La Gascogne et une "révolution régionale" Tederic M.

- Tederic Merger

A propos du livre "La grande transition. La France dans le monde qui vient" de Pierre Veltz, que je n’ai pas lu, mais dont j’ai lu des critiques positives :

http://www.veltz.fr/pdf/Les%20Echos-Veltz-La-grande-transition.pdf

http://www.alternatives-economiques.fr/la-grande-transition--la-france-dans-le-monde-qui-vient_fr_art_709_36882.html

Voici un passage de ce dernier article :
"pour que cette économie "hyperindustrielle" (comme l’appelle Pierre Veltz) se développe dans tous ces domaines, le territoire local ou régional joue un rôle essentiel. Car la proximité - intellectuelle, sociale, culturelle et même économique - demeure essentielle pour stimuler les dynamiques, favoriser la diffusion des idées, "mutualiser et combiner les compétences et les expériences", organiser la solidarité entre gagnants et perdants. Elle permet également de réduire les coûts de transaction que, à l’inverse, la distance augmente"

Et encore :
"régionaliste mais à condition de s’appuyer sur de grandes métropoles, Pierre Veltz n’hésite pas à provoquer ses lecteurs"

Et ici, attention ! pour la Gascogne, ça tombe apparemment mal, elle n’est pas centrée par une métropole ; actuellement, elle en a deux (de taille modeste à l’échelle européenne ou mondiale), Bordeaux et Toulouse, et je dirais même qu’elle en a trois, parce que Paris reste sa première métropole.

Attention donc, si nous voulons promouvoir un espace régional gascon, il est difficile de nous appuyer sur le discours, par ailleurs séduisant, de ceux qui plaident pour des régions fortes organisées autour de métropoles fortes. Ce discours conduit au contraire à une construction régionale du genre Aquitaine-Charentes-Limousin (en fait une grande région autour de Bordeaux), qui nie totalement la Gascogne.

Je propose de chercher comment articuler quand même une grande région géographique et historique, la Gascogne, avec la dynamique de plusieurs métropoles qu’elle a déjà, ou qu’elle aura après-demain (qui sait si un jour n’émergera pas un pôle du côté de Pau-Bayonne-Saint-Sébastien, le troisième angle du triangle gascon ?).

Grans de sau

  • Je pense que l’on ne pourra pas "isoler" la Gascogne de "ses" métropoles même si celles-ci sont en partie "dépaysantes" parce que quasiment extérieures et en même temps phacocytantes (pardon pour le barbarisme).

    Reste à trouver le moyen de vivre avec, au mieux... Pas simple, en effet.

    Par ailleurs le terme "hyperindustriel" me laisse rêveur car nos économies sont, comme nous savons, de plus en plus désindustrialisées et tablent sur les services.
    Bien que je sois convaincu de la nécessité de limiter cette évolution, voire d’aller contre, je doute que nos économies d’après-demain puissent être "hyperindustrielles"...

  • Je partage totalement ton avis, GSG : il faut que la Gascogne "vive avec" ses métropoles, en essayant de transformer son handicap en force.
    Déjà, jouer peut-être sur cette particularité d’avoir deux métropoles (Bordeaux et Toulouse)...
    Pour le sud-ouest de la Gascogne, jouer de l’éloignement de ces deux métropoles pour s’en affranchir partiellement.

    Il semble que la métropolisation repose sur la montée en puissance des "services" (parfois de nature industrielle - Veltz signale une convergence entre industrie et service) ; ces services ne sont plus forcément adossés à de grosses usines dispersées sur le territoire ; ils prolifèrent plutôt là où il y a "du monde", là où il y a déjà un foisonnement de facteurs humains.

    Le monde appelle le monde, effet boule de neige, dont notre Gascogne massivement rurale et à faible densité ne peut pas profiter, sauf là où elle touche aux métropoles, mais là justement elle perd sa gasconité. (j’écris "gasconité" sans double "n" bien que mon correcteur me le signale en rouge, y en a marre !).

    A propos de cet effet boule-de-neige qui bénéficie aux métropoles, je pense au désert médical qui affecte les petites villes : une des causes serait la difficulté pour "le conjoint" à y trouver un emploi ; il semblerait que les "cadres" en général répugnent pour cette raison à s’installer hors métropole.

    Là-dessus, la Gascogne rurale ne peut pas lutter. Elle ne peut pas abolir les distances géographiques, ni ses faibles densités de population.
    Je me dis qu’il faut à nouveau penser à l’outil "réseau informatique" (Internet, en gros...) et aux possibilités de télétravail qu’on est sans doute loin d’utiliser à plein. Bien sûr, la téléconférence ne remplace pas totalement le contact direct, mais...
    On pourrait travailler par exemple 4 jours sur 5 "à la campagne" et se rendre le 5e jour en métropole pour le contact direct...

    Je repense aussi à mon idée d’anneau gascon (pour le transport physique des personnes) : tout point de la Gascogne intérieure aurait un accès, au pire à 70km (a biste de nas) sur un point de l’anneau où se ferait la commutation avec les métropoles.

    Ensuite, on peut critiquer le modèle même d’économie "hyperindustrielle" (mais je le répète, il semble que Veltz n’entende pas par là un retour des grandes usines - resteront-elles en Chine ou au Bangladesh ? -, mais pense à une "industrialisation des services") qui pousse la métropolisation.

    Je verrai avec faveur, par exemple, un retour à une polyculture plus artisanale, qui n’apporterait pas d’eau au moulin métropolitain.

  • Bon... ne me’n cau pas dar... mes... e pénsatz har, vosatis, qui particípatz en’queth forum dont m’agrada hòrt, quauquarré de concret per le Gasconha ? Percè, legir que legissi mes... delà deus mots, qui son dijà quauquarré, çò que pòdem har ? Qu’èi deishat un messatge de’queth escantilh a perpaus deu manifèste gascon, e nada responsa. Se vòlem que cambii aquesta situacion, n’i a pas sonque lo concret. Belèu, ves vòletz limitar au virtuau, e aquò que’s pòt compréner, mes alavetz, a qué aurà servit tota aquera mestior perpausada aquí capvath, en har topins de hum ?

    • Adishatz Castèths !
      Totjorn aquera opausicion énter parlar (o escriver) e agir...
      La discussion, lo debat, que son necessaris.
      L’accion ? Cadun de nosautes qu’ageish quan causeish lo son biais de viver, de minjar etc. E quan vòta a las eleccions tanben.
      Si pensas a ua associacion qui organiza accions dens l’arrua ende promàver la Gasconha, perqué pas ? Totun, l’accion ideologica que passa fin finau peus mediàs.
      A costat de Gasconha.com qui demora l’òbra màger ende jo, que participi a la navèra aventura de "Région Gasgogne Prospective". Sabi pas si marcherà, mès que cau sajar. Que’ns rencontreram a Tonens lo dishabte 1èr de març. Si ne pòdes pas vénguer, que soi a pensar a l’organizacion d’ua teleconferéncia...
      Qu’aimerés véder concretament la Gasconha avançar... jo tanben. A l’òra d’ara, n’avança pas, que s’esvaneish. N’i a pas de solucion evidenta... que’n cau parlar !
      Lo "Manifèste" qu’ei ua auta tentativa, esperi que s’poderà juntar damb "ReGasPros". Mès qu’ei ua accion mediatica - a amelhorar, segur.

  • Adixats brabé mundé !

    Tederic dit :
    "Je propose de chercher comment articuler quand même une grande région géographique et historique, la Gascogne, avec la dynamique de plusieurs métropoles qu’elle a déjà, ou qu’elle aura après-demain (qui sait si un jour n’émergera pas un pôle du côté de Pau-Bayonne-Saint-Sébastien, le troisième angle du triangle gascon ?)."

    Ké ja dé ké disküti ! Aném dunk :

    1) La situation jusqu’à aujourd’hui :

    - la Gascogne éclatée en neuf départements, créant la structure suivante : une ceinture de cinq départements mixtes gascons-non-gascons entourant un coeur de quatre départements dont trois gascons et un mixte gascon-basque.
    - ces départements scindés en deux régions : une moitié ouest (quatre dép.) en Aquitaine et une moitié est (cinq) en Midi-Pyrénées.
    - ces deux régions centrées sur des métropoles en périphérie de la Gascogne.

    ==> le cadre actuel nie la Gascogne, les départements comme les régions. Inadapté à tout projet Gascon, partiellement comptable de l’atonie actuelle. D’un point de vue purement Gasconocentré, il ne faut garder ni ces régions, ni ces départements !

    2.1) Les tendances technocratiques actuelles :

    - Big is beautiful (plus c’est grand mieux c’est) donc construction de plus grandes régions en supprimant les départements ou en les reléguant à un rôle secondaire.
    - Métropolisation : calquer chaque région sur l’aire d’influence d’une grande ville.
    ==> une région réunissant tous les Gascons ne serait centrée sur aucune métropole. Deux région renforcées autour de Bordeaux et Toulouse, la Gascogne reste coupée en deux. Une hyper région englobant les aires d’influence de Bordeaux et Toulouse réunit tous les gascons mais ne favorise pas de dynamique propre. Solutions incomplètes, fort risque d’aliénation.

    2.2) Les tendances populaires actuelles :

    -incompréhension et démobilisation devant la complexité du "mille-feuille administratif".
    -perte d’identité historique ou quête de celle-ci, simultanément.
    -désir croissant de rapprocher son cadre politique de son horizon/imaginaire personnel.

    ==> Pour être soutenue, une nouvelle organisation des territoires doivent apporter efficacité et lisibilité. Elle ne doit pas nier les liens affectifs avec les terroirs ni les liens quotidiens avec les métropoles. Elle doit posséder une image typée et résonner, susciter l’adhésion des enracinés et la curiosité dews horo-biengüts.

  • A M de Casteths,

    J’ai pris la "révolution régionale" par la question des découpages territoriaux qui nun semlo pas brigo councréto, mais je crois que nous sommes nombreux à sentir son importance, et son actualité.

    Il y a certes bien d’autres sujets et actions au menu d’une "révolution régionale".

    Je suis prêt comme vous à dépasser la discussion. Cela peut commencer par une réunion avec les participants au site intéréssés. Si un ordre du jour est donné à l’avance, je viendrai avec ma pomme, mes contributions formalisées et prêtes à discuter...

    Regrouper les énergies au sein d’une Agence Gasconne, qui travaille à mettre toutes nos réflexions en ordre de marche et qui va les diffuser et les porter, ça me paraitrait concret, et à vous ?

  • Ah Tederic,
    Votre dernier message n’était pas en ligne quand j’ai mis le mien, mais il semble que, Région Gascogne Prospective et Agence Gasconne, nous soyons sur une longueur d’onde proche.
    K’aymari den sape mes ?

  • Artiaque, nous connaissons-nous déjà peu ou prou, ou pas du tout ?
    Je partage totalement votre analyse de la situation actuelle et des tendances de la Gascogne.
    Vous souhaitez participer à une dynamique gasconne... hòrt plan ! mais je n’ai pas votre adresse e-mail ; vous pouvez envoyer un message à actiongascogne@gmail.com et je vous mettrai dans la liste des sympathisants).

    Je renouvelle ma proposition de rencontre samedi 1er mars à Tonneins, à l’occasion de la réunion du CA de "ReGasPros".
    L’après-midi peut être consacrée à des échanges informels.

    C’est l’occasion de se lancer dans la communication à distance (téléconférence skype). C’est un moyen terme entre une rencontre physique et des échanges écrits. Il me parait indiqué pour nous qui sommes esparrisclats (dispersés) géographiquement.

    Je n’ai pas utilisé Skype depuis longtemps, et j’aimerais tester si possible avant le 1er mars, par exemple le samedi 22 février après-midi vers 14h...
    Mon profil Skype est tederic2 .

  • Adixat Tederic,

    Je ne vous connais pas, ni aucune des personnes qui participent à ce site il me semble (j’en profite pour les saluer au passage) en dehors desdites participations que je lis depuis quelques mois...

    Mais je proposai de participer davantage parce que :
    Ce site et quelques autres, tous découverts récemment pour moi, m’ont touché. Ils ont relancé une réflexion que j’avais entamée tout seul dans mon coin.
    Je me reconnais dans :
     la participation ouverte à tous les intéressés,
     votre tempérament conciliateur,
     la réunion de générations et d’horizons différents,
     un esprit dialectique qui fait émerger des idées pertinentes
     une approche pluridisciplinaire (humaine quoi).

    Bémol : où sont les filles ?

    Ok pour participer à des rencontres en chair et en os ou par skype.

    Je vous fais suivre mes coordonnées par mail.

  • Adixat Mossur Artiaque !
    Merci pour votre réponse et votre sympathie.

    Oui, les "Daunes" nous snobent !-) Enfin pas toutes, mais beaucoup...
    Et je crains d’ailleurs qu’une orientation encore plus "prospective" et surtout "politique" de la Gascogne les rebute encore plus, mès que har ?

    Je confirme que je serai accessible par Skype demain samedi 22 février 14H sauf pb technique. Soyez nombreux, d’autant plus qu’un ami m’avertit que les visioconférences Skype nécessitent un abonnement payant*. "En revanche avec la hangout de google, pas besoin ! " (qu’es acò ?)

    *Nous aurons vite fait de le constater si c’est le cas...

  • La Gascogne prise de la périphérie bordelaise aux Pyrénées Centrales offre des paysages et des trésors culturels que les tours de métropoles souhaitées par certains n’ont pas à ce jour gâchés. C’est là un atout bien plus accessible pour le développement de ce petit pays, qu’une industrialisation aléatoire. Or, ce "jardin", cette Silicon Vallée de qualité de vie, elle est pratiquement ignorée, contrairement à des pays comme l’Autriche où presque tous les habitants sont devenus des hôteliers individuels respectueux de sites que notre agriculture détruit inconsciemment.

  • Je suis plutôt favorables aux tours dans les métropoles, même dans les petites villes moyennes, a fortiori, à l’industrialisation.

    Cette Gascogne médiane d’entre Bordeaux et les Pyrénées, ne peut pas vivre que de bonnes intentions et de tourisme (quant à ce dernier, il serait bon que nous conservions les paysages intacts, notre région s’enlaidit).

    Je reviens de quelques jours au Pays Basque espagnol qui est un pays que j’aime beaucoup. J’y constate à chaque fois la possibilité d’un développement économique industriel relatif (modèle en crise, ne le nions pas, Fagor à Mondragon), pris en charge par les villes, et le maintien parallèle d’une forte culture autochtone.

    Pour parler de façon moins abstraite, on ne peut que regretter qu’une ville comme Roquefort ait perdu sa papeterie. Une industrie de la sorte structure un bourg, une région donnée, elle donne du boulot aux enfants du pays qui veulent y rester.

    Aujourd’hui, une ville comme Roquefort semble plutôt faire le pari risqué de l’effet autoroute, attirer une population via des terres qui ne sont pas chères. Quelle est cette population ? Une analyse rapide et sociologique de la situation me laisse entrevoir des familles des classes moyennes basses, avec risques de déclassements rapides.

    Ces populations mobiles que se disputent ces communes ne sont pas porteuses d’une culture gasconne de demain, personne ne doit les accabler mais c’est ainsi. Elles viennent précisément en ces terres un peu isolées parce qu’elles sont loin des "tours" décriées.

    Pour ma part, je crois possible une vraie vision urbaine de nos villes, et une vraie vision rurale de nos campagnes. Lapalissade, mais pas vraiment. Je constate qu’en France, et probablement que le statut unifié et homogène de l’échelon "commune" y est pour quelque chose, on entend développer campagnes et villes de la même façon.

    Les gens des campagnes exigent les services de la ville, ceux des villes le confort des campagnes. Cela ne va pas du tout. Il faut urgemment redéfinir qui fait quoi, ce que l’on peut faire et où. Cela demande probablement une connaissance un peu intime d’un territoire donné, ce que nos élites politiques n’ont pas forcément, et qu’un PLU et autres schémas d’organisation reflètent souvent malhabilement.

    Mais dans le cadre de cette redéfinition globale, je refuse que la Gascogne hors Toulouse et Bordeaux se prive de petites villes fonctionnelles, se prive d’une industrie. Dans ma famille, je vois aujourd’hui mon jeune frère qui ne parvient pas à trouver de travail à Pau dans l’industrie, son domaine de formation. Il va être contraint, dans les semaines qui viennent, d’abandonner sa vie béarnaise, ses amis, sa sociabilité, pour Toulouse, probablement. Et à Toulouse, à l’âge qu’il a, il fera les rencontres que l’on fait à ses âges. Et il se retrouvera dans 30 ans dans un pavillon du côté de Colomiers à questionner ce qui aura été sa vie. Et le Béarn aura perdu un énième enfant du pays. Pas grave : statistiquement, il trouvera à être remplacé par quelqu’un d’autre.


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