- Tederic Merger

mefia’t

français : méfie-toi

Prononcer comme "méfiye’t" ou "méfiyo’t", avec l’accent tonique sur "fi".

L’infinitif du verbe est donc "mefiar" qui semble l’emprunt direct du français "méfier".
Une forme plus gasconne du verbe est "mauhidar" ou "mauhisar".
"menshhidar" existe aussi, à partir de "mensh" (moins) et toujours de "hidar" (le verbe "fier" en français).
Avec ces verbes, on a donc : mauhida’t, mauhisa’t, menshhida’t...


 

Grans de sau

  • aussi abisot ! ça doit se graphier "avisa-t" ou "abize-t" je pense
    méfie-toi ! fais gaffe ! gare à toi !
    ou aussi abiss ! tout court

  • En graphie alibertine, c’est "avisa’t".

    J’explique pourquoi ce "mefia’t" a aterri dans les "Mots" de Gasconha.com :
    Il a été évoqué par un article de "La Rép" parmi d’autres supposés "à connaître quand on visite le Béarn" (bref un peu des totems identitaires pour touristes) :
    http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2014/08/13/les-mots-ou-expressions-a-connaitre-quand-on-visite-le-bearn,1205973.php

    Peu après, Gasconha.com recevait ce "mefiat" dans sa souillarde de la part d’un internaute...

    La fortune de ce "mefia’t" est un peu mystérieuse. Quant à sa prononciation par les novices, je crains le pire... se reporter au début de la fiche ; comme toujours des enregistrements vocaux seraient bienvenus.

    Une lecture du forum de cet article de "La Rép" peut aussi être instructive, avec quelques passes d’armes entre des horebienguts (des gens "de l’extérieur"*) qui se disent exclus par la maffia locale (mefiat-pé !) et des autochtones qui n’ont pas renoncé à tout leur héritage.

    * D’ailleurs ils se plaignent d’être qualifiés de gens "de l’extérieur".

  • Le fameux "mefiat" que l’on entend ne peut être que "Mefiatz" (dans beaucoup d’endroits du Béarn ou de Chalosse, le "z" final de la 2è personne du pluriel est muette. On entend donc "mefiat", "adishat", etc.).
    Reste la faute du manque du pronom personnel "ve" o "vos".
    Correctement, ce sera donc "Mefiatz-ve, -vos" (Méfiat-pé, -bous).

    Autre possibilité, le "Mefiat", est la prononciation de Haute Bigorre/Val d’Aran mais elle est très minoritaire dans l’espace gascon, ce qui me semble donc peu probable.

  • ... je connais l’expression me-fyat prononcée de cette façon accent sur la deuxième ( pas mefiyat ni mefiyot ) courante comme interjection, ponctuation, sans complément nécessaire.
    Vient de la deuxième pers du pluriel, du participe passé ?
    Je m’étais jamais fait la remarque...
    Bouh que je suis ignorant !

    • Cela voudrait dire que "Mefiatz" pouvait être utilisé tout seul, comme si en français on disait "Méfiez !" (verbe non pronominal donc). Certes l’usage gascon peut différer du français...
      Le Palay ne donne apparemment que "mefià-s, mefidà-s=14&q=mefiat&type=begin&submit_fr=Rechercher&q2=&lang=fr&language=fr-FR&option=com_dicodoc]"*, donc seulement la forme pronominale du verbe.

      Pour ma part je pensais à un pataquès dû à une mauvaise lecture de "Mefia’t" qui figure sur ce t-shirt d’Adishatz :
      http://www.adishatz.com/tous-les-produits/1212-tshirt-mefiat.html
      Il aurait pu y avoir une confusion avec le "Mefiatz" prononcé à la pyrénéenne sans la sifflante...

      De toute façon, je pense que le grand public prononce le "Mefia’t" d’Adishatz comme "Méfiat" à la française... Lavetz pensi que n’ei pas un bon totem !

      * Le Palay donne aussi "mensfidà-s, menchidà-s, menshidà-s"

  • "Mefiàt" entendu dire par une collègue bigourdane
    — 
    PS : mon grand-père dit "se méfier à ..." : gasconnisme ??

    • Dans ce cas, ce serait l’infinitif à la forme pronominale : mefià’t = mefiar’t (la graphie alibertine ne note pas le "r" de l’inifinitif dans ce cas).
      Notez que c’est l’accent grave sur le "a" qui à lui seul change l’accent tonique et la prononciation.

      C’est peut-être la solution de l’énigme.

  • /mefi’dòt/ était courant en Chalosse.

  • Lo noste amic basco Asier que’ns ac ditz : ! "Basque : Mesfidatu !"

    Encore un mot basque qui est passé par le gascon, et est même plus gascon (ou d’oc) dans son radical que "Mefià’t" à mon avis.

    En basque, selon mes maigres connaissances, l’impératif et l’infinitif se confondent.
    Est-ce que Mefià’t ! (donc "Te méfier !" - si cette hypothèse est bonne), un impératif-infinitif également, ne suivrait pas un modèle vascon ?

  • Lo pair a casa qu’ac pronóncia [maˈfjœt], comprés com mefià’t. Qu’ei lo singular de mefiatz-ve qui se diseré [*mafjœpˈpe], d’un supausat vèrbe *mefià’s qui’m sembla influenciat peu francés.
    Çò d’aberrant qu’ei l’accentuacion mefiÀ’t : que deurem aver mefIa’t [maˈfijət], mès lo gascon n’aima pas hòrt las dierèsis e que las contracta quasi tostemps, d’on /ˈfijət/ > /ˈfjœt/.

  • J’ai souvent entendu dire "mefiàt gouyat" par mon père et mes grands parents (souvent sous la forme gentille), mais je me souviens bien de l’accent tonique sur le à.
    (région Dax et environs)

  • Vist e entenut a l’ostau de la premsa d’Engolèsma : un gojatòt qui’s volèva amigalhar dab lo canhòt deu comerçant, notòriament arrequinhat. Alavetz :
    — Mefia-te, goiat !
    ce’u hè lo pair en occitan de Charanta…
    (méfio-té, gouyat / [ˌmefjoˈte ɣuˈjat])

  • Le limousin et le marchois de Charente ne prononcent pas le -t final dans gojat. Quant à j intervocalique, c’est un son qui tend vers un z chuinté ou alors carrément [dz].

    Bref, si la personne avait été autochtone, cela aurait été quelque chose comme [ɣuˈdza], en phonétique française : gou’dza.

    Je peux évidemment me tromper. Mais la prononciation des consonnes finales en toute occasion a toujours été ressentie, par les locuteurs de "nord-occitan", comme un trait excessivement méridional.

  • Intéressant. La personne l’a prononcé exactement comme je l‘ai transcrit. Si je la retrouve, je ne manquerai pas de lui poser la question.
    L’expression "mefia-te" m’a été rapportée comme courante par des personnes de Piégut, à 70 km de là.
    Je crois savoir que le mot, dans au moins une partie Charente occitane, se prononce bien avec un yod /j/, c’est précisément pourquoi je l’ai transcrit GOIAT avec un I.

  • E donc, que confirmi de honts multiplas que s’escriu "goiat" e se ditz [gujat] / "gouyat" en au mensh cèrtas parts de Lemosin.

  • En effet, il existe toute une zone dont j’ignore l’étendue où -j- intervocalique se prononce -y- (i.e. [j]) mais qui se constate singulièrement par quelques toponymes limousins, dont de nombreux toponymes limousins fossilisés en pays d’oïl, type Angoumois.

    C’est aussi le cas du gascon en Nord-Gironde, celui des bords de la Dordogne, qui est fortement influencé par le limousin du Périgord et l’ancien substrat limousin de Saintonge et Angoumois. Je communiquerai les cartes de l’ALG sur ce point dans la semaine.


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