L’Université Toulouse II-le Mirail devient "Toulouse Jean-Jaurès"

- Tederic Merger

Dommage d’abandonner un nom enraciné, gascon ou occitan, et qui peut symboliser la fonction d’observation du monde qu’a aussi une université !

miralh = miroir, tour d'observation

La lecture de quelques réactions de lecteurs dans le forum de "La Dépêche" laisse penser qu’il s’agissait peut-être aussi de dissocier cette université du quartier populaire dont elle portait le nom... Dans ce cas, la motivation serait contraire à l’idéal de celui qu’on veut honorer.

[Tederic M.]


Propositions de noms de stations de métro pour Toulouse Vincent.P

Voir en ligne : L’article de "La Dépêche"

Grans de sau

  • Et puis Jean Jaurès, il y en a un peu hartère ... La mythologie républicaine autour de Jaurès dans certains secteurs est quelque peu surjouée : l’homme était grand mais il ne représente plus rien qui parle aux gens d’aujourd’hui.

  • Toujours ce gôut des "grands ancêtres" en effet, supposés nous apporter l’universalité que nous n’aurions pas naturellement ...
    Cela dit, Jaurès n’était pas hostile aux langues régionales ; il semble même avoir fait du chemin entre 1909 et 1911 en leur faveur comme le montre l’étude un peu "brut de décoffrage" mais bien intéressante de Jean Lafitte (rechercher par moteur de recherche - Jaurès et les langues régionales - un lien du genre
    xa.yimg.com/kq/groups/.../Jaurès+et+les+“langues+régionales”.pdf ).
    Elle cite une étude de l’universitaire allemande Ulrike Brummer et celle parue en 1926 sous la plume de l’écrivain gascon Camelat en 1926 "l’ensegnamen de la léngue mayrane e Jean Jaures".

  • Les universités plutôt qu’un numéro (surtout quand ce n’est pas le n°I !) cherchent à se trouver un "saint patron". A Clermont-Ferrand II c’est Blaise Pascal ; l’autre université, l’Université d’Auvergne (Clermont I) elle, a le centre de recherche Michel de l’Hôpital le copain d’Henri quatre pour avoir une référence.
    Personnellement, je trouve que Jaurès n’est pas si éculé que cela, d’abord c’est un très bon universitaire, philosophe de formation et auteur d’une histoire de la révolution française pas mal faite du tout, il se trouve que je l’ai lue.
    Mais surtout, et cela c’est tout de même d’actualité Jaurès, en ces temps d’anniversaire, a jusqu’à son assassinat cherché à arrêter la guerre. C’est pour cela que attribuer son nom n’est pas scandaleux.
    Quand on voit dans nos villages la saignée qu’a été cette boucherie, et comment tous les jeunes hommes ont disparu, on se dit que son action contre la guerre mérite d’avoir sa mémoire perpétuée.
    Car je crois qu’une des causes aussi de cette uniformisation, de ce nivellement, de l’oubli des traditions et de l’exode de tous nos gascons c’est que cette guerre de 1914-1918, a totalement détruit les fondements de la vie commune, des ressources, des modes de vie, si on va voir les monuments aux morts on se rend compte de tout ce qui a du mourir avec ces hommes : les courses landaises ici, les parties de quilles de 9 là, certains endroits ont été désertés, les formes qui auraient pu être transmises ne l’ont pas été et à peine 20 ans plus tard cela repartait et des gars quittaient pour cinq ans leur Gascogne, ils en reviendront acculturés à tout autre chose.
    Alors, je trouve que Jaurès n’est pas un nom si mal choisi, car il a à voir par son opposition forte et efficace à la guerre avec la défense de quelque chose dont nous regrettons la disparition.
    De toutes les façons les gens continueront à dire le Mirail, comme à Paris on dit Jussieu en parlant de Paris VI, ou Censier en parlant de Paris III, le lieu (ici les stations de métro ) reste la référence, à mon avis ce qui va disparaître c’est Toulouse II, mais pas Toulouse le Mirail, en plus si il y a une station de métro de ce nom, le nom de Mirail sera toujours d’usage et sera la seule façon de se désigner pour tous les universitaires.

  • Jean Jaurès est un homme estimable, encore que l’on peut s’interroger sur l’adéquation de la personne à une université axée sur les sciences humaines. Ajoutons que ce parrainage ancre avec plus de force encore dans le paysage universitaire toulousain la dichotomie entre le campus de gauche de la rive gauche et le campus de droite de la rive droite (la Fac de droit de Compans, à peine compensée par la présence de l’IEP).

    Au demeurant, le plus irritant, ce n’est pas le choix de Jaurès, c’est celui de la disparition d’un toponyme gascon de l’officialité admnistrative, ce qui avec un décalage de quelques années, peut entraîner la même disparition dans le cadre des conversations informelles. Aujourd’hui à Bordeaux, on va voir les Girondins à "Chaban". Il aura suffi d’une décennie.

    J’ajoute tout de même que Jaurès est assez envahissant comme référence, le nombre de lieux de Gascogne qui ont perdu leur nom pour cause de "Jean Jaurès" (et dans la même lignée thématique de "Place de Verdun" et autres "Cours de la Marne") est trop élevé. Jean Jaurès n’est pas à mon sens une figure locale, il est avant tout un homme de la Nation.

    Quant à la référence à 14-18, je crois qu’elle n’a plus aucune valeur de nos jours.

  • Et l’avis de JM Minovez, l’actuel président Ce serait intéressant de le connaître...

  • Quequio... jo qüan estudiabi acera parlabi de "Rangulh" e güaire de "Pau Sabater"... Labets lo monde tirara dab "Lo miralh" e/o "Joan Jaurès", que supousi. Que disi engüera "Lescure" a Bordeu !

  • Entièrement d’accord sur le ridicule de ce changement de nom.
     En dehors de Toulouse, qui connaît le quartier ’chaud’ du Mirail ? Je ne pense pas que changer le nom changera quoi que ce soit dans l’image à l’export de l’université.
     Jean Jaurès, j’admire beaucoup l’homme et son oeuvre. Mais qu’est ce que c’est bateau comme nom. Ils ont du longuement hésiter avec Victor Hugo...

  • Les universitaires, en France du moins, habitent pour la plupart leur bulle et ne se soucient guère de références locales et régionales.

    Jean-Jaurès (désormais à trait d’union)... Un de plus parmi des milliers. Ici, c’est consensuel, méridional et fransquillon, donc idéal. Uniformisation idéologique du paysage.

    Peut-être l’envie pour des universitaires "spécialistes" de s’auto-congratuler. Tout grand homme a ses parasites post-mortem.

    La Guerre Quatorze, suicide programmé, détermine encore étroitement l’histoire européenne, collective et familiale, même si l’on n’en a plus conscience. Les hommes célèbres de ces époques sont passés. Jaurès - pauvre de lui ! - est au Panthéon. Il doit s’y ennuyer ferme.

  • Le pire, c’est les jeunes (genre collégiens, lycéens), qui n’ont connu que les formes actuelles. Exemple, à Bordeaux, influencés par la voix du tram : "j’habite à Hôtel de Ville" (sans article, évidemment) et autres "à Quinconces", "à Victoire", "Peksotto", ... Si je dis à ma petite soeur "on se retrouve à Pey Berland" elle ne va pas comprendre !!! Et quand je dis "Peychotto" elle rigole bien !


Un gran de sau ?

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