GASCON SEPTENTRIONAU - Un pauc de vocabulari (1)

- Gaby

a pas de gat  : à pas de loup.
agusalhas  : amuse-gueules.
amoriscar  : rendre amoureux.
(a)quò’s lo flòc sus la Garona  : c’est le pompon !, c’est la meilleure !, d’après une expression dite par ma sœur ‘c’est le pompon sur la Garonne !’.
arpaga-mau  : personne qui marche mal.
arpagar  : marcher à grands pas (pop.).
astorejar  : tournoyer comme un rapace.
astrada  : brochette.
auger lo barbòt  : avoir la flemme (syn. auger la canha, auger la nhiula)
auger lo cap coma un calhivòt  : être une tête de mule (syn. estar un cabonhàs, marriu, testut coma un marre, etc.)
auger una chapa  : être vorace.
barriu-barrau  : sens dessus-dessous (p.ê. déform. de vira-barrau ‘jeu du roule-barril’)
bartalh  : attirail, barda, bazar, bordel...
bodic (donc aussi bosic) : comédon ; doigt boudiné ; petit morceau (ce 3e sens : un peu bizarre).
caga-la-guelha  : bon à dalle.
caga-liretas  : surnom de religieuses.
caga-magre, caga-ligueta  : avare.
caitivèir  : misère, miséreux.
calhivòt  : aliment dur.
canelha  : bouton d’acné, crotte de nez.
canhàs  : dragueur (mais ça sonne plus comme ‘chaud lapin’).
canhiuguèra  : cohue.
chirisclar  : gazouiller.
clabós  : raplapla.
clabòt  : mort de faim.
clapa-jota  : personne qui parle sans arrêt.
coarrèras (Baz.) : petites gueilles, objets de peu de valeur.
conhanhe, nhanhòt, nhaunhé (ou nhaunhe ?), nanan  : neuneu.
conhut  : qui a tout perdu aux billes, donc par ext. : sur la paille, etc.
conilhar  : je connaissais le sens ‘glander’, mais on a aussi ergoter (=sharnegar), travailler maladroitement (=sangonhar), hésiter (=barguinar).
copar lo milhàs  : casser la croûte.
corriòla  : bouchon (de véhicules).
coupe gardalòt  : coupe au bol.
desembargar  : dépêtrer, décharger, débarasser , dégager (archaïque ?).
dessensar  : dépouiller (de ses biens).
destreminar  : excéder, mettre hors de soi, tourmenter.
destribolat  : cinglé.
s’embergamar : s’embarquer (dans une affaire).
empanhar  : duper (archaïque ?).
emprunar  : emmerder. (Je le mets pour mémoire parce que ce mot qui m’a intrigué un certain temps est employé dans ma famille adapté en français ; en fait, il est typiquement périgourdin selon le FEW. Autre mot mystérieux : vignoner qui semblerait signifier se marcotter !, entendu dire une fois par ma grand-mère, mais elle ne s’en souvient plus !)
en l’an canèla  : il y a très longtemps.
erbèira  : rumen.
esbonhar : bosseler, contusionner, abîmer (fruit) (syn. bronhar, machar, castamar), p. ext. tuer.
esbonhós  : abîmé (fruit) (syn. machat, castamat) ; j’imagine qu’on peut aussi dire esbonhat.
esbrifar:abîmer, déchirer, mettre en loques.
escagonhar  : assommer, tuer (ce doit être une déformation d’escabonhar).
s’espataishar, s’espatracar, s’esplatifar  : syn. de s’espatarrar.
esquiricar  : ratatiner, rendre tout petit.
estampar  : duper, voler, escroquer... Se dit aussi en Normandie, Saintonge. Aussi tampar pour ‘claquer’ (volets, porte...) qui se dit dans les Landes mais que j’avais trouvé en garonnais.
estofalhar : escamoter (étouffer a ce sens en oil).
estrangolhar  : avaler de travers (syn. s’escanar)
estrolhas  : reliefs de nourriture.
fonsalha/honsalha  : fond d’une barrique, d’un meuble...
frangana  : grosse bêtise, gaffe.
fretador  : petit ami (pop.). Vers le Béarn, c’est le rebouteux. Le mot est peut-être passé en bordeluche par l’immigration béarnaise.
fronhós  : renfrogné.
fustar/hustar  : schlinguer.
galipaire  : personne qui fait les poubelles, ramasse dans les décharges...
gançolhar, sangolhar  : cuisiner salement, agiter des choses dans l’eau, etc.
gasp(r)òt  : gueuleton.
gatiborra  : tumulte.
gato(n)è(i)ra  : maison encombrée de chats.
grenopit  : flétri, fané, vieilli.
gringanòta : petite boule, crotte de nez ; mot surtout d’oil.
guimbelet  : guibolle (maigre).
guingasson  : personne maigre ; clou (vélo).
gumerar  : se dit des palombes qui passent sans discontinuer.
hèser lo barbòt  : faire le malin.
hèser lo brimbaut : dandiner, flâner, faire le fou. (orig. gavache ?)
hèser grègas a  : narguer.
hèser legrir  : écarquiller.
lagàs  : aussi personne qui s’incruste.
leitina  : laitance ; pancréas.
licòi  : difficile pour manger.
macha-bòi  : bricoleur maladroit (cf. macha-hanha sur le Bassin)
mamèra, mamèla  : double menton.
menusar  : émincer.
migassa  : mie de pain mal cuite qui colle (=> migassós  : mal cuit (pain) )
mogra  : crasse (prob. du latin muccus,comme moquira  ; doit être une var. de *mocra).
mogrilhós  : crasseux.
mormerós (Baz.) : morveux.
nharra (Baz. ?) : mauvaise viande.
pandrelha (forme inversée de pelhandra) : personne déguenillée. On dit estar fotut coma pandrelha.
pimpanar  : donner des claques à (cf limousin pimpaunhar ‘peloter, tâter’ ; agenais pimpinhar ‘taquiner en pinçant doucement, agacer’
pimpanent  : barbouillé.
en poliganhèir  (Baz.) : en bazar.
popic  : déformation pointue sur une surface plane.
rafalat  : miséreux.
ragasson  : objet de peu de valeur, personne laide et sans intérêt.
rangonèir  : râbacheur (syn. rotèga).
ríser coma una vaca que hèi shabròt  : rire comme une baleine.
roganha, roganhòla  : mauvaise nourriture.
rosiar (rouziya) : poisser.
rospic  : lance-pierres.
rosquit  : reproche, remontrance, discussion véhémente.
saganar  : tourmenter.
sargonha  : grand échalas (syn. secalhic, carcanàs etc.).
sarrançonar  : prob. secouer.
shens tustejar : sans bronher.
shigonhar  : couper difficilement ou avec des allers-retours (cf. shigolhar ‘lambiner’ en agenais)
se shipitrar  : se disputer.
tamponhar  : tasser à coups de plat de la main.
tarrasson  : cruchon.
se tocar lo pishòt  : se faire des idées.
traguet  : petit coup à boire. (syn. lançòt, rinçòt)
trantolar  : lambiner.
trinqueletas  : guibolles.
tumar  : s’assoupir.
ulhar  : graisser la patte à ; offrir à boire à.
un vrai Meriadèc  : un vrai bordel !
venir (ou víer, vèner...) de Pissòs = arribar de Caudròt.

Grans de sau

  • Pour "shigonhar : couper difficilement ou avec des allers-retours " on doit le rapprocher du languedocien "cigonhar, cigonhejar, remuer, secouer, brimbaler, ébranler ; lambiner ..." (Alibert) ; On peut l’associer au cigognier ou puits à balancier et on peut comprendre le sens originel : la cigogne, lors de sa parade nuptiale, bascule plusieurs fois la tête bien en arrière jusqu’à aller toucher son dos tout en faisant claquer son bec (à voir en tapant vidéos "cigogne parade nuptiale").

  • Je remercie Gaby pour cette liste qui me fait retrouver un mot et une expression utilisés par ma propre mère autrefois , guère gasconophone pourtant et que j n’avais pas entendus ni lus depuis des décennies :
    clabot (à un enfant qui venait non de s’empiffrer ,ce qui n’était pas toléré mais tout de même de bien manger :"avec ça ,tu n’es pas clabot !")
    barriu barau :pouvait ,semble-t-il se dire aussi d’un dessin mal fait,à la va-vite.
    Je dédie ces deux mots à celle dont nous fêterions aujourd’hui l’anniversaire de naissance.

    Et par ailleurs,pour suivre une problématique qui m’est habituelle ,je me dis que beaucoup de ces mots et expressions superbes gagneraient à être introduits dans un futur gascon commun,au delà du monde "septentrional" ...

  • Je pense que je divague ou que j’extravague mais "clabot" aurait-il à voir avec l’argot "claboter", mourir pas seulement de faim mais de toute cause ?
    Ce serait peut-être dans le gascon qu’il faudrait chercher l’étymologie de ce verbe et de son suffixe en "ot" qui pose senble-t-il un problème au TLF qui nous dit dit :
    " Claboter Arg. Mourir :
    le percepteur. − (...) Mon cher, quand un de ces haricots-là me doit quatorze sous, il les sort un à un... Ça dure dix minutes. Il attend entre chaque sou, pour voir si par hasard je ne claboterai pas avant la fin ! ... H.-R. Lenormand, Le Simoun,1921, 3etabl., p. 19.
    Étymol. et Hist. 1899 arg. « mourir » (Esn., s.v. crampecer). Orig. obsc. : un rapprochement avec clapser (crabser, var. de clamser*) ou avec claquer* satisfaisant du point de vue sém. n’explique pas la forme de la finale ; rapprochement plus plausible avec des formes dialectales comme claboter « faire claquer des sabots » (cf. FEW t. 2, pp. 732b-733b), de la racine onomatopoéique klapp- traduisant un bruit sec. Fréq. abs. littér. : 3."

    Des Gascons auraient enrichi la langue verte sans le revendiquer !!! On pourrait proposer l’hypothèse aux doctes linguistes.

    En attendant, bonne année à tous et à toutes !

  • C’est de toi, Gérard, que je tiens cette acception du mot clabòt ! Tu l’avais écrit ailleurs sur ce site.

  • Salut tout le monde et meilleurs voeux.

    Dans la région marmandaise mais aussi au-delà jusque dans le Périgord, un eu clabòt était un oeuf couvé et non éclos, qu’il ait été clair, non fécondé, ou que l’embryon soit mort. J’ignore l’étendue de cette acception, si elle venait du nord-occitan via le guyennais ou si elle se retrouvait plus ou sud en zone véritablement gasconne. De patientes recherches seraient à faire...

  • Toujours à propos de clabot,le tout frais "dictionnaire définitif du bordeluche"*de Guy Suire applique l’adjectif exclusivement à un oeuf pourrissant laissé dans le nid pour faire pondre les poules (pauvres poules !) dont le synonyme tout aussi gascon d’origine serait barloc(oeuf barloc). Curieux .....

    *pour ceux qui l’ignoreraient ,le bordeluche est le parler populaire bordelais dont 70% environ des mots et expressions viennent du gascon .

  • mormerós (Baz.) : morveux. De Vormerós, vorm malautia deus cavaths
    Çanganar, leng. Çaganhar

  • Amusant ce « tumar » dans le sens de s’assoupir ! C’est l’image de la chèvre, du mouton, veau ..., qui baisse la tête pour aller cogner son adversaire.
    Le sens premier étant : donner un coup de tête, de cornes.

  • L’étymologie populaire est un puissant moteur d’interprétation et de créativité dans les langues naturelles, entraînant par besoin de cohérence et de rapprochement, une transformation erronée des mots.
    Qui ,arrivant à un péage, ne pense pas d’abord à un mot de la famille de "payer" avant d’avoir appris que c’est le "droit de poser le pied" !
    Mais populaire ne veut pas dire populisme, et on a le droit à l’étymologie vraie, merci Gaby.

  • Je ne suis pas sûr non plus que ce soit l’étymologie vraie, ce n’est qu’une hypothèse.

  • Qu’en dit le Littré ?

    Prov. pezatge, peatge, peage ; catal. peatge ; espagn. peage ; ital. pedaggio ; du bas-lat. pedaticum, de pedes, piéton, qui vient de pes, pedis, pied (voy. ce mot) : mot à mot, action de porter le pied, de passer, et droit de passage.

    http://www.littre.org/definition/p%C3%A9age

    Il est donc plus que probable que ce soit le radical latin ped- et non le radical pac- qui soit à l’origine du français péage , de l’occitan, du gascon et du catalan peatge .


Un gran de sau ?

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