Attention, c’est un article de fond !

Faut-il être paloumayre pour être gascon ? Réponse à des "grans de sau"

- Tederic Merger

Les "grans de sau" déclencheurs (Les Landes son drapeau, la Gironde le sien) :

« Je suis aussi d’accord pour dire que Bordeaux n’a rien d’une ville gasconne (j’y suis né) mis a part l’enorme apport dû aux gens de chez nous qui y ont émigré.
Bazas n’a rien a faire en Gironde, le mode de vie d’il y a quelques années tient a 70% de la lande, meme chose pour Captieux, Cudos, Beaulac etc...
Un "vrai" habitant de Giscos n’a rien de commun avec un de Pauillac ou de Blaye. »
Auteur : Bouilhet
27/12/10
http://www.gasconha.com/spip.php?article91#forum43557

« - Sur Bordeaux, il est clair que si l’on résume le fait gascon au seul fait rural, par définition même Bordeaux ne saurait être gasconne. Mais dès que l’on a une vision plus large de l’identité gasconne, on se rend alors compte que Bordeaux ne peut se comprendre sans tenir compte de la ribambelle de ports garonnais : Bordeaux, c’est Portets, Langon, La Réole, Marmande. Reste la Bordeaux moderne mais dans ce cas-là, je ne crois pas que Rennes ait grand chose de breton, pas plus que Marseille n’est vraiment provençale. Quant à Bazas, la ville porte sur elle les "stigmates" de son caractère bordelais : son architecture, ses couleurs, son ambiance. C’est la lande bordelaise. Je ne l’ai jamais trouvé moins gasconne qu’une autre.
Dans la force de l’imaginaire, la lande bordelaise dès Pessac gasconne plus que la Gascogne toulousaine qui, qu’on le veuille ou non, fait "toulousaine" avant d’être gasconne (le caractère gascon est un peu caché).

 Il faudra discuter ailleurs de qui est gascon, qui est basque. C’est un débat trop vaste. Je viens de lire dans un ouvrage qui vient de paraître consacré essentiellement au Gers (donc sous le titre de Gascogne ...) qu’être gascon était une affaire de volonté, d’identification personnelle. Tout le reste du bouquin fait au contraire l’éloge de la langue, des patronymes, des gueules du pays !
Il y a quand même contradiction entre un idéal et la réalité ethnographique.
Il va sans dire que l’avenir ne peut plus être fondé sur l’ancien monde, mais cela ne doit pas empêcher de vouloir en sauver des bribes. »
Auteur : Vincent.P
29/12/10

Ma réponse en ce 06/01/11 :

"gascon", c’est l’adjectif qui correspond à "Gascogne".

La Gascogne, c’est un territoire, entre océan, Garonne et Pyrénées, qui a connu une histoire particulière, reflétée par ses parlers populaires jusqu’à 1900 environ.
La Gascogne a existé comme division administrative (le Duché de Vasconie ou de Gascogne, jusque vers l’an 1000).
Depuis l’an 1000, selon moi, la Gascogne décline, perdant son unité et son autonomie. C’est surtout l’Etat uniformisateur français qui l’a peu à peu dissoute ces derniers siècles.
Mais sa résistance est remarquable jusque vers 1900. La survie des parlers gascons en est le signe le plus clair.

Dès lors que le territoire gascon est délimité par l’aire lingüistique du gascon en 1900, par définition, toute ville ou village qui est sur ce territoire est gascon(ne). Donc, Bordeaux et Pauillac aussi.
Blaye est légèrement hors limites : elle parlait probablement une langue d’oc avec des traits gascons au temps où Bordeaux était gasconne "à tous les étages", au moyen âge. Mais Blaye est passé à l’oïl très tôt.

Maintenant, parlons des individus : qui est gascon ?
S’il y avait un Etat gascon, ce serait simple : seraient gascons ceux qui auraient une carte d’identité gasconne.
Pendant longtemps, on aurait pu dire aussi que les gascons étaient ceux qui parlaient gascon.

La disparition du gascon comme langue courante incite à chercher d’autres marqueurs culturels.

A priori, toute personne qui a vécu ses années de formation (en gros sa jeunesse) en Gascogne peut logiquement être dite "gasconne". Elle a vécu dans un bain gascon.

Les personnes venues d’ailleurs sont alors "moins gasconnes", voire pas du tout.
Mais on peut accepter l’idée que plus elles résident en Gascogne, plus elles deviennent gasconnes !

Selon cette logique, il y a une culture gasconne, qu’on a plus ou moins.
Mais quand je cherche à donner de la chair à cette culture gasconne, je ne trouve rien...
On va me parler des paloumayres...

Mais si le mot "paloumayre" est gascon, et si un paloumayre est le plus souvent gascon (mais certains sont basques ou peut-être guyennais...), beaucoup de gascons ne sont pas paloumayres [1], soit qu’ils ne sont pas de la campagne, soit que leur campagne ne pratiquait pas cette chasse.


Chasser la palombe n’est donc pas un trait distinctif gascon !

Je sais, je peux choquer en disant ça, mais j’essaye d’être logique pour construire sur du solide !

La culture d’un gascon (donc de quelqu’un qui a vécu ses années de formation en Gascogne) ne diffère quasiment pas, ou plus, de la culture d’un non gascon.

Il y a peut-être eu jadis une culture commune gasconne, quand les gascons se reconnaissaient entre eux par leur langue. Au delà de leurs différences culturelles locales, ils avaient peut-être conscience d’appartenir à une communauté gasconne, à un espace d’échanges. Et peut-être qu’ils partageaient des traits culturels spécifiques à la Gascogne (lesquels ?).

Je suis donc en train de dire (et certains me trouveront iconoclaste sur le site Gasconha.com dont je suis fondateur) qu’il n’y a pas, ou plus, de culture gasconne.

Mais voilà :
S’il n’y a plus de culture gasconne, il peut y avoir une identité gasconne !
L’identité, on peut se la donner : c’est un nom ou un drapeau qu’on décide de porter.

Drapeau de la Daune - autocollant avec l’inscription GASCOGNE
Drapeau gascon "de la Daune" proposé par Région Gascogne Prospective (ex Conservatoire du Patrimoine de Gascogne).
Le drapeau ne porte pas l’inscription "GASCOGNE".
Explication de ce drapeau : La Dame de Brassempouy et l’emblème pour la Gascogne.
En vente par correspondance :
 Le drapeau (drapeau pour mât (100x67), sa version "drapeau festif", et sa version "panneau de courtoisie pour bateau")
 L’autocollant :
Il a l’inscription "GASCOGNE".

Plusieurs fois, il m’est arrivé de parler avec des personnes qui voulaient arborer un drapeau gascon, soit l’ancien blason, soit le nouveau "drapeau de la Daune".
A chaque fois, elles m’ont dit : les bretons, les corses, les basques ont leur drapeau et ils le montrent, ils en sont fiers. Pourquoi pas nous, gascons ?.
Parfois, le "gascon" qui me parlait ainsi avait précisément un conjoint corse, ou breton... Ou alors, il vivait en Bretagne...
Je ne sais pas trop analyser ce besoin profond de se rattacher à une communauté historique ou géographique. Patriotisme, nationalisme... même ressort que la généalogie ?
Mais ce besoin existe, et j’ai l’intuition que la Gascogne est qualifiée pour y répondre.

La Gascogne peut être un bon support identitaire :

D’abord parce qu’elle s’appuie sur un territoire lisible : elle est bien délimitée, aussi bien que la Bretagne !
A l’Ouest, la Gascogne est bordée par le golfe du même nom ;
au nord, par l’estuaire de la Gironde.

La Garonne est de moins en moins une limite matérielle au fur et à mesure qu’on en remonte le cours ; on a construit beaucoup de ponts. Mais quand même, sur une carte et dans les esprits, la Garonne dessine une limite.
En amont de Toulouse, la limite de la Gascogne est peut-être moins claire. Encore qu’entre Couserans et Pays de Foix, j’ai lu qu’elle existait dans les esprits.
Au sud, c’est simple : les sommets Pyrénéens sont la limite.
Sauf le Pays basque nord : il partage le même espace que la Gascogne. Là, la délimitation devient lingüistique, tant que la langue basque résiste (et souhaitons qu’elle résiste !).

Le territoire de la Gascogne est partagé entre plusieurs sous-ensembles géographiques bien distincts :

 les Pyrénées et leur piémont,

 les côteaux de Gascogne qui sont traversés par un éventail de cours d’eau descendant des Pyrénées

 les plaines de l’Adour et de Garonne (les arribères)

 les Landes
On peut voir ça comme une division, un affaiblissement de l’unité gasconne. C’est à discuter.
Pour moi, promouvoir la Gascogne, c’est aussi illustrer ses composantes : les Landes (qui ne sont pas le département 40 !), les Pyrénées (dont toute la Gascogne est quasiment un piémont), la Gascogne des coustalats, tucs et tuquets, et enfin la Gascogne des arribères.

Si l’identité gasconne, sur cette base géographique solide, redevient forte, peut-être qu’une culture commune gasconne pourra renaître. Nous n’en sommes pas là du tout.

D’ailleurs, la géographie, c’est aussi les moyens de communication.
Routes, autoroutes, chemin de fer, mais aussi les médias... Et là, on ne peut pas dire que la Gascogne existe nettement, écartelée qu’elle est entre plusieurs métropoles (Bordeaux et Toulouse principalement).

Bref, ce n’est pas simple, ce n’est pas gagné d’avance. C’est pour ça qu’on est là !

Pour l’instant, je propose de faire connaître la Gascogne géographique et historique. Je propose de montrer ce qu’elle a de beau et d’intéressant, dans ses paysages et ce qui reste de ses traditions.

Quant aux paloumayres :
Ils sont (souvent) en Gascogne, mais ils ne sont pas la Gascogne !
Mais si on aime la Gascogne, il y a de forte chances qu’on aime la culture des paloumayres. Vous voyez la différence ? Elle est subtile...

"Aimer la Gascogne", s’en revendiquer, c’est maintenant ça qui est d"actualité. C’est volontariste, c’est un choix. Le choix de la mémoire et de l’enracinement.

Alors oui, on peut être gascon sans être paloumayre, on peut être gascon quand on habite à Bordeaux ou à Pauillac !

Notes

[1Si on cherche bien, on trouvera peut-être des paloumayres du côté de Miramont ou Castillonnès, donc légèrement hors Gascogne...

Grans de sau

  • "Il faudra discuter de qui est gascon, qui est basque" écrivait Vincent P plus haut.
    En vérité ce débat devient urgent et pas seulement parmi les lecteurs et participants de ce blog.

    Dans le coin sud-ouest de la Gascogne que je connais bien, le mélange détonnant de l’expansionnisme basque, de la faiblesse culturelle et démographique gasconne, de la pression immobilière favorisant l’irruption de nouveaux venus pour qui tout ça, c’est du pareil au même, et enfin le mercantilisme ambiant, font qu’on cherche à faire prendre les gascons pour des basques et la culture régionale pour de la basque.

    Un bon test : le rayon "culturel régional" du Leclerc de Tyrosse. Allez voir, vous ne serez pas décus !
    Pour un CD de Nadau, dans le meilleur des cas (eh oui, Nadau a quelques défauts mais au moins sait se faire distribuer à plus de 20 kms du lieu de production !) et quelques disques de bandas, tout le reste (des CD) est basque et tout cela... sous une ikurrina en plastique !
    La vendeuse à qui j’en faisais remarquer l’incongruité il y a quelques mois, m’a regardé d’un air consensuel mais sans bien comprendre le problème, m’a-t-il semblé.

    J’invite tous les gascons d’ici et d’ailleurs à écrire, mèler, téléphoner à tous les Leclercs basquisants en terre gasconne, seul moyen de nous faire entendre.

    • Bonjour,

      En tant que vasconiste, je préfère largement l’Ikurriña à la croix occitane. Je me réjouis donc de la progression du basque en Gascogne, que je vois comme une reconquête historique. Avec l’occitanisme, les Gascons ont raté le coche. Tant pis pour eux, le vent de l’Histoire a soufflé. Quand on est nul, il ne faut pas reprocher aux autres ses propres turpitudes. Moi, j’ai appris le basque et je parle le gascon, que j’ai transmis à ma fille, laquelle n’en a strictement aucune utilité dans la vie de tous les jours. Si tout le monde avait fait comme moi, nous n’en serions pas là. Trop tard pour les larmes. Frères gascons conscientisés, faites une chose utile pour la Vasconie, apprenez le basque et revenez à la maison commune ! Jetez l’occitanisme à la poubelle ! Il détruit la Gascogne et l’aliène, au moins autant que le français. Jetez aussi le félibrige, ce n’est qu’un occitanisme provençal qui éloigne les Gascons de leur vraie identité. Occitanisme et félibrige, même combat.

      Gora Baskonia !

      Halip Lartiga

    • Si l’on prend H.Lartiga au premier degré,quittons Carybde pour nous jeter dans Sylla et pour ne plus être mouillés,plongeons nous dans l’eau (celle vivifiante de l’Atlantique du côté des rochers basques ...en prenant garde de n’être pas drossés sur les dits rochers,bien sûr !).Désapprenons le gascon,baissons les bras eten nous assimilant à eux rejoignons les cohortes basques qui sans être victoreuses ,ont un peu plus de chances que les gasconnistes de l’être un jour...
      J’espère qu’il ne se fâchera pas si nous le prenons au second degré:apprenons,non pas le basque(quoique si ça intéresse certains,pourquoi pas ?On peut toujours apprendre la langue de ses voisins ) mais des basques,de leur ténacité,de leur cohérence(dans la défense pas seulement de la langue mais des autres éléments de leur culture)et de leur énérgie.

    • Si l’on prend H.Lartiga au premier degré, quittons Carybde pour nous jeter dans Sylla et pour ne plus être mouillés, plongeons nous dans l’eau (celle vivifiante de l’Atlantique du côté des rochers basques... en prenant garde de n’être pas drossés sur les dits rochers, bien sûr !).

      Désapprenons le gascon, baissons les bras et en nous assimilant à eux, rejoignons les cohortes basques qui sans être victoreuses, ont un peu plus de chances que les gasconnistes de l’être un jour...
      J’espère qu’il ne se fâchera pas si nous le prenons au second degré :

      apprenons, non pas le basque (quoique si ça intéresse certains, pourquoi pas ? On peut toujours apprendre la langue de ses voisins) mais des basques, de leur ténacité, de leur cohérence (dans la défense pas seulement de la langue mais des autres éléments de leur culture) et de leur énérgie.

      Mais restons nous mêmes sans nous forger des identités fictives .

    • Gerard, il s’est créé un doublon, je ne sais pas comment.
      Ce n’est pas grave, je vais supprimer celui-ci.

      J’en profite pour montrer la différence entre un texte enrichi et aéré et un texte brut. C’est une question de forme, mais c’est important pour retenir les lecteurs, surtout sur des sujets assez pointus comme les notres.
      Tu peux toi-même (et je m’adresse à tout commentateur) aérer le texte du commentaire au moment où tu l’écris, en passant une ligne de temps en temps, et l’enrichir en mettant des passages en gras ou en italique.

      Mercés a tots !

    • Monsieur Saint-Gaudens,

      Ne prenez pas ce que je dis au second degré, c’est bel et bien du premier degré. Il ne s’agit pas de désapprendre le gascon, il est déjà agonisant et s’il l’est, c’est parce que nous avons bien voulu laisser faire. Je crois être un des rares gascons suffisamment conscientisé pour avoir transmis la langue à ma fille. Avec qui peut-elle le parler ? Avec quasiment personne. Avec ceux de son âge ? Strictement aucun. Dans la vie de tous les jours ? Jamais sauf avec moi. Quelle utilité sociale ? Aucune. Alors, en tant que gascon parfaitement conscient de mes origines ethniques, linguistiques et historiques, j’ai appris le basque et suis devenu euskaldun. Le gascon est mort, c’est un fait. Je l’aime mais il est mort et je ne vois nulle part, en Gascogne, un quelconque sursaut national. Entre l’occitanisme qui nous utilise pour mieux nous dépecer, le béarnisme de l’IBG totalement stérile et inutile, le Félibrige et son cortège de cigales insipides...
      Alors oui, je préfère l’Atlantique à la tiède Méditerrannée, les méchants Vascons aux braves méridionaux à l’huile d’olive. Quant à être drossé sur les rochers, non. Le bateau gascon a fait naufrage et, avec ma bouée de sauvetage qui a pour nom euskara, je rejoins le rivage de mes aïeux.
      Tout patriote gascon doit regarder vers la Vasconie et laisser derrière lui les oripeaux de ce mièvre méridionalisme qui ne nous a pas permis de nous sauver.

      Gora Baskonia, gora gure arbasoen hizkuntza eta nortasuna !

    • C’est un fait qu’en Gascogne quand on cherche des CD de musique régionale, on trouve en général beaucoup plus facilement du basque que du gascon (si on exepte Armagnac-Bearn-Bigorre-Comminge), c’est aussi vrai aux différents Leclercs, Géant, Carrefour ou Auchan de la CUB qu’au Leclerc de Tyrosse ou au BAB à Anglet.

      Je ne me plaindrai pas de la relative facilité de trouver de la musique basque mais je regrette largement la difficulté que l’on a pour trouver de la musique occitane qu’elle soit de Gascogne ou d’ailleurs mais si c’est vrai pour la musique "commerciale", ça l’est aussi - et c’est beaucoup plus regrettable - de la musique "creative content" téléchargeable gratuitement sur internet car cela montre la faiblesse de la production artistique.

      Pour en revenir au "paloumayre", je me considère comme Gascon avant tout sans avoir jamais chassé la palombe ni aucun autre gibier à plume, en fait, il y a beaucoup d’autres noms en "ayre" qui pourraient définir plus ou moins bien "lou gascou" : "cantayre", "hestayre", "pintayre" ...

      Voir en ligne : http://www.jamendo.com/fr/track/34779

    • Devant une telle désespérance que dire , surtout venant de quelqu’un comme vous,monsieur Lartigue,qui n’avez pas ménagé vos efforts pour la langue et la culture gasconne ? Comment vous répondre sans paraitre vous donner des leçons alors qu’en plus ,vous avez su transmettre la langue familialement,ce que beaucoup d’artisans de la langue,grands écrivains en tête,n’ont pas osé faire ?

      Il faut pourtant esssayer d’aller au fond des choses.

      Non au fond de ce désespoir,,qui ne peut que toucher,de façon momentanée ou plus durablement,tous ceux qui sont attachés à la langue et oeuvrent pour elle,chacun à sa façon,mais qui constatent que le terrain leur est chaque année plus contraire et que l’attachement à la langue,même sous forme nostalgique et parfois jusqu’à son souvenir disparaissent chez ses héritiers légitimes.
      Il faudra sans doute rouvrir ce débat spécifique et comprendre.
      Reste que ce désespoir réel,constamment dissimulé et que vous me paraissez être le premier à exprimer publiquement,peut conduire à des dénis de réalité,à des lignes de fuite dont le Félibrige autrefois,l’occitanisme naguère et encore tout récemment ont en effet donné des signes clairs.
      Mais est-ce une raison pour se lancer dans ce qui me parait sans aucun doute une autre chimère,peut-être encore plus éloignée de la réalité ?

      Qu’est-ce en effet que le vasconisme dont vous vous réclamez et qui me semble d’une autre nature que celui ,plus tactique,qui colore souvent les contributions de ce site ?
      Si mes souvenirs de Jaurgain et de quelques autres sont encore bons,les Vascons semblent avoir formé un seul peuple ou une confédération de peuples proches par l’origne, les moeurs et la langue,celle-ci étant considérée comme l’ancêtre probable de la langue basque actuelle (tout ceci étant très conjectural).Et puis , au contact de la romanité conquérante,une partie croissante de ce peuple s’est mise à parler ou baragouiner le latin populaire vers le VIè siècle jusqu’à créer environ trois siècles plus tard ce qui est devenu la langue gasconne,qui nous occupe tous sur ce site(je rappelle ceci pour des lecteurs pressés car vous savez tout cela aussi bien et sans doute mieux que moi).
      Bref,douze siècles de divergences croissantes entre basques et gascons,malgré des afffinités résiduelles à ne pas négliger (je parle moins de génétique et de ressemblance physique,fortement diluées dans notre époque de grand mélange mais de pratiques culinaires,sportives et autres ,à côté d’un fond de vocabulaire gascon clairement issu du basque mais qui se trouve aujourd’hui encore plus malmené que le gros du vocabulaire d’origine latine).

      Vous le savez,un fleuve ne remonte jamais vers sa source ,surtout si elle est si distante !

      Peut-être votre vasconité a-t-elle à voir avec la bretonnité des Gallos de Bretagne orientale(francophones à la différence des bretonnants de l’ouest,dont les limites ont historiquemnt rculées comme celles de la langue basque durant les dernièrs 1500 ans .La différence est toutefois que la réalité ou la mémoire d’une Bretagne unie n’ ajamais disparu parmi les Bretons,bretonnants ou gallos alors que les unions gascono-basques ont été rarissimes pendant la même période,le dernier essai étant le royaume de fait aquitano-pyrénéen réuni par Henri III de Navarre avant qu’il ne soit ruiné par son trop grand succès ,une fois devenu Henri IV de France .
      Par ailleurs,je ne souhaiterais pas aux Gascons que nous sommes de devenir la partie secondaire,de loin la moins prestigieuse de l’attelage de l’attelage , ce que les Gallos sont aux Bretons .

      Vous me direz que justement,vous nous appelez à ce que nous devenions pleinement basques,bascophones,"eskaldun" écrivez vous.Je doute fort que cela soit possible ;quand on connait les idées forces, aujourd’hui parfois tues parce que politiquement non correctes,qui imprègnent "l"idéologie basque"(je vous renvoie aux livres de Juan Juaristi par exemple comme "el lineage de Aitor"cité de mémoire),je doute que nos amis ,voisins et cousins éloignés , nous considèrent jamais comme des basques de plein exercice, à moins d’émigrer et de se fondre sur deux générations dans la population basque peut-être.Mais de maison commune au sens strict, nada ...

      Reste enfin que , comme beaucoup de Gascons, les Basques m"inspirent intérêt ,symapathie et encore une fois , admiration mais comme dit l’autre "eux c’est eux et nous c’est nous" et que je n’ai pas plus envie de devenir basque que bambara ou autre chose.

      Faut-il pour autant rejeter à l’eau ( de l’Atlantique, encore !)toute forme de vasconisme qui ,de façon réfléchie et rationnelle ,supposerait une collaboration multiple avec nos voisins basques ? A mes yeux,sûrement pas,qu’il s’agisse de projets culturels (co-éditions et autres) ou de projets structurants(on a évoqué ailleurs dans "Gascogne débat" des investissements en commun souhaitables ,allant au delà d’Euskadi et de la Navarre et associant aussi l’Aragon ,voire la Catalogne ).
      Ne serait-ce que parce que la Gascogne est pauvre en argent et en hommes et a besoin de la collaboration des autres.
      A ce sujet,je ne vois pas pourquoi nous interdire une forte collaboration avec ceux qui sont ,linguistiquement et culturellement nos frères naturels,occitans et catalans , en leur fermant définitivement la porte au nez ?On peut tout de même espérer que l’occitanisme n’ a pas dit son dernier mot et peut se transformer en passant d’une théorie et d’une pratique de type "Etat central décentralisé" à une pratique confédérale de la langue,c a d à une mise en commun de moyens qui sont limités pour tous ,tout en cessant de proclamer des unités de façade(une façade bien évidemement craquelée,faute de réalité derrière) ? .

      Voilà ;je ne prétends pas avoir tout dit et d’autres,espérons-le,apporteront leurs réflexions là-dessus.
      Il nous reste à éspérer ,monsieur Lartigue,que vous continuerez longtemps à apporter aussi à la Gascogne et à sa culture ,comme jusqu’à présent ; les Basques,semble-t-il, ne manquent pas de linguistes !

      Per la Gasconha, au Diu vivant !

    • Bonjour Monsieur Saint-Gaudens,

      Oui, vous avez raison de dire que c’est une forme de désespoir qui me guide. Désespoir au sens premier du terme. Je n’espère plus que le gascon renaisse parce que, comme vous le dites au sujet du basque, un fleuve ne peut pas remonter vers sa source. Pour nous, le problème est bien plus grave car il n’y a plus d’eau qui sort de la source. Je veux dire que les jeunes générations sont totalement dégasconnisées et que, faute d’eau, le fleuve va très bientôt se tarir.
      Quant au vasconnisme, il est vrai que c’est anecdotique en Gascogne. Allons-nous reconstruire l’antique Vasconie ? Je ne me fais aucune illusion à ce sujet. Mais l’utopie occitane de grande Occitanie est-elle plus sérieuse ? La Vasconie est une réalité historique, l’Occitanie est un mythe.
      Il m’arrive parfois de pester méchamment contre l’occitanisme en Gascogne. Oui, ils me mettent en colère. Mais je me rends compte que tout cela est bien dérisoire et que la colère ne sert à rien.
      Notre passage sur cette petite planète est bien bref. D’après les dernières sattistiques, 32 années me sont encore données, sauf accident ou maladie. Alors j’ai décidé de les occuper à faire des choses qui me plaisent. L’étude du basque, mon intégration à la communauté euskaldun en est une. Je l’ai dit ailleurs, quand je parle basque avec un autre euskaldun, à Donostia, Lekeitio, Ezpeleta ou Makea, je suis heureux. Quand je parle gascon avec ma fille ou avec les quelques amis et voisins qui en ont encore une bonne connaissance, je suis heureux. Le félibrige et l’occitanisme on largement échoué en Gascogne. Pourquoi s’entêter ? Pourquoi cette dérive actuelle vers le tout languedocien ? Pourquoi vouloir achever l’aliénation des Gascons en leur confisquant jusqu’au nom de leur langue ancestrale ? Voilà ce qui me met en colère chez les occitanistes et qui fait que je ne peux pas me réconcilier avec eux dans l’état actuel des choses. Le projet d’une grande Occitanie, qui balaye le gascon d’un revers de main, est de plus en plus patent. Qui ne le voit pas ?
      Alors, comme je pense qu’il y a des choses plus importantes et essentielles dans la vie, je préfère faire me faire plaisir et je converse avec nos frères Basques. C’est autrement plus gratifiant qu’assister à l’agonie de notre pauvre gascon et de notre pauvre Gascogne.

      Avec mes amitiés.

      P.Lartigue

    • Que’v suggeri de m’aperar Gerard ; no’m senti pas trop concernat peu nom qu’emplegui suu site (a maugrat que sii lo nom d’ua arren mair bona) entà conservar la mia libertat de paraulas en aqueth monde iper-conectat !
      Tederic que’v pot donar totas las mias entresenhas si aquo e’v vaga. Amistats tabé, GSG
      Amistats a vos tabé !

    • Le "saut basque" de Halip n’est pas à la portée du gascon de base.

      La catastrophe identitaire que vit la Gascogne est liée à la perte de sa langue : quel ciment identitaire qu’une langue à soi !
      Mais nous, on va devoir faire sans ! Adopter le basque n’est pas possible, ni vraiment satisfaisant, même si ça aurait un certain panache.

      Aussi bien Halip que Gerard que moi, nous savons regarder la réalité en face.
      Moi, je suis venu à la Gascogne par l’Occitanie et par la langue.
      Maintenant, j’ai envie de faire vivre la Gascogne même sans sa langue et même sans Occitanie !

      Depuis longtemps, je pense qu’un jeu de balancier subtil entre Vasconie et Occitanie peut participer au développement de l’identité gasconne.

      Côté occitan, pour l’instant, on est bloqué, parce que l’occitanisme devient jacobin, et même il se coule dans le jacobinisme français en croyant y trouver profit. Du coup, il ne jure plus que par les régions administratives (Midi-Pyrénées, Aquitaine...) et la Gascogne passe à la trappe.
      Avec des évolutions bizarres comme la gasconisation de la région Aquitaine et la languedocianisation de la région MP...

      Je pourrais m’inscrire dans un occitanisme refondé, qui soit une alliance de régions à identité forte, dont la Gascogne, et pas une entreprise jacobine : mais je ne le vois pas poindre à l’horizon.

      Côté vascon, c’est totalement différent. Je vois que des mouvements vascons s’expriment outre Pyrénées, qui avancent une "Navarre" qui engloberait même la Gascogne (je viens de lire ça sur Facebook !).
      Il faut en prendre et en laisser. Et ne pas oublier que nous sommes devenus profondément français, en Gascogne.

      "Comme d’hab", c’est surtout sur soi-même qu’il faut compter !

      Mon programme : il est dans l’article ci-dessus (n’oublions pas que nous sommes dans le forum "Faut-il être paloumayre pour être gascon ?") :
      partir de notre histoire et de notre géographie pour proposer une nouvelle identité gasconne attrayante pour le grand public.

    • Bonjour,

      Tu as raison Tederic, le saut basque, ou vascon, ne peut être qu’un choix très personnel et inciter les Gascons à le faire est vraisemblablement voué à l’échec.
      C’est une langue difficile d’accès, dont l’acquisition nécessite beaucoup de travail et d’enthousiasme, je pourrais dire de foi. Au bout de quatre ans, j’ai acquis un niveau convenable, qui me permet de converser sans trop de difficulté, et de lire correctement tout type d’ouvrage, en batu, en navarro-labourdin et en guipzucoan. Pour le biscayen ou le souletin, c’est une autre paire de manches, à l’oral surtout.

      Le Gascon de base ? Peut-on encore parler de Gascon, de base ou pas ?
      Nous sommes devenus, dans notre quasi totalité, des Français du Sud-Ouest. C’est ainsi, c’est le sens de l’Histoire. On peut alternativement le regretter ou s’en réjouir.
      L’intégration à la France n’a pas eu que des côtés négatifs, notamment en terme de libération de l’individu et de progrès social.

      Je regarde autour de moi. Il n’y a strictement aucune identité nationale gasconne, pas de peuple gascon conscient, pratiquement plus de locuteurs compétents.
      Gardons à l’esprit que les "vieux" d’aujourd’hui sont nés dans les années 1930 et que, généralement, ils patoisent plus qu’ils ne parlent véritablement le gascon.
      Ma fille, les rares fois où elle a l’occasion de converser avec un gasconophone, est étonnée par le nombre de tournures françaises qu’il utilise et me le fait remarquer. N’y voyez nul orgueil de ma part, mais elle parle bien mieux que beaucoup qui ont 75 ou 80 ans.

      Maintenant, rompre avec l’imaginaire occitan et recentrer les Gascons vers un tropisme, que je dirais naturel, basque, ou basco-aquitain, est un objectif envisageable.
      Pour cela, il faut une rupture radicale d’avec l’occitanisme.

      Mais à l’heure actuelle, la seule réponse articulée, et qui bénéficie de l’oreille des pouvoirs publics, est celle des occitanistes, qui occupent largement le terrain institutionnel.
      Les réponses gasconniste, et encore plus béarniste, sont tellement connotées politiquement, qu’elles se disqualifient.
      Quand à l’option vasconniste, elle est groupusculaire et fait peur. Je suis vasconniste et pourtant, je ne suis ni un terroriste d’extrême gauche, ni un néo-fasciste. Or, les gens de gauche me donneront du second et ceux de droite du premier.
      Je suis trop vieux pour me lancer dans une aventure militante radicale, je suis devenu trop timoré et j’ai trop à perdre. Le confort, la tranquilité...
      Donc, à mon très modeste niveau, j’essaie de faire connaître aux Gascons leurs origines ethno-culturelles et linguistiques.

      Le dialogue avec les occitanistes ? Il est devenu quasi impossible, c’est une perte de temps.
      Ils ne sont plus dans la réalité, refusent le constat d’échec et, Tederic l’a bien noté, empruntent aujourd’hui une nouvelle voie que je qualifierais de jacobinisme méridional.
      La nation occitane est louable, l’idée même de nation vasconne ne peut être que rétrograde, localiste, dangereuse et fasciste.
      Arguments qui furent utilisés à une autre époque, et avec d’autres mots, pour condamner et combattre les patois, refuges de l’obscurantisme et de la réaction. Mutatis mutandi.

      Je ne me réjouis pas de ces constats, je les fais simplement et je ne prétends pas détenir la vérité. Simplement ma vérité. J’attends qu’on me détrompe.

      P.Lartigue

    • Ben oui on est devenus profondement français en Gascogne !
      la faute a qui ? peut etre a l’Etat francais qui depuis la fin du 19eme tape allegrement sur tout ce qui ne lui parait pas modelé comme il l’entend.
      La grande mouvance des populations l’arrange enormement ces dernieres années pour aider a gommer les restes moribonds de notre culture.

      La langue elle est morte depuis le jour ou les instits ont rentré dans l’esprit de nos ayeux que c’etait la langue des "pequenots" des imbeciles et des arrierés ; enfin pour ceux qui allaient a l’ecole... ils n’y allaient pas tous croyez moi, les enfants de paysans et metayers etaient plus souvent aux champs qu’a l’ecole mais l’ecole est obligatoire non ? ha oui mais pas pour eux.

      On etait un peu leurs colonies proches, sans passer la mer !! parce qu’enfin c’est un peu ça que l’on est : des colononisés.
      Rappelez vous la revolte des resiniers il n’y a pas si longtemps que ça : l’etat y a fait vite mettre bon ordre et avec des fois l’appui des "dragons modernes" ! et on a fait s’implanter en Gascogne surtout dans la lande des agriculteurs du nord pour bien lisser tout ça.
      Nous on etait obligé de partir, et eux arrivaient a vivre de nos terres ; un peu troublant non ? et que je te plante des pins de force et que je te saisi les communaux, tout ça pour le plus grand profit des industriels du nord et des bourgeois bordelais qui achetaient a des prix derisoires le mode de vie et la culture d’un peuple.
      Ça s’appele pas la colonisation par le sol ça ?
      Pensez europeens, ne pensez plus comme il y a 20 ans, c’est fini tout ça, vous comprenez rien, vous etes des arrierés, c’est le discours que l’on nous tient actuellement, alors la Gascogne dans tout ça, adishats et merci, et pour bien enfoncer la pointe je te colle une autoroute (qui est un fiasco) et bientot la lgv afin que certains puissent facilement venir a leurs maisons de campagne depuis Paris ou ailleurs.

      Ouvrons les yeux : c’est pas pour nous qu’ils font tout ca mais c’est nous qu’on paye et que l’on y laisse les terres.
      Et dans tout ça effectivement nos "cousins" basques resistent un peu et, je suis entierement d’accord, prenons exemple sur eux qui de plus sont plus proche de nous culturellement que nos amis provençaux.
      Faut regarder la verité bien en face.
      Sans pour cela se "teindre" en basque, ecoutons les et essayons de reprendre les conctacts perdus avec nos cousins et voyons ce que l’on peut faire ensemble pour essayer de nous sauver a tous un peu aussi.
      Je suis pour ma part beaucoup plus a l’aise dans une maison de Soule que chez les chtis ou les charentais.
      Chacun SA CULTURE.

      Dans un pays moderne, pour vivre en harmonie il faut que tous le monde se respecte et ne veuille pas convaincre l’autre de sa superiorité.
      Les minorités en France ce ne sont pas les peuples basque ou gascon ou breton etc qui composent le "pays" depuis des siecles mais des gens venus de contrées tres lointaines et n’ayant strictement aucun points communs avec des peuples qui ont, eux, fait la France et qui continue a la faire manger tous les jours ; nous on a plus droit a la parole !!! taisez vous on s’en fout de vous ; ils nous ont donné la reponse a tous quand ils ont refusé la loi sur les langues regionales ; ils ne nous reconnaitront a acuns JAMAIS !!! alors on fait quoi, le mouton ou le loup ?

    • adixats a tots,

      je viens de finir le livre de M. Arette "la longue marche des Aquitains" : il casse avec pas mal de faits historiques (et également d’hypothèses plus hasardeuses), mais avec une grande érudition le mythe basque de la grande vasconie.
      D’après ces recherches la gascogne est issue du mélange de nombreux peuples : la vaccéens, les basques et les vascons pour les plus importants (avec bien sur des celtes, ibères, latins...).
      A méditer.

      R Lattuga

    • Je crois modestement que tout peuple est confronté à la mutation inéluctable de ses référents ethnologiques initiaux. les Berbères ne sont plus des bergers, les Arabes plus des nomades, les Aztèques ne sont plus davantage des paysans lacustres, et dans la montagne catalane, on ne cultive plus en terrasses.
      A cette banale et ordinaire mutation des cadres, je pense que tout peuple, dont l’existence est marquée par la présence d’une langue, peut et doit se poser la question de sa pérennité à travers une dialectique binaire "continuité/rupture".
      En clair, la Gascogne du temps des bergers d’Arnaudin et des paysans de Bladé est morte, bien sûr. Mais la France paysanne d’Ancien-Régime, comme le vieux Paris avec des maisons en bois sur les ponts et des remparts est mort aussi. La langue française est-elle morte pour autant ? Si elle est menacée, en tous cas, ce n’est pas pour ça, mais peut-être pour n’avoir pas su se poser ces questions-là, notamment celle du génie de la langue par la dialectalité.
      Les sociétés passent, les langues restent, ou du moins peuvent rester, si tant est qu’on prenne le temps de s’intéresser à la problématique de leur survie par-delà les mutations sociales, économiques, démographiques...

      En clair, je crois que si la Gascogne est morte, elle a un avenir. Je crois qu’on peut sauver les quelques fragments qui restent et s’en servir comme base pour une reconstruction, responsable et intelligente, de la Gascogne de demain, y compris pour la langue.
      En clair, à la Gascogne des bordes, des cortilhs, des quilles de 7 et des landes, succédera celle des HLM, des Pôle-Emploi, des ZAC, des ZUP et des LIDL. Son ethnicité gasconne prendra pour base d’autres référents, et en cela même, nul ne pourra prétendre qu’elle est moins gasconne que l’autre.

      En tous cas, je crois ce cheminement possible, et nul ne peut me blâmer de tenter de le faire.

      Deux mots encore :
       la culture basque, que je connais bien quoique ne parlant pas basque, repose aussi sur beaucoup de mythologie et de folklore, comme toute culture, en fait. La croire plus pure qu’une autre est une erreur de jugement, générée par, à mon avis, la construction d’une mythologie personnelle.
       l’occitanisme n’existe pas. Il se compose en réalité d’une infinité de courants issus d’origines très variées. On fait souvent ici le procés de l’occitanisme sur la base d’une certaine forme d’occitanisme, celui des Languedociens ou Gascons assimilés des années 60-70 (Lafont, Castan, Mallet, Fontan...). Ce n’est qu’un des aspects de la chose, et pas le plus intéressant. En outre, cela n’existe plus.

    • Oui, une nation peut survivre, éventuellement avec sa langue, alors que tout est chamboulé dans son économie et sa culture.
      Le problème de la Gascogne est que ce n’est pas ou plus une nation, et qu’elle ne vivait depuis un millénaire que comme espace culturel, lingüistique et un peu économique. Elle meurt apparemment dans toutes ces composantes !

      Tu dis, David, "à la Gascogne des bordes, des cortilhs, des quilles de 7 et des landes, succédera celle des HLM, des Pôle-Emploi, des ZAC, des ZUP et des LIDL. Son ethnicité gasconne prendra pour base d’autres référents"...
      Mais les "HLM, Pôle-Emploi, ZAC, et ZUP" sont des référents étatiques français, et "brigue" gascons ! LIDL est un référent économique européen (brigue gascoun tapau...).
      Je considère que l’ethnie gasconne disparait (elle existe encore un peu, très peu, dans la vieille génération).

      La seule chance de reconstitution à moyen terme est selon moi la montée en puissance d’un espace de relations sur l’éventail gascon autour de Pau-Tarbes, avec un réseau de villes comprenant Dax, "lou Moun", Agen... en contrepoids aux métropoles de Bordeaux et Toulouse qui s’appuient sur des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées qui sont un danger mortel pour la Gascogne.

    • Non, ce ne sont pas des référents français, ce sont des référents universels. Si la Gascogne (ou l’Occitanie) était demain indépendante, elle aurait exactement les mêmes, seul le libellé (Pôle Emploi = Pòle Empleg ; ZUP = ZUP, Zòna d’Urbanizar en Prioritat), changerait. Même aspect : un pays n’existe pas sans industrie, donc zones industrielles, sans commerce, donc ZAC, etc.
      La Gascogne, l’Occitanie, la Catalogne, tout ce que tu voudras peu importe, n’existera demain que dans l’universalité. En cela, je suis d’accord avec Vincent P : l’ethnicité "ethnologique" est dépassée, ce monde sera celui de la mondialisation et de l’universalité des référents. Seulement, à la différence fondamentale de lui, je ne pense pas que cela soit la fin des identités, mais au contraire le commencement d’une nouvelle ère, celle que lui et moi, natifs des années 80, nous avons connue seulement. Et tout y est à faire. L’identité, c’est la langue avant tout. Si la langue peut prendre une portée universelle (comme le désirait Pèir de Garròs), alors l’identité est sauvée.

    • Tot a fèit d’acòrd ! Fau pas s’inventar una identitat dita vascona ! Damòrim serios, fau pas que nos pòrti prejudici.

    • Lo gascon n’es pas mòrt ! Aquera es la milhora ! Lo practiqui plusiors còps per setmana, damb personas variadas , a l’escriut o a l’orau.
      E en gascon, disen ÒC, coma las autas lengas d’òc. Ren a véser damb lo basque !

    • 1° Qui a inventat la Vasconia ? N’a pas jamèi existit coma nocion desempui l’Antiquitat, ce me sembla.

      2° Los occitanistes an au mens lo merite d’auger creat Calandretas, l’IEO...... Sens tot aquò, i auré benlèu pas de junes per parlar gascon, un meishant gascon probable, mès gascon pus o mens...

    • Adixat Philippe,

      Que veux tu dire par :
      "Les réponses gasconniste, et encore plus béarniste, sont tellement connotées politiquement" ?

      En effet, je peux t’assurer que L’IBG (car c’est à cela que tu fais référence je pense) n’a pas de couleur politique.
      D’ailleurs, toutes les opinions politiques sont représentées mais n’intéragissent pas avec nos actions ou nos positions.
      En disant cela, tu reprends donc l’argumentaire occitaniste qui vise à discréditer l’IBG au prétexte qu’un de ses membres (Alexis Arette) a été conseiller régional du FN. C’est vrai, et alors ?
      Notre président actuel est socialiste, et un de nos membres s’est présenté aux cantonales sous la couleur alliance écologique.
      L’IBG accepte tous ceux qui veulent se retrouver sur la base de la langue béarnaise et gasconne, surtout s’ils ont du talent.
      Il n’y a pas d’exclusion. C’est cela être ouvert, et non se dire "politiquement correct" et exclure tous ceux qui ont des idées politiques différents ?

      Les occitanistes, en revanche, surtout depuis les dernières régionales, ont pris une vrai dimension politique, en s’affirmant de tendance EELV (je ne parle même pas des libertat qui se réclament d’extreme gauche révolutionnaire).
      C’est là une rupture avec ce qui avait été fait dans le passé, et je pense que ça peut expliquer les tensions qu’il y a eu par exemple entre Grosclaude et Per noste.

  • J’ai lu, en amont de ce gran de sau, un Gascon qui prônait la solidarité face aux estrangèirs....
    On se rapproche de l’esprit bazadais de base, j’ai énormément fréquenté ce milieu et j’ai fait une observation étonnante :
    dans le milieu culturel traditionnel bazadais, les gens habitant Langon ou Bordeaux (même d’origine bazadaise) sont moins bien intégrés que les gens d’oïl installés à Bazas depuis peu.

  • Je m’appelle Lefrançois et je suis gascon, né à Dax. Il est où le problème ? Le monde se mélange et parler de "race" c’est un peu limite non ? Parlons de peuple oui, mais race...

    • En relisant rapidement les messages précédents, je ne vois personne parler de "race", de peuple peut-être, au moins de façon sous-entendue.
      Reste qu’en effet, dans une partie de la littérature gasconne (et peut-être des autres littératures occitanes) on emploie parfois le mot "raça" ou "arraça" (la poetesse bigourdane Phildelphe de Gerde par exemple, qui louait "er’arraça vielha" (la vieille race) : il me semble que c’est la continuité des familles et celles des maisons qui étaient visées là et non un ensemble humain cohérent et clos aux caractéristiques morphologiques et psycho-sociologiques identiques comme ce fut de mode à partir du XIXè siècle. Mais le fait est là.

  • Un ancien maire de Mimizan, Robert Barsac : un homme investi et un vrai gascon

    Ses passions furent aussi celles d’un vrai gascon. Le rugby qu’il a pratiqué à Parentis-en-Born et à Mimizan. Dans son village natal il fut champion de France en promotion d’Honneur à l’issue de la saison 1955-1956 aux côtés notamment du docteur André Mirtin, ancien maire et député des Landes. Robert Barsac était passionné par la forêt et l’océan, la nature et les animaux. Chasseur, il s’était investi dans l’association communale de chasse agréée (ACCA) dont il fut président. Imprégné de culture espagnole, il fut également aficionado et féru de tauromachie, adhérant notamment à la peña Ponce de Dax et fréquentant le Cercle taurin mimizannais.


Un gran de sau ?

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