur le pourtour de la vastitude béante ; le "grand désert" comme nous l’appelions entre bergers et chasseurs, sans chemin ou peu s’en faut, car de chez nous on ne pousse guère avant dans cette direction où règne l’inconnu..."
    A lire ou relire absolument, "Choses de l’ancienne Grande-Lande", d’Arnaudin, première et deuxième série.
    J’ai le grand bonheur de posséder l’édition originale, imprimée par Paul Lambert à Labouheyre et éditée par Honoré Champion (Paris) et A. Mollat (Bordeaux) au début des années 1920.

    "C’est, un beau matin, surgie comme par enchantement d’un ciel pur du moindre nuage, la chaîne pyrénéenne tout entière idéalement détaillée de Perpignan à Fontarrabie, (sans parler des vagues formes bleuâtres qui s’estompent à la suite, en fuite vers Bilbao ou plus loin par delà) : où il n’y avait rien la veille au soir sur le fond clair de l’horizon, subitement, dépaysant complètement le regard, en fine miniature s’est posée la montagne, avec le féérique resplendissement au beau soleil de ses neiges d’argent, avec toutes ses douces magnificences de lumière et de couleur singulièrement avivées et mises en saillie par l’immensité de l’aire rase ambiante, avec surtout l’extraordinaire et presque pesante sensation de proximité dont on est saisi physiquement, la première fois, à la vue de l’inattendu tableau :
    on ne saurait sans l’avoir eu au devant de soi s’en faire la plus faible idée, et un étranger tombé sans avertissement en présence de cette lourde muraille d’un bleu sombre allongé à cette place habituellement nue jurerait qu’une demi-lieue à peine le sépare de sa base."

    "C’était ensuite, plus au couchant encore, -rapprochée du front vert des pins de Betout et dressée sur la hauteur aride d’où s’apercevaient si curieusement au fin fond, vers le Born, les dune dénudées de la mer, - la borde de Jan-Haou..."
    "A un millier de grands pas nord-est du Blasiot, se dressait encore à l’époque que j’ai dite une pauvre vieille croix en bois de chêne au pied de laquelle le curé de Morcenx venait une fois par an, le matin de la Saint-Roch, -l’époque variait selon les localités, -donner la bénédiction au bétail menu et gros du vaste quartier de Cornalis : un contretemps que j’ai beaucoup regretté m’a empêché au moment voulu de prendre une "image" de cette scène que faisait extraordinairement grande en sa primitive simplicité l’étendue plane et nue de ce lieu qui se déroulait vers Escource, Luë, Labouheyre, Commensacq et Tauziet de Sabres, vers le désert sans limites."

    "Qui saura d’ailleurs ce que fut elle-même notre lande solitaire et nue des jours évanouis ... avant qu’elle devînt la proie pitoyable de l’esprit de lucre effréné, de l’industrialisme et de l’enrichissement à outrance, j’entends le vaniteux et et trop souvent niais "argent neuf", la caste repue et tonitruante des "profiteurs", pour lesquels tout ce qui était en elle inexprimable attrait et grandeur sans pareille dans le passé apparaît, parce qu’improductif, profondément puéril, partant nul et dédaignable."

    Qui dit mieux ?

  • Nous devrions très vite sortir de ce débat anti-pro corrida.
    C’est un dialogue de sourds. Un peu comme le débat occitanistes-gasconnistes.
    Comme David, je n’aime pas la corrida,
    Mais pas pour les mêmes raisons. Les siennes sont sans doute plus politiques. Moi, je ne trouve pas que la mort est belle, je ne trouve pas que le spectacle de la mort est beau. La mort, c’est dégueulasse et la vieillesse c’est un naufrage.

  • Là, Christophe, vous y allez un peu fort. je n’aime pas l’occitanisme mais il ne faut pas le charger de tous les maux.
    Les Gascons en général et les Landais en particulier n’ont eu besoin de personne pour tourner le dos à leur langue et à leur culture.
    Les occitanistes arrivent sur un champ de ruines, du velours pour eux.
    Ils peuvent faire croire n’importe quoi au bon peuple ébahi.
    Mais ce bon peuple, qu’a-t-il fait pour rester debout ?
    Moi, j’ai cultivé mon identité, j’ai transmis la langue à ma fille sans sourciller. Si tout le monde en avait fait autant, les occitanistes seraient bien le cadet de nos soucis aujourd’hui.

    Je crois tout de même que la transmission de la langue c’est le minimum syndical sans lequel, je l’ai déjà dit, on n’a qu’un droit inaliénable, celui de ne pas la ramener.

  • Philippe, j’ai pour vous et votre travail beaucoup de respect.
    La lecture il y a quelques années de votre ouvrage sur les racines de la langue gasconne fut pour moi très importante, et je lis souvent sur ce site vos avis avec beaucoup d’intérêt car vous savez vraiment de quoi vous parlez, et que vous avez su garder un esprit critique vis à vis des grands pontes qui n’utilisent pas toujours leur intelligence et leurs connaissances de façon très honnête.

    J’ai moi aussi la volonté de rester debout, c’est même cela qui a fait que je n’ai pas laissé passer sans répondre la haine et les insultes de David.

    Quand à "ce bon peuple qui n’a rien fait pour rester debout", je crois qu’avant de lui jeter la pierre, il faudrait peut-être essayer de savoir pourquoi il n’a pas su, pas pu, ou pourquoi il s’est fait "endormir".
    Je regarde avec admiration la vitalité de la culture et de la langue de nos "cousins" Basques.
    J’essaie de voir ce qu’il y a eu de différent dans la vie de leurs grands-parents et de leurs parents par rapport à celle des notres. Une des choses que je vois, c’est qu’ils ont malheureusement eu à souffrir de la dictature brutale de Franco qui les a poussé à se battre sans complexe.
    Nos grands parents n’étaient pas plus couards, et en 39-45 il y a eu un grand nombre de résistants Landais.
    Je me trompe peut-être, mais si nos grands-parents avaient eu à souffrir du même mal que les Basques, et qu’on avait attaqué le gascon de façon aussi brutale, je pense qu’il serait beaucoup plus vivant actuellement.
    Je ne suis pas sûr que le contexte social de l’époque aurait permis à nos grands parents de se battre efficacement pour leur langue et pour leur culture, qui les aurait écouté ou même compris ?
    Les journaux, la radio et surtout la télé ont un tel pouvoir de formatage, que si l’on n’est pas attaqué physiquement on rentre dans le moule docilement pour ne pas avoir l’air plus con que les modèles que l’on nous montre.
    Sans parler de la langue, regardez la perte d’accent des gamins depuis quelques années.
    Autre exemple actuel à mettre en parallèle avec ce qui c’est passé pour nos grands-parents : les employés du PNRLG parlent de la "Grand’ Lèr" et de la "P’tit’ Lèr " pour "petite et grande Leyre" et on vous regarde mal en vous prenant pour un andouille si vous les corrigez.
    Quand au minimun syndical, je suis très loin d’avoir vos compétences, mais le peu que je possède (grâce à ma grand-mère et aux différents bouquins d’Arnaudin en graphie "neugue"), j’esaie le plus possible de le transmettre à mes neveux depuis qu’ils ont commencé à parler, et à mes jeunes élèves.
    C’est pour cela que de temps en temps je me permet modestement de la ramener un peu...

    Très respectueusement.

  • [Un point technique : pour répondre à ces grans de sau, il faut cliquer sur le "Votre avis ?" du premier gran de sau. C’est une imperfection, j’en conviens, mais elle ne sera pas corrigée demain ni après-demain !-)]

    Sinon, sur ce que dit Christophe :
    Oui, la gasconitat est attaquée, sournoisement, dans ses derniers retranchements que sont l’accent et la prononciation locale des toponymes.
    Je suis catastrophé par exemple par la prononciation des noms de gare dans les trains régionaux.
    On n’a évidemment pas jugé nécessaire de se renseigner sur la prononciation régionale authentique...
    Sur la ligne Bordeaux-Agen, la prononciation pré-enregistrée des annonces donne par exemple, pour Arbanats et Portets : "Arbana", "Portè" (la prononciation locale gasconne est encore "Arbanas", "Portès").
    Sur la ligne des Landes, j’ai entendu pour Ychoux (là, c’était la prononciation "live" du contrôleur du train) "Ychou" ou "Ychouks", mais précisément pas la prononciation la plus authentique à ma connaissance : "Ychous".

    Il y aurait des tonnes et des tonnes à dire là-dessus.
    Il faut s’y pencher, et résister là où on peut encore sauver quelque chose.

    Mais soyons lucides : des attitudes individuelles, même courageuses, seront impuissantes.
    Seule une "action Gascogne" collective peut marcher !
    Et il faudra des années pour renverser la vapeur.

  • Il nous est très difficile de ne pas éprouver de la rancoeur, de l’amertume pour le désastre que vit notre "gasconité" ; je n’en veux pas aux dernières générations de "parlaires" !
    Ils ont été abandonnés par tous nos "décideurs" régionaux, tous ceux qui dans un peuple normal "enrichissent" "cultivent" la langue de leur peuple, prennent en charge l’économie, la culture, la langue, la politique, tous les intérêts du peuple en question.
    Esprits étroits, jacobinisés à mort, ils ont été les tous premiers collabos, et particulièrement fiers de l’être sans jamais dire qu’ils servaient d’abord leurs propres intérêts.
    C’est un peu fumeux, mais il faudrait un livre de colère, de rage quand on voit la même attitude de leurs successeurs, les politiciens d’aujourd’hui, qui eux SAVENT !!! alors que les anciens croyaient à la civilisation universelle de Paris.
    Savez-vous ce qu’est le "parís" en Maransin ?

  • Christophe,

    Je ne parlais pas de vous pour ceux qui la ramenent. Je faisais reference a ceux qui n’ont jamais rien fait pour le gascon, ou si peu, et qui moquent ceux qui essaient, meme maladroitement.
    Vous savez, il est des occitanistes de bonne foi, il est des gasconnistes que je n’ai pas envie de frequenter.
    Pour les basques, j’y suis en plein dedans, 4 semaines d’immersion a Maizpide, je verifie mes acquis de 3 ans de travail acharne (c’est pourquoi il n’y a pas d’accents, clavier oblige).
    C’est un autre monde ici.
    Que s’est-il passe pour que nous soyons si mauvais, nous les gascons.
    Et c’est vrai, l’occitanisme n’arrange rien.

    Agur bero bat Lazkaotik

    Réponse de Gasconha.com :
    Agur Halip !
    (je n’ai pas rajouté les accents, pour que ça reste brut de décoffrage, authentique, quoi...)
    [Tederik webmahisturua]

  • Christophe, il n’y a pas d’insultes dans mon propos.
    C’est ma manière d’exprimer mon désaccord. Il est regrettable que vous me ressortiez le persiflage de "celui qui sait" face à l’ignorant, hermétique à l’esthétique de sang et de courage, mais aussi à la mystique de la tauromachie.
    C’est regrettable, dis-je, parce que là, je ressens vraiment une forme de dédain dans votre propos.
    Il est en outre injustifié : je connais aussi bien que vous la symbolique de la tauromachie.
    Il est navrant que les aficionados n’aient rien d’autre à jeter à la figure de leurs opposants (si éclairés soient-ils) qu’un blasé "Vous n’avez rien compris...".
    Si le monopole de l’intelligence revenait au milieu tauromachique, j’en serais le premier surpris.
    Et cet univers n’a pas non plus la propriété de la sensibilité à une esthétique, fût-elle mortifère.
    Ce dédain, je l’ai bien connu : c’était mon père. Je vous ai dit que j’étais né dedans !
    Et il est normal qu’on ne puisse argumenter, puisque nous entrons dans le domaine du rituel et d’une forme de mystique.
    C’est parce que nous sommes dans le domaine du sacré, du religieux, que toute controverse est inutile, comme le souligne très justement Ph. Lartigue.
    Je ne vous dirai qu’une chose : si vous voulez que je croie au combat tellurique premier, chassez des gradins ces légions de touristes avinés qui font le gros des arènes "chics" de Dax et de Bayonne, renvoyez le bon Soldevilla avec son pourpoint et ses bottes dans le tableau de Velazquez don il semble être sorti, faites-moi descendre de cheval ces picadors inutiles et sanguinolents, traitez le toro bravo comme un gentilhomme qu’il est, et alors nous en reparlerons...

    Et pour l’esthétique, je ne vous parle pas des boléros brodés et des bas roses, que même Cocteau et Manciet ont exclus de leurs représentations de la chose...

    Christophe, je suis véhément, certes, et pour toutes choses, mais je respecte toujours l’adversaire que je cartonne : vieille manie d’école de rugby.
    Je hais la corrida en tant que fait. Ce n’est pas une haine ad hominem.

    Philippe Lartigue a raison, et il se trompe de penser que mes raisons sont différentes des siennes : la mort, c’est moche. Le sang, la torture, surtout devant 15000 personnes, c’est laid.
    Et on peut habiller un mort, le farder de la façon que l’on veut (lisez la dernière page de La vie devant soi, de Romain Gary), un mort reste un mort.

  • David, si vous relisez mieux ma réponse précédente, vous verrez que je ne me suis jamais positionné comme "celui qui sait" face à l’ignorant.
    Je ne jette rien à la figure de ceux qui n’aiment pas. J’ai des amis qui n’iront jamais voir de corrida et ça ne pose aucun problème, ni pour eux ni pour moi.
    Je pense que le fait d’aimer ou de ne pas aimer n’a rien à voir avec la compréhension.
    Je pense que c’est plutôt une question de sensibilités différentes.
    Différentes mais aussi respectables les unes que les autres.
    Je n’ai aucune envie de rentrer dans des polémiques stériles et inutiles (sachez juste que je n’aime ni le sang ni la torture ni la mort, que je ne suis pas un voyeur, et qu’il est très pénible de se voir attribuer des sentiments ou des qualificatifs qui sont à l’opposé de ce que l’on est réellement).
    Je souhaiterai juste que l’on respecte les libertés et les cultures de chacun.

  • Vous avez raison, et je vous remercie de cette mise au point. Acceptez mes excuses si je vous ai heurté. Mes termes ne vous visaient pas en tant que personne, je vous l’ai dit, et je vous demande de me croire.
    Restons-en donc là sur ce sujet, et sans rancune, j’espère ?

  • Ok, et merci à Tederic d’avoir toléré notre discution (hors sujet je dois bien le reconnaître) sur ce site dédié au gascon.

    Réponse de Gasconha.com :
    Gasconha.com n’est pas dédié au gascon (la langue), mais à la Gascogne.
    La langue n’est qu’un élément parmi d’autres du particularisme gascon. Je vais vous surprendre, mais l’élément majeur, c’est pour moi la géographie !

    Les corridas peuvent être vues comme un élément culturel du particularisme.
    Les courses landaises le sont davantage à mon avis, parce que moins espagnoles - mais les emprunts à l’Espagne (qui sont parfois des espagnolades un peu ridicules) sont aussi pour moi un essai (pathétique peut-être) d’affirmation gasconne contre l’uniformisation française.

    Je n’ai pas, comme promoteur de la Gascogne, à prendre parti sur l’aspect moral de la corrida avec torture et mise à mort d’un animal, et une discussion là-dessus est, c’est vrai, plutôt hors sujet ici.
    Mais la Gascogne pourrait profiter du débat sur les corridas pour promouvoir les courses landaises qui sont plus consensuelles, et par chance plus gasconnes !

    [Tederic M.]


  • Jouer avec les taureaux et autres bovins est une tradition fortement ancrée en Gascogne (ainsi qu’en Provence).
    Il s’avère qu’au XIXème siècle, cette pratique s’est ritualisée sous la forme de la corrida, via un canevas andalou qui a éclipsé les formes moins élaborées de "sacrifice" du taureau, notamment la corrida navarro-aragonaise, beaucoup moins mélodramatique, reposant plus sur le défi physique avec le taureau.

    Je crois fortement les nationalistes catalans qui ont interdit la corrida en Catalogne très hypocrites, à la limite de la tartufferie.
    D’une part, la corrida n’est pas la première activité qui au XIXème siècle s’est normalisée via un code de règles.
    C’est toute l’histoire du sport. Viser les règles de la corrida sous prétexte qu’elles sont d’origine andalouse, c’est de la pure xénophobie et du nationalisme régional mal placé.

    Dans le cas landais, la corrida est simplement l’adoption des règles communément admises à une certaine époque pour les jeux tauromachiques.
    C’est au fond la rationalisation d’une pratique.
    La course landaise a de même été codifiée. Critiquer les règles, on peut le faire, mais faire passer la tauromachie pour une importation barbare castillane, c’est malhonnête.
    Je remarque une fois de plus que face aux Catalans obsédés par l’idée de passer pour des Européens modernes, les Basques font preuve de dignité en ne jouant jamais à ce jeu de différenciation puérile du reste de l’Espagne, puisqu’il s’agit d’un fond culturel commun.

    D’autre part, je crois qu’on ne peut pas nier que toute une partie de la Gascogne qui a plu dans les années 30 a comporté une facette tauromachique sentimentale. Le néo-mauresque des arènes de Dax est le pendant d’Hossegor.

    Pour ma part, j’aime beaucoup ce qu’il y a autour de la corrida (paso doble, architecture, ibérisme, ...), le spectacle en lui-même me glace.

  • Le combat rituel de l’homme contre la bête : taureau, ours ou loup, n’est pas propre à la Gascogne.
    On a trace de combats entre hommes et taureaux à Paris et à Londres (interdit au XVIIe siècle).
    Ce face à face, tout à la fois rite initiatique du passage à l’âge adulte, acte d’exorcisme de sa propre part bestiale, vieux reste païen issu peut-être issu des mithraea ou autres tauroboles antiques, à moins que ce ne soit un souvenir des hekatombaioi athéniennes, ou du mythe mynénien du Minotaure (fils d’une union contre-nature,donc appelant combat, entre Jupiter et Pasiphaë), est ancré dans de nombreuses civilisations.
    Mais il s’agit d’un combat pur, et du reste autrement plus métaphorique que réel : le taureau est en moi, c’est en moi que je le tue.
    La tauromachie hispanisante actuelle a-t-elle encore un rapport avec ça ?
    J’ai entendu dire que les jeunes gentilshommes gascons des XVI, XVII et XVIIIe siècles devaient affronter un taurillon le jour de leur majorité, pour symboliser le passage à l’âge adulte.
    Les combats taurins (ce ne sont pas des jeux, puisqu’on y meurt toujours) sont peut-être endémiques en Gascogne, mais pas exclusivement gascons.
    Le militant anti-corrida que je suis approuve l’attitude des Catalans.
    L’occitaniste qui le dédouble ne voit pas de tartufferie là-dedans, juste un acte symbolique et transgressif, ce pourquoi il m’intéresse.
    Je ne relancerai pas la polémique.

  • Naïf que je suis, j’ai trop souvent tendance à croire à la sincérité des gens que je ne connais pas...
    Tant pis je vais donc répondre une autre fois au militant anti-corrida, quelqu’un qui a donc comme but l’interdiction et la disparition d’une culture qui n’est pas la sienne.
    La personne qui est à l’origine du vote catalan est Leonardo Anselmi.
    Ce monsieur n’est pas catalan et n’a rien à faire de l’identité catalane, c’est un activiste animaliste argentin qui est arrivé il y a peu en Catalogne.
    S’il avait pu il aurait aussi voulu abolir les correbous (taureaux aux cornes enflammées que l’on lache dans les rues attachés avec une corde). S’il n’a pas inclu les correbous à son projet actuel, c’est qu’il sait que les catalans y sont attachés et que les nationalistes ne l’auraient pas suivi.
    L’interdiction des corridas aurait alors échoué.
    Les correbous ne m’intéressent pas et je n’ai aucune envie d’aller en voir.
    Si j’étais méchant et que je pensais le peuple catalan responsable du vote liberticide de ses élus, je pourrais me réjouir en pensant que dans quelques années quand ils se feront interdire les correbous après d’autres opérations de lobbying, ils n’auront plus que leurs yeux pour pleurer et ce sera trop tard pour s’appercevoir qu’ils se sont bien fait manipuler.
    Mais je sais bien que si cela devait leur arriver un jour, cela me peinerait.
    Il est pour moi inconcevable de demander qu’on respecte ma culture dans ses différentes composantes si je souhaite la mort de celles qui ne me correspondent pas.

    Il y a quelques années des catalans venaient en France voir ce que Franco leur interdisait.
    Demain si l’abolition est confirmée (de nombreux recours ont été déposés) les aficionados catalans devront retrouver le chemin de la Catalogne Française.

    • Certes ! Mais alors, je devrais avouer mon ignorance et laisser parler ceux qui savent, car je reconnais mal connaître la réalité catalane.
      Christophe, les correbous - dont j’ai connaissance, ne vous inquiétez pas - j’y suis opposé également.
      Le fait que ce soit catalan ou castillan n’est pas à l’origine de mon rejet, pas plus que pour la corrida.
      Je rejette la corrida pour ce qu’elle est. Si elle était intrinsèquement gasconne, ce serait exactement pareil.
      Je boycotte bien le foie gras, et c’est autrement plus méritant, croyez-moi, que de boycotter la corrida !
      Après pour moi, la corrida est une mauvaise chose en soi, et aussi un élément de castillanisation d’un pays qui a perdu beaucoup de lui-même au cours des deux derniers siècles.
      Mais l’argument ethnologique n’est pas du tout fondamental à mes yeux : je n’aime pas les bandas, mais elles ne me dérangent pas.
      Vous ne pouvez pas dire que je ne suis pas sincère.
      En outre, je ne partage pas votre point de vue sur les Catalans, le phénomène de rejet de la tauromachie espagnol m’étant arrivé aux oreilles, via des connaissances catalanes et espagnoles, depuis déjà pas mal d’années. J’ai même connu des Castillans qui s’en offusquèrent. C’était il y a presque vingt ans.
      Mais sur ce sujet, je connais mal mon affaire, donc je ne dirai rien de plus.
      Mais je suis sincère, Christophe, quoique ce mot "militant" semble posséder à vos yeux une très noire connotation.

  • Je n’ai écrit nulle part que la tauromachie était propre à la Gascogne (ce serait idiot ! Qui n’a pas en tête les fresques crétoises ?), j’ai indiqué seulement que c’était une tradition fortement ancrée, documentée depuis au moins le XVème siècle ("encierro" de Saint-Sever), qui s’y est maintenue avec plus de vigueur qu’ailleurs, tout comme de nombreux autres archaïsmes européens (architecture, droit, ...).
    Je ne porte aucun jugement sur la rationalisation des règles via le modèle andalou.

    Je n’entrerai donc pas dans le débat sur la corrida qui ne m’intéresse pas (j’ai déjà assez de cas de conscience en achetant du jambon au supermarché), par contre la tartufferie bourgeoise des nationalistes catalans m’est insupportable.
    La description du processus par Christophe est fidèle à la manière dont je crois que les choses se sont déroulées.
    J’ajouterai que la manière qu’ont les Catalans à faire catalane la première personne étrangère venue qui dit trois mots de catalan et crie "Visca Catalunya" tout en rejetant les autres Espagnols dans le sordide de l’Inquisition est proprement ridicule.
    Les Catalans ont un vrai problème psychologique à savoir qu’ils ne parviennent pas à s’assumer comme la nation ibérique qu’ils sont.
    A écouter la prose nationaliste, on croirait que la Catalogne est un Lander allemand échoué chez des barbares de la meseta.
    Quand en plus les mecs d’ERC s’appellent Garcia ou Rodriguez et que papi et mamie sont enterrés dans un village du côté de Séville, je rigole doucement.

    Réponse de Gasconha.com :
    "Les catalans"... Ne généralisons pas trop vite !
    Il y a autant de diversité parmi eux que parmi nous !

    Devons-nous ouvrir un fil de discussion sur la Catalogne, notre voisine, et même notre suzeraine pour le parçan gascon qu’est le Val d’Aran ?
    Catalonha vista peus gascons... Pas trop hors sujet, je pense...
    [Tederic]


  • Ne pas généraliser évidemment !
    Par "catalan", j’entends "comportement médian de la population catalane et réflexes politiques partagés par une majorité".
    [Lire la suite sur le nouveau fil "Catalunya / Catalonha... vista de Gasconha"]

  • David, Le mot "militant" n’a pas pour moi une mauvaise connotation au contraire.
    Heureusement qu’il y a des gens qui continuent de militer et d’agir pour défendre les plus défavorisés ou pour défendre les droits des citoyens face au pouvoir de l’argent.
    Le militantisme est une façon de lutter et tout dépend de la cause pour laquelle il est utilisé.
    Militer pour interdire les éléments de la culture du voisin, contre les corridas, contre les courses landaises (là aussi ça existe), contre le foie gras, contre les tues de cochon, contre les musulmans qui sacrifient des moutons le jour de l’aïd, militer pour une société "bamby" de chez Wall Disney, militer pour le FN, tout cela m’inquiète et me glace.
    Il y a quelques années j’aurais préféré ne pas répondre. Mais quand je vois ce qui est arrivé au gascon, ou quand je me rappelle qu’on a eu Le Pen au deuxième tour en 2002, je commence à croire qu’il vaut toujours mieux répondre systématiquement aux attaques que de les ignorer.
    Pour terminer sur la corrida, j’espère que que vous êtes conscient que son interdiction que vous appelez de vos voeux entrainera la disparition des races de toros braves et des zones relativement protégées où ils sont élevés de manière extensive.
    Les toros ne seront plus tués dans les arènes, mais ils ne naîtrons plus...
    Si on regarde les choses de façon logique et rationnelle, vous militez donc pour l’extinction de ces races de bovins.
    En allant les voir combattre et mourir, les aficionados leur permettent aussi de vivre pendant quatre ou cinq ans à l’état quasi sauvage... Ca peut paraître contradictoire, mais c’est comme ça.

    Réponse de Gasconha.com :
    "Walt Disney", Christophe, "Wall Street" et "Walt Disney" !

  • Autant pour moi. Je reconnais que mes compétences en anglais sont plus que limitées.

  • L’argument du toro bravo qui ne naîtra plus est connu et rabâché.
    Oui, bien entendu, je préfère 100 000 fois que ces taureaux ne naissent plus plutôt que d’être torturés et tués en public.
    C’est tellement évident ! Entre naître, vivre tranquille quelques années pour mourir sous la torture, et ne pas naître, je choisis des deux mains la première solution !
    Et puis je préfère la société Bamby à celle des viandards...
    Je ne parle pas pour vous.

  • Je viens de lire avec beaucoup d’intérêt les échanges très riches et profonds - comme parfois les blessures collectives ou privées auxquelles ils renvoient - de ce dernier mois : place du rugby et de sa culture dans ou hors de la culture gasconne, même interrogation quant à la "culture festayre" (vous avez remarqué : un des rares adjectifs gascons repris et non traduits par nos journalistes régionaux...), avec en particulier le rôle des bandas hispanisantes et enfin le sens des combats taurins : corridas "espagnoles" et courses landaises...
    Je dois dire que je me sens beaucoup plus en phase sur ce dernier thème avec Vincent P et Christophe qu’avec David dont je respecte l’opposition de principe (il y a en effet la question fondamentale du respect de la vie en arrière-plan et le chrétien que je suis n’est pas entièrement à l’aise là-dessus...) mais je ne crois pas qu’une attitude militante (dont le but serait d’obtenir la suppression des corridas) soit pour autant légitime (le récent vote du Parlement catalan me paraissant, entre autres défauts, entâché d’une réelle intolérance...).
    De plus, la question fondamentale est suffisamment grave, en effet, pour qu’on n’utilise pas de clichés faussement réducteurs : je n’ai pas vu, lors des deux corridas vues ce mois d’Août à Dax de "hordes avinées" dans les gradins, elles étaient plutôt en dehors des arènes, hélas et ceci nous ramène au débat sur le sens et l’évolution sociologique récente des férias dans nos pays...
    Deux mots tout de même sur la question taurine : je crains que si, par malheur, les corridas étaient abolies en France, elles représenteraient la fin d’une des rares reconnaissances de facto de la culture d’oc (je risque le terme) par l’Etat français puisque celui-ci restreint légalement (loi Grammont, 1886 environ) la pratique tauromachique au sud des pays d’oc et l’interdit ailleurs, en gros) .
    Par ailleurs je reconnais avec Tédéric que les courses landaises sont plus consensuelles, plus gasconnes aussi, bien qu’elles remontent à des pratiques communes antérieures à toute formalisation comme bien exprimé par Christophe ou Vincent P, je ne sais plus) mais je crains fort que, en cas d’interdiction de la corrida en France, toute une économie taurine s’écroulerait, biologiquement d’abord, comme dit par Christophe) mais aussi entrainerait sans doute la disparition du volant landais-gascon , incapable par lui même de se maintenir économiquement, aspect à creuser sans doute et pour lequel l’avis de professionnels de la course nous serait utile ...

    Enfin,je souhaitais attirer l’attention des lecteurs de gasconha.com sur la remarquable revue " Terres taurines" (www.terrestaurines.com) éditée à Vieux-Boucau par un ancien torero français (le récent numéro spécial de mai 2010 sur les pratiques taurines au Pérou est un modèle de qualité d’écriture et d’intelligence, ne négligeant aucun aspect du thème étudié).
    Si Terres taurines ne fait aucune référence à l’aspect culturel gascon et évoque rarement les courses landaises jusqu’à présent, me semble-t-il, il est en phase avec beaucoup de préoccupations implicites ou explicites que l’on peut noter dans les échanges de gasconha.com.
    Peut-être mériterait-il un lien permanent avec ce site, si cela n’offusque pas trop nos amis anti-corridas...

    Réponse de Gasconha.com :
    Gerard, compte tenu de ce que tu dis ("Terres taurines ne fait aucune référence à l’aspect culturel gascon et évoque rarement les courses landaises jusqu’à présent") et de la brève visite que je viens de faire au site, je ne pense pas créer de ligam vers lui.
    Je sens d’ailleurs qu’il n’a pas besoin de Gasconha.com.

    Je veux sur Gasconha.com donner la priorité absolue aux courses landaises.
    C’est logique qu’on pousse ici les sites qui affirment une gasconitat ; c’est aussi affaire de réciprocité : des sites "coursayres" ont déjà manifesté leur sympathie avec Gasconha.com ou la Gascogne, alors que jamais jusqu’à présent des sites taurins ne l’ont fait.
    [Tederic]


  • Il m’aura fallu un peu moins de cinq ans pour suivre les conseils de Gerard et feuilleter un numéro de "Terres taurines".
    Il s’agit du plus récent, celui de déc/janvier 2015.
    Dans le cadre d’un ensemble sur ce qui est nommé "la culture franco-cantabrique" figure un petit article "Vascons et Gascons" ("Gascons" écrit en plus gros que "Vascons").
    Cet articlet balaye en deux petites pages une vingtaine de millénaires, mais ça fait toujours plaisir...
    Reste à voir si l’inspiration vasconne imprègne, ou va imprégner le contenu, au delà de la publication d’un article.

    Pour le reste, je n’ai pas eu le temps de lire - c’était à la médiathèque de Bordeaux qui allait fermer - mon impression va dans le sens des éloges de Gerard. Revue luxueuse, aussi...
    Je suis a priori rebuté par les souffrances et la mort infligées au toro pour le spectacle, mais un discours construit sur le rapport ancestral et complexe à cet animal dangereux pourrait m’intéresser...


Un gran de sau ?

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