Dans son n° 51, la lettre de l’IBG (Institut Béarnais et Gascon) donne la parole à un instituteur basque retraité, qui a participé jadis à l’enseignement du basque comme "itinérant".
On comprend que c’est un locuteur natif vrai de vrai, et qui aime sa langue.
Il vide son sac sur "les ultras, utopistes et subversifs", les "idéologues" [les abertzale autrement dit patriotes basques].
Il critique la manière dont on a lancé l’enseignement du basque dans le secteur public dans les années 1980 (pour des raisons "électoralistes" - lol : nous en Gascogne on serait content que nos élus soutiennent l’enseignement du gascon pour des raisons électoralistes !) :
– on a supprimé des postes d’enseignants (en français) et parfois des écoles [de celles à classe unique ?] pour créer les postes de basque ;
– l’incompétence : "personnel sans compétence ou du moins médiocre dans la langue et la culture" ;
Exemple savoureux : "la soi disant "conseillère pédagogique basque et son hispano-labourdin batua massacré"" qui lui fait passer l’entretien pour obtenir l’agrément pour enseigner le basque :
- « nola ikas nahi duzu eskuara ? » (comment voulez-vous apprendre le basque ?) [apparemment le basque a des mots différents pour apprendre-enseigner et pour apprendre-à-soi-même, et elle n’a pas utilisé le bon !]
- lui (faisant celui qui comprend pas) : « Nik deia badakit [...] » (moi je le sais déjà, vous voulez dire comment je vais l’enseigner ?)
- Elle [confuse ?] : « Ba, hori » (oui c’est ça).
– On recrutait des "bascophones" peu compétents "venus des banlieues parisiennes ou du nord et d’ailleurs" qui sautaient sur l’occasion pour se faire muter au Pays basque, puis quittaient le poste de basque assez rapidement.
– Deux normands ont successivement eu la charge d’organiser l’enseignement du basque. [Oui mais l’école de la République chère à notre instituteur n’a pas à discriminer en fonction de l’origine !]
– Les journées pédagogiques se transforment en querelles d’idées politiques
– Des postes ouverts "politiquement"
– une hiérarchie incompétente "oeuvrant pour une cause"
– "la méchante politisation de cet enseignement dans les écoles publiques et laïques"
– On pouvait exercer à l’Ecole de la République avec des idées "abertzale" [quel scandale !]
"Cette expérience d’itinérant a été pour moi fort décevante."
Ensuite, l’interview aborde l’état de la langue aujourd’hui :
Patatras :
– "A l’agonie, l’extrême onction linguistique n’a pas fait de miracle."
– "Les langues locales comme l’Amiküztar, région de Saint Palais, si riche pourtant pour sa mixité, sont perdues."
– "La langue basque est loin et ce sont des mini-usages, des bribes comme bonjour,bonsoir,merci et encore en batua" [Nous en Gascogne avons déjà du mal à perpétuer notre "Adishatz"...]
– "Nous parlons basque à la maison, aux petits enfants, comme nous l’avons fait à nos enfants. Ils comprennent tout mais répondent en français. C’est ça la maladie." [Nos jeunes à nous ne comprennent rien au gascon]
Quand il va au marché de Saint Palais, il parle "tout en basque du pays avec ses connaissances sexagénaires, septuagénaires et octogénaires, une matinée entière ; Les actifs et les jeunes ne sont pas là ; très peu d’enfants, même pendant les vacances. On préfère les hypermarchés, les MacDo des grosses agglomérations... Chez nous les moins de 60 ans parlent très peu la langue du cru."
Hélas, le constat de notre euskaldun retraité sonne vrai, et son désarroi.
Lui dire qu’en Gascogne c’est pire ne le consolerait pas.
Mais avec l’explication qu’il avance, on reste sur sa faim : "nos langues se perdent car on ne prend plus plaisir à les parler par des propos développés".
Oui mais pourquoi ? Zergatik ? Perqué ? Il faut remonter la chaine des causes, donc faire de "l’idéologie" (mais de la bonne !), au risque même - sait-on jamais ? - d’égratigner la "République" !