Les origines bigourdanes de Manuel Fraga

Un exemple de hasard généalogique, qui nous amène en Gascogne ...

Manuel Fraga. Dirigeant franquiste, puis de la transition espagnole. L’incarnation du conservatisme galicien.

On le sait, peu, mais sa mère était Basquaise, de Basse-Navarre : María Iribarne Dubois. D’une famille originaire d’Ostabat, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Fille d’un Iribarne et d’une Dubois, comme le veut la tradition patronymique ibérique.

Dubois ? Ce n’est guère très basque. On sait qu’Ostabat, en tant que bastide, a attiré depuis sa création, des migrants d’un peu partout, notamment du Sud-Ouest non-basque (qui serait majoritaire démographiquement parlant mais on attend confirmation). Serait-ce là l’origine ?

La mère de Marie s’appelait en fait Dubouix : Dubois aura été une déformation par l’administration espagnole à Cuba. Ah, Dubouix (anciennement prononcé "Dubouch" : "Du Buisson"), c’est typé gascon, pyrénéen plus précisément. A partir de là, il suffit de remonter.

Jean-Marie Dubouix s’est installé à Ostabat au XIXème siècle, où il a fait souche, en épousant une Bidegaray. Jean-Marie était laboureur, originaire de Geu, en Lavedan.

Grans de sau

  • Des choses amusantes dans les généalogies d’Ostabat :

     Un migrant du XVIIIème siècke, béarnais de Sauveterre, dénommé Campot, est affublé du sobriquet "Le Béarnais" : sa descendance portera le nom déformé de Campo, bizarrement.

     On trouve une famille Dujol. Il est fort probable que cette famille descende d’un migrant d’Auvergne où le nom est fréquent : un probable ancêtre scieur de long.

     Des patronymes ont des apparences gasconnes claires : Labat, Augerot, Bonnat, Lapeirade, Pournau, ... Anciennes ou plus récentes comme dans le cas de Dubouix, elles témoignent en tout cas de l’interpénétration.

     Une maison appelée Fleurdelis (francisme évident, aussi bien sur le fond comme sur la forme), qui donne pour patronyme "Casenave ou Fleurdelisberry" : le patronyme Fleurdelisberry n’a pas subsisté, malheureusement !

  • J’avais noté dès la période de la transition espagnole (j’étais déjà là, et je suivais avec intérêt, notamment sur l’Euskadi !) le nom Manuel Fraga Iribarne*, souvent donné en entier par la presse.
    Mais les noms ayant au moins une composante basque sont courants en Espagne.
    Ici l’originalité est que la composante basque vient du pays basque français, avec un passage par Cuba.

    Beaucoup plus tard, j’avais noté aussi que, malgré son deuxième apellido basque, cet homme politique avait vertement critiqué les efforts des abertzales pour relancer l’usage de la langue basque. Genre "c’est plus utile d’apprendre l’anglais que le basque"...

    * Un moment, Manuel Fraga Iribarne est apparu comme un fer de lance de la transition du franquisme à la démocratie ; il avait sans doute compris avant bien d’autres...

  • Il serait intéressant de savoir en quoi le fait que sa mère ait été une Basquaise de France a pu donner l’impression à Fraga que le "vascuence" était une "langue morte".

    Il semble que sa mère ne lui parlait que français, le basque étant la langue des jurons et des réprimandes.

    Ou encore :

    Tengo que decir que la resurreción del euskera tiene sus dificultades, el mantenimiento del que hay a través de los procedimientos de euskaldunización. Pues es muy simpático etcetera pero no será posible convertirlo en euskera de uso diario porque es imposible construir toda la terminología actual con un idioma prehistórico en la que la raíz básica es haitz, es piedra, entonces claro, eh. Y digo esto porque yo respeto al euskera que es una lengua maravillosa, pero ya una lengua de museo

    Je lis beaucoup de clichés très français. La langue de musée, l’hommage rendu à son caractère merveilleux, le refus de concevoir que l’on puisse exprimer la modernité dans toutes les langues, ...


Un gran de sau ?

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