[Le problème est récurrent, aussi actuel en 2021 qu’en 2017 et 2016 ! cet article de l’hiver 2016 est augmenté de la cronica de l’auteur sur Ràdio País (en gascon). Voir plus bas.]
Devant le drame des éleveurs de volaille qui touche tant de producteurs gascons, comment ne rien dire ? Beaucoup de commentateurs, gascons ou non, se sont exprimés sur le sujet avec un bonheur (si l’on peut dire) très variable. Curieusement celle qui s’est exprimée de façon la plus clairement solidaire à mes yeux dans cette affaire n’a rien de gascon ; c’est Natacha Polony, qui avait su trouver il y a quelques mois les mots justes pour parler des « langues de France », oubliées, voire parfois ouvertement méprisées d’à peu près tous ceux qui ont le monopole de la parole publique en France.
Je cite donc ses propos tout récents (le Figaro du 27 février) faute de trouver un lien adéquat :
« Les éleveurs de canards du Sud-Ouest viennent de se voir interdire toute production jusqu’au mois de mai, au nom de la lutte contre le virus HSN1. Les petits élevages, pourtant, sont peu concernés par la contagion, qui prend surtout quand la concentration des volailles est forte dans un petit espace. Cinq mois sans revenu. Certains, déjà au bord de l’asphyxie, mourront. Mais qu’importe, puisque les industriels du foie gras disposent, eux, de fabuleux stocks d’invendus mis à la congélation en 2014, qu’ils n’avaient aucun espoir d’écouler. Ö miracle ! il suffira d’ajouter sur l’étiquette la mention « ne pas recongeler ». Sans oublier les milliers de tonnes venus d’Europe de l’Est. La puissance publique fait merveilleusement les choses.
Nous pouvons pleurer sur la disparition des paysans. Si nous acceptons le système qui les tue, nous sommes complices. Si nous achetons du foie gras bas de gamme importé d’on ne sait où, nous sommes complices. Si nous confondons protection du consommateur et inflation administrative, nous sommes complices. Si nous acceptons que la puissance publique, française ou européenne, favorise systématiquement les gros et écrase les petits, nous sommes complices. Par nos votes et par nos achats ».
Qu’ajouter de plus ? Rien, si ce n’est que, dans la mesure de nos moyens, nous pouvons essayer chaque fois que ce sera possible, d’alléger au moins le poids en trésorerie de cette aberrante mesure administrative pour les victimes, agriculteurs gascons pour la plupart, en achetant directement auprès d’eux dans les mois qui viennent le peu de stock qui leur restera.
Et essayer aussi de ne pas oublier la leçon que nous donne, loin de la Gascogne une journaliste parisienne bien inspirée.
GSG
La Chalosse en deuil Panneaux d’entrée de village marqués de noir