Dans ce livre, Michel Duvert et Xemartin Bachoc décrivent "l’etxe" (la maison) basilical à ossature bois tel qu’il en reste des exemples dans la campagne basque, mais aussi en Chalosse, dans les Landes, le Bazadais, la Lomagne... donc en Gascogne, voire même un peu plus loin.
Ce type architectural s’inscrit pour eux dans l’ensemble culturel vascon, c’est-à-dire commun aux basques, aux gascons, et jusqu’aux catalans du bout de la chaîne des Pyrénées.
Pourquoi ce titre, "Charpentiers basques et maisons vasconnes" ?
S’il s’agit de maisons "vasconnes", pourquoi ne pas parler de charpentiers "vascons" ?
Ce ne sont quand même pas des charpentiers basques qui ont construit dans toute la Gascogne et au delà !
C’est que les auteurs, tout en insistant sur l’ensemble vascon comme domaine d’étude pertinent, nous parlent surtout de ce qui leur est le plus familier, l’etxe basque, et ses réalisations dans les provinces du Labourd et de la Basse Navarre, qu’ils ont pu visiter de fond en comble, photographier et analyser, pour certaines d’entre elles.
On comprend qu’ils aimeraient que d’autres, dans le reste du domaine vascon, entreprennent le même genre d’étude. Mais ils connaissent et utilisent les études qui ont déjà abouti, notamment celles de Toulgouat pour la maison landaise.
Ils racontent comment l’etxe basque, issu du modèle vascon basilical à ossature bois, a évolué vers un modèle spécifiquement basque, toujours basilical, mais avec de moins en moins d’ossature bois, et de plus en plus de murs pleins et porteurs en pierre.
C’est le passage de la maison de charpentier (zurgin, celui qui travaille le bois) à la maison de maçon (hargin, celui qui travaille la pierre).
La maison basilicale du charpentier est faite d’enfilades de portiques de bois. Une enfilade pour le corps principal (la nef), et éventuellement une ou deux pour les bas-côtés de la nef.
C’est commode : on peut changer la taille de la maison en enlevant ou en rajoutant des portiques. Cette maison est démontable et évolutive.
Les maçons l’ont progressivement transformée en remplaçant les rangées de poteaux des portiques par des murs de pierre, d’abord au rez-de-chaussée, puis dans les étages, ne laissant finalement aux charpentiers que la charpente du toit.
Ils ont fait aussi de superbes maisons, sculptant parfois la pierre comme les charpentiers sculptaient le bois.
Cette maison basque du maçon est devenue célèbre, au point qu’elle a inspiré, dans les années 1900, les architectes balnéaires qui ont construit en néo-basque.
Par la suite, le néo-basque s’est diffusé dans l’habitat en série.
Duvert et Bachoc déplorent une dérive commerciale qui n’a rien gardé de l’âme du charpentier basque, qui était non seulement le constructeur de la maison, mais le maître de cérémonie de ses grands moments, comme les enterrements.
Ils rêvent, en racontant l’histoire de la maison vasconne, d’"aider à créer, pour les gens de ce pays, de véritables espaces de vie, beaux, fonctionnels et de notre temps".
Gasconha.com, dont la devise est "crear doman a la lutz de gèr", partage ce rêve d’une nouvelle maison vasconne.
Ce livre "Charpentiers basques et maisons vasconnes" est riche de nombreuses photographies et de schémas très précis sur les différents assemblages de bois.
Il n’est pas de lecture facile, pour plusieurs raisons :
– Le sujet est technique, le profane doit donc faire un effort de compréhension ;
– Le lien entre les illustrations (photos et schémas) et le texte qui les concerne est difficile à faire : le texte est émaillé de renvois à des figures et à des planches de photographies qui sont parfois à l’autre bout du livre ;
– Les auteurs complexifient le texte par des justifications sur leur méthode d’investigation, et des discussions sur les approches qu’ont eues d’autres historiens.
La thèse même de la vasconnité de ces maisons mériterait d’être mieux étayée (même si on peut avoir envie d’y adhérer).
Ou alors il faudrait lister clairement les points d’ombre pour orienter les recherches futures.