"L’occitan emballe les petits" Un article de Sud Ouest sur une nouvelle classe bilingue

- Gerard Saint-Gaudens

Dans Sud Ouest du 27 mars un article célèbre l’ouverture de la première classe bilingue (français/occitan) de la Métropole bordelaise, au Bouscat, commune très attentive depuis des années à promouvoir cette dimension culturelle dans ses programmations.
Petit radio crochet de la part de la journaliste pour tester les motivations ds parents :
 avantage pour l’apprentissage des langues, l’enseignante ajoutant avec raison que « un bilingue précoce est un multilingue en herbe », voire selon d’autres pour l’apprentissage… des mathématiques ou du français, ce qui peut laisser plus rêveur ;
 plus généralement accroitre l’« ouverture d »esprit » des enfants et ouverture au multiculturalisme voire « former les Européens multilingues de demain ».
Soit, très bien tout ça bien qu’assez rapidement des esprits chagrins pourront rétorquer que bilinguisme pour bilinguisme, autant le faire avec l’anglais ou l’espagnol, voire le mandarin…

C’est qu’au fond manque à ces justifications la seule qui assierait sans discussion le désir, voire la nécessité, d’un bilinguisme entre le français et la langue historique de la région : l’amour même de ce pays.
Bizarrement c’est indirectement des parents d’élèves parisiens récemment arrivés au Bouscat désireux de s’intégrer en un moment où cette intégration dans la Métropole ne va pas de soi, qui font peut-être vaguement et inconsciemment un tel pari, celui de l’identification de la langue avec la région qui est la sienne. Avec l’ambiguité éternelle de la notion trop large d’occitan pour mentionner notre langue, ambiguité qui rend du reste difficile l’assimilation de celle-ci avec une région, une communauté culturelle et humaine qu’il s’agit d’aimer et d’aider à revivre.

Grans de sau

  • Eh bé ça promet. Ils vont leur enseigner une langue sans ancrage territorial et les drolles en sortiront sans savoir ce qu’est une baragane, le vime ou une jalle. Par contre ils sauront tout sur Montségur et les cathares :D classique, quoi.

    • Le seul extrait que j’ai compris, dans la bouche d’un petitoun tout à la fin de la vidéo - « M’apelí Ayoub » - parait languedocien, avec l’accent tonique mal posé sur le i final du verbe, m’a-t-il semblé - c’est pour ça que j’écris "apelí" - mais n’accablons pas le petit Ayoub !
      En gascon, ce serait "M’apèri" ou "Que’m apèri".
      Je suppose que tout doit être un peu mélangé.
      Dans les motivations données en début de vidéo, il est surtout question de faire entendre aux enfants des sons et des accents toniques différents, qui les préparent aux langues étrangères et surtout à l’anglais.
      Ensuite, un autre intervenant explique qu’il y aura une continuité en occitan dans les écoles et lycée du Bouscat, jusqu’au bac. S’ils y arrivent, chapeau !
      N’attendons pas par là une renaissance du gascon, mais c’est mieux que rien. Et mes encouragements à l’enseignante pour qui ce n’est pas forcément facile !

  • J’ai déjà mentionné le projet d’école pour les petits du Nidau à Magescq (voir plus bas).
    « La pratique du gascon au quotidien, le rapport constant à la nature, la découverte du patrimoine local cultivent l’univers proche où l’enfant s’épanouit. »
    « Lo nidau ou l’école des bois. L’éducation proposée sera également celle du lien à la terre et à la nature. La forêt, le potager, la dune, tout notre nature de proximité sera source d’apprentissage et terrain d’exploration.
    Dans l’idéal, la moitié du temps de l’école se déroulera à l’extérieur, dans la nature. Nous disposons pour cela d’un terrain contigu à l’école mais également d’un grand potager/basse-cour aménagé à seulement 500m de distance, ainsi que de 7 ha de forêt en bord de dune à Soustons, sur la côte sauvage. »

    Là au moins ils parlent de "gascon".
    Diu ! 7 ha de forêt !


  • Le Bouscat : toujours le même discours promotionnel sur le bilinguisme, qui ne répond à rien de sérieux, l’idée de peuple étant évacuée. "Emballage" cosmétique ?

    Magesq : Plus intéressant.

    Mais ce qui compte d’abord, vu l’état actuel, et en quelque langue que ce soit, c’est la qualité de l’enseignement.

    N. B. : Sujet de réflexion intéressant, pourquoi les mouvements et groupes "non-occitanistes" (définition par la négative, pas la meilleure mais qui est au moins la plus simple) n’ont-ils pas monté leurs écoles bilingues ?

    • En Gascogne, les groupes défendant le gascon et la Gascogne étaient occitanistes pour la plupart.
      Même chez les occitanistes, le principe d’une école bilingue n’allait pas de soi.
      Le milieu enseignant était très marqué par la guerre scolaire, et la hantise de l’école privée confessionnelle.
      L’exemple des ikastolak basques a dû déverrouiller les esprits, permettant les Calandretas à partir des années 80.
      Mais elles sont restées très marginales dans le système éducatif ; elles n’avaient pas et n’ont toujours pas l’oxygène pour vivre et essaimer : elles dépendent quand même de fonds publics que l’Etat leur dispense chichement, ce n’est pas une surprise ; et elles n’ont pas de racines fortes dans la population, qui leur permettraient de compenser ce maigre soutien de l’Etat français.
      Les Calandretas sont des écoles privées, mais ne font pas payer cher les parents, dans un but social qui est louable.
      Avec le Nidau de Magescq, on peut observer l’essai d’un autre modèle économique : d’emblée, le soutien de l’Etat n’est plus demandé ; il me semble que les écoles Montessori sont par principe "hors contrat" avec l’Etat.
      La conséquence est que les parents payent cher (je suppose, et j’attends qu’on m’informe à ce sujet).
      Il me semble qu’une partie des parents sont prêts à payer ce prix pour une éducation alternative de leurs enfants. Mais ces parents là seront-ils suffisamment nombreux pour soutenir un modèle alternatif qui mette l’accent sur le gascon et la Gascogne ? Dans le présent, je pense que non.

      De plus, il est problématique que les familles les plus modestes, qui sont aussi dans une certaine mesure celles qui ont gardé le gascon le plus longtemps, soient mises à l’écart pour raison financière d’une nouvelle école gasconne qui serait payante et chère.
      Ensuite, les choses sont compliquées : qui sait si une école privée de luxe qui ferait une place au gascon et à la Gascogne ne ferait pas envie, et n’aurait pas d’effet d’entrainement sur tout le système d’enseignement, même public ? Je rêve, mais il faut rêver !

      De toute façon, il nous faut observer tout ça, de même que les programmes du genre Eskola Futura qui, eux, sont dans le secteur public, mais à la large du système dominant.


Un gran de sau ?

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