Extraits d’un livre de Txillardegi

- Tederic Merger

"Extraits d’un livre assez intéressant par une figure du nationalisme basque (Txillardegi) qui possède encore une vision régionale assez large du phénomène basque dont la Gascogne est partie prenante en tant qu’héritière d’une des deux Vasconies telles que définies par Jaurgain : la Vasconie aquitaine.
Des approximations linguistiques évidemment."

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Grans de sau

  • Les extraits du livre témoignent, si besoin en était, qu’il existe effectivement une culture commune à toute la Vasconie (entre Garonne et Ebre).
    Cet ouvrage mentionne notamment l’ancienne étendue du proto-basque en Aquitaine, et, par exemple, dans les Landes et en Bigorre.
    Cette vision d’une "grande Vasconie" semble être à même d’offrir la possibilité d’une défense et d’une promotion tant de la culture basque que de la culture gasconne dans le cadre d’une Europe des régions, où les régions auraient des contours historiques ou culturels crédibles et pas seulement des limites purement administratives.
    A une époque où les populations sont fragilisées par la crise économique et sociale, la promotion de valeurs authentiques et historiques m’apparaît salvatrice.

    Plusieurs éléments témoignent en faveur de la pertinence d’une "Grande Vasconie", d’un point de vue culturel :


     le Gascon (avec ses variantes que sont le béarnais, et, en Espagne, l’aranais) est une langue à part entière qu’on ne peut comprendre que si on prend en compte ses spécificités linguistiques irréductibles liées à son enracinement pré-basque.
    Bien qu’étant une langue romane, le gascon ne peut donc être assimilé à l’occitan et être intégré à une quelconque "occitanie" (nom employé la première fois au XIV ème siècle par le pouvoir royal pour mieux l’opposer, justement, à l’Aquitania dans le giron anglais depuis le XII ème siècle, mais, en réalité quasiment indépendante.

     Les Gascons et les Basques ont une histoire commune puisqu’il faut attendre le Xème siècle pour que Gascons et Basques soient effectivement différenciés de part leur langue.

     Toutefois, le commerce et les relations transpyrénéennes n’ont jamais été intérrompues entre les deux peuples-frères.

     Au XIVeme siécle, un Etat béarnais se crée. Cet état, qui observe une politique d’équilibre entre France et Angleterre pendant la guerre de cent ans va s’étendre jusqu’à former un ensemble cohérent avec la Navarre. Cet état dispose de "fors" (franchises comme en pays -Basque) et normalise la langue vernaculaire qu’est le béarnais.

     Plus récemment, des recherches linguistiques alliées à des recherches génétiques sur les origines des populations entre Garonne et Ebre ("Etude des populations et singularité linguistique du pays-Basque par B.Oyharçabal, en 2005) ont constaté qu’il existait une coïncidence surprenante entre la limite d’extension maximale du basque, et la carte génétique des populations de la région.
    Concrètement, il y a bien corrélation entre l’extension de la seule langue pré-indoeuropéenne existant sur le continent, et une spécificité génétique des populations de la région centrée sur cette même zone aquitano-ibérique (entre Garonne et Ebre).
    Le projet HIPVAL qui a étudié les populations entre Cantabria et Haut-Aragon/Bigorre d’ouest en est, et, entre la Chalosse et la province de Burgos, du nord au sud a confirmé des particularités génétiques inhérentes aux populations de ces régions liées sans doute à l’enracinement du peuple proto-basque en cette zone depuis le paléolithique.

    Conclusion : il s’ensuit donc qu’il existe bien une origine commune (linguistique, génétique), des traits culturels communs entre Pays-Basque et Gascogne.
    Parler d’une Vasconie englobant ces deux espaces-frères est donc tout à fait pertinent : cela donnerait un nouvel horizon au pays-basque et permettrait à la Gascogne de s’émanciper et de s’affirmer, d’un point de vue culturel et linguistique, face à une Occitanie avec qui elle partage moins qu’avec l’ensemble vascon.
    Les deux cultures soeurs, basque et gasconne, pourraient ainsi s’enrichir mutuellement et se renforcer dans le cadre des Eurorégions.
    Elles pourraient ainsi cultiver leur singularité au sein de l’espace européen et promouvoir leurs langues (le basque et le gascon). Encore faudrait-il que les populations vivant dans ces régions en aient conscience..
    Suis je seul à penser ainsi ?
    Adichat !

  • J’aurais écrit la même chose au mot près.
    Je suis persuadé pour résumer, que les Gascons portent une culture basco-pyrénéenne exprimée dans une langue romane qui elle-même exprime cette filiation.

    Maintenant, c’est un peu une situation du passé. Mais à la manière de Monsieur Jourdain, je crois que les Gascons d’aujourd’hui vasconisent sans s’en rendre compte : de nombreux éléments de la culture populaire du Sud-Ouest français sont la preuve d’une communauté de civilisation, parfois par l’entremise de faits culturels un peu minables, mais soit.

    Elément le plus déterminant à mon avis : la géographie.
    On la change difficilement et l’ancienne Gascogne en était le produit.
    Les vallées de l’Adour et de la Garonne ne vont pas disparaître demain, pas plus que la façade atlantique ou les Pyrénées.
    Les avatars contemporains des réseaux de communication confirment tous les jours la pertinence de l’espace gascon. Le seul défi sera de "coller" à ces mutations et d’y introduire une dimension identitaire qui peut-être si l’on si prend assez tôt, pourra déboucher sur une revendication administrative (dans un premier temps, la fusion Aquitaine et Midi-Pyrénées).

    On voit très clairement que ce qu’il reste de mouvement régional en Gascogne ne s’achemine pas du tout vers ces thématiques, alors, s’il faut tuer le père...

  • Voilà que l’idée de la Grande Vasconie des Vascons-Gascons met à mal les projets d’un département basque et la mythique Occitanie !
    Le découpage idéal va être difficile à trouver à l’heure du projet de réforme des collectivités locales et territoriales !

    Boû die a touts !

    jmcasamayou

    • La promotion de la Vasconie n’est à mon avis contradictoire ni avec l’Occitanie (au sens de réalité historico-lingüistique) ni avec un département basque.

      1. Pour moi, la Gascogne est l’intersection entre Vasconie et Occitanie.

      2. La réforme des collectivités locales peut aboutir (pas tout de suite) à la montée en puissance de collectivités locales comme des communautés d’agglomération élargies, qui pourraient regrouper des communes urbaines et rurales, jusqu’à une taille voisine, par exemple, de celle du Labourd.
      Donc, peut-être pas un département basque, mais une communauté de ce type par province basque française (Labourd, Basse Navarre, Soule) ?

      Entà estar mei clar :
      La Vasconia n’a pas besonh deu departament 64 entà existir, pr’amor que despassa 10 cops aqueth departament, en populacion e en superficia.

      Je verrais bien une collectivité locale du Béarn, et une collectivité locale organisée autour de Bayonne incluant le sud de l’actuel département des Landes.
      Cette dernière serait basco-gasconne, donc particulièrement vasconne, mais après tout, si la Gascogne est vasconne dans son entier, le Béarn est aussi très vascon !
      Et aussi, peut-être, une communauté basque située entre les deux, en pays basque intérieur ?
      Mais c’est aux populations concernées de décider. Lo dret de decidir !-)

  • Je pense aussi la même chose. Pour moi les langues gasconnes et la langue basque forment une grande unité culturelle : la Vasconie !!
    Et il n’y a qu’à voir l’architecture des maisons (les mêmes de Bordeaux jusqu’à Bilbao).
    Après peut-être que ces 2 langues n’en forment finalement qu’une seule. Je n’aime pas utiliser le terme dépréciatif de dialecte (dire par exemple que les dialectes basques font partie intégrante des langues gasconnes).
    Adixats

    • Non, on ne peut pas dire que le gascon est un dialecte du basque !
      C’est une langue romane.
      Par contre, l’on peut dire que le gascon est la langue romane des Basques avec le castillan : l’ambigu Krutwig disait que du fait des circonstances historiques, le gascon était d’ailleurs moins connoté pour les Basques que le castillan (les deux étant cependant des langues romanes des confins basques).

      Je pense également que la Gascogne est le point de convergence entre la culture basco-pyrénéenne et la Romanie méridionale.
      Je ne crois pas en l’existence de l’Occitanie même linguistiquement : c’est un artéfact.
      Par contre, l’existence d’un univers roman et méridional est indéniable : catalan, languedocien, l’ancien aragonais également, sont des ponts entre Ibéro-Romanie et Gallo-Romanie.

  • Qu’èi credut e participat com d’auts au mite de l’Occitània ; Qu’i a ua realitat de las lengas arromanas, solide.
    Mès aquò ne hè pas un país.
    La Vasconia conten mei de realitats : l’istòria (A l’Atge Mejan), la geografia, l’Ocean, lo climat, las practicas culturaus, esportivas, l’arquitectura, los escambis umans (superficiaus, mès reaus).
    Fauta d’un projècte "nacionau" la Vasconia a tot a ganhar a perseguir, apregondir los escambis de tot òrdi.

  • Finalement, je voudrais revenir au livre de Txillardegi :
    ce qui m’a spécialement marqué, c’est son refus de la fatalité qui, au fil des siècles, par une volonté des puissants et une résignation des faibles, a réduit subrepticement, progressivement, inexorablement, la taille du pays basque.
    La Gascogne, après avoir faiblement participé à ce processus d’effacement de la basquité, a subi, elle aussi, et subit encore un processus de diminution, qui pourrait même faire entrevoir une mise à mort...

  • Txillardegi hil da. Gizon handi bat izan zen.

    Réponse de Gasconha.com :
    Arrevirada en gascon :
    Txillardegi qu’ei mort. Qu’estot un "grand homme" (quin cau díser ?).


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