Còr de Bigòrra Gascogne médiane

Vidouze

- Vincent P.


 

Arriagosse / Arriagòssa


C’est un ancien fief, membre de la commanderie de Luc en Béarn. Tous les indices laissent penser que ce village a pu faire partie du Vic-Bilh originel (Lahitte-Toupière qui indique une frontière est à l’Est, l’architecture d’Arriagosse et Vidouze est béarnaise ce qui est un indice sur la persistance de certains faits culturels, ...).

Si l’on en croit le dictionnaire topographique des Hautes-Pyrénées de Lejosne, Arriagosse est attesté Ribagossa au XVème, Arrigosse en 1792.

La première attestation laisse entendre qu’il s’agit d’un composé formé sur arriba, du latin ripa, au sens de rive. Mais si les dérivés de "arriu" induisent des formations avec un v intervocalique prononcé w en ces régions (arrivet prononcé arriwet), je ne sache pas que les dérivés du latin ripa puissent se "labio-dentaliser" de la sorte. Bref, c’est toujours arribèra, arriba avec b. Alors pourquoi cette disparition ?

On pense au conté de Ribagorza, vieux pays vascon entre Aragon et Catalogne dont l’étymologie est cependant probablement le latin Ripa Curtia (rive taillée). Cependant, en gascon, un tel étymon donnerait plutôt "Arribagourse" puis "Arribagousse", encore que cette dernière mutation soit loin d’être systématique en gascon.

Si le premier élément est "arriba", il faut donc d’une part expliquer la disparition de b, d’autre part élucider "gosse".

Une petite réflexion topographique : il ne semble pas qu’il y ait eu des agglomérations dans cette large vallée du Louet. Il semble que tous les villages se situaient originellement sur la ligne de coteaux de l’Ouest, d’ailleurs toute la toponymie désigne des lieux en hauteur : Maure (oronyme mur), Bentayou "lieu venteux" qui se situait plus haut, La Coume, Moulonguet, Moncaup, Monségur, Castéra, ... Arriagosse serait la seule agglomération relative à sa position dans la vallée.

Ajoutons à cela que l’on comprend mal également l’occurrence Arrigosse, même si elle est tardive. Posons pour l’instant que la première attestation est une correction fautive, reste à expliquer Arrigosse/Arriagosse. Il ne reste que l’hypothèse basque, quelque chose comme arrigoitza qui serait un composé de harri="pierre", roc, et goitz="à l’est, au matin" ou variante de "en hauteur", pour un sens global de roc qui désignerait la hauteur de 318 mètres de haut en contrebas de laquelle Arriagosse est installé (Les Arrouquilles à Labatut en est l’équivalent) avec comme description soit le fait qu’il est en hauteur, soit qu’il se trouve "au matin", par rapport à Luc.

Dans cette hypothèse, on expliquerait le a comme l’adjonction d’une voyelle de liaison après i dans un contexte "vélaire", même s’il faudrait d’autres exemples (avec l, c’est bien connu : vilar donne vialar).

Arriagosse entre Béarn et ... Béarn :

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Grans de sau

  • Et Arengosse dans les Landes ?

  • Au XIIème siècle, le village s’appelle "Arangossa".
    Arengosse pourrait être la gasconnisation classique d’un toponyme basque banal Arangoitz(a) que l’on analyse assez facilement comme aran=vallée + -goitz=à l’est.

    L’alternance des vibrantes faibles et fortes dans les parlers romans locaux (pour ce qui est de l’adaptation de formes basques) peut aussi permettre d’expliquer Arengosse par un homonyme exact du nom basque d’Arcangues :
    Arrangoitz (réduction de ar=roche + gain=hauteur + goitz=à l’Est =
    hauteur rocheuse à l’Est).

    Dans tous les cas, la plupart des villages de la lande cachent des toponymes basques :
    Oney, Laharie, Morcenx, Carsen, Onesse, Ygos, Tartas, ...

    Quant à l’explication de "vallée à l’Est", si elle est phonétiquement probable (elle rappelle Barcus en Soule qui est la réduction de ibargoitz=vallée à l’Est, Barkoxe en basque souletin moderne après assourdissement et palatisation), reste à lui trouver un sens qui s’il est impossible nous inviterait à chercher autre chose.
    Au Sud d’Arengosse se trouvent des restes de fortifications au lieu-dit Bésaudun, un des rares toponymes celtes de Gascogne en -dunum, ce qui confirme l’habitat ancien dans la région.
    Justement, le Bès d’Arengosse qui creuse une vallée qui mène à Bésaudun est-il cette vallée ? Mais à l’Est de quoi ? De Morcenx, capitale du Brassenx ?

  • Vincent. Je suis bluffé par ta connaissance de la Gascogne et du Pays Basque.
    Tu dois être un jeune trentenaire ? A ton âge, je n’en étais pas à ton niveau.
    Mets-toi au basque, si ce n’est pas déjà fait. Tu vas t’éclater.
    Si tu parles, on ne te regardera pas comme un maketo.
    Tu sais, les partisans d’Arana sont assez minoritaires, tout comme ceux de Krütwig d’ailleurs.
    Moi, je préfère un Dupont qui parle Basque et a intégré la culture basque à un Etcheverry qui fout un autocollant au cul de la bagnole, se moque des Béarnais et des Landais, va vomir sur les trottoirs de Bayonne en chantant La Pitchouli (sic), enfin, il fait surtout lalala, et qui est infoutu d’aligner trois mots de basque.
    Comme tous ces occitanistes qui nous les cassent, qui n’ont pas transmis la langue chez eux, qui ne savent pas parler gascon et qui viennent nous gonfler avec leurs Cathares et leurs troubadours.

  • Pour le moment, cela me suffit d’être Béarnais. :)
    Non, en fait, je suis bien obligé de confesser un sentiment assez désagréable que je gagnerais à taire : je ne sais pas ce qui relève de l’environnement béarnais ou de la jalousie, voire au fond de l’atavisme, mais les Basques, avec toute l’admiration que j’ai pour eux, j’ai quand même encore un blocage psychologique terrifiant, une sorte de méfiance subrepticement xénophobe.
    C’est dingue mais quand je vois débouler un type au faciès basque immanquable, avec sa coiffure qu’on peut dire pudiquement d’etarra (le catogan pour les hommes, la frange pour les filles), cet accent nasillard (si proche de l’accent béarnais en fait !), le sentiment qui vient des tripes c’est une méfiance bien honteuse, un a priori négatif, dans ma tête "tiens un Basque".
    Et puis il y a dans la fierté basque quelque chose qui me déplait assez.
    Petite anecdote d’enfance : je dis à un ami à moitié basque que tel homme arbitrant un match de pelote avait l’air "bon". En fait il me rappelle mon grand-père, c’est idiot, c’est comme ça. La réponse de mon ami fut : "c’est parce qu’il est Basque".
    C’est franchement insupportable. "Et mon village c’est le plus beau du monde." Qui n’a pas entendu ça ?

    En réponse à ce que tu énonces par ailleurs : il est exact que la langue a pris une grande importance dans la définition de la basquité, c’est un phénomène ancien car la langue basque est très discriminante (on la possédait ou on ne la possédait pas, et dès l’instant qu’on ne la possédait plus dans une communauté quelconque, la perte identitaire était irréversible : cf les pays charnégous ou la plaine de Pampelune).
    Maintenant, je crois que le tropisme linguistique du mouvement basquisant a surtout eu pour objectif d’intégrer les immigrés galiciens et autres en "Vascongadas" et en faire des "Basques", car une étude historique du fait basque montre qu’avant toute chose, bien plus que la langue, l’identité s’appuie sur l’enracinement généalogique, et plus particulièrement sur l’enracinement sur une terre de laquelle les Basques tiraient leurs patronymes.
    C’est un peu ça que décrivait Arana, allant jusqu’à préférer un Pays Basque castillanophone mais peuplé des descendants des Euskualdunak.
    Quant à Krütwig, il était lui dans une démarche encore moins linguistique, puisqu’il considérait que la patrie basque était avant tout ethnique (est-ce à dire que lui-même ne se considérait pas basque ?).

    A part cela, je comprends parfaitement ta démarche, je la trouve séduisante, j’essaie de me soigner et on en reparlera. :)

  • Vincent,

    Tu vois, j’arrive presque au bout de ma quete. Je venais ici avec la crainte d’etre decu (pas de cedilles). Non, vraiment aucune deception.
    Ici, c’est plein d’euskaldun berri et aussi zahar.
    Beaucoup de jeunes, et moins jeunes, basques qui viennent recuperer leur du, ce qu’on ne leur a pas transmis a la maison.
    Je suis vraiment heureux de voir cette fierte.
    Oui, d’une certaine maniere ce sont des vilains. C’est parce qu’ils sont vilains, mechants et orgueilleux qu’ils se tiennent debout et que je les aime.
    Ils ont les qualites de leurs defauts.
    Nous, gascons, on est bien braves.
    Quand aux occitanistes, no comment parce que je vais etre malpoli et ca ne plait pas a Tederic.
    Je suis tres bien accueilli, pas seulement par les profs, c’est leur metier, mais par tout le monde.
    Ils sont tres curieux par rapport a la Gascogne. Et oui, qui l’eut cru ?!
    Quand tu vois ces jeunes adultes venir passer un, voire deux mois a bosser tres dur, parce qu’on nous fait vraiment bosser, tu te dis que nos jeunes francais du Sud-Ouest (je n’ai meme plus envie de dire gascons) sont un peu a la ramasse.

    En venant, lundi a l’aube, j’ai traverse Bayonne et y ai vu nos "gascons" et "basques" d’operette vautres dans leur vomi et leur pipi.
    Que puis-je eprouver si ce n’est de la tristesse et de la colere. Un peu comme ces indiens qu’on abreuve dans les reserves d’Amerique.
    En plus, je ne te parle meme pas des canons qu’il y a ici, et tres peu avec la frange. Tederic, retiens-moi !

    Réponse de Gasconha.com :
    Halip, que’m vas har ua arreputacion de pisha-prim !
    [Tederic]

  • Ah oui ! J’oubliais. Soigne-toi vite, ca vaut vraiment le coup. Et je ne parle pas que des gonzesses.

  • Je crains que les jolies filles que tu rencontres au Pays Basque soient toutes d’origine castillane et que tu n’aies pas besoin de l’euskara pour les aborder.
    Cela dit, le type basque a aussi ses adeptes, surtout la variante que j’appelle, non sans exotisme, "sorcière" : yeux gris, cheveux très noirs, nez aquilin, face triangulaire.
    C’est le type physique décrit par les peintres, celui qui a attiré l’attention des écrivains, celui qui excitait Loti avec lequel il a voulu mêler son sang selon ses propres mots.
    Zugarramurdi, Logroño, ... au fond Halip, tu es un nouveau de Lancre, un Gascon au pays des Basques quelque peu émoustillé par les Basquaises :)

  • Non, non Vincent, elles ont bel et bien des patronymes et matronymes basques.
    Quelques Maketos et Maketas certes, mais vraiment peu.
    Une Donostiarra veritable, euskaldun zahar, sans frange, sans croix basque autour du cou, je dois etre un des seuls a l avoir, vise le ridicule, fait son footing avec moi tous les matins.
    Je peux te dire que je fais semblant de ne pas souffrir.
    Je suis pret a me livrer a Belzebuth lors du prochain Sabbath de Zugarramurdi.

    Je comprends ton agacement vis a vis des Basques. Pendant les annees de mon cheminement vers Lazkao, je suis passe par cette phase d antipathie.
    Je l analyse tres bien aujourd hui.
    Face a notre mediocrite gasconne, ils m enervaient vraiment.
    C etait une grande frustration melee de jalousie.

    Tederic, je sais tres bien ce que sont devenues les fetes de Bayonne et d ailleurs, et pas seulement a l aube.
    C est tout de meme un peu deprimant.
    Moi en tout cas ca me deprime.
    Pour essayer de reveiller la fierte d un peuple, peut etre faut il lui manquer de respect en lui mettant justement la tete dans son caca.
    Mais reveiller les gascons...


Un gran de sau ?

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