Camada – prononcer "camade" ou "camado" avec accent sur la seconde syllabe - (dirait-on caminada en nord Gascogne ?) parait mieux adapté à une randonnée pédestre tous terrains même si les montées et descentes abondent évidemment dans les Pyrénées (sinon, autant aller se balader aux Pays-Bas ) ; rampada semble bien approprié à une ascension où les faux et vrais plats seraient exclus. Appel à nos linguistes !
Deux « camadas » en une, en fait :
De refuge en refuge dans le Val d’Azun et le Lavedan plus généralement :
Migouelou : d’où vient ce diminutif hispano-sonnant, pas très gascon en apparence pour ce petit refuge plutôt austère ?
Arremoulit : Eric, le sympathique gardien, interrogé sur l’étymologie du lieu (encore plus austère que le précédent !) y voit spontanément la « lit » où il sait reconnaitre l’avalanche. J’opterais plutôt pour un participe passé d’arremoler (mais ne devrait-il pas être « arremolut » ?), quelque chose comme remoulu, moulu deux fois, peut-être en référence aux petits cailloux que la nature a semé dans le coin. Pour Palay un « arremoulî » est un remous, un tournoiement d’eau mais le lac du même nom près du refuge n’en abrite guère. Et le CAF ( Club alpin français), propriétaire du refuge a lui, depuis longtemps si l’on en croit l’inscription sur la façade, francisé le nom en « Arremoulie ». Aussi incongru que l’ikurrina suspendu dans l’entrée du refuge d’autant qu’Eric et Rozenn sont, eux, bretons …
En tout cas Arremoulit est juste au dessus du lac et du barrage d’Artouste, dont le nom à la sonorité bien gasconne semble toutefois ramener au préhistorique « Ar » souvent donné aux cours d’eaux européens (indo-européen ? proto-basque ?).
Le Lurien qui le domine tout comme les pics d’Arriel voisins sont plus mystérieux et rappelleraient plutôt le langage des elfes du Seigneur des Anneaux. Autre appel à nos linguistes !
Le nom du Palas et du col qui le borde est tout aussi mystérieux pour moi (il n’a qu’un l et n’a donc apparemment tien à voir avec la déesse Athena…). Par contre les lacs de Batcrabère voisins comblent le gasconhaute qui y reconnait sans problème la « vath crabèra » (pron : "bat crabère" comme en graphie française). Juste à côté le « port de Lavedan » (pas un port bien sûr mais un col) que nous franchissons, sépare apparemment le Lavedan de la vallée d’Ossau sans être pour autant un passage bien aisé et on y imagine mal un abondant trafic de voyageurs et de marchandise entre les deux vallées !
Larribet :étymologie ou pas, c’est à ce refuge que nous sommes arrivés avant de redescendre vers Arrens (mais pourquoi tout le monde prononce-t-il « Larribé » ?).
Un arrêt final et un cliché de la maison Camelat à Arrens, aux volets fermés et à la façade défraichie. Il y a 25 ans j’en avais vu sortir un après-midi d’été une jeune grand-mère et son petit-enfant en landau. Devenu adulte celui-ci, peut-être arrière–petit-fils du poète, n’y habite sans doute plus. Quel souvenir a-t-il de son aieul et de la langue de celui-ci, dont la mémoire est entretenue par la « taule de memori » posée là par l’Escole Gastôu Febus en 1963 ?
Et ensuite le tour du pic du Midi d’Ossau.Tiens au fait, comment l’appelaient les anciens –cf le post récent sur le pic du midi de Bigorre - ? Peut-être l’Aussau, tout simplement tant il est le cœur et l’emblème de la vallée du même nom. Du reste je ne peux penser à l’Ossau sans associer à cette montagne magique de la Gascogne et du Béarn l’ours (« ous », graphié « ors » en normalisé) tutélaire de la vallée (tutélaire ? Je vais me faire bien des ennemis parmi les tenants de l’agro-pastoralisme local …). En tous cas il est bien tentant de rapprocher les deux noms !
Montée par les lacs d’Ayous vers le refuge du même nom. A propos de nom, « ayou » est pour Palay le nom donné à la baie de l’airelle ou à la myrtille (autrement appelée abajôu -avajon en graphie normalisée- , nom supposé pré-indoeuropéen par Rohlfs. Et il est vrai que les myrtilles abondent à la saison dans ce secteur, beaucoup plus vert et agréable à l’œil que le tour du Val d’Azun, splendide mais dont l’apparence est assez minérale.
Le tour continue par le col de Peyreget (« peyrejâ » : épierrer, jeter des pierres, dit Palay), cette dernière montagne étant contournée soit par le nord soit par le sud comme nous l’avons fait, avec une petite erreur d’aiguillage nous ayant fait monter jusqu’au col d’Anèu (« la nèu » ?) avant de retrouver le bon chemin à equi-altitude un peu avant le col de Liou (le lion ?), menant très facilement au refuge de Pombie, en dessous du « soum » de même nom, dont je renonce à percer l’étymologie.
Après une bonne nuit, on redescend par un énorme pierrier aux couleurs fauves vers le col de Suzon (tiens, une aimable bergère à la Despourrins ou une personnification de la sueur (« susada /susada » mais aussi « suson » si on en croit des rappels un peu curieux de Palay d’un mot à l’autre) ? Ce passage n’est pourtant pas de ceux où le randonneur sue le plus (autre hypothèse palayenne : « suson », opposée à « juson » comme le col supérieur à un éventuel col inférieur…). Bon… Suée ou pas, le retour à Bious-Artigues (Bius-Artigas comme l’indiquent les panneaux souvent partiellement bilingues de la vallée), sans perdre l’Ossau de vue, est finalement bien apprécié même si la buvette est fermée !