Navèth cd de "Lous de L’Ouzoum"

- Tederic Merger

Los cantaires de l’Ozom que son uros de presentar lo nabeth cd "l’array de
l’estele".

Voir en ligne : www.ouzoum.com

Grans de sau

  • Un groupe vraiment excellent qui combine des voix pyrénéennes puissantes et des mélodies à la guitare, avec de nombreuses créations. J’aime moins quand ils plaquent des paroles sur des airs à la mode (Vino Griego, ...) mais cela reste de facture admirable.

  • Dommage qu’ils se soient déclarés ouvertement en faveur de l’IBG en participant à quelques manifestations de cette organisation... Le nouveau CD est sympa mais pas à la hauteur du précédent qui restera une référence.

  • Pourquoi dommage ? Doit-on obligatoirement se déclarer occitaniste quand on est un groupe de musique ? Nadau a fait le choix de l’occitanisme et cela ne remet pas en cause sa qualité et son succès. Ce commentaire est plein de sous-entendus avec "l’organisation...". Et la liberté d’expression ?

    En daban Biarnés dap Lous de L’Ouzoum !

    jmcasa

  • Je ne demande pas à ce qu’on se déclare occitaniste... bien au contraire. En revanche, je pense effectivement qu’il est dommage qu’un groupe tel que Lous de l’Ouzoum ou "Los de l’Ouzom" (peu importe l’écriture) prenne ce type de position qui ne fait qu’alimenter une guéguerre ridicule qui selon moi n’a pas lieu d’être... Chacun a ses idées, respectons-les mais ne les imposons pas. Il y a aujourd’hui un principe de réalité : la langue, qu’on l’appelle béarnais, gascon ou occitan, se meurt. Le chant sera certainement l’une de ses dernières expressions. Je trouve donc dommage que certains groupes rentrent dans ce jeu (quelque soit leur camp) qui, selon moi, ne leur apportera rien et qui au bout du compte ne fera qu’accélérer le déclin de la langue.

  • Petite remarque supplémentaire.
    Je viens de constater que Lous de l’Ouzoum a choisi d’écrire "Ouzoum" et non pas "Ouzom". Selon wikipedia la graphie Ouzoum est celle utilisée dans la partie bigourdane de cette vallée et Ouzom correspond à la graphie utilisée dans la partie béarnaise. Alors Lous de l’Ouzoum est-il un groupe béarnais ou bigourdan ? Compliqué tout ça et pas très cohérent même si au fond on s’en fiche pas mal non ???

  • Je me souviens d’un ancien boulanger de Tonneins dont j’ai hélas appris la disparition, fan de Lous de L’Ouzoum, et qui voulait même les faire venir en concert.
    Il m’avait prêté leur cassette "Adishatz", et vu que c’était marqué dessus "Los...", il n’a rien voulu entendre quand je lui ai expliqué que "Los" se lisait "Lous". Il pensait que dans les Pyrénées on disait "los"...

  • Il n’est pas anodin de se déclarer occitaniste ou béarnisant, même artistiquement, étant entendu que les deux mouvements ont une conception du chant traditionnel parfois irréconciliable.

    Je trouve que sous la bannière occitanistes, nous avons eu de grands artistes (Nadau, Tisné, les Baudoin, ...) mais que dernièrement, cet imaginaire est tari : il n’y a plus grand chose de très plaisant, la nouvelle génération fait dans le rock ethnique ou le sous-Massilia, ce peut être agréable mais cela reste de la world music assez apatride pour le coup, si l’on fait exception de la langue utilisée.

    Alors, pour ma part, j’avouerai éprouver du plaisir à voir que survivent des groupes comme Lous de l’Ouzoum* ou Lous Esbarrits de Cardesse, dans un moule plus béarnisant, qui produisent des chansons originales de qualité, avec de belles voix, masculines comme féminines, des harmonisations simples et entraînantes. Il y a quelque chose d’un peu rétro qui me rappelle quand il y a encore 10 ans, la radio en Béarn (Radio Mélody, La Voix du Béarn, ...) passait tout ça.

    Je regrette que les Bigourdans soient plus acculturés : les dernières productions sont constituées de reprises de standards populaires français (du Sardou !). Cela ne parle plus vraiment du pays. Cela dit, je suis de ceux qui pensent qu’Alfred Rolland avait fait bien du mal dès l’origine.

    * : Le débat sur la graphie d’Ouzoum n’a aucun sens, la prononciation est [u’zum], le maintien à l’écrit de l’ancien o ouvert qui s’est fermé en phonétique gasconne est un accident dû à la force de l’écrit.

  • Béarnais et Bigourdans=Gascons ! Lous de l’Ouzoum sont des chanteurs de qualité qui écrivent leurs textes et qui font vivre la langue !

  • Les bigourdans seraient "acculturés". Voilà l’illustration parfaite de ce qu’amène systématiquement cette guerre créée par l’IBG : du mépris, de la méchanceté, un renfermement sur soi, la recherche du "pur" c’est à dire un extrémisme qui peut très vite devenir nauséabond et effrayant.
    Les bigourdans sont en train de relancer de façon extraordinaire le chant polyphonique avec de très nombreux groupes de jeunes qui ont le mérite de savoir vivre avec leur temps et regarder devant eux tout en s’inspirant du passé. La transmission doit prendre assise dans le présent sinon elle n’existe pas. Dans cet esprit, il existe "les clarins de Bigorre" qui ont réactualisés le clarin pyrénéen, instrument oublié et quasiment disparu.
    La Bigorre est tout aussi dynamique et tout aussi respectable que le Béarn. Tout le reste n’est que verbiage et bavardages lancés par quelques recruteurs extrémistes qui avancent masqués.
    La graphie "Ouzoum" ou "Ouzom" correspond, semble-t-il, à l’histoire de cette vallée et fait très certainement sens pour ses habitants. Je reste persuadé que ce groupe n’a pas choisi cette orthographe au hasard car cela correspond à leur histoire. C’est d’ailleurs tout ce qui fait la richesse de nos contrées qu’elles soient béarnaises, bigourdannes, basques, catalanes, bretonnes, alsaciennes, aragonaises...

  • Étant un quart bigourdan, et absolument pas IBGiste, je confirme néanmoins que ce que laissent transparaître les groupes de musique bigourdane, c’est bien de l’acculturation : du chant polyphonique chiant comme la pluie à la Alfred Roland ou des reprises de standards du Big Bazar voire des Beatles.

    Usage du gascon médiocre voire inexistant, thématiques françaises, ... Je me fous pas mal de la qualité vocale quand le fond est aussi nouille. Cela rejoint pas mal au fond l’apparence contemporaine des Hautes-Pyrénées, ce ramassis de pavillons rosacés. Capvern !

  • Lous de l’Ouzoum coy supèr !! Adori musiques coume "Espé dé pats" ou "Adichats". Mès aouré mèy balut qué lés paraoules dé lurs cansouns estùssin boutades éntèyremén én grafiye fonétique (ou alibertine, mès qu’èsti coérén !)

    Voir en ligne : http://losarmoneir.unblog.fr

  • En ce qui concerne l’architecture, les "pavillons rosacées" ne sont malheureusement pas le propre de certains secteurs des Hautes-Pyrénées, on retrouve exactement la même chose dans 9/10ème des lotissements béarnais. Ce sont là les pouvoirs publics qu’il faut mettre en cause car ce sont eux qui sont garants d’une urbanisation harmonieuse. Il suffit de traverser la plaine de Nay, la région oloronnaise ou l’agglomération paloise pour réaliser l’étendue des dégats.
    En ce qui concerne ta vision du chant haut-pyrénéen, ne te limite pas aux "Bandoulets". De très nombreux groupes ont fait leur apparition. Un vrai travail de formation des jeunes a été entrepris à l’image de ce qui se fait avec succès en Corse.
    Le chant polyphonique haut-pyrénéen n’est pas plus niais qu’un autre. Les paroles de nombreux standards béarnais ne vont pas chercher loin non plus... L’hymne de la section paloise est une musique irlandaise que l’on retrouve d’ailleurs. On retrouve cette même musique dans le CD de "Lous de l’Ouzoum" avec pour titre "Nouste lengue"... Tu vois ce que je veux dire ????

  • Non, la situation est pire dans les Hautes-Pyrénées qu’en Béarn. Étant issu de ces deux provinces, avec tout le pessimisme qui est le mien pour le Béarn, je constate néanmoins une plus forte acculturation en Bigorre et pays adjacents, montagne exceptée.

    Cela s’explique très facilement par le fait que la Bigorre a connu la révolution industrielle, pas le Béarn qui n’est en contact avec la modernité que depuis Lacq.

    Du reste, certains signes comme "Honha" prononcé "Ougnà" ou ce rididicule hymne celtique pour la Section tendent à prouver que cela se casse assez vite la gueule en Béarn aussi.

    NB : La plaine de Nay et l’Oloronais sont justement plutôt épargnés pour ce qui est de la provençalite. Notamment Oloron, moins les villages aux alentours. Pau, oui, c’est moche. Mais je reviens de La Rochelle et je n’ai jamais vu autant d’agglomérats provençaux de ma vie, en pleine campagne, dans toute la Charente-Maritime. Ébouriffant.

  • Il est amusant de constater que parfois on leur reproche " d’obéir aux ordres de la croix occitane" (voir un forum de 2010 à leur sujet), et cette fois-ci à ceux de l’IBG. Peut être veulent-ils simplement montrer un esprit de tolérance en n’excluant personne.Et si on regarde le livret de leur dernier CD, les textes sont écrits avec l’une ou l’autre des graphies !
    Moi je retiens surtout la qualité des chansons des voix et des instruments, qui a toujours été leur signature ...

  • Fais la route entre Nay et Pau et on en recause. Je devrais même dire entre le MacDo de Bénéjacq et celui de Pau... Mais j’imagine que les Mac Do béarnais sont plus cultivés et "plus enracinés dans la pureté de leurs racines béarnaises " que les misérables Mac Do populaires bigourdans...

    • La route entre Pau et Nay est très belle. Une élégante déviation pour qui aime les sensations en bagnole sur fond de Gabizos violacé, et accessoirement pour les navetteurs qui travaillent à Pau (ou des Palois qui vont vers Nay, j’en connais). Les petites routes parallèles qui passent par les anciens bourgs sont toujours là, évidemment, pour les touristes. Non, cette "route" au sens large n’a rien de rédhibitoire.

      Il y a un McDo et une zone commerciale près de Coarraze ? Et alors ? C’est la modernité. J’aime aller manger chez McDo. La culture américaine est forte parce qu’elle s’exporte et séduit, sans être subventionnée d’ailleurs. A nous de nous en inspirer, et de faire de ces McDos un élément parmi d’autres dans un éventail très large de choix.

      Bref, j’espère que nous pouvons élever cette conversation vers autre chose que la constatation désabusée que les modes de vie changent. Oui, ils changent, à nous de proposer autre chose, ou alors de nous adapter à la demande nouvelle en lui conférant une valeur ajoutée gasconne.

      Pour le reste, je confirme, encore et toujours : si le Béarn est bien mal en point, la Bigorre est un chaos identitaire, notamment dans la plaine de Tarbes, tout le long de l’Adour (Vic et Maubourguet, l’horreur !) et vers Lannemezan. Un no man’s land pour urbains qui fuient l’IDF ou Toulouse. Zéro culture autochtone encore vivace, paysages défigurés partout, midi-pyrénéïsation en marche dans les esprits. Ma dernière promenade dans les environs tend à me faire croire que cela gagne Bagnères désormais.

  • "Chaos identitaire, zéro culture autochtone, midi pyrénéisation en marche" : non mais vous vous rendez compte de ce que vous dites ???? Sur quel faits, quels chiffres vous basez-vous pour de tels jugements ? Avec le formidable outil qu’est Internet et un peu de bonne volonté, vous aurez tôt fait de voir tout le travail qui est fait dans ces régions. Votre dédain est affligeant. Votre discours est l’écho de celui d’un certain parti politique.

  • Je fais confiance à Vincent pour répondre.
    Mès totun...
    "Votre discours est l’écho de celui d’un certain parti politique." : Lequel ??? Le FN je suppose, mais je ne vois pas ce qu’il vient faire ici. Ah oui, le mot "identitaire" ? Ce n’est pas un gros mot à mon avis, même si, comme les mots "national" et "socialisme", il peut aussi justifier l’horreur.
    Ceux qui suivent les contributions de Vincent P. sur le site et ailleurs savent qu’il lit les paysages. Il voit de nouvelles maisons de type vaguement méditerranéen en Piémont pyrénéen, ou dans les Landes, et y décèle, à juste raison selon moi, un "chaos identitaire".
    Il a la chance (comme béarnais, il est proche) de pouvoir comparer avec le Pays basque...
    Il tient compte aussi du chamboulement de population, par l’arrivée massive de jeunes ou de vieux ménages venus de loin.
    Quand on tient à transmettre quelque chose de la langue, de l’architecture, de la cuisine (etc. - voir les rubriques de Gasconha.com) de nos ancêtres, il est vital de se poser la question de ceux qui sont maintenant ici et ont d’autres ancêtres ! Ils ne sont pas forcément contre ce qui est "de nouste", mais enfin, ils ne connaissent pas... et si les autochtones eux-mêmes ne sont pas fidèles à leur héritage, rien ne leur sera transmis !

    Les faits, nous les voyons. Il suffit d’observer. Moi, je vais sur les vide-greniers du dimanche. Comme sondage de la culture ambiante, je trouve que c’est bien.
    Les chiffres, l’INSEE en donne, sur les mouvements de population. Mais la simple consultation d’annuaires téléphoniques, ou de séries de boîtes aux lettres d’immeuble ou de lotissements, est parlante pour ceux qui savent reconnaître les noms gascons.

    "le formidable outil qu’est Internet et un peu de bonne volonté" permettront sans doute de débusquer des gens qui font un travail de transmission. Gasconha.com tente depuis des années de les mettre en ligam.

    Mais regardons la réalité en face, telle qu’elle apparait d’emblée, sans sélection, crue, cruelle souvent !

  • Même si je peux vous rejoindre sur certains points, je regrette simplement ce dénigrement des hautes-pyrénées. La problématique est exactement la même dans les Pyrénées-Atlantiques. A Pau, aujourd’hui on parle quand même bien plus souvent pointu que béarnais non ???
    Je viens de m’attarder un peu sur les textes de ce nouveau cd de Lous de l’Ouzoum... puisqu’on est sur un fil qui les concerne... Certains (à mon goût mais c’est très subjectif) sont sympas : "L’alet de la tèrra", "Lo temps d’abans", "Dou printemps a l’iber", "Atau lo monde", "Mes jo que sei". Pour le reste... pas grand chose à dire... Dommage quand même de retrouver un air irlandais pour une chanson intitulé "nouste lengue" dont les paroles maladroites veulent défendre la langue et donc l’identité béarnaise.
    Parfois mieux vaut ne pas comprendre la langue justement et simplement apprécier les voix... qui elles sont agréables. Mais encore une fois tout ceci n’est que mon avis.

  • L’adjectif "identitaire" n’est pas un gros mot. Une personne consciente de son identité a plus de facilités à accepter la culture de l’autre.
    Alors, c’est terriblement déconcertant de parler de chaos identitaire en "Gascougno", mais c’est la dure réalité. Il vaut mieux tout reconstruire à partir de ce constat que de se voiler la face.

    Allez faire un tour à Saint-Gaudens, Bagnères-de-Luchon, Tarbes, Pau, Mont-de-Marsan, Dax, Auch, Biscarosse, Marmande, Bordeaux, Bayonne (je ne parle pas du fait basque là)... Et citez-moi ce qui sonne local, ce qui sonne gascon au sens large ?
    C’est tout au plus le cliché du Sud-ouest foie gras-vin-rugby, "avé l’accint". Et encore, on est en train de délaisser tout notre bon vin pour du Ricard.
    D’ailleurs, quels seraient les critères les plus marquants de ce chaos identitaire ? La perte de l’accent, de la langue, de l’architecture, de la gastronomie locale, de la toponymie ?

    Je pense à un reportage télévisé tourné à Peyrehorade dans les Landes, "Choeur de Village" diffusé sur France 3.
    Ah, los Tilholèrs de Peirahorada...
    Sur D8, à propos de cette émission, un bouffon télévisuel parlait de ce joli village comme de la "France profonde". J’ai éteint la télé. Et ne me demandez pas ce que je faisais sur D8.
    Tout ça pour dire, est-ce qu’il aurait employé ce terme de France profonde si le reportage avait été tourné dans un village corse, basque ou encore breton ? Non. Et c’est significatif de ce que pensent beaucoup de Français.

    Ensuite, vous parliez du FN un peu plus haut. Je considère la légère montée du FN en Gascogne comme une des preuves du chaos identitaire gascon.
    Pour finir, certains internautes ne partageront peut-être pas mon avis, mais on est aussi là pour échanger des idées.
    N’y voyez là aucun sentiment "anti-franximand" : je préfère voir une vieille "bòrda" laissée à l’abandon plutôt que de voir un couple, jeune ou moins jeune, d’où qu’ils soient, la rénover et y apposer un drapeau tricolore. Car c’est d’un côté la modernité et de l’autre la République française qui l’auront indirectement délabrée des siècles durant.

    Totun, siatz hardits (!) e hètz beròi !

  • Solide, Tederic !!
    Lhèu ne ’m soi pas plan esprimit, òc...

    Donc un grand OUI à la rénovation de nos "bòrdas", mais SANS le drapeau tricolore.

  • L’arrivée de jeunes ménages venus de loin ? Mon Dieu, mais quelle horreur !!
    Je pose une question à Tederic : moi qui, en Béarn, enseigne la lenga nosta tous les jours, suis-je un vrai gascon, alors que mon patronyme est franchimand et que la moitié de mes grands-parents n’avaient pas d’origines gasconnes ?
    Je force un peu le trait, je comprends le problème que peut poser une certaine forme de substitution de population du point de vue de la pérennité de notre culture. Mais à mon avis le mal est plus profond et vient de plus loin.
    Si les gascons eux-même étaient moins timorés et assumaient franchement leur culture, non seulement le problème de sa survie se poserait de façon moins dramatique, mais cela donnerait peut-être aux nouveaux arrivants l’envie de s’y intéresser et de se l’approprier.
    Mais force est de constater que beaucoup de gascons chimiquement purs qu’il m’a été donné de connaître sont plus des français du sud-ouest que des gascons.
    Je ne suis pas loin d’être d’accord avec Halip Lartiga quand il dénonce un côté "couille molle" que nous avons tous vis à vis de notre culture. Mettez deux basques au milieu de dix francophones, ils parleront basque spontanément. Mettez un francophone au milieux de dix locuteurs gascons, ils se mettront à parler français.
    Je ne sais pas si la culture française ou les nouveaux arrivants tueront la culture gasconne mais beaucoup de gascons seront coupable de non-assistance à culture en danger...

  • La périurbanisation des campagnes en France pose le problème des migrations internes à notre pays : la tendance est bien à la fuite des classes moyennes des villes qui introduisent alors une nouvelle sociologie là où ils entendent faire souche, au pays du pavillon rose pas cher. L’évolution du vote FN me semble un marqueur intéressant de cette nouvelle France des grandes périphéries urbaines.

    Dans l’idéal, on aimerait que les nouveaux venus rencontrent une culture gasconne forte et qu’ils la trouvent intéressante, à tout le moins tellement puissante qu’elle s’imposerait à eux, et qu’elle imprégnerait alors leurs enfants. Ce n’est évidemment pas ce qui se passe. Par la faute même des autochtones dont la culture est très dégénérée (agriculteurs à casquette et rugby, la France RMC). Par la faute des nouveaux venus qui se font les vecteurs du républicanisme français le plus stéréotypé.

    Bref, c’est bien foutu. Et si l’on regarde l’exemple basque, on se rend compte en effet que ce qui joue avec le plus de force, c’est la fierté des autochtones qui regardent d’un mauvais œil l’étranger qui n’adopte pas les us et coutumes. Ce n’est pas très glorieux, mais c’est la vérité des petits villages du Pays Basque profond. L’étranger est contraint d’adopter la sociologie des lieux, parce qu’elle est envoutante, parce qu’on l’y contraint.

    Bien évidemment, un tel projet n’est pas très sexy, ni très progressiste, je ne le souhaite pas à titre personnel, de toute façon, il ne pourrait pas prendre après l’acculturation décisive du 20ème siècle (massacres de 14-18, substitution de populations, école républicaine, les 30 Glorieuses).

    Je ne vois plus grand chose à faire en l’état de nos forces, je pense que je me contenterais bien d’un vague combat pour les paysages et l’architecture, quelque chose qui relèverait de la carte postale en somme. En tout état de cause, on peut dire en l’absence de projet néo-gascon pour l’avenir que sont "Gascons" les derniers autochtones. Il n’y aura plus de Gascons d’ici 30 ans. Quant à la Gascogne, tiraillée entre Bordeaux et Toulouse, pardon, entre l’Aquitaine et Midi-Pyrénées, pas plus je dirais.

  • Oui, comme tu le dis le problème vient de plus loin et, à mon avis, des autochtones eux-même qui se sont laissé acculturer.
    Pour ce qui est des zones pavillonnaires, je partage ta répulsion et, effectivement, de récentes études de sociologie ont montré l’influence de ce type d’habitat sur la prévalence de comportements individualistes, voire du vote FN.
    De plus ce n’est pas en transformant nos villages en dortoirs pour une population qui fait 30 bornes pour aller au boulot qu’on les ferra revivre.
    Il y a une responsabilité très forte des constructeurs qui enlaidissent nos territoires avec des avec des cubes de béton rosâtres ou jaune moutarde inspirés (pensent-ils) des maisons provençales. Mais il ne faut pas non plus éluder la responsabilité des élus qui décernent les permis de construire (ou plutôt des permis de massacrer les territoires).
    La dernière fois que je suis allé en Bretagne, j’ai pu constater que les maisons pavillonnaires qui sortaient de terre étaient blanches et bâties dans un style néo-breton.
    Donc le saccage de nos territoires n’est pas une fatalité...

  • Le constat, toute personne un peu au fait de la réalité peut le faire, et parmi les occitanistes, nombre de gens en sont arrivés aux mêmes conclusions.

    Il faut donc réintroduire un univers régional qui serait séduisant. Mon analyse, c’est que l’Occitanie ne sert alors à rien. Elle brouille les cartes plus qu’autre chose.

    Je ne nie pas l’existence d’un ensemble linguistique gallo-roman méridional, en dépit des spécificités des dialectes de matrice gasconne. Je ne nie même pas une vraie convergence entre la Gascogne, la Guyenne et le Languedoc. Tout cela est vrai. Mais tout cela est inutilisable.

    L’Occitanie est trop vaste, trop diverse, trop fumeuse. Si nous voulons sauver quelque chose concrètement, il faut revenir à des identités plus naturelles sur des espaces plus réduits. Même le combat gascon est peut-être trop vaste et j’encourage localement à parler du Béarn, de la Bigorre, des Landes, du Bordelais, de l’Armagnac, ...

    En somme, relever les petites identités des pays sous la bannière commune gasconne. Il n’y a aucune raison de se passer des convergences avec les gens des départements non-gascons. J’ai vécu à Toulouse, je sais que nos situations sont identiques, mes potes sont du Quercy, d’Ariège fuxéenne, du Tarn, oui, nous avons les mêmes problématiques, une culture française méridionale commune.

    Mais pour autant, il ne faut pas mégoter sur la spécificité gasconne, parce qu’elle a été réelle, qu’il en reste quelque chose dans les paysages, les maisons, les mentalités, l’accent, bien que tout ceci soit lissé. Cette spécificité gasconne est exotique, elle peut séduire les gens, je rêve d’ici 30-40 ans que l’on constate à nouveau un regain pour les maisons basco-landaises, que ça et là on utilise ponctuellement quelques termes régionaux tirés du gascon, langue morte, que l’on se sente d’un petit parçan centré autour d’une ville moyenne qui aura échappé aux ogres Bordeaux ou Toulouse.

    L’occitanisme ne réfléchit plus à ces questions. On n’a plus que des sociolinguistes sectaires. C’est tout, il faut accepter la dégénérescence d’un mouvement. Les idéologies, ça va, ça vient. Il n’y a rien de triste. Ce qui est triste, c’est cette jeune génération occitane encroutée dans le combat de leurs parents, à nous baratiner au sujet des Cathares, à refuser la moindre évolution intellectuelle sur un dogme dépassé depuis les années 60.

    J’ai pas mal d’espoir que l’on peut faire des choses. Franchement. Pas ressusciter l’oc en revanche, là c’est mort.

  • Pour qu’il n’y ait pas confusion, avec M. ltrobat ou d’autres personnes, je précise que je me contrefous du fait que des jeunes ménages aiment à s’installer dans le sud-ouest. Qu’ils y vivent heureux et y aient beaucoup d’enfants. Relisez mon commentaire, j’en parlais car c’est juste que je ne hisserai pas un drapeau bleau-blanc-rouge sur le fronton de ma maison. Mais chacun est libre.

    Pour le côté "couille molle" des Gascons, je dirais que c’est plus notre côté modéré, diplomate qui ressurgit. C’est le cas de bon nombre de Français au sens large du terme. Le monde évolue, nous nous y adaptons. Est-ce qu’on se trahit pour autant ? N’est-ce pas plutôt un signe d’ouverture d’esprit ? Faut-il se recroqueviller sur soi-même ?
    Vous avez quatre heures...

    Je reviens (encore ?!) à nos chers frères ennemis.
    Il faut juste trouver un compromis entre une modération "gasconne" et un chauvinisme basque exacerbé qui va cracher sur tout ce qui n’a pas le mot basque/euskaldun accolé dessus.
    Cette bêtise là, elle est tout aussi insupportable quand on voit la grande majorité de personnes se prétendant fièrement basques et qui sont loin d’être érudites. La plupart ces gens-là n’est même pas capable d’aligner deux mots dans la langue du pays.
    Pour rappel, mais certains le savent déjà, voici quelques chiffres sur ce marqueur identitaire fort, en Ipparalde :

    1868 : 80.000 bascophones pour 165.000 habitants (48 %)
    1970 : 77.848 bascophones pour 217.888 habitants (36 %)
    1996 : 67.500 bascophones pour 250.000 habitants (27 %)
    2006 : 63.700 bascophones pour 283.000 habitants (22,5 %)
    2011 : 51.100 bascophones pour 240.000 habitants (22 %)

    Source : http://www.eke.org/fr/culture-basque/euskara-la-langue-des-basques/euskara-et-sociolinguistique

    Est-ce que tout cela est encourageant ? Non. Ce n’est pas avec un habitant sur cinq que la langue basque sera sauvée. Je ne parle même pas de la qualité de la langue apprise.
    Faut il être pessimiste pour autant ? Non.
    De leur côté, les Gascons ne devraient donc pas l’être.

    Si je prends le même ton cynique, morose et noir que Vincent P., le maître en la matière, quand il dit "Il n’y aura plus de Gascons d’ici 30 ans."... Au mieux, j’en donne 10 de plus aux Basques.

    Mais je reste un insatiable utopiste.

  • Le pessimisme de Vincent est un reste de romantisme juvénile, à son âge on peut encore se le permettre :-).

    Je ne sais pas si l’occitanisme est une "idéologie" dépassée ou si le combat autour d’identités plus petites est plus porteur. Je crois surtout que notre époque n’est plus propice aux grands élans collectifs, comme l’ont été les années 60-70 dont la dynamique s’est poursuivie encore dans la décennie suivante, du moins pour l’occitanisme. Nous vivons une époque où les progrès de l’individualisme rendent problématique toute adhésion durable à un projet collectif. L’habitat pavillonnaire en est le symptôme en même temps qu’une des causes (http://www.lechappee.org/le-cauchemar-pavillonnaire).

  • Pour répondre brièvement à Trufandèc. 30 000 locuteurs de moins qu’il y a 150 ans. Vous trouvez ça catastrophique ?
    Avez-vous tenu compte dans vos calculs de l’arrivée massive d’une population exogène en Pays Basque, surtout sur la côte ? Si nous faisions un rapport entre population autochtone et bascophones, le résultat serait-il le même ?
    Au fait, où en sont l’occitan en général et le gascon en particulier ?
    Vous savez, ça fait 2000 ans qu’on doit mourir et pourtant le gaulois est mort, le latin est mort, le francique est mort, le gascon est agonisant et nous on est toujours là. 22% de bascophones dans une moitié de département où la substitution de population est presque achevée dans certaines zones. Vous trouvez ça inquiétant ? Pas moi.
    Vous n’aimez pas les Basques ? Ils vous agacent ? Je vous comprends bien quand on observe les grands succès gascons et occitans en matière de politique linguistique.
    Autant je peux accepter les sarcasmes d’un Catalan, d’un Corse, d’un Alsacien, mais d’un occitan !

  • il faut se méfier des statistiques et bien connaitre leur assiette.En l’espèce je suppose que dans le dénominateur on doit trouver dans ces différentes séries les habitants du BAB ( 108 000 actuellement),territoire historiquement non pas bascophone mais gasconophone ,ce qui était encore vrai à près de 100% ,disons il y a cent ans.Depuis lors le BAB est devenu essentiellement francophones avec gasconophones presque résiduellement et sans doute nettement plus de bascophones que les 0% d’il y a cent ans.Faute d’en connaitre le nombre réel,je suis tenté de comparer les 51000 bascophones recensés aux 132000 habitants du "Pays basque" hors BAB,ce qui fait encore une assez jolie proportion.Même avec une réfraction disons , a vista de nas, de 10 à 15000 bascophones du BAB ,la proportion est en effet encore à faire pâlir d’envie les Gascons que nous sommes.Quant à la pérennité,je serais bien en peine de faire un prognostic.Pour répondre implicitement à l’anonyme basque de ce fil,je souhaite une très longue vie à la langue basque !

  • Ne ns’èm pas comprés. Briga.
    Comme dans mon dernier message, il y a mauvaise interprétation.
    Je reste plutôt admiratif du travail fait en Ipparalde. Ce que j’ai dit était sur le ton de l’ironie, comme l’a fait un gasconnaute dans un message précédent, alors si on ne peut même plus être sarcastique...

    Je vais donc rectifier le tir. J’estime, je pense qu’il y aura toujours des Gascons (peut-être sous le terme de Béarnais, Landais, Bigourdans, etc), des Basques dans 40 ans, tout comme il y aura des Provençaux, des Antillais, des Corses, des Aborigènes.

    Concernant les chiffres, vous voyez le verre à moitié plein, c’est tant mieux. Je tiens malgré tout à faire remarquer qu’en 1868, presque un habitant sur deux parlait la langue et qu’en 2011, on est retombé à un sur cinq. Non, ça n’est pas la catastrophe chez vous, et je reconnais que ça l’est plus pour le gascon.
    Quoiqu’on en dise, le constat est le même pour toutes les langues de France : vieillissement des locuteurs, qualité de la langue en baisse, difficulté à sensibiliser les nouveaux habitants d’une région...
    Alors évidemment, le Pays Basque, la Corse, la Bretagne et l’Alsace se portent mieux que la Gascogne, le Languedoc et la Provence à ce niveau. Mais il n’y a pas que la langue, et c’est d’ailleurs tout l’intérêt de ce site.
    Et si au fond, nous n’étions pas tous un brin optimistes, nous ne perdrions pas notre temps sur gasconha.com.
    N’èm pas hòus totun !

    Et vive le basque.


Un gran de sau ?

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