Le béret vascon aujourd’hui et demain

- Tederic Merger

Le béret [1] est un objet emblématique pour nous, et l’appellation "béret vascon" me parait tout indiquée, à la fois juste et pacificatrice, puisqu’elle évite les querelles inutiles entre basques et gascons.

Le béret a-t-il un avenir ?

Il n’est pas considéré comme une coiffure jeune, mais ici à Bordeaux, il n’est pas trop rare de voir des jeunes qui le portent.
C’est très minoritaire, mais ça existe, et ça fait même relativement branché ou décalé, il me semble.

Hier j’ai même vu un jeune père de famille asiatique qui le portait.
A chaque fois que je sors dans la rue à Bordeaux, je vois des porteurs de béret, mais je reconnais qu’en général ils sont d’âge mûr, et assez souvent du troisième âge. Pour ma part, je le porte, et m’en trouve assez bien.

Parfois, il y a une connivence entre porteurs de béret. Tout à l’heure à Talence, un porteur de béret m’a souri. Etait-ce le même qui m’avait interpellé ("Euskalduna ?") quand je passais à vélo non loin de là il y a un ou deux ans ?

Quelqu’un que je connais et qui le porte aussi me dit qu’il a remarqué que quand il est à vélo avec son béret, il sent que les automobilistes le traitent avec plus de considération.
Pas très bon signe pour le béret, puisque ça doit être la considération due au grand âge...
Mais c’est toujours bon à prendre ! D’une manière générale, il me semble que le port du béret attire plutôt la sympathie. Je vous recommande l’expérience. En tout cas aux hommes, parce que les femmes, elles... C’est un autre problème...

J’ai remarqué aussi qu’on aime bien voir les enfants porter le béret. Sans doute que ça rassure et ça attendrit de voir nos chérubins coiffés à l’ancienne. Après la projection du "Pip dou Peyre" à laquelle j’ai assisté à Pessac, une jeune femme m’a demandé où elle pourrait se procurer des bérets pour enfant.
On voit dans le film un gentil garçonnet de Chalosse qui le porte...

Je me rappelle aussi avoir vu récemment, coiffé d’un béret, un maire et conseiller général du Sud de Bordeaux, qui n’est pas d’âge canonique et ne craint pas que le port du béret le ringardise... E qu’a rason !

Le béret se vend sur les marchés du Bordelais (et je suppose d’ailleurs aussi).
On peut en trouver à moins de 15 €, mais j’ai un doute sur celui que j’ai acheté à ce prix là :
il me fait assez vite dégouliner de sueur, et je me dis qu’il faut peut-être choisir des bérets avec une doublure non synthétique, même s’ils sont plus chers.
Au total, c’est plus cher que la casquette "à l’américaine" de base, mais ça reste accessible. Et si beaucoup de jeunes n’imaginent pas le porter, ce n’est pas à cause du prix.

Bref, le béret n’est pas mort, il a ses fidèles, et même ses nouveaux convertis, et un très bon capital de sympathie. Sympathie ambivalente certes, parce qu’elle contient aussi de la nostalgie pour un objet qui évoque le passé.

C’est le moyen rêvé d’affirmer son identité en se mettant la tête au chaud et la sympathie du public dans la poche. J’ai vu que la boutique du musée du béret de Nay propose de faire des séries personnalisées de béret : "Supports événementiels : Mariages, baptêmes, congrès, publicités, personnalisation de produits... Ces minis bérets peuvent être sérigraphiés selon vos envies. (initiales, prénoms, logos...)"
Je ne vois pas pourquoi ils ne font ça que pour des "minis bérets", mais le principe me parait très bon. Le béret classique tout noir est un peu austère [2], et des personnalisations discrètes sont bienvenues, un peu comme sur les "camisets" (ti-shirts enrichis de petits logos plus ou moins discrets).

Peut-être qu’un jour, Gasconha.com en proposera à son effigie...

Dessin animé du graphiste et illustrateur Pertuzé, qui porte le béret !

Notes

[1En gascon, on dit comme ça. ..

[2Un vendeur de bérets prétendait récemment, à la foire de la Ste Luce à La Brède, que "le vrai béret est noir". Pourquoi cette rigidité ? Le béret vivra s’il prend les couleurs du temps !

Grans de sau

  • Concernant le port du béret mais là hors Vasconia puisque je vais parler de Limòtges, je n’en vois pas beaucoup sauf dans les manifs où les militants de la CGT Cheminots arborent ce couvre chef (rouge bien sûr et avec CGT Cheminots Région Limoges écrit dessus).

  • Tederic, le béret est définitivement vascon !

    Même s’il a été inventé par les Béarnais et aidé par les Basques et les Gascons pour la promotion commerciale.

    Pour la couleur, le béret d’origine, ossalois, semble avoir été marron, pas noir.

    Pour l’Asiatique qui portait un béret, il faut savoir qu’au Vietnam il est porté par les anciens, petit et sans pli, bien rond. C’est une trace de la colonisation française. C’est, avec la Vache qui Rit, un héritage qu’on leur a laissé.

    Je ne désespère pas de voir les bérets retrouver leur place. J’ai l’intention de le porter dès mon retour au pays.

  • Avant la guerre de 1914, "lo bonet" ne se portait pas noir.

    Chaque vallée avait sa ou ses couleurs. Ainsi dans la vallée d’Aussau il se portait maron tandis que dans la vallée d’Aspe il était bleu.

    Ce n’est qu’après la guerre de 1914-1918 qu’il fut porté noir pour deux raisons :
    d’abord en signe de deuil, deuil national, guerre qui décima nos valeureux arrière-grands-parents, les gascons, les occitans ont payé un lourd tribut à la Liberté, soldats qui portaient le béret noir également.

    Les fabriques ne firent plus que des bérets à couleur uniquement noire.

    Le béret ne fut pas l’unique à souffrir de cette absence de couleur : les habits de nos grands parents étaient toujours noirs, et pas uniquement par ce qu’ils étaient en deuil de leur maison même, mais en deuil national.

    Ce fut le cas aussi de la couleur des maisons. Et l’on pourrait citer d’autres exemples significatifs à rapprocher.

    Mais aujourd’hui, alors même que le noir est en vogue dans les habits des dames, le béret reprend ses couleurs, et se diversifie également par ses formes, surtout à l’adresse de la gente féminine.

    Il peut devenir un support de marque identitaire, mais espérons qu’il ne soit pas un objet-support publicitaire !

    Aujourd’hui j’étais au marché de Laruns. J’avais le béret sur la tête. Personne ne s’est retourné car ici c’est commun ; et les étalages étaient fournis en bérets, et en couleurs.

    E cric e crac. Adishatz.

    Rémy

  • Bonjour

    Je vous écris depuis le Musée du béret, où je suis hôtesse d’accueil.

    Je suis ravie qu’il y ait un débat sur l’avenir du béret et je sais déjà que tous mes clients ne sont pas prêts de laisser tomber cette coiffe ancestrale et si emblématique à leurs yeux.

    De plus le béret tend à se "moderniser", surtout pour les femmes avec des formes et des coloris mode.

    Sans oublier le béret événementiel qui est de plus en plus prisé, c’est-à-dire qu’on peut le personnaliser à son goût par une broderie de qualité représentant un logo ou un lettrage...

    Bref, je suis persuadée que notre béret a encore de beaux jours devant lui si on lui permet d’évoluer avec notre société !

    Nadège

    www.museeduberet.com

    Voir en ligne : http://www.museeduberet.com

  • Bonjour,

    Ce privilège n’est pas réservé aux seules personnes "d’un certain âge" et j’aimerais tellement que plus de jeunes le portent.

    Pour moi cela reflète un certain état d’esprit et un certain attachement à ma région !

    Gascoun qué souÿ, gascoun qué’m mouriréÿ !

  • Agur !

    Txapela beti izan da euskal nortasunaren ikur, nekazariaren, arrantzalearen edo beharginaren ikur, eta nahiz eta frantziak eta espainiak hizkuntza galarazi diguten Nafarroko landa aunitzetan txapela beti izanen da euskal nortasun ikur ; gazteengan nortasuna aldarrikatzekotz, eta zaharrengan soila babestekotz.

    Sarorri hau euskara al dezakezue ?

    Zergatikan ez duzue gaskoieraz www.nabarralde.com sarorrirat artikuluak bidaltzen ?

    Gaskoiera Euskal Herri osoan ofiziala !!!

    Agur

  • Adishatz,

    ne sèi pas que pensar d’aquèras batalèras...

    Per jo, l’identitat gascona o basca ne s’acaba pas a com se cau vestir, çò que lo monde que’n pensa, e se parlan d’on vien lo bonet, qui se l’a hicat en purmèr, ne vam pas anar hòrt luenh...

    Pr’amor çò que ne cau pas pérder de vista, qu’ei lo camin que demora tà guardar la nosta identitat, sii basca o gascona (que se’n sembla un chic totun !).

    Après, que podem diser çò que volem suu bonet, s’ei ua manèra de muishar la sua origina o s’ei a tornar viéner a la mòda.

    Mès abans tot, parlèm dens las lengas nostas tà ne las deishar morir, ensenhèm aus gojats los elements culturaus e linguistics, e après que poderam tornar parlar deu bonet.

    Au Diuvivan !

  • Je pense que le béret est victime de la même disparition que les chapeaux.

    Si l’on regarde les films des années 30 aux années 60 (français et américains), on s’aperçoit que les chapeaux étaient utilisés par tout le monde.

    Là encore, leur disparition doit être une conséquence des événements de 1968 (= tendance à l’effacement des signes disctinctifs entre classes sociales).

    Et je pense aussi que les cheveux peuvent plus facilement se passer de chapeaux (et de berets) car ils peuvent être lavés facilement maintenant grace à la douche !

    Les personnes qui utilisent couramment des chapeaux, des bérets, sont souvent des hommes qui ont perdu pas mal de cheveux !

    Toujours est-il que le béret peut servir de symbole de notre identité gasconne même si, encore sur ce point, beaucoup de gens vont penser aux Basques.

    Et il faut sortir du béret noir !

    En effet, chaque région (ou vallée) avaient des couleurs différentes et des couleurs la plupart du temps vives !

  • Je porte un "béret" moderne (je porte le traditionnel aussi) style quand gol (pour ceux qui comprendront) et, plusieurs fois dans le tramway bordelais, des jeunes gens fort sympathiques m’ont proposé (à mon grand étonnement) de céder leur place assise.

    Je n’avais jamais pensé que cela pouvait venir de mon couvre-chef.

    Maintenant je comprends !

    [Oui, c’est un effet de bord qui peut être intéressant !-)

    Tederic, cap-redactor]

  • Quand le béret est-il devenu basque ?

    On m’a raconté une histoire :

    Ce serait Napoléon III qui venait avec sa femme à Biarritz qui vit ce chapeau, et il décida d’en équiper son armée car il avait plusieurs qualités, chaleur, imperméable, discrétion pour les ennemis.

    Et quand son ministre des armées lui demanda à quoi cela ressemblait, il lui répondit d’aller voir les basques avec leur béret Basque, parce que lui il ne connaissait que la côte... sacré touriste ce Napoléon III !

    Le béret est Béarnais-Gascon et Basque !

    Adishatz.

  • Agur, ou puis-je acheter un véritable béret sur Bordeaux.

  • Lo berret ? Folclorisacion !!!
    Los "camisòts" occitans e auts gadgets ? Idem !!!
    Sonque los drapèus, per ex. dens las manifestacions, me pareishen acceptables

  • adixat,
    augan que tribalhi ens un liceu. Quan plau que pòrti eth béret. Eths joens que s’en arriden sovent. E tamben quauques prof...
    Jo que m’en foti, pr’amor quan plau que cau eth béret sinon qu’avem eth peu molhat (eths paraploja non me hen pas gòi...).
    Per contra sus eths marcats si voletz parlar gascon, dab eth béret sus sth cap qu’ei de mei bon her.
    Contra eth sorelh non tròbi pas eth béret interessant. Que tien tróp cau...

    Lattuga R

  • Une note de jeunesse pour le béret :

    Le site du "Beret project" (en anglais, mais c’est un néerlandais installé en Nouvelle Zélande qui le fait) nous parle de la vitalité du béret en Argentine ("part of gaucho traditions").

    Voir en ligne : L’article du "Beret project" avec de jolies photos de petits argentins portant des bérets de toutes les couleurs


Un gran de sau ?

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