Du pays Basque à la pointe de Grave

- Tederic Merger

A vélo.
Le paysage de la côte landaise et ses pistes cyclables ne trouvent pas grâce aux yeux du randonneur.
Le pays basque (et charnègue), avec ses frontons et ses fêtes, si !-)

Il y a bien un problème, et Gasconha.com a raison de s’y intéresser !
[Tederic]

Voir en ligne : Du pays Basque à la pointe de Grave

Grans de sau

  • Il a malheureusement un peu raison. Nos décideurs massacreurs de paysages devraient écouter ce Bourguignon.
    Je suis triste parfois. C’est vrai qu’après le Bassin, c’est l’horreur. Il faut vraiment être né là.
    Avant le bassin, c’est pas toujours jojo non plus. Il faudrait faire des pistes dans la zone dunaire. Sinon, c’est vrai que ce doit être d’un chiant !

    Réponse de Gasconha.com :
    "après le bassin" ? En allant dans quelle direction ? Soyez précis svp !-)

  • L’internaute décrit avant tout une côte landaise surpeuplée pendant l’été (c’est vrai) et un paysage "déso-lande".
    Sur ce dernier point, je ne suis pas d’accord, surtout sur la côte : il y a peu d’endroits en France aussi agréables que la lande sous les pins en plein été.
    Cette sensation, toutes les stations balnéaires de France ont tenté de l’émuler, que ce soit le Touquet et sa forêt de pins ou les stations charentaises.
    Idem en Bretagne où l’on a planté du pin maritime dans les Landes du Morbihan (vers Port-Louis).

    Un écho parallèle et distinct par un autre baroudeur du net :

    www.allersretours.com/index.php ?page=epj02

    www.allersretours.com/index.php ?page=epj03

  • Est-on bien touristifiés dans les Landes ?
    Franchement on s’en fout.
    Que ces gens ne reviennent plus me fait plaisir.
    La beauté n’est pas une obligation pour aimer un pays.
    Je n’ai jamais recommandé à personne de venir en vacances ici.
    La lande et la pinède ont pour moi une beauté secrète.
    Elle n’est pas faite pour des vacances commerciales que tous nos édiles s’efforcent de promouvoir.
    Le résultat est quasi nul, puisque à défaut d’en promouvoir l’âme on en détruit le décor, la seule chose qu’en perçoit le touriste !

  • Pèir. Il faut rendre la Lande à la Lande. La forêt sur le littoral, dans les Montagnes et le long des cours d’eau.
    Stop au maïs, stop à ces horribles asperges (les pins) qui tombent par millions au premier coup de vent.
    Exemple de Biscarrosse : Une forêt dunaire magnifique avec des arbres qui ont très bien résisté, la lande avec ses pins-asperges qui sont tombés comme à Gravelotte.
    Arnaudin avait raison.
    Oui, la lande ça devait être beau. Les alignements de la forêt industrielle, c’est très laid, c’est désespérant, j’y étouffe.
    Avec la forêt, les Landais ont perdu leur langue, leur paysage, leurs maisons vernaculaires (j’en sais quelque chose à Biscarrosse, où on voit très bien les strates chronologiques) leur âme.
    Et tout ça au profit de qui ? Les pins ? La plus scandaleuse affaire de spoliation du XIXe siècle.

  • "Merci pour ces lignes de poésie et de révolte. Je n’ai fait que traverser ton pays en un jour ou deux à l’heure du grand cirque touristique et dire ce que je ressentais de cette traversée ainsi que des rencontres.
    Heureusement qu’il a y ces rencontres pour rompre l’impression de monotonie.
    Dans une autre vie tu me promèneras quelques jours dans ton pays (en hiver) afin que je le connaisse mieux et en apprécie les beautés secrètes.
    Ce qu’il y a de sûr, même si Lo Pèir estime que le résultat est "quasi nul", c’est que les Landes sont fréquentées en été, certainement au bénéfice financier des landais et de ceux qui y investissent."

    Telle est ma réponse au commentaire posté sur mon blog réponse à laquelle j’ajouterai 3 points :

    1- le texte évoqué est à resituer dans le cadre du récit d’un tour de la France en bicyclette par côtes et frontières en autonomie complète et 42 jours pour 5400 km ;
    la perception des régions traversées ne se fait qu’au travers de sensations primaires (kinestésiques, olfactives, et visuelles principalement) et rapides (1 jour dans les landes).

    2- notre vielle France parie sur son attrait touristique pour ramener des devises et compenser son incapacité à entretenir une activité artisanale ou industrielle, du coup elle fait plus ou moins le tapin pour racoller le touriste.
    Les landes "vendent"-elles autre chose que du soleil, du sable fin, de l’océan, et ce qui va autour de ce que cherchent la majorité des touristes paresseux ?

    3- merci pour votre travail
    (désolé Vincent, mais dire "il y a peu d’endroits en France aussi agréables que la lande sous les pins en plein été", voyage un peu, mais rassure-toi il y a pire que vos forêts d’asperges !)

  • "Le coste gascoune" n’est pas seule dans la tourmente.
    Ce matin, à l’émission "Terre à terre" de France Culture, Jean-François Bernardini, chanteur d’I Muvrini et président de l’association pour une Fondation de Corse, nous le disait.
    Il a parlé d’un déferlement de vulgarité, de la culture de spectateur, de consommateur et de commentateur qui s’impose, de la perte des habitudes de solidarité...
    Il parle aussi de l’étouffement de la langue corse.
    Ces choses se lisent dans le paysage, en Corse comme en Gascogne.
    Escotar l’emission (2e partie de l’émission pour Jean-François Bernardini, mais la 1e partie est intéressante aussi).

  • Je maintiens ce que j’ai écrit : depuis Moscou jusqu’à Barbezieux, il n’y a qu’une longue plaine agricole et quelques lignes de coteaux agrémentées de clochers, la lande est le premier paysage original que l’on rencontre.
    Hier encore, j’étais sur la Bordeaux-Bayonne et je ne me souviens pas avoir vu en France un paysage aussi grisant (je n’ai pas dit beau) que ce désert de sable vers Magescq encadré de maigres pins faméliques, dominés à l’horizon par le bleu de La Rhune.
    Je connais assez la France, la Bretagne, la Normandie, la Champagne, les Ardennes, la Picardie, ... tout cela est souvent pittoresque, propret, français en fait.
    La lande telle que je l’idéalise, fruit d’années à l’arpenter, n’est ni pittoresque ni proprette, elle est irréductiblement autre chose loin des canons esthétiques classiques de la France.
    La lande, c’est déjà les Bardenas.

  • Les grands pins sous la chaleur d’été, au sommet d’un tuc qui surplombe un étang ou l’océan, le long de la Leyre ou autre petit cours d’eau au tapis de sable blanc, un airial avec ses chênes séculaires.
    Ca, vraiment, j’adore. Mais encore une fois, les alignements symétriques d’asperges, les champs de maïs qu’on arrose 24h/24 pendant deux mois et demi (quel sera le prix écologique de la culture intensive de cette saloperie de maïs ?) ça, je déteste vraiment.
    Tout va de pair. D’abord l’essence d’un pays qui disparaît, la lande.
    Au profit de qui ? Quelques hobereaux locaux qui ont eu les moyens de racheter, de spolier, les communaux.
    Quelques bourgeois bordelais qui ont flairé la bonne affaire, ont exploité les sauvages de la lande avec des contre maîtres locaux, en restant bien prudemment dans leurs maisons des Chartrons.
    Et puis les peigne-culs de Landais, qui n’ont plus eu la pelagre, certes, mais qui ont perdu leur âme.
    Etions-nous heureux avant les pins ? A vous de voir.

  • Vincent, je te recommande la bicyclette et les petites routes blanches sur nos cartes Michelin qu’elles soient bordées de vert ou non plutôt que la "Bordeaux - Bayonne", et si le coeur te dit de promenades autour et au coeur de la France : f6mig.over-blog.com

  • Je suis né dans un pays où il est impossible de faire 2km sans monter une côte de 4ème catégorie : ou bien naissait le nouvel Alberto Contador, ou bien comme mes semblables j’ai trouvé que la voiture était une fantastique invention.
    Je n’ai ainsi aucun blocage particulier à l’égard de la route, mieux je pense aujourd’hui qu’il vaut mieux une belle autoroute et de grandes artères que le petit monde étriqué des pavillons, ses pistes cyclables, ses trottoirs de 10 mètres de large. :)

    Plus sérieusement, le vélo est une formidable invention pour les petits trajets, la découverte touristique, le sport.
    Mais je pense qu’il en coûte trop cher aux écologistes de s’opposer idéologiquement à la voiture et autres moyens de transport rapides.
    Il suffit de voir en Aquitaine de quelle manière le boboïsme a été puni aux dernières élections régionales.

    Etant béarnais, je n’en reviens toujours pas de constater combien les Bayonnais sont proches de Bordeaux en temps quand partir de Pau vers la capitale régionale reste un périple interminable et dangereux. C’est une autre discussion.

    Et je maintiens une nouvelle fois : la Bayonne-Bordeaux qui traverse notre désert landais est géniale. Appréhender un pays par l’autoroute est chose fascinante qu’il s’agisse de l’entrée en Lot-et-Garonne depuis Bordeaux en allant vers Toulouse avec en arrière-plan les collines de l’Agenais, de la plongée en Comminges après le plateau de Lannemezan depuis Pau avec Saint-Gaudens en point de mire, de l’enchainement magique Pont d’Aquitaine-Pont de Cubzac pour dire adieu à la Gascogne.

  • Merci à ce Bourguignon voyageur de nous permettre de nous chamailler un instant entre nous gascons, mais n’est ce point là notre particularité…
    Monsieur Lartigue, Tiges ou pas tiges, je les aime moi ces pins…
    Ces maisons vernaculaires ont su s’adapter au nouveau paysage, il faut passer dans ces airials où il fait bon vivre, où tous les sens olfactifs sont en émois avec ses senteurs multiples : en toutes saisons

    Et puis j’aime aussi ce coté chiant d’alignement de pins parce que la lande à l’infini il y a 150 ans elle n’était peut être pas chiante non plus ?
    Il faut lire les carnets de voyage de l’époque pour voir que 150 ans plus tard d’autres personnes cette fois ci à vélo peuvent trouver la traversée des Landes très monotone… et alors on s’en fout.
    Vincent a raison La forêt landaise est unique en Europe de l’ouest (la seule que je connaisse bien) on ne trouve pas ce type de paysage ailleurs même à Fontainebleau où c’est là qu’ils ont fait les premiers essais avant de planter en Gascogne ! !

    Et dire que les Landais ont perdu leur âme... non ce n’est pas la foret qui leur a fait perdre leur âme, car ils avaient su s’adapter aux nouveaux besoins (lire Sargos).
    Plus de Berger certes, mais ils n’avaient pas prévu l’évolution technologique et que le pin ne servirait plus que pour du bois de placage et pour abriter les campings sur la cote.

  • Je suis d’accord avec Lo Pèir : la magie secrète de la lande, il faut peut-être y être né pour la ressentir.
    Mais une fois qu’on a senti en soi opérer le charme, c’est pour la vie.
    Et la mort, comme Manciet, qui voyagea loin et encore plus dans sa tête, mais insista pour reposer dans un trou de sable, sans autre aménagement.

    Oui, les longues barres des pins, qui s’arrêtent brutalement, mais se poursuivent dans le lointain, se découpent sur des ciels souvent grandioses, tourmentés, baroques, avec de longues pluies, avec les fougères rousses, avec l’odeur des cèpes, avec les taches mauves de la bruyère, oui, il monte de ces paysages une magie que je n’ai jamais - jamais je dis bien - retrouvée ailleurs.
    Est-ce parce que j’y suis né ?
    Peut-être... Je suis né à Pessac, au commencement - lo cap deu bòsc, ça ne s’invente pas - avant de grandir entre le Bazadais et la Grande-Lande, vers Moustey et Liposthey.
    Mais on n’aime pas forcément l’endroit où on est né ! Moi, par exemple, je n’ai jamais aimé le vignoble bordelais.

    Il y a dans la lande, surtout en hiver, une magie un peu sombre et mystérieuse (comme une cape de berger) qui sort de sous les pins avec un son de boha.
    Je ne fais pas de poésie de Prisunic, j’essaie de dire avec mes mots cette atmosphère, mais je n’y arrive pas.
    Je ne sais pas beaucoup d’adversaires de la forêt landaises qui aient pu demeurer insensibles à ce charme.

  • Si si Dàvid tu retranscris très bien cette atmosphère avec tes mots, cette magie secrete fait que l’on se laisse emporter par une poésie que cette forêt nous communique.

  • Je pense qu’il y a 2 attitudes face à la lande : un ennui profond, une "absence", un vide qui ne se comble pas de "l’extérieur". Il ne se comble que de "l’intérieur".
    C’est d’abord une nostalgie, une tristesse même, que l’on repousse, ou qui vous envahit, et qui ne vous quitte plus désormais.
    J’ai profondément aimé ce pays, chose que je n’ai jamais osé dire à quiconque tellement celà pouvait paraître étrange.
    Mais aujourd’hui ce pays est "dépeuplé" de son enchantement, de ses habitants profondément gascons, et tellement abandonnés culturellement de nos "élites" qui sont dans un "renoncement" criminel j’oserais dire.

  • Mercés, Tederic !
    Aquò’s un país qu’es tant car a mon còr...

    Réponse de Gasconha.com :
    Quin Tederic ? Cau precisar, adara !-) O los dus ?-)

  • Je trouve remarquable que dans ces grans de sau, déjà cinq personnes ont exprimé leur amour des landes.
    Avec moi, ça fait six !
    Je n’y suis pas né, je n’y ai pas vécu autrement qu’en vacances, mais la forêt landaise m’a marqué pour toujours.
    Odeur, sable (qui fait que les rivières landaises ne me font pas peur), toute cette végétation qu’on ne trouve que là : brana ("e abranon", dirait ma mère), heuguèra, nhèsta, gavarra...
    Avez-vous remarqué que, même dans des pinhadars très récents, il y a ce tapis végétal... qu’on ne trouve pas dans les champs de maïs ou de panneaux voltaïques.

    Maisons isolées sur l’airial...
    Dès qu’on met des mots, on a l’impression de ne pas être à la hauteur.
    Manciet m’agace un peu, pour ce que j’ai lu, par son acharnement à brouiller plutôt qu’à tenter d’expliquer.
    Mais je perçois qu’il était des nôtres !-)

    Alors, quand quelqu’un exprime son mépris de ce que nous aimons, c’est dur !
    Un peu comme un sacrilège.

    J’ai aussi vécu la démolition d’une maison landaise qui avait cristallisé mon sentiment, où j’étais allé quelque fois chercher le lait étant petit, à travers prés et bois (capvath prats e bòscs) : la Parguère. Je prends un peu ma vengeance sur le web.

    Francis le bourguignon, qui a mis le feu aux poudres en parlant de "désolandes", comprendra tout ça, parce qu’il exprime les mêmes sentiments par rapport au Jura de ses vacances d’autrefois.
    Et s’il venait une fois dans la lande profonde, peut-être succomberait-il.

    Adara, que har ?
    D’abord continuer à dire notre sentiment.
    Ensuite, c’est plus difficile, essayer d’agir pour sauver ce que nous aimons.
    Nous pouvons le faire ici par Gasconha.com, mais il y a bien d’autres moyens !
    Les landes ne resteront pas figées aux images de notre enfance, mais... nous qui les aimons, nous avons le devoir de mettre notre gran de sau sur leur devenir.
    C’est comme pour la Gascogne.

  • Je te comprends, Tederic, mais Manciet est un poète, pas un théoricien.
    On ne demande pas à Mallarmé ou à André Breton de parler comme des guides Michelin !
    On peut ne pas aimer Manciet (moi, j’adore) le trouver pompeux, lourd, obscur voire obscurantiste.
    Moi, je le trouve génial, à cause des images qu’il fait naître dans ma tête (c’est un merveilleux peintre impressionniste) et à cause de son génie à mêler le local et l’universel, le petit monde gascon de la route Bordeaux - Sabres, et le grand monde des régimes et des mythes.
    Je l’aime enfin pour l’extraordinaire qualité de sa langue, celle d’un locuteur naturel d’un gascon moins pur que riche, qui fait la fusion entre le neugue presque girondin (souche maternelle) et le parler clair du Marsan (souche paternelle).

  • Et puis, la lande, son génie est peut-être aussi d’avoir autant de visages !
    L’été, elle est vacancière, superficielle, les pins évoquent quelque pays d’été et de jeunesse. Ce n’est qu’une fête, tout au long des stations balnéaires, de Soulac à Anglet.
    Ce n’est pas l’aspect que j’aime le plus chez elle, loin de là, quand les grands pins prennent des airs de cocotiers. Mais la lande en été, surtout vers la côte, peut avoir un tel air de vacances... Même pour nous, autochtones.
    Puis elle se fait noire et vert sombre, c’est la lande d’octobre : celle des palombières, des planches noires au coeur des airials, des bérets, des vols bleus sur les ciels nuageux, des terrains de rugby au coeur des villages, le dimanche vers 16 heures...
    C’est là que la lande prend son génie, son mystère : les sous-bois de fougère s’envahissent de brume, l’air sent le champignon, la caluna, la fumée... C’est le temps des cruchades... Les hommes redeviennent aulhèirs taiseux.

    Rien n’est folklorique, dans ce que je dis : je l’ai vu, je l’ai vécu, je le vivrai encore ! Il y a sur cette terre plus de bérets, plus de frontons, plus de ballons ovales que partout ailleurs.
    Et les golfs (ah, un pratice sous les pins, fin août, à Lacanau ou à Biscarosse !).
    Et pourtant, je le dis de suite, je hais la corrida. Je ne cours pas après les bandas et les peñas.
    Je hais la première par convictions intimes (j’en ai vu). Le reste, c’est parce qu’elles relèvent d’une autre forme de colonisation, selon moi, laquelle, bien que consentie, n’en est pas moins une.
    Mais je sais que cela fait partie du décor, et je m’y résigne.

    Par contre, j’aime la course landaise, son agileté, son courage dépouillé de sang ou de voyeurisme.
    C’est un jeu qui ressemble aux Gascons : fier sans nulle arrogance castillane, physique et endurant, joyeux sans vulgarité...

  • David, je suis suis profondément imprégné par cette Grande Lande où j’ai grandi.
    Par les sonorités des voix du parler neugue, par les courses landaises que j’allais voir depuis tout petit à Parentis, par les odeurs et les couleurs de la forêt ou des bords de Leyre suivants les saisons, par le plaisir des premiers champignons, par les palombes et les bécasses.
    J’ai aussi gravé dans ma mémoire les saveurs et les odeurs des tues de cochons, l’odeur du maïs que ma grand-mère faisait chauffer devant la cheminée avec un peu de graisse pour gaver les canards.
    Toutes ces choses et beaucoup d’autres encore ont permis d’éveiller mes sens, et ont très fortement contribué à forger ma sensibilité.

    L’autre élément important qui a développé ma sensibilité c’est la corrida.
    Découverte en fin d’adolescence, elle m’a passionné au point d’essayer de pratiquer à un petit niveau.
    Je ne pourrai jamais savoir si c’est le fait d’être landais qui m’a permis d’aimer les toros, ou si c’est ce que m’a apporté la pratique de la tauromachie qui m’a permis de ressentir les choses de la Lande avec encore plus de force.
    Cependant il ne me viendrait jamais à l’idée pour expliquer ce que je ressens pour les Landes de parler de corrida.
    La corrida ne fait pas moins (ni plus) partie du patrimoine landais que le rugby (que j’apprécie énormément) dont vous parlez.
    Quand à la "colonisation" par les bandas (qui n’ont jamais prétendu jouer de la musique gasconne), elle est pour moi beaucoup moins réelle et sournoise que la "colonisation" occitane qui fait passer beaucoup de choses par l’école et par les médias sans que personne (à part sur ce site) ne puisse apporter de contradiction.

    Pour terminer, quand vous liez le fait d’aimer la lande à votre haine de la corrida, vous me faites penser aux animalistes qui ont infiltré les partis nationalistes catalans (côté espagnol), ou à Renaud qui allait sur tous les plateaux télé où il était invité pour parler d’Ingrid Bétencourt avec un tee-shirt "corrida non-merci"...

  • >Est-on bien touristifiés dans les Landes ?
    Franchement on s’en fout.
    Que ces gens ne reviennent plus me fait plaisir.
    La beauté n’est pas une obligation pour aimer un pays.
    Je n’ai jamais recommandé à personne de venir en vacances ici.
    La lande et la pinède ont pour moi une beauté secrète.
    Elle n’est pas faite pour des vacances commerciales que tous nos édiles s’efforcent de promouvoir.
    Le résultat est quasi nul, puisque à défaut d’en promouvoir l’âme on en détruit le décor, la seule chose qu’en perçoit le touriste !
    Auteur : Lo Pèir 21/07/10
    **************

    La petite landaise

    Je te salue Ninou, ma petite landaise
    le Bon Dieu est avec toi
    tu es bénie parmi les angelots
    et ta présence est bénie
    dans mes rêves de Paradis.

    Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne
    je partirai, joyeux, dans le soleil levant.
    J’irai par la forêt, des châteaux en Espagne
    pour écouter les chants, chuchotés par le vent.
    Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
    attentif aux oiseaux, guettant le moindre bruit,
    seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
    à l’affût de ta voix, le jour comme la nuit.
    Tu resteras toujours, libre et souveraine
    en te foutant, pas mal, de ce tourisme infâme,
    et moi j’écouterai la douce voix sereine
    de ton patois landais, qui enchante mon âme.
    ******************
    Bie£s mé tenden hardits !
    Ke soun biws... l’amne d’ou cos !
    Vieux mais sans cesse aventureux !
    On est vivant... l’âme du corps !
    ******************
    Je pense à toi quand je m’éveille
    et de loin, je te suis des yeux,
    je te revoie quand je sommeille,
    dans un songe mystérieux.
    Le seul bonheur auquel mon coeur aspire
    c’est d’écouter tes refrains les plus doux.
    Voilà, voilà, ce que je veux te dire,
    mais hélas, je mélange tout !

    Adiw Ninou, bisou bisou !

    Réponse de Gasconha.com :
    Ce ne sont donc pas six, mais, avec Garluche de le Lëyre, sept amoureux des landes qui se sont manifestés ici !

  • Je ne lie pas mon amour de la Lande à ma haine de la corrida, j’aime la Lande et je hais la corrida, c’est tout.
    Je suis bien un animaliste, le terme qui se veut blessant me va très bien. Corrida, non ! Et pas merci.
    Et c’est un fils d’aficionado, lui-même ancien spectateur del Juli, de Julian Lescarret et del Fandi qui parle !
    Le prétexte esthétique est devenu impuissant à excuser le voyeurisme quasi-pathologique de la tauromachie.
    Ce n’est que mon avis.

  • Ah ! Je trouve bien jolie cette ode aux landes, si on utilise la métaphore, déjà postée sur le blog de "Du pays Basque à la pointe de Grave "
    Il y a deux tédéric, pour éviter les confusions je vais utiliser un autre pseudo : "Cornalis"
    C’est le nom d’un lieu près de Morcenx qui depuis que je suis tout petit ne m’a jamais quitté.
    Pour deux raisons : d’une part parce que j’avais des cousins qui vivaient au quartier "Cornalis" et d’autre part parce que c’est un lieu symbolique pour les bergers de la Lande (on comprendra pourquoi, petit, je voulais faire berger) qui se regroupaient à cet endroit avant de monter aux pyrénées pour la transhumance.
    Ce lieu a été immortalisé par une photo d’Arnaudin où l’on voit une croix de chemin au milieu de nulle part.
    Je me réjouis que les Landes ne laissent pas indifférentes.
    Je préfère parler de la surface originelle des landes et non pas de l’erreur révolutionnaire lors de la création des départements : c’est un autre débat...
    Mais ces landes dont nous parlons, elles partent de la Chalosse jusqu’aux limites du vignoble en Gironde.
    Je vais peut être attiser d’autres réactions mais je ne vois pas de différences pour les ambiances et les images entre la région d’Hostens ou de Mios et celle de Labrit ou de Pontenx si ce n’est que l’architecture des habitations possède des différences.
    Vous avez tous exprimés ce sentiment d’amour des Landes comme un sentiment caché et très personnel, je pense que ce qu’elles évoquent surtout c’est l’âme gasconne et si nous réagissons si fortement, c’est que nous avons tous le sentiment (à l’unanimité) que cette âme est fragile et peut disparaitre.
    Lo Pèir l’a très bien dit "un pays dépeuplé de son enchantement… abandonné culturellement de nos élites"
    Je reste quand même persuadé que des actions sont menées dans le bon sens notamment par le Parc des Landes et de Gascogne mais est-ce que ce sera suffisant ? N’ac sèi pas.

    Le paysage change, les gens changent, nous sommes en période de mutation sociale, la mobilité est plus importante qu’autrefois.
    Comme le dis Tédéric M, nous avons le devoir de mettre notre gran de sau sur le devenir des Landes mais aussi de la Gascogne, mais nous devons aussi être acteur et proposer des idées, des choses même si c’est minime mais mettre un petit grain de sable plus un autre à terme nous aurons une dune !
    Bernard Manciet était une connaissance de ma famille maternelle (Sabres oblige), c’était un personnage il faut le dire passionné avec ce petit grain de folie gentillette qui caractérise ces poètes qui parlent avec leurs tripes, c’était sa façon géniale de nous communiquer son amour pour ce pays comme vous tous qui avez aussi différentes façons de l’exprimer mais ce qui compte au fond c’est le résultat :
    Nous sommes des amoureux de notre pays gascon et de notre culture.
    Amistats a touts

    Réponse de Gasconha.com :
    Nous passons donc du "gran de sau" au "gran de sable" !-)

  • D’ailleurs, je suis d’accord avec vous : le rugby est un apport extérieur, et ne relève pas des traditions landaises.
    On ne peut toutefois pas y voir un outil de colonisation britannique en Gascogne...
    Je ne pense pas qu’on parle beaucoup anglais autour des terrains de Tyrosse, Soustons ou Captieux.
    Par contre, la "sauce" espagnole des peñas, bandas et autres bodegas couvre mal une misère culturelle, celle de l’identité et des traditions gasconnes qui se sont évaporées.
    L’occitanisation... Je ne reprendrai pas le débat (Philippe Lartigue est en vacances) mais je crains fort que même elle soit impuissante à enrayer la francisation qui fait des villes comme Vieux-Boucau, Hossegor ou encore Mimizan des jardins pour Parisiens en goguette.

  • Landes.
    On ne trouve l’équivalent de cette forêt bordée d’océan nulle part en Europe (à part peut-être au nord de la Pologne ou de l’Allemagne mais là-haut, c’est pour de bon très triste, quoique beau aussi).

    J’admets qu’aimer cette vastitude (Arnaudin) aux chemins désormais bordés de tas de bois à 2 Euros le stère, réclame un élan du coeur que tout le monde n’a pas.
    On est libre de ses sentiments et il ne faut surtout pas se forcer.
    Mais les Landes sont aussi une part atlantique d’un pays nommé France, pays dont je ne connais pas de semblable au monde.
    Et au point où nous en sommes de notre longue histoire et de notre présence sur ce drap hexagonal, je recommande à tous ceux qui chipotent sur les asperges, les pins, les longues dunes, le silence, les couleurs du ciel et de la terre, la solitude, l’ennui, les chenilles urticantes, les bérets, entre autres détails, je recommande donc à ceux-là de bien réfléchir sur les éléments fort différents composant ce qu’il est convenu d’appeler un pays.

    Comme un chien a besoin de sa queue et un chat de ses moustaches, la France à besoin, pour être elle-même, de la diversité de ses paysages.
    Il en est de riants, d’autres, moins. Il en est de luxuriants, d’autres moins. Il en est d’opulents, et d’autres, moins.
    Il en est de majestueux par leur simple uniformité et par l’impression (fausse) d’austérité qu’ils dégagent.
    Les Landes sont de ceux-là mais pour le ressentir, il faut se donner la peine de regarder sous le toit sans fantaisie de la forêt, là où tout se passe pour qui veut simplement regarder.
    Il faut traquer la courbe sous la ligne droite, le vallon où coule le ru, la vie et la couleur, intenses, sous la fougère.
    Il faut voir l’océan furieux donner l’assaut à la masse de la forêt ployée par le vent et, lorsque la paix est revenue, s’émerveiller de leur coexistence pacifiée.
    Il faut, entre autres voyages, aller sur le courant d’Huchet, longer la Leyre, il faut s’enivrer de platitudes, observer jusqu’à la fascination les faîtes des arbres s’entremêler dans la brise.
    Il faut se donner le temps. Je vous jure que c’est possible, même en 2010.

    Landes.
    Elles furent une des plus importantes usines de France, où les hommes sortis d’un isolement millénaire s’affrontèrent aux sociétés industrielles.
    Elles furent (et sont toujours), sous leur paisible apparence, le théâtre de tragédies immenses, un champ de ruines inlassablement relevées par le tenace enracinement de leurs habitants.
    Cette fois encore, elles trouveront le moyen de se relever. Par amour de leur singularité, sans doute.

    PS : "de Moscou à Barbezieux... " Mon aïeul de Hagetmau fit le voyage aller-retour dans la Garde Impériale.
    Ses écrits semblent indiquer une assez grande variété de paysages. Mais c’est vrai qu’à pied et en sortant des nationales, on a le temps de saisir les nuances.
    Quant au retour à la lande d’Arnaudin, c’est un assez joli fantasme. Comme la bergère et ses moutons, l’échassier dominant le marais, la borde, les petites fées, les "oeils" magiques, etc.
    Mais on ne vivait guère vieux dans ce désert sublime et beau.
    Trente cinq ou quarante ans en moyenne. Bon, d’accord, la médecine a fait des progrès depuis, mais tout de même, "lou larzac-landès" , jouable, vraiment ?

    Réponse de Gasconha.com :
    Note au gasconha-naute :
    Alain Dubos est l’auteur de "Le Seigneur de la Haute Lande" qui a décidé bon nombre de parents (également amis des landes de Gascogne, on peut le supposer) à prénommer leur nouvelle née Linon, un des prénoms les plus commentés sur Gasconha.com.

  • Messieurs (et Mesdames ?), je vous laisse ; le débat semble bien lancé, largement au delà de ce mot "déso-lande" qui a mis le "feu au sable".

    J’aime vous entendre parler de votre pays avec passion et raison, j’aime moins les propos suffisants, et définitifs donc méprisants.

    Notre pays, notre Europe, notre monde n’est pas un puzzle à 2 pièces, les Landes et le reste : « longue plaine agricole et quelques lignes de coteaux agrémentées de clochers ».
    Pour fabriquer un champion cycliste il faut autre chose que des côtes de 4ème catégorie les plus faciles ; pot belge, EPO, génodopage…
    Je parcours environ 10 000 km de vélo par année, dont 1/10 pour aller et revenir du travail (au-boulot-a-velo), je suis très affligé de compter le nombre d’automobiles ne transportant que leur conducteur chaque jour pour aller au travail ou en fin de semaine pour aller au pain.

    Pour conduire une pensée ou un effort, faire vivre un pays, il faut autre chose que des grandes artères autoroutières, vous en apportez la preuve culturelle.
    « Déso-landes », je me permets de me citer :
    « Petit vent du nord, route des landes jetée sur le terrain comme une chaîne d’arpenteur aux maillons longs de 12 kilomètres. Lever du jour toujours magnifique, heureusement c’est au moins ça de pris, car en matière de paysage, l’étape sera "déso-landes", rien ne venant distraire le cyclo, sinon les traversées des rares agglomérations et la lecture assidue de la carte à l’affût du moindre petit croisement. Peu de monde. Maintenant qu’ils ont trouvé leur location, ils sont tous à la plage, ou à Andernos que je traverse à 10h50. Quelques kilomètres sur pistes cyclables, mais pas trop, car la succession des bosses et des stops devient à nouveau très vite lassante. »
    L’adjectif bricolé ne se rapporte qu’au paysage de l’étape. L’accueil d’un touriste aussi atypique qu’un cyclo randonneur dans les « hypermarchés du tourisme » n’est pas désolant que chez vous, ce jour-là et sur cet itinéraire.

    Je terminerai en me citant à nouveau : « … j’apprécie une région plus qu’une autre ?
    relief, couleurs, roches, luminosités, odeurs, volumes, architecture, couvert végétal, activité humaine et productions, gastronomie, histoire.
    … je n’ai pas envie de séjourner, mais plutôt de fuir un endroit ? bétonnés, sur-fréquentés, pollués, surexploités, surexposés ; ils en deviennent à la fois fades et écœurants ; miroirs aux alouettes de nos instincts de consommateurs.
    voyager à bicyclette permet de s’imprégner pleinement d’un pays. Tous les sens sont sollicités 24 heures sur 24. Nos mémoires jubilent comme des enfants à l’école et en récréation. Elles retrouvent, comparent, apprennent, jaugent, et retiennent odeurs, couleurs, goûts, luminosités, déclivités, températures, rencontres humaines. On retiendra d’autant plus ces leçons, qu’on est allé les chercher soi même, à l’aide de ses propres capacités, sans polluer, sans déranger.
    Le cheminement impose des traversées non désirées. On ne s’échappe pas comme ça du laid, de l’ennuyeux, aussi facilement qu’un bouchon sur autoroute qui se dilue. Il faut pédaler, vigilant à tout instant, gagner lentement sa sortie, faire "contre mauvaise fortune, bon cœur", puis, malgré soi, petit à petit, trouver intérêt aussi à côtoyer ce qu’à priori on n’aurait pas goûté.

    De Nice à 19 heures, de Grau du roi un jeudi, de la nationale 112 d’après le Castellas, je garderai, entre autres :
    les souvenirs de ce " kéké " et de sa poule paramétrant son GPS en obstruant une file de circulation devant un feu tricolore pourtant bien vert ;
    cet arrosage continu du terre plein central d’une route de front de mer ombragée de pins parasols majestueux ;
    ces deux jeunes européens de l’est, peut-être sans papiers, réveillés par la circulation sous leur pont squatté me saluant de leurs cris. »

    Adi, wédersah, ikus arte, kenavo, salutu, adessiatz, … Francis

    Réponse de Gasconha.com :
    Adiu Francis ! (je pense que nous pouvons nous tutoyer entre lecteurs de paysage et découvreurs du monde)

    Merci pour ton "grain de sable" qui a lancé un débat fondamental pour les Landes de Gascogne.

    Le vélo devrait être un moyen idéal dé "traquer la courbe sous la ligne droite, le vallon où coule le ru, la vie et la couleur, intenses, sous la fougère" selon les mots d’Alain Dubos.

    Je souhaite que tu reviennes un jour et envoies à ton blog des échos plus favorables, soit que les Landes auront changé, soit que tu les traverseras autrement.

    [Tederic lou webmèste]


  • Tu as tout à fait raison Tédéric, et avec l’énergie qui se dégage dans ces grans de sau, tout ça est bien prometteur.

  • Oui, merci. Voilà un beau prétexte qui nous a été donné de dire l’amour de notre terre.
    Dommage, justement, qu’il nous faille un prétexte pour ça :/.
    Celui qui, ayant beaucoup voyagé (comme ce monsieur, comme Manciet, comme je l’ai un tout petit peu fait aussi) et qui dit son amour charnel de sa terre,
    Est-il forcément un lyrique illuminé ou un poujadiste à l’esprit étroit ?
    Non ! Car nous avons tous laissé notre coeur
    [pour la suite du gran de sau, reportez-vous au nouveau fil de discussion sur les landes]

    Réponse de Gasconha.com :
    David et les autres, pardonnez-moi : pour des raisons de mise en page, j’ouvre un nouveau fil, dont ce gran de sau sera le premier.
    Le débat sur les Landes doit continuer, ici et ailleurs. Comment est-il possible qu’il ne se tienne pas ailleurs, ou si peu ?
    Comme pour la Gascogne, nous devons être ambitieux et exigeants pour les Landes de Gascogne !
    [Tederic]

  • J’aimerais savoir quelque chose.
    Quelles sont les methodes modernes de nos sylviculteurs ?
    Quelles varietes ont-ils plante pour que ce soit si laid, que ca creve et que ca tombe aussi facilement ?
    Ce n’est pas une blague, je suis vraiment beotien dans ce domaine.

  • Presque cinc ans qu’an passat !
    Pensi que los nostes punts de vista n’an pas talament cambiat. Lo noste amor de las lanas tanpau...

    E la situacion suu terren ? las causas que cambian chic a chic, n’èi pas l’impression que s’amelhoren, qui sap ?


Un gran de sau ?

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