Bordeaux n’est PLUS une ville gasconne depuis longtemps Richard Coeur-de-Lion

[La chronique de Ràdio País ci-dessous n’exprime pas l’opinion de l’article plus bas, mais peut rejoindre certains commentaires du fil de discussion de cet article]

Oulà je suis tombé par hasard sur ce site mais on atteint des sommets d’inexactitude là hein...
Vous avez le droit d’aimer la Gascogne et d’en etre fier (ce à quoi je ne peux que vous encourager) mais ne confondez pas Bordeaux et le reste du Sud-Ouest.
Bordeaux n’est PLUS une ville gasconne depuis longtemps, si d’ailleurs elle l’a jamais été... Parler une langue romane issu d’un terroir ne garantit en rien d’en avoir la culture.
Bordeaux est une ville majeure d’Europe depuis l’Empire Romain et cela fait longtemps que sa population a été brassée et elle ressort plus de la cité-Etat assiégée par la Gascogne que la capitale d’une région gasconne.
Ensuite, je suis effaré par la méconnaissance de la ville : quand vous écrivez que Bordeaux doit respecter son accent... Mais de quel accent parlez-vous ? Bordeaux n’est pas Toulouse ni la Gironde.
Bordeaux n’a pas à respecter un soi-disant accent qui n’est pas sien et ne l’a jamais été...
Je pense que vous devriez continuer à vous contenter de parler un patois disparu et de faire l’apologie de la ruralité en n’essayant pas d’approcher les grandes cités du Sud-Ouest.

P.-S.

[Pour les gasconhautes : ce gran de sau est lié à un article bordeu_2015 qui n’est plus en ligne en 2016.]

Pour Richard Coeur-de-Lion :
La page que vous avez commentée date bientôt d’une dizaine d’années, et c’est vrai que Bordeaux se dégasconnise très vite, devenant une métropole régionale qui ressemble aux autres (Toulouse, Nantes etc.).
Il reste cependant dans la population d’âge mûr de la métropole une bonne partie qui garde un accent gascon. Elle est souvent venue de plus au sud en Gascogne, ou du Médoc.
Votre perception de Bordeaux comme "une cité-Etat assiégée par la Gascogne" rejoint l’idée que j’ai plusieurs fois émise que Bordeaux et Toulouse ont vocation à devenir des villes-Land comme Hambourg ou Brème en Allemagne.
Quant à "la Gascogne assiégeante"... Si seulement la Gascogne avait la force d’assiéger ! Présentement, c’est plutôt Bordeaux la dégasconnisée qui grignote la Gascogne environnante par étalement urbain.
C’est mon avis "perso". J’invite les gasconhautes à donner le leur...
[Tederic M., webmèste]

Grans de sau

  • Je visitais le cimetière de la Chartreuse il y a 2 semaines et j’ai été stupéfait du nombre de patronymes gascons sur les tombes.

    Le petit peuple de Bordeaux a été gascon. Il ne l’est plus vraiment, consécutivement à plusieurs grandes phases migratoires successives. Il reste un accent, dans les couches populaires.

    Il est évident que ce que l’on peut appeler des Bordelais de souche, à savoir des gens nés à Bordeaux, socialisés à Bordeaux, sont souvent issus du mélange cosmopolite intense du 19ème siècle et du 20ème siècle. Ils ont développé une culture qui leur est propre, faite de mépris pour la périphérie immédiate.

    En ceci, la situation de Bordeaux est toute semblable à celle de Bruxelles, la flamande, qui francisée en 2 générations, n’a aujourd’hui que du mépris pour les arriérés néerlandophones du Brabant.

    Je n’ai rien contre ce mépris s’il s’accompagne d’une culture de qualité. La Bruxelles francophone a offert au monde une culture, un univers assez passionnant, notamment en matière d’art graphique.

    Qu’a à proposer la Bordeaux francisée ? Le négoce du vin et singer Paris. Rien de grandiose. Au demeurant, quand les Bordelais francisés, si fiers de leur accent pointu apatride, vont hiverner à Arcachon ou achètent du pinard du Médoc, il est à craindre que ce soit là des terres encore peuplées marginalement de ploucs à accent.

    Je suis le premier partisan d’une indépendance des métropoles, mais cela signifiera pour elles également de savoir rester dans le cadre des limites qu’elles se reconnaissent, et donc en effet, de cesser d’empiéter sur la campagne passablement encore gasconne. On est vraiment dans une thématique bruxelloise avec la scission du Brabant, puis de BHV.

    J’espère que cette Bordeaux, débarrassée de sa périphérie à bouseux, nous offrira quelque chose de qualité. Le défi est important : il faut faire mieux que la Bordeaux d’avant, mieux que Mauriac hobereau landais, mieux que Montesquieu philosophe des Graves.

    Au passage, militant gascon que je suis, je suis pleinement conscient de la réalité de la Bordeaux contemporaine. Alors, mon cher Richard, laissez-moi vous le dire : c’est une ville peuplée à 20% d’étudiants du Sud-Ouest, qui peuvent y faire souche, 20% d’immigrés de la 1ère ou 2nde génération, 20% de franciliens qui viennent assouvir leur rêve bobo. Des Bordelais de Bordeaux, il y en a peut-être 5%. La ville ne leur appartient plus ...

  • Pour ce qui est des approximations historiques, je crains qu’elles ne soient plus du fait de Richard. Tous les témoignages concordent qu’il existait encore à la fin du 19ème siècle un gascon proprement bordelais, parlé dans la ville, décrit par l’abbé Caudéran. Il était très affecté et influencé par le français.

    Les enquêteurs de l’ALG ont pu relever ce parler à Pessac dans les années 60, il n’était donc pas tout à fait mort.

    Très logiquement, ce parler a eu une influence sur l’accent en français des Bordelais. Il suffit d’écouter un Jean Lacouture pour s’en convaincre. Il est peu douteux que le brave homme est un Bordelais de Bordeaux.

    Camille Jullian à la même époque que l’abbé Caudéran regrettait que Bordeaux méprise "la langue de la Grosse Cloche", à savoir le gascon. Un peu plus de 100 ans après, regretter que Bordeaux méprise son accent, c’est tout de même une baisse dans les objectifs.

    Au demeurant, cette question se pose avec la même ampleur à Toulouse, je ne sache pas que les Toulousains s’offusqueraient qu’on les renvoie à leurs origines paysannes. Ils ont bien compris d’ailleurs l’impact publicitaire qu’il y a à paraître "méridional".

  • Pour dire les choses plus correctement, il aurait fallu étudier cette question des accents à l’époque où cela était encore possible.

    Jean Lacouture par exemple n’a pas un accent très prononcé, il est presque éteint en fait, mais il garde quelque chose tout de même de la prosodie méridionale. Il a été élevé chez les Pères, il faut dire, tout comme Manciet d’ailleurs, qui en français, n’avait absolument aucun accent.

    http://www.ina.fr/video/RBC07097740/les-landes-d-oc-de-manciet-video.html

    Tout cela est affaire de milieu social.

  • Alain Cazabonne, maire de Talence, héritier des imprimeries du même nom, possède encore des petites bribes d’intonation.

    http://www.dailymotion.com/video/xgj2nf_voeux-2011-d-alain-cazabonne-president-des-elus-democrates_news#.US_EXVcQZQM

    Juppé, pareillement, mais lui est Montois, masque mal quelques intonations.

    Mon avis est qu’il faut assumer son accent, et j’en suis personnellement très fier. Je parle un bon français au demeurant. J’emmerde ceux qui pourraient reprocher un tel accent mais je leur reconnais le droit de le moquer ou de le détester. Moi, j’ai en horreur les tonalités parisiennes.

  • On peut percevoir une ville et "la" vivre de bien des façons, c’est vrai de Bordeaux comme de Barcelone et de bien d’autres grandes villes européennes.
    Souvent le brassage, la projection sur le monde et celle de celui-ci en retour peuvent recouvrir une identité première, que des observateurs superficiels ou habitants trop récents pour pénétrer jusqu’au fond des rues et des ruelles, ne perçoivent plus
    Dans le cas de Bordeaux, cette identité est gasconne ou si l’on préfère aquitano-gasconne.
    Tédéric a donné en janvier dernier un exemple remontant au début du XXè siècle ("Gasconnité de Bordeaux) ; je suggère de remonter à 2 Bordelais illustres qui n’avaient aucun doute sur cette gasconnité : Montaigne (gascon parce que bordelais puisque par ailleurs il était périgourdin) et Montesquieu.
    On sait que celui-ci parlait avec un accent gascon "à couper au couteau", ce même accent que notre valeureux fils d’Alienor nie un peu vite (ce n’est pas celui de Toulouse, en effet, c’est autre chose).
    Bref, pour moi, bordelais depuis pas mal de génbérations pour une partie de ma famille, je n’ai aucun doute sur cette gasconité de ma ville natale et j’en respire les effluves un peu partout quand je m’y promène, ce qui ne m’empêche pas d’apprécier aussi les traces du commerce avec les "Iles".
    Comme beaucoup de bordelais je peux aussi dire que "mon désir a suivi la route des steamers qui labourent les flots d’une proue obstinée" (Jean de La Ville de Mirmont) mais ceci n’est pas incompatible avec cela.
    L’amour de la ruralité n’exclut pas forcément celui de la ville.

  • A propos de Montaigne : il était gascon par les origines, paternelles notamment du quartier de la Rousselle à Bordeaux (Eyquem est un patronyme gascon). la terre de Montaigne, à la frontière avec le Bordelais, avait été acquise pour acquérir des titres de noblesse.

    Quand Montaigne cite de rares phrases en oc, c’est du gascon.

    Autre citation connue :

    "Mon langage Francois est altere, et en la prononciation et
    ailleurs, par la barbaric de mon creu. Je ne vy jamais homme
    des contrees de deca,f que ne sentist bien evidemment son ra-
    mage, et qui ne blessast les aureilles qui sont pures francoises.
    Si n’ est-ce par pour estre fort entendu de mon Perigourdin ; car
    je n’en ay non plus d’ usage que de 1’ Allemand, et ne m’ en
    chault guere. C’ est un langage, comme sont autour de moy
    d’une bande et d’ aultre, le Poitevin, Xaintongeois, Angoulemo-
    sin, Lymosin, Auvergnat ; brode, trainant, esfoire. II y a bien
    au dessus de nous, vers les montaignes, un Gascon, que je trouve
    singulierement beau, sec, bref, signifiant, et a la verite un lan
    gage masle et militaire, plus qu’ aulcun aultre, que j’ entende :
    aultant nerveux et puissant, et pertinent, comme le Francois est
    gracieux, delicat et abondant."

    Les racines maternelles de Montaigne sont à Toulouse : sa mère, Louppes de Villeneuve, descend des Lopez de Villanueva de Saragosse. A Toulouse, ils ont noué des alliances avec les Dupuy d’Auch.

    Ce n’est qu’au 19ème siècle que l’on a commencé à affirmer que les Lopez de Villanueva étaient des marranes, donc des Juifs convertis.

  • Je me souviens d’une interview de Lacouture où il expliquait qu’on lui avait fait perdre son accent dans son école religieuse (je croyais me souvenir que c’était chez les jésuites), et que c’était d’ailleurs une des missions de cet établissement de faire perdre aux jeunes bourgeois bordelais qui le fréquentaient toute trace d’accent local.
    J’espère ne pas déformer ses propos.
    Si les parents de la bourgeoisie bordelaise voulaient faire perdre leur accent à leurs enfants, c’est qu’eux-mêmes l’avaient !
    Et là, j’ai en tête la lecture du livre de Jean Baldé (pseudo d’une écrivaine du début 20e siècle) dont je ne me souviens plus le titre. Le livre est autobiographique.
    Jean Baldé se souvient que son père (riche commerçant et peut-être aussi industriel, mais aussi ancré dans le terroir bordelais - ce n’est pas contradictoire) aimait réciter du gascon - je crois que c’était du Meste Verdié.
    Mais c’était il y a un siècle. C’est peu dans l’histoire d’une ville, mais c’est beaucoup à notre époque de brassage frénétique.

  • A la vérité ce monsieur ne dépare pas le snobisme bordelais qui est très "apprécié" par les habitants de l’ensemble de la région.
    Peut-on être d’une telle ignorance crasse ?
    Comment ignorer que Bordeaux fut à l’avant-garde de la résistance gasconne face à la conquête française se terminant par la bataille de Castillon ?
    Le snobisme de ce monsieur aurait pu nous faire remarquer qu’à ce moment nous étions (la Gascogne et Bordeaux) anglais, ce qui pour un snob ne manque pas d’intérêt.
    Comment oublier Pey Berland, et bien plus tard le fédéralisme des députés Girondins ? Le nombre si important de documents gascons de l’Hotel de ville de Bordeaux, délibérations courantes du port, ou délibérations de la Jurada, le gascon qui y fut langue officielle durant 3 siècles, les fors e costumas, et les franquesas s’y rattachant ?
    Bordeaux fut administré per la Jurada assistée des Senhors Trenta, eux-mêmes assistés des Senhors Tres cents. Toutes les délibérations furent rédigées en gascon, puisque langue d’état.
    Comment oublier la révolte dirigée par l’Ormée qui fut a à Bordeaux, l’équivalent de la Commune de Paris ?
    On a le droit d’avoir toutes les opinions que l’on veut. Ce qui est difficilement acceptable c’est d’ignorer les faits.
    Que Bordeaux aujourd’hui ait d’autres ambitions que d’être une capitale régionale, soit. Mais que serait Bordeaux sans cette région ? Il lui doit son rayonnement. Et ce qui s’y crée de moderne, hors peut-être la médecine lui vient de l’extérieur (aviation, espace, laser).

  • Ce "gran de sau" est tout de même assez maladroitement signé quand on sait que Richard Coeur de Lion a écrit des poèmes en une des langues d’oc parmi les plus fines et les plus subtiles de l’histoire... en l’occurrence, le limousin. Après l’avoir appris dès l’âge de 10 ans.

    Gasconha.com n’a ici que la modeste intention de (re)donner un peu d’âme, un semblant d’identité à la ville de Bordeaux.
    Ensuite, cher Richard, votre supposé "accent à adopter", celui des premières élites du Royaume de France (et pas même celui du peuple parisien) doit surement vous rendre plus crédible.
    Mais en fin de compte, cet accent ne développera pas plus votre éloquence. C’est pourquoi je préfère largement garder mon accent gascon, aussi raillé puisse-t-il être, dans cette République si tolérante envers ses différences.

    PS : je pense que vous devriez vous plonger dans quelques livres d’histoire pour mieux connaître votre ville, et ainsi cesser de faire l’apologie de "Bordeaux - ville française"

    Coraument,

  • Richard dit autre chose : "Parler une langue romane issu d’un terroir ne garantit en rien d’en avoir la culture."

    En quoi la culture gasconne est-elle incompatible avec le phénomène urbain ?

    Historiquement, c’est bien entendu faux. Les bastides ont été des vecteurs de gasconnisation au Pays Basque. Des villes importantes ont été de grandes villes gasconnes. Bordeaux n’a vraiment pris une autre dimension par rapport à Bayonne qu’il y a deux siècles.

    Il est certain que la francisation ayant été portée par les villes, il est dans les lieux communs difficile d’associer la Gascogne au fait métropolitain. Personne ne le niera. C’est comme ça.

    Je pense que Richard entend défendre le fait qu’il se sent Bordelais et sans atomes crochus avec les gasconnants ruraux, qui n’ont souvent plus qu’un accent. C’est son droit, son vécu, son ressenti, il est respectable, il reflète même une certaine réalité. On peut lui opposer ce qu’il en fut autrefois.

    Il est impossible d’expliquer de nos jours à des Vandevelde brusselois que leurs grands-parents parlaient flamand. Je crains qu’il en soit de même pour des Laborde bordelais.

  • Je soutiens ces réponses.
    Bordeaux, bien qu’étant une métropole avec un fort pourcentage d’ "immigrés", n’en demeure pas moins gasconne, ou de façon plus nuancée, gasco-guyennaise, comme j’aime à le dire (cf. les relations avec la Saintonge, le Périgord, l’Agenais).
    Cela se voit ne serait-ce que dans des noms de la vie quotidienne des Bordelais : Pey-Berland, St-Christoly, Roustaing, la Bastide...

    Pour ce qui est de l’accent, on note aussi l’accent bordelais chez Nicolas Canteloup, pas dans ses imitations mais dans la vie. Chez Juppé, j’avais aussi remarqué, en effet, un petit quelque chose.

    La question des accents est assez intéressante, ce serait à développer.
    Pour moi, chose amusante, quelqu’un à l’accent bordelais sera perçue comme "sans accent" alors qu’un Charentais ou un Parisien sera perçu comme "avec l’accent d’oïl"...
    Car le Bordelais, contrairement au Toulousain ou au Bazadais, n’a pas vraiment cet "accent du midi" comme disent les Parisiens mais un accent plus rentré,... bref tout ça est subjectif !

    Bon allez, bona nuit !

    Réponse de Gasconha.com :
    Boune neuÿt ! (es atau ?)

  • Presque : "boune nüy(t)".
    On di(sai)t "boune neuy(t ?)" en Libournais et centre Médoc.

  • J’ai retrouvé mes notes sur le livre de Jean Baldé auquel je me suis référé.
    Il s’agit de "La maison au bord du fleuve"*, je l’ai lu aux "Editions de L’horizon chimérique".

    D’abord apparait la figure du gascon emblématique. C’est JF Bladé, l’oncle, je crois, de l’auteur Jean Baldé, qui est une femme et a tiré son pseudo de "Bladé" (pas du tout gasconne, cette dérivation).
    Bon, JF Bladé n’était pas bordelais, il n’était qu’un visiteur, donc dans le présent débat, ça compte pour du beurre !

    p. 50 : "au cours Ruello, un professeur de sciences naturelles au grand nez gascon et au verbe haut [...] son esprit curieux et ouvert [...] ses boutades et ses digressions"
    Bon, là, ça fait plutôt cliché, et on ne sait pas si ce prof était bordelais d’origine...

    p. 182 : le père de Jean Baldé savait des vers de Mistral et Jasmin

    p. 176 : il récitait "L"Abanture comique de meste Bernat"
    "En ce temps-là, il y avait encore quelque vieux pour donner à mon père la réplique. Dans les vignes, meste Verdié restait familier : le seul poète bordelais qui fût populaire !"

    p. 193 : [Montaigne et Montesquieu] "C’étaient des terriens, et c’étaient des sages. Ils avaient aimé tout ce que nous aimions : la grappe de la vigne, leur bibliothèque, le parler pittoresque de notre pays et les longues pensées en face d’un clair horizon."

    De tout ça, il découle qu’au moins une partie de l’élite bordelaise vivait en osmose avec le terroir gascon environnant, au moins jusque vers 1900, et en aimait aussi la langue, tout en reconnaissant l’évidence : la suprématie du français.

    *Cette maison au bord du fleuve, est sur la rive gauche de Garonne à hauteur de l’île d’Arcins. Elle existe peut-être encore. J’imagine une de ces chartreuses dans la nature luxuriante...
    Le père de Jean Baldé y a fini ses jours après avoir perdu sa fortune, mais ce devait être depuis longtemps sa résidence secondaire.

  • On n’a pas évoqué jusqu’ici le "bordeluche", parler populaire bordelais, français dans sa structure mais aux 3/4 infiltré de vocabulaire gascon et même de tournures syntaxiques gasconnes, sans parler de l’accent gascon évidemment.
    Ce parler a dû naitre aux XVIII et XIXè siècle quand le peuple gascon bordelais a commencé à baragouiner le français en le mêlant de quelques expressions occitanes du Périgord ou charentaises d’oil.
    Il a connu ses beaux jours au XXè siècle. Illustré par les monologues de Despaux et plus récemment par les duettistes Duclin et Mauroux au temps des beaux jours de l’Onyx, il a été remis en lumière par les livres de Guy Suire ces 20 dernières années.

    Un petit exemple : quand un de mes oncles bordelais disait en souriant "fais toi suivre le drolle", il voulait dire en bon français "fais toi accompagner de ton fils", traduction littérale de "hè’t seguir lo drolle"...
    Pas gascon, tout ça ?

  • C’est comme ma mère : "Fais suivre le chariot"
    et si elle est catastrophée par moi : "oh le drolle..."

    =)

  • @ Gaby, je confirme boune neuyt en Médoc.

  • "A Bordeaux, on m’entreprend sur Blaye : « Pour nous, c’est le Grand Nord. Des "gavaches". Des gens à l’accent pointu. Des Charentais. » (Blaye est à cinquante kilomètres.)"

    Alain Schifres, Inventaire curieux des choses de la France :
    Objets, mots, mythes et usages d’hier et d’aujourd’hui

  • "Nous sommes à Bordeaux, centre de la vivacité gasconne, ville plus méridionale que Valence"

    [Stendhal - Bordeaux (1838) - Editions Proverbe - p.17]

    Il s’agit sans doute de Valence de la vallée du Rhône et non de la Valence espagnole !
    Stendhal, dans ce récit de voyage, fait de nombreux clichés, et c’est comme un cliché qu’il faut prendre le jugement ci-dessus.
    De même, il évoque à plusieurs reprises des gascons qui sentent l’ail...

  • Vous avez un très grand site www.gasconha.com , Glad je l’ai remarqué à travers yahoo.

    Réponse de Gasconha.com :
    Merci, testosterone !

  • Ces antagonismes entre Bordeaux et sa périphérie n’existent pas et n’existeront jamais (à mon avis) entre Toulouse et sa périphérie.
    Pourquoi ? Je n’en sais rien, je ne fais que constater e ce, sans en référer aux galeries des personnages illustres. Je constate que la gent bordelaise a envahi partout les Pyrénées qu’apparemment elle détesterait, et qu’elle y est très peu appréciée (une repompide ?) alors que les Toulousains y reçoivent un très bon accueil, ceci n’étant d’ailleurs pas un phénomène récent.

    Et je doute fortement que les déclarations nombrilistes plus haut éructées engagent la situation compromise à évoluer positivement ...
    "Qu’ei eth voste ahè apres tot !"

  •  "Heth seguir eth tistailh !"
    (pour vendanger)

    _"Que s’ he segui era henna per tot ! "
    (le jaloux)

  • "Heth seguir eth tistailh" > Hè’t seguir... (fais toi suivre...)

  • Une étude universitaire sur la répartition des langues autrefois parlées en France a établi récemment que 50 p cent du vocabulaire dérive des langues d’Oc.

    Le français partage l’autre moitié avec les diverses langues d’Oil desquelles il faut soustraire le Breton, l’Alsacien, le Basque, le Corse, etc. Qu’il soit devenu notre espéranto national n’enlève rien à ce qui précède.

  • Quelles sont les références de cette étude ???

  • J’ai vu deux plaques bilingues avec le logo nlle Aquitaine en façade du lycée Camille Julian de Bordeaux :

    Licèu Camille Julian ensenhament generau e tecnologic
    Entrada deus escolans

    Je ne sais pas si cela signifie quelque chose aux lycéens bordelais...
    Cristian

  • Probablement pas grand chose à la plupart de ceux qui lisent la plaque et je reconnais que c’est assez artificiel mais...ça entretient l’idée que Bordeaux est AUSSI une ville gasconne et donc, ce n’est pas mauvais.

  • J’ai vu la même chose à Gradignan. Ce doit être le Licèu de las Gravas. La prochaine fois, je prendrai une photo.
    J’ai même pensé faire un petit sondage en viu auprès des lycéens qui se groupent devant l’entrée à certaines heures, pour savoir comment ils le prononcent et ce que ça leur fait... Je m’attends au pire, mais aussi, je ne me sens pas vraiment d’attaque pour affronter les lycéens goguenards voire hautains avec un ainé... peut-être que je me fais des idées...
    C’est le genre de concession que les occitanistes ont su arracher à la Région, qui gère les lycées.
    Une recherche motorisée montre que ça n’a pas pris sur le web ; sans surprise...
    Il y a aussi à côté une pancarte qui mentionne le Sabatey, je ne sais plus pourquoi la signalisation m’a fait plaisir.

  • Bonjour
    Des occitanistes gascons car après vérification :

    Entrée =)
    lang : intrada
    gasc : entrada

    Général =)
    lang : general
    gasc : generau

    prov : generau

    Des =)
    lang : dels, de las
    gasc : deus, de las

    Je trouve aussi que c’est une bonne initiative
    Cristian

  • C’est en effet uniquement symbolique... mais je pense que les occitanistes politiques auraient des combats plus utiles à mener au niveau de la toponymie, plutôt que de traduire des trucs dont tout le monde se fout...

  • Licèu de las Gravas, alors que c’est "les" (lés) en Gironde, ainsi disent les locuteurs bazadais qui sont bien vivants, même si à Bordeaux il n’y a plus de transmission familiale depuis très longtemps.

  • L’écrivaine récemment décédée, qui a vécu sa jeunesse à Bordeaux, « se confrontait enfin, dans Humeur noire, en 2021, avec sa ville natale » (nécrologie de Christine Rousseau écrite dans le Monde du 1er août 2022).

    Je n’ai pas lu Humeur noire, mais ai noté ce passage, pris peut-être dans La nuit atlantique, « un roman, le dernier, qu’elle ancre dans ce Médoc qu’elle affectionnait tant et dont elle excellait à peindre les paysages entre dunes et vignoble » :

    J’évitai la ceinture et pris aussitôt la route du Médoc, quittant la ville par des rues d’échoppes dont les façades moroses sont à la fois le charme et la tristesse de cette ville, la plus nordique du Sud, que son lointain passé de province anglaise, son architecture Grand Siècle et les fastes de l’esclavage colonial ont empreinte d’une altière mélancolie.

    Un peu "clichés", je trouve...

    Son premier roman a été L’homme de Blaye :
    « La nostalgie des soirs de cafard, le frémissement des errances nocturnes, l’humide beauté des bords de la Gironde, bref quelque chose de vrai, de triste transparaît et vous gagne. Le sable et le temps coulent entre les mots. » (Matthieu Galey, L’Express, 1984)

  • Conférence/débat d’Eric Roulet le vendredi 17 mars 2023 à 18h30.
    Auditorium de la médiathèque du Taillan-Médoc

    Forte de mille ans de langue et civilisation d’Oc, enrichie d’apports multiples tout au long de son histoire, Bordeaux a toujours été une ville de forte identité.
    Mais depuis la fin du XIX° siècle, avec la disparition progressive de la culture gasconne et la mise à l’index de sa propre histoire au profit du "roman national", la cité voit doucement disparaître son caractère pour laisser place à un "universalisme à la mode française" de plus en plus concurrencé par l’influence anglo-saxonne.

    Est-ce la fin de l’originalité et de la diversité bordelaises ? Peut-être... pourtant, certains indices encore discrets mais présents, laissent penser qu’une nouvelle voie est en route entre histoire et modernité.

  • Anecdote :
    Il y a à peu près quarante ans. Rentrée à la fac de médecine à Bordeaux. Accueil des étudiants (à quel niveau, je ne sais pas) : bref mot de bienvenue aux Bordelais et aux "Provinciaux", ces derniers étant les originaires des Landes, du 64 et du reste de l’Académie.


Un gran de sau ?

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