Yan Cozian et la boha (bouhe) de Gasconha

- Gerard Saint-Gaudens

Dans le dernier numéro du Bulletin de la Société de borda, Yan Cozian, l’excellent musicien qui a sauvé la "boha" (cornemuse des pays landais) lance une pétition contre l’initiative de l’association "Bohaires de Gasconha" qui demande la protection et l’appellation de "boha de Gasconha" pour cet instrument.
A ses yeux la "boha" (dont il ne donne pas la prononciation phonétique à l’intention des non gasconisants) doit être reconnue exclusivement comme "boha de las Landas de Gasconha".
Bien qu’un certain centralisme gascon ne soit pas nécessairement à encourager, la cause parait un peu médiocre malgré toute l’estime que l’on peut et doit porter à l’initiateur de cette pétition.
Mais cela révèle aussi la force insoupçonnée des patriotismes départementaux qui se manifestent même là où on les attendrait le moins.
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boha = cornemuse des Landes de Gascogne

Grans de sau

  • Je n’y connais rien, mais ça ne m’empêchera pas de mettre mon gran de sau, et je me mettrai ainsi tout le monde à dos !-)
    Je trouve a biste de nas étonnante voir inquiétante la démarche de demander une appellation contrôlée pour la boha de Gasconha, et encore plus bizarre, de l’autre côté, de vouloir s’opposer au nom en le réduisant aux Landes.
    Est-ce que cet instrument n’était joué que dans les Landes (départementales ? géographiques ?) ?
    Je croyais que la musique circulait...
    Enfin "boha de las Landas de Gasconha" est de mauvaise langue, puisque "boha" est gascon, alors que "landas" ne l’est pas.
    Enfin, si c’est pour prononcer "boà", il vaudrait mieux écrire "bouhe" !

  • Le bouhe de leus Lanes de Gascougne, qué !

    Elle était jouée traditionnellement dans la moitié sud de la Gironde, et l’est encore (Uzeste...). Les appellations étaient :
    > boha en Bazadais
    > chalemina en Bazadais, à Captieux, dans le Val de l’Eyre, en Buch (cf la chanson bazadaise Chaleminaire m’i vòli botar, per me ganhar mon praube dejunar)
    > boha-au-sac en Bazadais, vers Bordeaux, dans le sud du Médoc, ainsi que dans la Grande Lande. Il semblerait que le mot soit masculin en Gironde et féminin dans la Grande Lande.
    > bonlora dans la Haute Lande girondine

    Il est aussi amusant de noter le mot chabreta (prononcer tyabréte) en Bazadais et même... dans le nord de l’Entre-deux-Mers. Mais ce n’est peut-être pas le même instrument.

  • En fait, Cozian écrit en français dans le Bulletin "la boha des Landes de Gascogne" ; la traduction hâtive "landas" est une erreur de mon fait.
    Il reconnait certes qu’elle est aussi employée au sud de la Gironde et quelques recoins du Lot et Garonne.
    Gaby : la "chalemia" (tchalemie) est-elle exactement le même instrument que la "boha" (bouhe en franco-phonétique) ? Je n’en suis pas sûr.
    Pour "cornemuse" Palay ne donne que "bouhe" et "bouhe au sac"...

  • Bon, finalement, Cozian se réfère aux landes géographiques. Je comprends mieux. Enfin, de là à faire une pétition...
    Et son souci d’exactitude mène à une désignation un peu lourde, et si on se met d’accord sur "bouhe des Landes de Gascogne", ça finira vite en "bouhe des Landes", et la Gascogne passera alors à la trappe, et pour le coup ce sera encore plus imprécis, puisqu’il pourra s’agir des Landes bretonnes ou de Lüneburg (Allemagne - tiens, d’où ça me sort, ça ?)...

  • Adishatz
    Nous sommes dans une problématique de traduction de nom du gascon vers le français. Le mot est boha (bouhe) ou boha au sac (bouhaussac), jusqu’à maintenant était traduit en français sous le vocable : cornemuse des landes de Gascogne et par extension cornemuse landaise (tous les ouvrages scientifiques depuis les années 30 sont là pour en témoigner). Ce nom a été donné car les instruments retrouvés l’ont été sur cette aire géographique : Landes - Lot et Garonne et Gironde. Il est intéressant que vous vous posiez la question sur le pourquoi d’où vient cette volonté de modification du nom c’est fait Pour qui et Pour quoi ? Des pistes de réponses dans mon article.
    Ce que je trouve discutable dans le premier billet de ce blog c’est de retraduire une traduction. Boha en Gascon, c’est boha. Il n’y a aucune raison de le traduire en boha de las landas. En plus les anciens auraient dit "de la grana lana" (grane lane). Car effectivement à la lecture de cette retraduction que je n’ai jamais évoquée on est en droit de s’intérroger du bien fondé de défendre notre patrimoine.
    Pour plus d’info : http://petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2015N48066

  • Entendu : la bouhe est la cornemuse des landes (de Gascogne ou pas, à préciser selon les contextes : le monde ne se réduit pas aux terminologies officielles).

    Mais pour quelle raison cette cornemuse ne serait pas la cornemuse de Gascogne ? Existe-t-il des types de cornemuses ailleurs en Gascogne que dans les landes gasconnes qui justifierait la précision landaise ?

    Pour le reste, je crois très important, en français, de graphier bouhe, pour que la prononciation correcte soit rendue au mieux (plus grand monde n’aspirera le h mais soit).

  • Il est vrai que la boha (bouhe) (bonlora (bounloure), chalemina (tialemine) ou boha-au-sac (bouhaussac)) semble être la seule cornemuse de Gascogne. On a bien la bodega languedocienne qui aurait été importée en Ariège (http://www.couleur-lauragais.fr/pages/journaux/2008/cl108/loisir.htm) mais ça semble être dans une époque révolue ; on trouve aussi ce nom dans le Gers mais ça doit être la proximité de Toulouse (?). D’autre part, comme je le mentionnais, la chabreta présente en Brannais doit être qualifiée de périgourdine ou limousine (migrations le long de la Dordogne) et de toute façon on n’est plus vraiment en Gascogne.

    La boha peut être considérée comme la seule cornemuse originaire de Gascogne, et comme étant uniquement typique de la Gascogne. Mais, en plus de cela, elle semble ne pas avoir été pratiquée en dehors des Landes (sensu lato : y compris Landes bazadaises, Petites Landes...) : donc, pourquoi pas "cornemuse des Landes de Gascogne" ?

  • Palay donne aussi "boudégue" pour "cornemuse".
    Juste une petite remarque : il me semble que Yan Cozian, avec tout le travail qu’il fait pour promouvoir depuis des années la "boha" à travers la Gascogne (et même jusqu’en Bretagne ) et avec son talent indiscutable, mérite que ses arguments, légitimes à mon avis, soient pris en considération. C’est quand même un super professionnel, et à ce titre il a certainement son mot à dire.
    J’ai signé avec conviction cette pétition.
    Pour ceux qui demandent les raisons de l’appellation "cornemuse des landes" et pas de Gascogne, Y.C précise que les instruments retrouvés l’ont été sur une aire géographique réduite.

  • Le dernier numéro(4è trimestre 2015) du bulletin de la Société de Borda publie une réfutation en trois pages et deux cartes de la pétition de Yann Cozian par M.Leriche-Lafaurie,président de l’association "Bohaires de Gasconha".Pour résumer , celui-ci justifie sa position par deux points essentiels (je tais les autres qui me paraissent seulement conjoncturels) :

     l’appellation "cornemuse landaise" , justifiée par Yann Cozian par son usage traditionnel dans les diverses Landes de Gascogne(Grandes et petites landes,lande girondine) a glissé vers un sens départemental qui est finalement inexact(on ne jouait pas de la bouhe en Chalosse) ;

     on ne peut ignorer qu’il y a eu rupture de tradition entre 1959 (mort du dernier bouhayre landais traditionnel) et 1970 date du début du renouveau de la bouhe,dans plusieurs terroirs gascons (pas seulement landais ni au sens géographique ni au sens départemental) voire un peu au delà (agglomération toulousaine apparemment). La bouhe retrouvée est donc bel et bien devenue "gasconne" tout court.

    C’est sans doute ce que Yann Cozian pourra discuter:une interruption de 11 ans est-elle une véritable interruption justifiant un changement de nom qu’il estime sans doute traditionnel et donc en principe intouchable ? (je le laisse corriger mon interprétation éventuellement s’il lit ces lignes).
    Gaby dans son post ci-dessus semble être le témoin d’une relative continuité.La question va sans doute continuer à faire couler encre et salive (mais au fond,tant mieux:elle fait parler de la bouhe et donne au gens envie de s’y intéresser !).
    En tous cas et c’est pour moi le plus surprenant,cette brève interruption de 11 années suffirait légalement à rendre impossible l’appellation PCI (patrimoine culturel immatériel) International auprès de l’UNESCO ; par contre, elle n’invaliderait pas la demande d’inscription en PCI français. Pour une fois que le centralisme français a du bon ...

  • Que sèi qu’i a ua "cornemusa" aranesa tabé. Que l’aperèvan "eth bot". Bernat Ménétrier deth Ostau Comengés que hè ua conferença sus aqueth "bot" aranés.
    Qu’i ua carta de l’ALG suu mòt "cornemuse".

  • C’est vrai que l’on peut parler de "raideurs et d’agacements" comme vous le dites dans la rubrique armoiries de gascogne, et cela est d’autant plus vrai quand on lit dans ce droit de réponse que Yan Cozian est membre fondateur et président d’honneur de « Bohaires de Gasconha ».
    À noter que cette association a également adressé un courriel à tous les signataires identifiés, dont je fais partie, pour leur communiquer cette réfutation.
    (J’aimerai vous le transmettre mais je ne sais pas comment procéder.)

    [Je la mets en lien ici :

    Réfutation par "Bohaires de Gasconha" de la pétition initiée par Y. Cozian
    Télécharger (1.3 Mo)

    Tederic M.]

  • au nom du collectif : Boha des landes de Gascogne, je me permets de vous inviter à une réunion d’information qui se déroulera demain vendredi 5 février à 18h30 à Soustons - Pôle associatif - Salle Résano.
    Vous pourrez ainsi avoir communication de la teneur et de l’enjeu de ce sujet et poser vos questions.
    bien cordialement
    Yan

  • Merci Yan pour votre invitation.Je ne sais si des gasconhautes pourront y participer mais vous pourrez toujours nous adresser l’information qui vous semblera utile.
    Bien évidemment gasconha.com formule des voeux pour que cette querelle entre "bohaires" tous attachés à la musique et aux traditions gasconnes s’aplanisse au plus vite et au mieux.

  • Bravo pour ce déplacement vers la capitale mondiale des cornemuseux.Mais c’est sans doute un raccourci typiquement journalistique d’écrire que ce voyage a pour but de protester contre une "dépossession" d’un pan du patrimoine départemental :la différence entre Gascogne et Landes de Gascogne doit bien passer à mille lieues de la tête des Ecossais ( et à quelques mètres de la mienne,je dois dire ) !

  • Bonjour, adishatz
    Le sujet est tranché et validé par le ministère de la culture. Après un an d’actions et de tentatives de dialogue, la boha {}bouhe portera officiellement le nom français historique de "cornemuse des landes de Gascogne"
    Bien sûr cela n’empêchera personne de la nommer selon ses envies.
    Ce qui s’est passé autour de ce patrimoine vivant qu’est la boha {}bouhe {}est remarquable.
    Une mobilisation de plus en plus importante s’est mise en place, elle fut portée par des joueurs de cornemuses, de musiciens, de défenseurs de la culture, de l’histoire, du patrimoine ou d’amoureux des landes. Cet écho amplifié par les élus et les médias, notamment Sud Ouest et Radio France Bleu Gascogne, a prouvé que la pratique de notre boha dépasse largement la sphère de Bohaires de Gasconha.
    Merci à vous d’avoir participé à ce mouvement par la circulation de la parole.
    Merci à ceux qui ont cru en la légitimité de l’action du collectif "Boha des landes de Gascogne".
    Le seul bémol (je vous demande par avance d’excuser mon manque de pratique de ce type d’exercice) j’ai été très gêné par l’anonymat des interlocuteurs. Pour ma part, j’ai communiqué pour le compte du collectif à nom découvert. Il me semble que cette transparence pourrait-être garante de propos mesurés et assumés.

  • Adishatz et salut à mon ami Yan,

    Dans les Correspondances de Félix Arnaudin, page 417, lettre 522, Arnaudin écrit à Vigneau qu’un de ses cousins (Dourthe ?) "sous les drapeaux à Corfou, a assisté à un concert donné par les Serbes. Les officiers ont dansé une ronde qui était absolument notre ronde landaise. Jugez de ma surprise et si j’ai été remué ! Depuis, j’ai vu encore de simples soldats serbes danser la même ronde aux sons d’une cornemuse, -notre bouhe- et un instant j’ai eu l’illusion de me retrouver sur la terre natale, hélas si lointaine ! Le Diable m’emporte et je n’ai pu maîtriser mon émotion : une larme m’est venue aux yeux."

    Page 421, Dourthe répond à une lettre de Félix :
    " Si les Serbes ont des danses rappelant nos rondeaux landais, leurs coutumes n’ont rien de commun avec les nôtres. L’expression Biou coum un Serbi (Serbi traduit par Serbe) est bien impropre. Nos alliés reconnaissants n’ont rien de l’agilité ni de la vivacité des Landais".

    - Arnaudin traduit "vif comme un cerf" -

  • Cela me rappelle les "casse cans" hongrois ,ornés de banderoles multicolores et recueillant les billets des incités à la noce,vus l’autre été dans la campagne hongroise.La Grande Lande,un pays d’Europe centrale qui s’ignore !


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