"Coteaux et Landes de Gascogne" et "Center Parcs"

- Tederic Merger

Rien que cette phrase m’a fait tiquer :
"C’est le sujet du siècle pour notre communauté de communes ! "

Je relève aussi que la proximité d’un village est un critère d’exclusion pour l’installation d’un "Center Parc"... Mais peut-être qu’il pourraient bâtir un airial landais dans leur parc, sur le mode "Disneyland" ? Encore trop régional ?

[Tederic M.]

"Center Parcs La vitrine du Lot-et-Garonne" Tederic M.

Voir en ligne : [Sud-Ouest]

Grans de sau

  • Je reviens à la charge.
    Cet empressement de nos hommes politiques locaux autour d’une implantation de "Center Parcs" mérite d’être analysée. Voici en vrac quelques réflexions :

     Je ne broderai pas sur le fait que dans "parc", il y a "parquer" ; mais il s’agit quand même de construire un domaine fermé de 120 ha (1,2 km²) avec contrôle à l’entrée, comme dans une résidence sénior, ou peut-être au Club Méditerranée...
    Que nous sommes loin de l’airial landais, des chemins forestiers ouverts à tous ! Tout n’était pas permis, mais il y avait peu de barrières physiques volontaires.

     Il se confirme que l’espace landais, vu de l’extérieur comme vide, est constamment menacé d’amputations : terrains militaires, fermes solaires, méga-champs de maïs... Ne pourrait-on au moins faire le "Center Parc" dans une ancienne sablière ? L’espace serait déjà clôturé, et il y aurait des plans d’eau et du sable blanc.

     Déshérence landaise ou gasconne (déshérence = non transmission d’héritage) : le président de la Communauté de communes, d’étiquette PCF, un héritier politique, donc, de Renaud Jean (mouvement des métayers dans le Marmandais, député PCF dans les années 30...) voit dans l’implantation d’une usine de loisirs hors sol à culture mondialisée anglo-saxonne la chance du siècle pour ses administrés.

     Incohérence : quand des emplois sont supposés venir*, les discours de nos chefs locaux (Conseil départemental...) sur le culturel, le développement durable, le lien social, n’ont plus de prise. La culture n’est plus "transversale", elle n’irrigue plus, elle doit rester à sa place. Rappel : un critère d’exclusion pour l’installation d’un Center Parc serait "la proximité d’un village" [Sud-Ouest].

     Encore un effet métropolitain en Gascogne profonde : ce Center Parc veut desservir à la fois Bordeaux et Toulouse (exigence de la proximité d’un échangeur autoroutier pour y accéder rapidement depuis ces deux villes). On devine que sans elles, il n’y aurait pas le potentiel de clientèle nécessaire.

    * Comme toujours, les emplois créés ici seront pris ailleurs, là où ces clients toulousains ou bordelais vont tant qu’il n’y a pas ce "Center Parc".

  • La question de l’emploi mérite d’être posée : les autochtones sont-ils formés à ces métiers du tourisme ? Les appels à candidatures ne seront-ils pas nationaux ? Auquel cas, c’est une famille qui viendra d’ailleurs, certes, cela fait un emploi, un foyer fiscal en plus, mais quel aura été la valeur ajoutée de la création ?

  • Les emplois locaux en zone rurale qui ne trouvent pas de main-d’oeuvre qualifiée locale... ça c’est un problème sérieux dont je peux témoigner.

    Notamment parce qu’aujourd’hui, les créations de structures en zone rurale demandent au moins un ou deux postes (la direction et souvent un deuxième) avec une qualification particulière. Pour ces deux postes clés comment ça marche : vous publiez une offre d’emploi.
    Et aujourd’hui, avec internet, et le marché de l’emploi étant ce qu’il est, tout le monde postule partout, effectivement c’est au moins régional, vite national. Vous retenez quatre ou cinq candidats. Un sera du lieu ou des environs immédiats. Deux seront de la petite région. Les deux restant de bien plus loin.

    Je ne vous cache rien, il est rare (eh be une chance sur cinq, statistiquement) que le candidat du coin soit le plus "convaincant". C’est souvent un jeune qui n’a pas assez d’expérience. Il ira trouver son premier boulot en ville du coup.
    Ou un quniqua qui se reconvertit. Vous êtes le recruteur, c’est à dire petit entrepreneur ou élu local. Vous ne voulez pas prendre de risque c’est bien compliqué de monter quelque chose et ce recrutement, ça fait au moins un an que vous le préparez. Petite structure, énorme risque si vous loupez le recrutement. Autre possibilité (comme ici le Center Park) vous êtes une grande structure ou un franchisé, vous avez vos réseaux de recrutement propre... nationaux ! Vous méconnaissez la main d’oeuvre locale et peu vous importe, pas besoin.

    Ces cas de figure, c’est du vécu dans ma commune, rurale et touristique, type "chef-lieu de canton" avec équipements, PMEs et services. Création de crèche, direction d’office de tourisme, direction des services municipaux, chargé de mission événementiel, directeur de station ski, d’établissement thermal, conducteur de travaux, gérant de commerce, ingénieur... autant de postes raflés par des personnes de l’extérieur. Qui font parfois deux heures de route pour venir bosser ! Et les pinpins de ma génération, connaissant la vie locale, en train chercher du boulot en ville ou pour ceux qui ont chopé un CDi, le fameux logement périurbain qui vous met à mi-distance du boulot et de la vallée.
    Là on s’arrête et on se dit... ke dizeren ke ja kawkarre ki deskuno !

    C’est sur les postes à moyenne qualification que la proportion de locaux est plus élevée. Mais sur les postes saisonniers ou précaires, il y a à nouveau beaucoup travailleurs pauvres de l’extérieur.

  • Et au passage, puisque sur ce site on est soucieux de culture vernaculaire. Dans les zones touristiques au moins, le mécanisme de recrutement à l’extérieur ou de non-recrutement local que je viens de décrire n’est pas pour rien dans son.

    Quand je vois comme j’ai changé depuis que je vis en ville. Toutes les chansons dont je me perds les paroles. Le fait que je n’entends presque plus parler patois. Et là-bas, ils parlent de plus en plus systématiquement français dans toutes les circonstances, y’a toujours quelqu’un qui comprendrait pas sinon. Et même, on parle français mais avec un univers de français très standard : commerçants et employés sans accent, références différentes. ça change l’ambiance. Pour le meilleur et pour le pire.

    J’en veux pas aws horo-biengüts d’être plus dynamiques que les natifs, au contraire j’ai honte. Et ça me fait deuil parce que, comme pour beaucoup de ce que nous perdons, nous devons d’abord nous en prendre à nous-mêmes. Qui a vendu les terrains et les granges pour les maisons de vacances ? Qui préfère construire un pavillon à la sortie du village que retaper la maison de famille ou supporter les grands-parents ? Qui n’a pas voulu se casser le bol à faire des études ? Qui préfère vivre à Pau ? Qui recherche le confort du salariat et du coup laisse d’autres prendre l’initiative économique ?

    C’est le cas dans beaucoup de bourgs ruraux "attractifs" je crois. C’est moindre dans les petits villages et hameaux, ou là il y a quand même la question des résidences secondaires, et pas d’emploi pour les jeunes de toute façon...


Un gran de sau ?

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