Le volontarisme pour la langue basque en Navarre espagnole

- Tederic Merger

Suivant par l’intermédiaire du Diario de Navarra les péripéties de la politique linguistique de la Communauté forale de Navarre (Espagne - capitale : Pamplona/Iruñea), je crois utile d’en faire une restitution sommaire aux gasconhautes : c’est près de chez nous, même si ça semble une autre planète !

La Navarre espagnole est divisée en trois zones qui se distinguent par le traitement de la langue basque (je simplifie ce que j’ai cru comprendre) :
 au nord, en gros dans la montagne limitrophe du pays basque français et du Guipuzcoa, la zone bascophone où le basque est une langue pleinement reconnue dans l’usage public ;
 au sud, la zone non bascophone : le basque n’y est pas reconnu comme langue autochtone, et effectivement ne l’est pas ;
 au centre, et notamment dans la région très urbanisée de Pamplona, la zone mixte, où le basque avait le plus souvent disparu de l’usage, mais où ceux qui veulent le parler, ou le faire enseigner à leurs enfants, sont encouragés à le faire.

Ce découpage en zones, et notamment l’existence légale de cette zone mixte, s’inscrit dans une volonté politique de promouvoir la langue basque, de reconquérir pour elle le terrain perdu parfois depuis plus d’un siècle.

Après la sortie du franquisme, et jusqu’à il y a peu, ce sont les "régionalistes" de l’UPN, hostiles au nationalisme basque et partisans d’un particularisme navarrais très espagnol, qui ont gouverné la Navarre. Je comprends que même eux ont accepté de répondre par la loi ("la Ley foral del Vascuence", maintenant "del Euskera") à une certaine demande sociale de réparation en faveur de l’euskara.

C’est ce contexte légal de promotion du basque qui permet au "Défenseur du Peuple" de juger en substance que le passage d’une commune de la zone non bascophone à la zone mixte est beaucoup plus normal que le mouvement inverse, le passage d’une commune de la zone mixte à la zone non bascophone [1].

Apparemment, l’opinion publique navarraise est divisée (cela se voit très bien dans les forums du Diario de Navarra, journal qui semble lui même pencher vers les espagnolistes plutôt que vers les basquistes), et les deux cas existent :
 certains municipios de la zone mixte souhaitent en sortir, considérant que le basque est une sorte d’imposition qui ne correspond pas à la vie réelle, et peut aussi défavoriser les unilingues en castillan quand ils candidatent pour des postes publics ;
 des municipios de la zone non bascophone souhaitent entrer dans la zone mixte pour servir la partie de la population qui "veut du basque".

L’article en lien donne une liste de communes qui semblent être dans le second cas, puisque que la nouvelle loi les autorise à rentrer en zone mixte.
Cette loi est votée par la majorité politique actuelle, celle du gouvernement quadripartite présidé par Mme Uxue Barkos, du parti Geroa Bai (proche du PNV de la Communauté autonome basque [2]).

Voir en ligne : Aprobada la extensión de la Zona Mixta a 44 localidades, con euskera oficial

Notes

[1« El Defensor del Pueblo considera que la decisión de que un ayuntamiento de la zona no vascófona pase a la mixta se puede enmarcar en la voluntad parlamentaria de “respetar, proteger, recuperar, desarrollar y fomentar el uso del euskera” como “patrimonio cultural de Navarra”. De ese modo, indica, cumpliría los objetivos de la Ley del Vascuence y la Constitución y se ajustaría a la Carta Europea de Lenguas Minoritarias.
Pero en el caso contrario, el acuerdo de pasar a un municipio » (...)
http://www.diariodenavarra.es/noticias/navarra/2017/05/24/el-defensor-navarra-preciso-justificar-paso-municipio-zona-vascofona-533248-300.html

[2Le PNV (Parti National Basque) est le parti au pouvoir dans la Communauté autonome basque (CAV) voisine de la Communauté forale de Navarre, et composée des provinces d’Alava (capitale Vitoria-Gasteiz), Biscaye (capitale Bilbao), et Guipuzcoa (capitale Donostia-Saint Sébastien).

Grans de sau

  • « El 42,6% de las vacantes en escuelas infantiles de Pamplona son de euskera
    Hay 568 plazas libres, de las que 242 son de euskera, 135 (23,7%) de castellano y 191 (33,6%) de castellano con inglés »
    Diario de Navarra

    Je ne sais pas s’il s’agit de crèches ou d’écoles maternelles, mais je comprends que 42,6% des places libres à Pamplona sont "de euskera".
    Hélas, l’article est réservé aux abonnés, donc je ne sais pas non plus si ce pourcentage qui parait élevé est dû au fait que les parents seraient moins nombreux à demander les places "de euskera", ce qui augmenterait leur pourcentage dans les places vacantes.
    De toute façon, pour une ville qui avait cessé d’être bascophone, c’est énorme.

    On remarquera aussi l’importance du « castellano con inglés »...
    Si la suite des cursus respecte ces pourcentages, ça promet un tiers de futurs pamplonais bilingue basque-castillan (vu que le castillan est partout hors l’école), un tiers seulement castellanophone, un tiers bilingue castillan-anglais...


Un gran de sau ?

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