Tauromachie bigourdane 1810-2005 Désir gascon, hantise française

- Tederic Merger

[A partir de l’article "Tauromachie bigourdane 1810-2005" de Jean-Claude Naproux dans le n° 86 (2e trim. 2005) de la revue "Gascogne - la Talanquère"]
Revue "Gascogne" (ex "La Talanquère")

les gens de Bagnères « ressemblent aux espagnols »

La jeunesse locale en demandait (faire "courir" des boeufs, des vaches, des taureaux...), les pratiques étaient vivaces jusqu’à Bazas.
Mais les autorités françaises et leurs correspondants locaux avaient la hantise de la corrida à l’espagnole.

Le Préfet de Tarbes rassure le Ministre : écarteurs français, pas de mise à mort !

« la course landaise pour commencer »

On sent un désir de toros et de corridas, et que la course landaise est un compromis avec les autorités parisiennes.

Fiesta et Rugby, Gascogne et Grand Sud

Avant d’arriver à la conclusion « En Bigorre comme ailleurs dans le Grand Sud, Fiesta et Rugby ont fait, font et feront toujours bon ménage. », Jean-Claude Naproux avait évoqué « le très gascon Bernat Dubarry ».

Or, si la liaison rugby-courses landaises ne pose guère de problème au mouvement gascon, les termes "Grand Sud" et "Fiesta", eux, y sont contestés : on (enfin, pas tout le monde) rêve d’une Gascogne qui existe par elle-même, s’affranchissant à la fois des espagnolades et du "Grand Sud" dont "l’Occitanie" peut être un avatar.

En 1919, donc 14 ans après la parution de l’article de Jean-Claude Naproux, se posent donc plusieurs questions :
 qu’en est-il de la tauromachie en Bigorre ?
Une première recherche sur le calendrier 2019 de www.courselandaise.org n’y donne pas grand chose, tout juste Lahitte-Toupière près de Maubourguet, et Castelnau Rivière Basse, mentionné dans l’article mais peut-être pas vraiment bigourdan.
 (plus généralement en Gascogne) le monde taurin et le monde coursayre sont-ils soudés ? la couse landaise, qui semble avoir été parfois un pâle substitut à la corrida espagnole, en compromis avec les autorités françaises, peut-elle s’autonomiser, trouver une voie... franchement gasconne ?
La manif d’Esprit du Sud à Auch 10 décembre 2016

C’est aussi le débat Esprit du Sud / Esprit gascon.
Gérard Saint-Gaudens écrivait écrit ici en janvier dernier :
« Esprit du Sud : à nous de travailler pour infléchir ce mouvement imprécis et vaguement fédérateur vers une perception gasconocentrée, en quelque sorte. »

Grans de sau

  • Toutes ces réactions du monde officiel des XIXè et partiellement XXè siècles sont différentes dans la forme mais peut-être pas tant que cela dans le fond des réactions actuelles face à la culture taurine du monde gascon (et aussi provençal, plus loin de nous).
    Craintes pour la sécurité des personnes, pour la vie des animaux aussi déjà, inquiétude quant au maintien de l’ordre public (d’une manifestation collective à une émeute dans la rue, il peut n’y avoir qu’un pas). Confusion aussi entre les arts taurins qu’on sent vaguement plus ou moins liés (et de fait, ils le sont), confusion entre ces arts et des amusements plus frustes, type « encierro » qui, eux aussi, y sont liés, etc…
    Jusqu’au XIXè siècle, il est vrai que le monde officiel et administratif, l’opinion « éclairée » des élites s’opposaient à toutes ces pratiques barbares ; barbares elles l’avaient été et l’étaient peut-être encore : qu’on pense aux jeux quelque peu sadiques pratiqués, on ne sait trop jusqu’à quand, dans certaines vallées pyrénéennes, quand des taureaux étaient jetés du haut d’une falaise ou d’une cascade au grand plaisir des spectateurs.
    Et ajoutons l’Eglise, hostile aux arts taurins de nos régions et essayant de les faire interdire, jusqu’au XVIIè siècle ; elle joignait à l’ensemble des préoccupations des élites celle d’une assimilation des pratiques taurines à un paganisme rémanent (pas si faux dans le cas des sacrifices type saut de cascade, voire au-delà…).

    Mais aujourd’hui se développe un état d’esprit végan, voire « antispéciste » qui va bien plus loin, sans toujours le dire. Non seulement les arts taurins gascons mais de larges pans de nos cultures risquent d’y passer si on gobe cet état d’esprit sans y opposer de digues solides.

  • =) 1
    Je ne vais plus voir de corridas depuis une trentaine d’années mais je suis choqué quand j’entends les slogans scandés dans la manif anti corrida de Tyrosse en juin 2018 : « Sadique, pervers assassin »
    Et je suis étonné de voir les drapeaux basques brandis. Quel rapport entre basques et anti corrida ?
    https://www.youtube.com/watch?v=mKl8YKJ7bss

  • En Espagne, les milieux indépendantistes affectent de voir dans les arts taurins une manifestation de "espagnolisme", supposée totalement étrangère à la culture nationale tant des Basques que des Catalans (où le phénomène est identique, d’où l’interdiction des corridas dans le ressort de la Généralité de Catalogne). Ce qui est un beau déni de réalité, l’histoire montrant que la place des jeux et arts taurins au sud des Pyrénées (initialement, jamais très loin de la chaine, d’ailleurs) est prégnante depuis très longtemps un peu partout.
    Mais c’est aussi une réaction contre la "nationalisation" des corridas du temps du Franquisme qui a pu rendre certains allergiques...

    En France les abertzales basques ont suivi leurs voisins du sud. Mais Gascons et Provençaux sont hors de ce contexte et ont seulement à affronter les anti-corridas classiques - que je ne méprise pas, je sais que certains de nos contributeurs se sentent assez de ce côré là, le problème est dans les méthodes des plus acharnés, comme vous le notez- .
    Après se pose la question du rapport entre les corridas et les autres arts et jeux taurins (rapport qui embarrasse pas mal les nationalistes tant basques que catalans...).


Un gran de sau ?

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