Les noms de lieu uniquement oraux (ceux que Gasconha.com ignore !)

- Tederic Merger

« Le dernier habitant de Castéra utilisant le nom multiséculaire Lo Concòi est décédé en 2005. »
La commune de Castéra dont parle Fabrice Bernissan [1] dans l’article en lien est-elle "Castéra-Lou" au nom dénaturé (c’est "Lou Castéra") ? En tout cas, ce Concòi (prononcer "Councoÿ") est un exemple de nom de lieu, ou toponyme, qui n’aurait jamais été écrit, et qui n’existait donc que dans l’oralité.
A l’heure du grand brassage des populations, ces noms là ont peu de chance de survivre. Et d’ailleurs, la Gascogne n’est sans doute pas seule concernée, contrairement à ce que pourrait laisser penser le sous-titre "Vers le tarissement des sources en Gascogne" !

Bernissan, qui a le mérite de regarder en face la catastrophe en cours (« Quoi qu’en disent certaines institutions locales et groupes politiques, nous avons ici affaire à une langue moribonde »), réfléchit sur les moyens de sauver ce trésor des toponymes non écrits.
Pourquoi est-ce un trésor ?
« Nous avons vu que le nom propre de lieu constitue un ciment culturel et est un vecteur des aspects historique et ethnographique d’une communauté. Ne pas entretenir ce patrimoine serait une erreur. Il en découlerait une perte de sens, une déconnexion entre le territoire et les habitants, mais aussi entre les habitants eux-mêmes. »

Il pense surtout aux municipalités pour impulser ce travail :
« Cette microtoponymie non écrite ne sera bientôt plus utilisée et disparaîtra très rapidement si rien n’est fait. Les municipalités, seules garantes de leurs patrimoines culturels immatériels, ont pourtant tout intérêt à sauvegarder et valoriser les noms de lieux présents sur leur territoire. »

Or elles le font peu ou mal :
« Cet engagement dépend trop souvent de la fibre personnelle du maire ou d’un élu de la commune. Nous ne notons pas, d’une part, de réelle prise de conscience collective, et nous avons observé, d’autre part, que les actions menées ne sont malheureusement pas toujours poursuivies dans la durée (notamment lors du renouvellement des panneaux). »

Gasconha.com, dont les recherches toponymiques concernent au contraire, jusqu’à présent et sauf exception, les noms de lieu qui ont été écrits*, au moins sur des pancartes, ou sur les cartes présentes ou passées, ou dans des bases de toponymes comme le FANTOIR, se doit de relayer aussi ce souci de sauver les noms de lieu non écrits, encore plus menacés !
* Et nous allons continuer dans ce sens, parce que c’est un de nos points forts !

Voir en ligne : Microtoponymie et discours oral - Vers le tarissement des sources en Gascogne

Notes

[1A la journée occitane ou gasconne du Colloque 2018 de la Société Française d’Onomastique à Toulouse, Fabrice Bernissan avait aussi défendu l’onomastique comme une branche de la linguistique, et regretté le manque de rigueur de la plupart des productions onomastiques. Il rappelait par ailleurs que la toponymie pourrait être "un pilier d’une renaissance d’oc", se référant - peut-être, je ne suis plus sûr - à Jean-Pierre Chambon.

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