Un regard au hasard sur la photo d’une amie en direct de Marennes (17), un nom étrange qui like sous le nom "drapeau_charentais", je clique : hé bé ho !
Qui est derrière cette initiative ? Je n’en sais trop rien, je constate en tout cas que l’initiative a 2 semaines, et il est difficile de se tromper, malgré les justifications un peu alambiquées (cf ici) : c’est un modèle inspiré du drapeau basque, avec les couleurs de l’ancienne région administrative Aquitaine.
Je suis à fond pour le maintien de l’identité charentaise dans le cadre de la Nouvelle Aquitaine, ce monstre. Trans-départementalité, nécessité d’identification à plus petite échelle, le projet a tout pour nous séduire, il conviendrait vraiment d’encourager nos voisins septentrionaux.
Mais ...
Il y un vrai problème identitaire charentais : qui a suivi les débats sur la réforme territoriale connaît le tropisme bordelais de ces deux départements. Personne ne le niera, il est légitime, normal, Bordeaux est une métropole en partage, je crois que nous sommes tous d’accord sur ce point.
Cependant, il y a dans certains secteurs charentais la volonté de nier les liens avec le Poitou : une même langue, une même architecture, les mêmes patronymes, des paysages similaires, bref, une même civilisation entre Gironde et Loire, sans mettre de côté les espaces de transition vers d’autres aires culturelles (Nord-Gironde et Entre-deux-Mers au sud, Pays de Retz et Mauges au nord).
La négation de la réalité charentaise, de centre-ouest, va parfois très loin dans certains secteurs actifs dans les Charentes (je regrette cette identification au nom des deux départements mais elle semble populaire) : les Charentais seraient des gens du "Sud-Ouest", quand les Poitevins ne le seraient pas, et surtout, c’est là que la thématique interesse Gasconha.com, les Charentais se sentiraient en collusion avec notre espace que nous disons "vascon".
Le ski dans les Pyrénées, l’attrait pour le Pays Basque, le pin maritime, ... En somme, les Charentes résumées à l’éclectisme de Royan, en mode "Le Festin". Bien loin de la réalité charentaise.
Je ne crois pas exagérer : il y a dans les Charentes, depuis peut-être deux décennies, un vrai trouble identitaire, une absolue confusion culturelle, qui n’est pas différente de ce que l’on voit ailleurs en France cependant. Il est assez saugrenu de voir aujourd’hui, certainement pas inconsciemment, des secteurs charentais piocher dans les oripeaux basques pour définir une identité charentaise qui sera dès lors, pour le coup inconsciemment, rattachée à une vague culture "Sud-Ouest Atlantique".
Et le paradoxe n’est pas des moindres à constater que ce sont des Charentais qui jouent sans souci cette carte bascoïde un peu publicitaire quand nous-autres, Gascons, répugnons encore largement à tout rapprochement avec les Basques, alors même qu’ils sont nos voisins immédiats, et nous le savons, nos "cousins" au sens propre.
Quelque chose cloche chez les Charentais : ils ne savent plus qui ils sont. Mais quelque chose cloche chez nous : nous ne sommes même pas capables de voir ce qui marche et laissons nos voisins faire ce que nous devrions faire.