Le vote FN en grande périphérie bordelaise Voyage à Belin-Beliet

- Vincent P.

Ce diaporama est éloquent. Il illustre plutôt bien ce que nous dénonçons sur Gasconha.com depuis une décennie : l’étalement urbain, le fossé de plus en plus béant entre métropole et périphérie lointaine, la création d’une sociologie politique d’exclus.

Une partie de la solution : remettre un peu d’identité locale dans tout ça. Accepter la spécificité des villes moyennes et petites. Lutter contre l’égalitarisme forcené français, qui ne sait pas penser ces territoires autrement qu’en termes d’accès aux services publics et de démographie.

Plus d’esprit girondin en Gironde, en somme !

Le vote RN aux marges guyennaises de la Gascogne Si près de Duras, et pourtant un sentiment d’abandon !

Voir en ligne : A Belin-Béliet, après les élections : « qu’est-ce-qu’on a loupé ? »

Grans de sau

  • Je n’ai lu qu’un chapitre de cette plongée dans le vote FN à Belin-Beliet.
    Celui où un jeune, en opposition avec sa mère, justifiait son vote FN par la montée de l’insécurité, qu’il ressentait particulièrement par son métier... dans la sécurité !
    Le vote FN a sans doute des motivations très diverses. Certains peuvent même articuler une sympathie pour la Gascogne et un vote FN, mais ce cas là ne doit pas peser lourd à Belin-Beliet, pensi.

    Il faut aussi relativiser : le vote FN à Belin-Beliet a avoisiné les 40% au 2e tour si je me rappelle bien ; donc, seulement 6 points de plus que le score français ; mais l’écart est plus grand avec le score girondin du FN (10 points de plus ? je n’ai pas les chiffres sous les yeux).
    Ces 10 points de plus, il est tentant de les attribuer aux nouveaux habitants pavillonnaires.
    A y réfléchir, je ne les qualifierais pas comme des exclus. Ils sont très métropolitains, je les vois très mobiles sur le territoire de la métropole bordelaise, arpentant ses rocades tôt le matin et tard le soir... enfin jusqu’à la fermeture des centres commerciaux... Mais je devine qu’on les verra rarement à Bordeaux intra-rocade...
    Je devine aussi qu’ils ne sont pas spécialement originaires de Belin-Beliet ou des "Landes de Bordeaux" (ni du pays negue !), et qu’ils n’y resteront pas non plus. Peut-être même qu’ils quitteront l’orbite bordelaise pour je ne sais où : ils ne sont pas attachés à un lieu par un tissu social solide. Ils n’ont pas d’appartenance locale, ni métropolitaine ni régionale - c’est en cela que nous pouvons les situer aux antipodes de l’idée gasconne - ils se sentent seulement français et sont dans la culture nord-américaine : bagnole, piscine, MacDo, anglomanie...

    Dites-moi si le portrait robot que je dresse a pour vous quelque justesse... Je pourrais me tromper, nous sommes devant un phénomène bien mystérieux et... multifactoriel !

  • Je ne crois pas qu’il faille se torturer l’esprit pour trouver une explication dont les preuves manqueront toujours.Comme Tederic,le vote FN (ou plus spécialement dans le cas des Présidentielles,MLP) est multifacoriel, comme TOUS les choix électoraux avec des motivations variant d’une personne à l’autre, motivations de toutes façons souvent très différentes selon qu’on se place au premier ou au second tour. En tous cas l’identification totale avec un vote pavillonnaire /néo rural est assez aléatoire.
    Et malheureusement l’absence d’identification à la Gascogne touche tous les électorats, pas la peine de se le dissimuler.

  • Le vote FN est évidemment polymorphique mais le phénomène marquant n’est pas le vote en soi, mais la modification subite de la sociologie politique d’une contrée donnée.

    Or, il convient d’expliquer ce vote plus massif, sur 10-15 ans, et contraire à une histoire politique de moyen terme (dont on retrouve les constantes dans des villages à proximité restés plus isolés). L’explication, seul le phénomène de rurbanisation est apte à la fournir, il suffit de se rendre sur place : Mios, Lugos, Le Tuzan, Saint-Magne, ... Des lotissements partout.

    Vient alors la question de catégoriser ces nouveaux venus : sont-ils des "exclus" ? Je ne le crois pas non plus, ils sont en effet tout à fait insérés dans les grands axes de communication, et leur propre trajectoire personnelle illustre souvent la génération mobile, hors-sol. Reste qu’ils ont développé une sociologie politique d’exclusion, se sentant souvent eux-mêmes déclassés (c’est plus un sentiment qu’autre chose : nombre d’entre eux ont ainsi accédé à la propriété), et s’excluant de la société.

    Ce dernier phénomène me semble très net dans la lande : ce pays merveilleux et âpre, que nous aimons tous tendrement sur Gasconha.com, perd à grande vitesse sa petite dernière spécificité, celle de l’horizon ouvert, face aux avancées des grillages, des haies, le monde fermé.

  • La substitution de population avec l’arrivée massive de néo ruraux ex citadins et souvent allogènes. La prolifération des lotissements bas-de-gamme jusque dans les plus petits villages.
    Bref, des endroits où les autochtones (quand ils étaient encore majoritaires) votaient traditionnellement pour le PS ou, avant, pour les radicaux. Ces autochtones ont quasiment disparu et cela explique le vote FN, au 1èr tour, de villages comme Sanguinet, Parentis, Gastes, Sainte-Eulalie, Ychoux, Lue (aussi au second tour), Labouheyre, Liposthey, Saugnac-et-Muret, Moustey, Trensacq, Callen....
    A lire et à écouter les analyses de Christophe Guilluy.

  • J’ai probablement été le premier à parler de Christophe Guilly sur ce site,à une époque où même les média parisiens n’en faisaient aucun cas. Je sais donc qu’il y a du vrai (et beaucoup) dans tout ce qu’ont écrit Vincent et le contributeur numéro 4. Mais réduire un vote protestataire à ce phénomène serait inexact. Beaucoup d’indigènes ont aussi envie de protester (et ça ,c’est nouveau) et pas nécessairement en donnant sa voix à la France Insoumise.
    Mais tout ça c’est de la politicaillerie française qui m’ennuie de plus en plus à force de vouloir nous obséder.

  • Je répare deux oublis dans mon portrait robot du "nouveau bélinétois*" :
     une paire de gros chiens méchants qui foncent sur le passant innocent (heureusement il y a une barrière)
     un 4x4 "Duster" (marque Dacia - Roumanie - jusque dans les 20 150 € quand même...)

    Rappel : ces portraits robots ne rendent pas compte de la complexité de notre monde.

    * gentilé de Belin-Beliet

  • Et puis on ne peut pas parler de Belin-Beliet sans parler de ce que représente "le Bassin" pour les bordelais : un lieu de vacances, de rêve, de bonheur.
    Belin-Beliet

    Belin-Beliet (pour nous et pour Wikipédia en Pays de Buch), c’est le deuxième cercle du "Bassin" pour eux, comme Marcheprime par exemple.
    Quand le premier cercle du "Bassin" devient trop cher, le deuxième cercle devient une solution de repli attractive quand même, pour les bordelais retraités comme pour les travailleurs du Bassin, et même les travailleurs du sud-ouest de Bordeaux.
    Ce caractère de deuxième choix pourrait cependant expliquer des attitudes de frustration, jusqu’au choix de vote.

  • Un éclairage sociologique de l’universitaire Violaine Girard.
    Il ne concerne pas spécialement les zones périurbaines gasconnes, mais peu importe : les lotissements de Belin-Beliet n’ont pas de spécificité gasconne - c’est même ce qui pourrait nous agacer...

    Je tente de résumer la demi-heure d’interview :
    Ces nouveaux quartiers pavillonnaires de grande périphérie sont habités par des strates relativement favorisées du milieu ouvrier (ouvriers qualifiés, contremaîtres...) qui s’emploient dans les nouvelles zones d’activité fortement consommatrices d’espace (comme les lotissements eux-mêmes !) et proches des noeuds autoroutiers (centres logistiques par exemple) ; ces zones d’emploi font partie de la même "grande périphérie" que ces lieux d’habitat ; il y a donc adéquation.
    Une filiation est établie par la sociologue avec des générations antérieures d’ouvriers plutôt à droite (qui par exemple avaient refusé de rejoindre le mouvement de 1968).
    Nos pavillonnaires sont plutôt compréhensifs envers les entreprises, parfois de petites entreprises de sous-traitance ; certains aimeraient créer la leur.
    Ils sont propriétaires, souvent nouveaux propriétaires et contents de l’être, contents aussi de leur nouvel environnement d’entre-soi "blanc", en accord avec des élus locaux qui sont sociologiquement proches et veillent au grain quant à la compatibilité sociologique des nouvelles implantations immobilières.
    Le rôle des promoteurs est évoqué en passant...

    Bref, ça irait plutôt pas mal pour nos pavillonnaires (comme pour les pavillonneurs !), et on peut se demander pourquoi ils émettent un vote protestataire. Il doit y avoir des trucs qui clochent... surconsommation et endettement ? surmenage professionnel et peur du chômage sur un marché du travail très concurrentiel ? (là c’est moi qui brode...) ; les femmes sont peut-être moins bien loties que les hommes dans cet environnement à dominante industrielle et logistique...
    Ou alors c’est l’être humain qui est éternellement insatisfait ?

    https://www.franceculture.fr/emissions/la-suite-dans-les-idees/le-fn-pavillonaire-est-il-vraiment-si-populaire

  • Ou alors c’est aussi que le vote FN n’est pas réductible à un vote "contestataire" ou "protestataire" comme c’est répété en boucle par paresse intellectuelle de beaucoup et manipulation consciente de quelques uns...
    On ne vote comme ci ou comme ça uniquement selon un gradient net de satisfaction personnelle...

    et puis c’est quoi un "vote protestataire" ? le vote EELV conteste les centrales nucléaires, le vote souverainiste conteste l’Union Européenne, le vote NPA conteste le capitalisme, le vote PS conteste "la droite", le vote LR conteste "la gauche", le vote centriste conteste "le clivage gauche-droite"... bref ce critère "contestataire" est-il opérant pour discriminer quelque choix électoral en Gascogne ou ailleurs ?

    Faut être plus précis m’est avis pour trouver des axes d’analyses éclairants.
    Tu en esquisses un exemple intéressant : les nouveaux accédants sont souvent impitoyables avec leurs "prochains".

    Le lotissement de 1995 concentre très souvent les opposants farouches aux lotissement de 2015... les enfants et petits-enfants d’immigrés italiens ou espagnols d’avant 1960 s’opposent fréquemment à l’immigration d’Afrique ou des Balkans des années 1990-2000...
    Des personnes connues pour s’inquiéter de l’évolution récente de l’identité française et du manque d’assimilation des nouvelles générations portent des patronymes comme Zemmour, Finkielkraut...

  • Il est une donnée du vote FN qu’il convient de prendre en compte dans le Sud-Ouest de la France, c’est son caractère "importé" pour partie. Entendons-nous bien, le vote FN est une donnée de l’échantillon politique gascon, partout : son implantation est vieille, notamment dans certaines contrées comme le Médoc.

    Je ne raisonne cependant qu’en termes de progression, parfois fulgurante : à mon sens, partie de cette progression, outre la proportion due à la tendance naturelle nationale, est portée tout simplement par l’implantation de nouveaux venus.

    Aussi, sans même théoriser des circonstances économiques particulières, il convient de prendre en compte qu’un nombre certain de gens votaient FN avant de venir s’installer en "seconde ligne" du "Bassin", et ont conservé leur vote, sachant que cette donnée est assez stable dans le temps.

    Bref, l’accroissement du vote FN note aussi, tout simplement, une substitution démographique, ou à tout le moins des migrations internes à la France, de régions où le vote FN est banalisé, voire majoritaire, vers des zones où il ne l’est pas encore. En un mot : l’héliotropisme.

    Autrement dit, le vote FN en Sud-Gironde doit s’analyser au moins autant par les conditions de vie que les nouveaux venus ont quittées que par celles qu’ils connaissent sur leur lieu où ils viennent faire souche (une souche parfois précaire : mon expérience professionnelle tend à me faire voir beaucoup de divorces et de projets immobiliers avortés sur le moyen terme parmi ces classes moyennes déclassées périurbaines, on achète, on vend, on bouge).

  • Vont-ils faire souche ou pas ? That is the question... pourquoi se défoncer à leur donner un vernis gascon (leur apprendre à aimer le curchade melade autant que les brownies par exemple...) s’ils doivent nous laisser en plan très vite ?

    Si je suis le raisonnement d’Artiaque ("Le lotissement de 1995 concentre très souvent les opposants farouches aux lotissement de 2015..."), il y a une possibilité que certains s’enracinent au point de déplorer plus tard de nouvelles "invasions". A vrai dire, dès qu’ils ont leur pavillon, leur point de vue sur les nouveaux lotissements doit changer...

    Et puis il y a les jeunes qui grandiront dans ce nouvel environnement (en espérant qu’une proportion significative ne déménage pas trop vite) : certains d’entre eux (une minorité sans doute) s’intéresseront à l’histoire des lieux, ou de la Gascogne si nous savons y faire...
    Certains tomberont amoureux des lagunes aux noms exotiques, dont ils auront appris la bonne prononciation par Gasconha.com...

    Et puis vous avez noté que ces gens sont dynamiques. Certains aimeraient se mettre à leur compte. Et là l’espace ne manque pas pour monter des ateliers de ci ou de ça, entreposer des machines, élever des animaux... Recréer peut-être un tissu économique local...

    Certains gasconhautes seront peut-être étonnés que nous donnions dans la sociologie, y compris électorale.
    Mais si nous voulons faire aimer la Gascogne, il faut bien tenter de dégager les types de public qui sont sur son territoire, pour adapter nos discours.
    Il faudra revenir aussi sur le type, a priori plus enraciné, du caçaire (cassaÿre / chasseur)...

  • Je vous laisse lire un article intéressant, concret, sur le vote FN en Nord-Gironde, cette contrée assez délaissée, une marche mêlée historiquement, aujourd’hui un dépotoir de l’agglo bordelaise.

    Union des droites : le FN en Gironde avec ses gros « labos »

    Un argument intéressant qui nous détournerait d’une analyse, qui est la mienne, peut-être trop facile : le vote FN ne serait pas qu’importé par les classes fuyant la métropole, ou qui en sont exclues, mais serait aussi le fait des "autochtones" face au monde nouveau de l’étalement urbain, comme un vote de protestation.

    • Un vote FN à 48% (contre Macron au 2e tour de la présidentielle) a forcément réuni plusieurs électorats différents, à la fois chez les autochtones et chez les nouveaux habitants qui gravitent autour de Bordeaux et cherchent ici logement et espace pour moins cher. Les premiers ont parfois réalisé de belles plus-values en permettant aux seconds de s’y installer !*
      Je fais aussi l’hypothèse qu’une partie des nouveaux arrivants ne fait que renouer avec des origines du terroir qui ne sont pas lointaines ; ça devrait faciliter l’harmonie ; et d’ailleurs on ne nous dit pas qu’il y a conflit entre ces deux populations.

      Sur le caractère "délaissé" de cette zone gabaye bordelaise, je pense qu’il faut garder son esprit critique.
      C’est une zone rurale comme tant d’autres. A ma connaissance, les Administrations et Services publics ne l’ont pas délaissée plus que les autres : impossible dans notre France jacobine, homogénéisée et qui continue à être très administrée !
      « il y a très peu de services et de transports publics » Mais c’est partout comme ça à la campagne !
      La majorité des gens fonctionnent constamment en voiture, et ne prendraient pas les transports publics même s’ils étaient offerts, parce qu’ils sont par nature moins efficaces dans des zones d’habitat dispersé.
      « les magasins ferment » Mais pas tous ! Il y a du monde dans les zones commerciales autour de Saint André de Cubzac, Coutras et Libourne, j’en suis sûr ! Là encore, il faut faire la part de l’incohérence des habitants qui déplorent la fermeture des commerces à l’ancienne, mais n’iraient pas y acheter s’ils restaient ouverts !

      Alors, d’où vient le malaise ? Et pourquoi est-il plus grand qu’ailleurs ?
      Vincent utilise l’expression un peu dure de "dépotoir de l’agglo bordelaise". Je pense qu’il fait allusion à une urbanisation débridée qui rompt l’harmonie préexistante. Mais celle-ci, si elle nous choque, à nous qui lisons les paysages, ne choque probablement pas les nouveaux habitants, qui ont quand même choisi de venir ici pour éviter ce qu’ils trouvaient pire.
      A y réfléchir, je situerais le problème dans un mécontentement sociologique : une population d’origine fortement ouvrière qui, soit travaille très dur, soit ne trouve pas d’emploi.
      En même temps (comme dirait Macron), j’ai en mémoire un échange récent avec quelqu’un issu de cette zone gabaye, encore plus au nord, un ouvrier qualifié retraité qui a aimé sa vie professionnelle, qui est comme un poisson dans l’eau dans son environnement (il est pêcheur et peut-être chasseur), et ne doit pas avoir de réelle difficulté matérielle, bref, heureux (vu de l’extérieur)... pourtant il était très remonté contre Macron à cause de l’augmentation de la CSG, et pensait qu’on n’avait pas "tiré le bon numéro"...
      Qu’es coumplicat, tout acò !

      Enfin, nous sommes en pays gabay, mais nos politiciens de "l’union des droites" se réunissent à Saint André de Cubzac, en Gascogne !-) cela montre l’absence de frontière nette...
      Qu’avons-nous à proposer dans notre paquet "Gasconha" pour intéresser ces mécontents ? Une relocalisation des règles de la chasse ? Une dissolution de la Région Nouvelle-Aquitaine pour laisser place à des Régions Gascogne et Poitou qui exfiltreraient Bordeaux (mais la plupart sont bordelais au sens large, et adhèrent probablement au département de la Gironde !) ? Un allègement des normes technocratiques ?
      Ils n’aimeront pas qu’on veuille limiter le mitage urbain...
      Et s’ils avaient l’accent gascon (donc, précédemment 10 km au sud, mais tout se brouille), réagiraient-ils autrement ? Pensi que nou !

      * Sur les trois communes citées par l’article, Cavignac, Saint Savin et Générac, seules les deux premières ont un fort afflux de population depuis l’an 2000 ; Générac semble encore hors de portée de l’immigration bordelaise.
      Wikipédia sur Cavignac :
      "Petite ville commerçante aux portes de l’Aquitaine, Cavignac s’est développée grâce à sa proximité avec la RN 10 et la ville de Bordeaux, en particulier la première décennie des années 2000 où elle a attiré entreprises et habitants, faisant partie de l’aire urbaine de Bordeaux."

  • Je ne suis pas trop sûr qu’un journaliste de "Libé" soit génétiquement apte à comprendre tout ça ; il regardera toujours d’un peu haut ces ploucs avec le regard d’un bobo parisien sûr d’être du bon côté (enfin, de tous les bons côtés...). Espérons que je me trompe.
    Ce que dit Vincent est ce que je disais en mai 2017 (post 5).
    Les sources de la désillusion, d’un mécontentement tournant à un sentiment d’exil intérieur ont de nombreuses causes dont une me parait prégnante et générale, transcendant les diverses situations économiques et sociales évoquées par Tederic : le mépris (au sens le plus initial du mot : n’y attacher aucun prix) pour tout ce qui est local, proche, prochain, le lointain seul acquérant du prestige aux yeux de toutes les catégories dominantes ou presque.
    J’ai bien conscience de me répéter à ce sujet du reste mais je crois que notre travail -notre devoir- est de redonner sa valeur entière à ce local, à ce proche dans tous les aspects à notre portée.

  • Hier, le nouveau Belin-Béliet a dû s’impliquer dans la révolte des gilets jaunes, ce serait cohérent avec ce qui est rapporté ci-dessus.
    Mais un petit essai de comptage de la proportion des voitures avec gilet jaune sur le devant me fait entrevoir que la population de zones plus rurales que Belin-Béliet a tout autant adhéré au mouvement.
    Il se trouve que j’ai fait le trajet de Réaup-Lisse vers Bordeaux en passant par Casteljaloux et Langon, et il m’a semblé que la proportion baissait progressivement en allant vers Bordeaux.

    Dans notre typologie coeur-de-métropole/périphérie-de-métropole/zones rurales, ce serait à prendre en compte : il y aurait comme une fusion sociologique des deux dernières.
    Pour bien faire, il aurait fallu observer en zone hyper-rurale, par exemple sur un parking de supermarché à Condom ou Eauze... Je regrette de n’avoir pas été plus méthodique dans mon comptage sur celui du Super U de Lavardac, mais ce dernier n’est pas tout-à-fait représentatif de l’hyper-rural !

    • Le défaut de ce genre d’articles, c’est d’être simpliste : d’un côté les riches, de l’autre ceux qui ne sont rien ou n’ont rien...

      J’ai visité dimanche dernier le nouveau quartier de la Plantation-Courréjan (1) (je refuse d’écrire "Courréjean" parce qu’il n’y a pas de "Jean" ici !) ; j’aurais dû prendre des photos... (Villenave-d’Ornon / Vilanava d’Ornon / Bilenabe)
      La grille.

      Sur une zone naturelle proche de Garonne (et ses carrelets !) dont l’urbanisation a dû être juteuse pour certains, et près de la zone commerciale d’Arcins-La Plantation, poussent de petits immeubles que je dirai quand même "branchés" ; parfois jolis... je me dis que la créativité s’exprime toujours dans des interstices...
      Mais qui commence à vivre là ? des inclus ou des exclus ? des riches ou des pauvres ? plutôt inclus, sans être riches, je pense... le terme "classe moyenne" doit s’y appliquer.
      Le rez-de-chaussée de ces immeubles sur pilotis est en général un parking. Tous ou presque iront travailler en voiture. Beaucoup râleront contre les embouteillages de la rocade.
      (Villenave-d’Ornon / Vilanava d’Ornon / Bilenabe)
      Pastissey

      Au fait, quel rapport avec la Gascogne ?
      C’était en Gascogne. D’ailleurs je vois encore la "rue de Pastissey" (2) dans ce nouveau quartier...
      Je pense aussi qu’une partie - minoritaire - des habitants auront des liens (résiduels ?) avec la Gascogne.
      Bordeaux, trop attractive, grignote la Gascogne, créant divers traumatismes.
      Je préconise de diffuser, diluer, l’attractivité de Bordeaux sur les zones que des articles parisiens comme celui ci-dessus nous présentent comme souffrantes : Sainte Foy la Grande etc... sur l’anneau gascon en général.

      (1) Courréjan, le lòc n°1 au sens propre de Gasconha.com !
      (2) Mais ils vont dire "Pastissè" au lieu de "Pastisseÿ" !

  • Un nouveau programme entre la Roubine et Barreyre.
    C’est le nom espagnol Villa nueva qui a retenu mon attention ; il tranche avec l’inspiration anglo-saxonne majoritaire (programme Green Park du même promoteur à Courréjan...).
    Nom sans doute inspiré par Villenave...
    Ont-ils eu l’idée chez Wikipédia, sans oser directement Vila Nava ?
    « Toponymie
    Villenave : gascon vila nava qui signifie « ville neuve ».
    En gascon, le nom de la commune est Vilanava d’Ornon. »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Villenave-d%27Ornon

    L’architecture, elle, n’a rien d’hispanique, ni de local, avec ses toits à forte pente. A moins qu’on y voit un rappel de certains parcs landais (des parcs à moutons anciennement au toit de chaume à forte pente, vous savez...)...
    On remarque des rez-de-jardins, contrairement aux programmes de Courréjan qui ont des immeubles tchanqués dont le rez-de-chaussée fait parking.

    Début de l’argumentaire :
    "La Nouvelle Aquitaine et la Gironde, une économie dynamique
    Filières industrielles d’excellence dont l’aéronautique et l’aérospatiale
    Plus grand département de France métropolitaine en surface
    Taux de croissance économique vigoureux
    10 120 créations nettes d’entreprises en 2017"

    La suite ici :
    https://www.pichet-investissement.fr/res-investissement_locatif/investissement-villa-nueva-villenave-ornon-2109

    • Je vois beaucoup de lieux "Villeneuve" en Médoc, qui sont bien sûr des Villenave francisés, et n’ont jamais été des villes au sens français moderne. Peut-être des hameaux ?
      Et aussi des lieux-dits "La Ville"...
      Donc le gascon a peut-être gardé longtemps pour vila un sens qui n’était pas le sens moderne de ville en français.
      Le castillan, lui, n’a jamais adopté pour villa ce sens français, puisqu’il utilise ciudad, comme le dit Gaby.
      Pour revenir à "Villa Nueva" le nouvel immeuble de Villenave, j’ai pensé après coup que le promoteur a voulu jouer aussi sur "villa" le mot français pour une maison un peu chic...

  • Pas forcément des Villenave francisés, puisque sauf erreur c’était nèu en Médoc. Donc plutôt des vila nèva passés directement à Villeneuve.
    Autre possibilité : le patronyme Villeneuve qui est un peu présent en Médoc.

  • Je reviens au programme Villa Nueva de Villenave d’Ornon (en espérant que nous pourrons re-boucler un jour sur Belin-Beliet !).

    L’argumentaire du promoteur s’adresse à des investisseurs, et a donc un aspect financier prioritaire ; d’où l’accent mis sur la "Nouvelle-Aquitaine", la taille département de Gironde : Bordeaux étant chef-lieu de la Gironde et capitale de la Région Nouvelle-Aquitaine, il y a un marché pour loger les employés de ces entités administratives et de tout ce qui gravite autour...

    Mais les investisseurs devront soit trouver des locataires, soit habiter eux-mêmes à Villa Nueva.
    Quels sont les arguments supposer les y attirer spécialement ? Je voudrais les croiser avec les facteurs d’attractivité que j’ai envisagés pour la Gascogne...
    Le promoteur Pichet insiste sur la proximité avec :
     Bordeaux, la Gare Saint Jean
     la rocade
     le bus, le tram (qui est quand même à 2 km !)
     le centre commercial (Rives d’Arcins - La Plantation)
     le golf (de Villenave-Courréjan- La Plantation)
     les berges de Garonne
     les terres viticoles
    A part les deux derniers à la rigueur (les paysages, le vin), rien ne coïncide avec les facteurs d’attractivité envisagés pour la Gascogne, et encore moins avec les objets gascons correspondants !

    Même le facteur mar-montanha-Espanha n’y est pas. Le promoteur aurait pu invoquer la mar (l’océan) : quand on est près de la rocade sud de Bordeaux, ce n’est pas trop difficile d’aller à Arcachon, voire au Pays basque espagnol ou plus loin (pour visiter les "Villanuevas" espagnoles !). Il ne le fait pas.

    Bref, cette Villa nueva n’est pas hispanique mais ne colle pas non plus à un projet d’attractivité gasconne, aussi oecuménique soit-il !
    Je m’en doutais un peu, mais il fallait vérifier...

  • Dans ce fil de discussion, nous avions quitté Belin-Beliet pour le pays gabaye vers Cavignac (sur lequel nous sommes revenus très fort récemment), puis Villenave d’Ornon qui n’est pas, d’ailleurs, en "grande périphérie bordelaise".
    Cavignac

    Les grans hucs de cet été ont hélas remis le projecteur sur Belin-Beliet, dont l’urbanisation a aussi le défaut d’aggraver grandement le danger d’incendie, déjà augmenté par le changement climatique.
    Le journal "Le Monde", qui décidemment s’intéresse comme nous à Belin-Beliet, écrit un article "post-huc" :
    A Belin-Béliet, en Gironde, après le « tsunami de feu », des habitants aspirent à une « renaissance écologique »

    Chic a Chic


    Y est notamment évoquée « Tchic à Tchic la bâtisse landaise de Robert Bristaut, épargnée par miracle. Pas celle de son petit fils »...
    La galerie d’habitants (mais aussi un propriétaire forestier qui n’habite plus complètement là, mais joue un rôle important comme président de la DFCI d’Hostens) laisse l’impression d’une population diverse et entreprenante, qui va rebondir, tout en s’inquiétant du futur.
    De nouveau, ce débat sur la forêt landaise :
     Sandra, soucieuse de biodiversité, espère « une renaissance écologique qui ne se limitera pas à replanter des pins » ;
     le forestier compte replanter des pins, tout en s’inquiétant que tous le fassent en même temps... mais on ne peut pas selon lui « y faire pousser d’autres espèces de façon rentable ».

    Mais (question que ne pose pas "Le Monde") comment le pin restera-t-il rentable si le risque d’incendie monte en flèche dans les années qui viennent, entrainant une explosion des coûts que la collectivité ne pourra pas assumer ?
    L’evolucion de las lanas de Gasconha


Un gran de sau ?

(connexion facultative)

  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

Dans la même rubrique :


 

Sommaire Noms & Lòcs