Un exemple de généalogie en Cubzadais : le commandant Cousteau Vincent P.

- Vincent P.

Cousteau est né à Saint-André-de-Cubzac d’une famille aisée. Sa généalogie est intéressante.


 Cousteau, le patronyme, est nettement gascon, malgré la finale francisante. Une forme d’oïl serait Couteau. Il est nécessaire en tout cas de revoir nombre de patronymes nord-girondins en -eau et de vérifier le caractère purement oïlique.

Le patronyme est concentré essentiellement en Médoc et en Lomagne, mais la famille du commandant provenait de Bourg-sur-Gironde.


 Le plus ancien Cousteau de la généalogie en ligne est fin XVIIIème siècle, à Gauriac. Un capitaine de marine.

Sa mère était une Sou. C’est un patronyme du Bourgeais, très localisé, dont je ne connais pas l’étymologie. Aucune raison de le croire autre chose que gascon, n’étant pas présent en Saintonge.


 Ce Pierre Cousteau, capitaine de marine, épouse une Cugneau de Gauriac.

Le patronyme Cugneau a disparu. Il était attesté en Bourgeais, qui est la souche qui nous intéresse, ainsi qu’en Bigorre.

Là encore, pas d’équivalent en Saintonge, on a encore probablement une finale francisante sur un terme gascon, qui doit être le même que dans Cugnaux, en banlieue toulousaine.

Les Cugneau sont apparentés aux Lameau, présents en Blayais depuis le XVIIème siècle. Il y a une souche périgourdine près de Brantôme, mais également une souche dans l’Orléanais. Vieille migration d’oïl ? Origines périgourdines ? Origines locales avec finale francisante ?


 Un fils nait du couple Cousteau-Cugneau : Jean, marchand drapier à Gauriac, toujours.

Il épouse une Romat de Bourg. Là encore, le nom semble très localisé en Bourgeais. On en trouve aussi en Saintonge charentaise autour de Barbezieux.

Les deux souches sont-elles apparentées ? Impossible de le savoir. Ce qui est certain, c’est que Roumat est un patronyme gascon très fréquent, Romat peut en être une version archaïsante avant ouverture vocalique du o.

De toute façon, l’oïl ne peut pas expliquer le terme Romat.

Chez les Romat, on est allié aux Chastaing de Bourg. Patronyme limousino-périgourdin notable qui tend à confirmer que l’estuaire a attiré les migrants du Massif Central.


 Du couple Cousteau-Romat nait à Bourg Paul qui sera notaire à Saint-André-de-Cubzac.

Il épouse une Moure de Bordeaux mais de vieille famille aisée cubzadaise.

Les Moure sont des environs de Maransin, en Grande Gavacherie. Néanmoins, il ne semble pas être un patronyme saintongeais, on trouve des souches béarnaises, audoises, lozériennes, ... Il y a cependant un foyer de Moure en Berry.

Cette famille est alliée aux Regnault de Pontaupin, une famille du coin dont je suppute néanmoins la fausse noblesse.

Ces Moure sont alliés également aux Bellouard dont on peut apprendre sur le net qu’ils sont une grande famille de Saint-André.

Là c’est clairement un patronyme de la façade ouest de la France, très fréquent en Poitou, il faudrait savoir à quelle date il s’est fixé en Gironde, il semble la seule attestation d’ailleurs.


 Le couple Cousteau-Moure aura un fils, Pierre, docteur en droit, on est maintenant dans l’élite régionale.

Il épouse une Duranthon de Saint-André toujours.

Deux souches pour ce patronyme, dérivé de Durand : une souche gasconne des environs de Marmande et une souche auvergnate. Il peut s’agir évidemment d’une souche locale.

En remontant la généalogie de ces Duranthon, on les trouve à Asques à la fin du XVIIIème siècle.

C’est une famille de banquiers, de notables. Au fur et à mesure des générations, ils sont alliés par des femmes nées à Bordeaux, aux Jayer (pas de souche locale, à creuser, l’ancêtre du commandant est née à Bordeaux d’un Jayer et d’un Lagarde), aux Audineau (là c’est clairement l’Ouest (Aunis et Bas-Poitou), aux Charron (même chose).

On retrouve dans la généalogie des Charron des Duranthon, ce qui tend à prouver des alliances entre familles bourgeoises de Saint-André.


 Du couple Cousteau-Duranthon, nait Jacques-Yves Cousteau. Quels sentiments ethniques possédait-il ?

Pour avoir une idée, il faut lire son frère, collaborateur notoire. Rien d’autre que l’identification à la France, conformément à un milieu social, très probablement.

Peu importe au demeurant, la généalogie de Cousteau reste intéressante dans ce qu’elle dit de la réalité ethno-culturelle de ces terres frontalières du Nord-Gironde, le vieux substrat des gens d’oc, les alliances avec les bourgeoisies cosmopolites régionales au sens large à Bourg et Bordeaux, les migrants limousins.

Un gran de sau ?

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