Gasconnade : Menu chanté [Tiré des "Gasconnades" recueillies par Edouard Dulac, Editions de France, 1937]

- Tederic Merger

Le curé de Tudesq, là-bas, aux confins des Landes et du Gers, était fort soucieux, ce dimanche-là. Il attendait pour dîner, après la grand’messe, son frère et sa belle-sœur de Lagiscarde et nul, parmi ses paroissiens, n’avait pourvu le garde-manger du presbytère d’une pièce digne de lui et de ses invités. Ce sacripant de Cadiche avait bien promis un fin chevreau, mais, à dix heures, on n’avait encore vu ni Chevreau, ni Cadiche.
 S’ils viennent, avait demandé Catherine, la gouvernante, comment faudra-t-il que j’accommode la bête ?
 Hé ! bougresse, attends qu’ils soient venus : on avisera...
Or, la messe était à moitié dite lorsque, sur le seuil de la sacristie, Catherine se présente, brandissant le chevreau que l’on n’osait plus espérer. De toute évidence, elle sollicitait les instructions de son maître qui, officiant à l’autel, était fort en peine de les lui donner. Il y réussit pourtant, en substituant au texte consacré celui-ci qu’il chanta, à pleine voix :

Catalina nostra
Lou crabot qué boutera
Meytat bourit, meytat roustit
Et les couradillos en sauço,
Amen !

 Amen ! répondit le chœur des chantres.
 Amen ! murmura la Catherine qui, ayant compris l’ordonnance du menu, courait à ses fourneaux.

[Note de Tederic : j’aurais volontiers enregistré le chant, mais ne fréquentant guère la gleÿzo, je ne connais pas l’air.]

Un gran de sau ?

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