Restauration d’un article des débuts de Gasconha.com...

L’architecture régionaliste #1 Le débat sur le régionalisme architectural en France de 1900 à 1950

- Tederic Merger

On pourrait imaginer (las maishèntas lengas, tè !) que Gasconha.com choisit sans réfléchir le régionalisme architectural... Stop, Gasconha.com se pose des questions et réfléchit  :  
Projet d’école dans la campagne basque
De Letrosne, qui s’attachait à donner un habillage régional (assez réussi,
non ?) à des projets dont le contenu variait en fait assez peu d’une
région à l’autre.
Une approche régionaliste superficielle ?
Coup de chapeau à :
L’architecture régionaliste : France 1890-1950. 
Jean-Claude Vigato.- 
Paris : Norma, 1994.- 391 p. 160 Frs
Les positions en présence (en simplifiant beaucoup...) :
  • Les classiques (autour de l’Ecole des Beaux Arts) s’attachaient à reproduire des canons gréco-latins, et à respecter des principes comme la symétrie des constructions.
  • Les modernistes internationalistes (Le Corbusier

    , Mallet-Stevens...) faisaient table rase de toute tradition, que ce soit celle du classicisme ou celle de l’architecture vernaculaire.

  • Selon eux, le progrès technologique rendait ces traditions obsolètes : nouveaux matériaux comme le béton, et transports efficaces pour les acheminer, comme le chemin de fer. L’emploi de matériaux locaux n’était plus justifié.
    Ils proposaient par exemple de remplacer les toits traditionnels par des toits de béton en terrasse (au grand dam des régionalistes !).
  • Les régionalistes (Henri Godbarge pour
    le régionalisme basco-landais, Léandre Vaillat, Charles Letrosne...)
    ,
    tout en intégrant les nouvelles techniques et les nouvelles aspirations à l’hygiène et au confort, craignaient l’uniformité et la froideur du modernisme autant que l’académisme des classiques.
  • Ils voulaient retrouver dans l’architecture vernaculaire (ou traditionnelle) la richesse de l’art populaire, le caractère local trempé par des siècles de tradition...
    Ils se sont donc inspirés des formes des maisons traditionnelles (pente et forme du toit...), de leurs couleurs, de leurs matériaux (mais parfois en les imitant), de leurs motifs décoratifs...
Les modernistes régionalistes :


Le courant régionaliste était très divers, parfois encombré de réflexes passéistes, et de réflexions racistes ou nationalistes*.

Deux exemples d’approche plus rationnelle :

René Clozier (cité p. 253 et 275 de L’architecture
régionaliste : France 1890-1950) :

"Le régionalisme est l’adaptation de l’architecture moderne au site".
"Les progrès de la technique doivent se plier aux exigences de celui qui en fait usage et c’est par leur sélection dans le cadre local qu’ils faciliteront et embelliront la vie des peuples, sans l’uniformiser."
"Adaptant les apports du temps aux exigences du lieu, [la rationalité régionaliste] sélectionne le progrès en le situant dans son cadre local."


Il est davantage question ici d’adapter l’architecture au cadre local, au site et à ses habitants, que d’appliquer des modèles régionaux immuables. Ceux-ci étaient d’ailleurs difficiles à définir, tant les variations sont grandes à l’intérieur d’une région, selon le lieu et l’époque.

Joël Martel :

"Pour lui [Joël Martel] chaque région doit créer sa propre nuance stylistique en résolvant d’abord une question fondamentale, la recherche de nouveaux matériaux parfaits et alors "peu à peu se dessinera le nouveau visage d’une architecture saine en laquelle il sera possible de distinguer des nuances qui créeront le véritable régionalisme, parce qu’il sera né de nouvelles exigences de chaque région adaptées à notre époque" 


La question des matériaux de construction préoccupe les régionalistes : un des traits saillants de l’architecture traditionnelle est l’utilisation des matériaux locaux (ici, la pierre, ailleurs l’ossature de bois...), qui contribuait à sa grande diversité d’un terroir à un autre.

Chez Clozier comme chez Joël Martel et d’autres, le régionalisme n’est pas la copie de l’architecture régionale traditionnelle, même adaptée aux nouvelles techniques et aux nouveaux besoins (salle de bain, électricité...).
Au contraire il crée des constructions peut-être très différentes des constructions traditionnelles, mais qui tiendront compte comme elles du milieu naturel, climatique, paysager, culturel, de la région.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les constructions nouvelles et anciennes auront un air de famille...
L’harmonie sera ainsi préservée, par une démarche rationnelle, fonctionnaliste, et non passéiste.
Certains vont jusqu’à dire qu’il n’y a pas à se forcer à être régionaliste : il suffit d’être rationnel, et l’architecture intégrera forcément les exigences du lieu.
Ne devrait-on pas alors parler d’architecture localiste ?
 

*Curieusement, ce n’était pas un nationalisme régional (basque, provençal ou autres), mais un nationalisme français, anti-allemand, anti-internationaliste, qui exaltait les régions comme composantes de "l’esprit français".

Suite / Seguida : E adara ? Discours et pratiques architecturales de maintenant dans la région

Un gran de sau ?

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