Guilhem a écrit :
>Cher Daniel,
>Encore une fois, ménager la chèvre et le chou (désolé, mais ne prend
pas la mouche SVP) n'est pas une approche correspondante à la réalité.
>Non, le latin "Occitania" n'a jamais été synonyme avec l'expression en
langue vulgaire "la langue d'oc" pour la bonne et simple raison qu'il ne
se trouve jamais seul au bas Moyen Age contrairement à ce qui s'est
passé à partir du début XVIIe siècle où des "savants" l'ont utilisé
comme le synonyme latin de la province de "Languedoc" (voir mon livre
co-écrit avec Jean Lafitte)
>Diderot, quelle que soit sa renommée, se plante sur ce point-là : la
division territoriale à géométrie variable ne l'est qu'entre v.1300 et
1359-1360. Après cette dernière date "la langue d'oc" ou "langue d'oc"
(après 1400) ne désigne que la province de Languedoc telle qu'on la
connaissait encore en 1789.
>Quant à l'aire linguistique : il est évident et sans conteste possible
que l'origine de l'expression et son usage (ultra minoritaire et jamais
attesté par des sources méridionales) est linguistique et "ethnique"
entre vers 1280 et vers 1370. Mais il disparaît après cette dernière
période au seul profit du sens territorial (celui de la province de
Languedoc telle que connue en 1789). Certes, quelques intellectuels
pourront encore avancer cette division linguistique et "ethnique" après
>cette période, mais il ne s'agit justement que de gens cultivés qui
connaissent les sources du passé et l'étymologie du nom "Languedoc".
Leurs témoignages sont alors isolés et ne correspondent plus du tout à
une perception "populaire" et répandue de la situation.
>Enfin, je ne peux être d'accord avec J.-F. Blanc qui, par pure
idéologie, essaie tout le temps de tirer vers une interprétation
tendancieuse pro-occitaniste des témoignages historiques clairs qui
n'ont aucune ambiguïté dans leurs propos.
>Dans mon cas, il ne s'agit pas du développement d'une idéologie pro ou
anti-occitaniste : si les témoignages historiques répétaient à l'envie
que la Gascogne et les Gascons se disaient "occitans" et qu'il faisaient
partie de l'Occitanie, je ne le cacherai pas et même je serais sans
doute encore occitaniste à cette heure. Or, ce n'est pas du tout le cas
et je dirai même que c'est le contraire.
>A mettre tout sur un même plan par relativisme automatique, on en
vient à ne pas distinguer le bon grain de l'ivraie.
>Guilhem
Cher Guilhem,
Je n'ai nullement l'intention de prendre la mouche et encore moins de me
prendre la tête. Je voudrais seulement te faire gentiment remarquer que
lorsque tu m'accuses de mettre tout sur un même plan par relativisme
automatique tu te trompes du tout au tout. J'ai la très désagréable
impression que, en dépit de toutes ces précisions de dates à partir
desquelles des lettrés ont pu écrire ceci ou cela pour signifier ceci et
pas cela, on est en quelque sorte sommé de choisir son camp, ce qui pour
moi correspondrait à adopter une idéologie diamétralement opposée à
celle avec laquelle j'ai mis tant d'années à prendre mes distances. Et
refuser d'entrer dans un tel dilemme peut paraître du relativisme à tout
crin. Mais libre à chacun de penser ce qu'il veut. Qu'Occitania n'ait
jamais été employé avant telle ou telle date, est-ce vraiment d'une
importance capitale ? J'ai lu votre livre à Jean et toi. Et je le
relirai, encore et encore car je ne suis pas à l'abri de quelque
étourderie. Encore une fois, toutes ces précisions sont très
intéressantes et instructives. Mais il faut bien admettre que plus tard,
et bien avant que les occitanistes ne soient apparus, Occitania a donné
Occitanie, synonyme de Langue d'Oc/Languedoc et aussi parfois d'ensemble
des parlers du Midi atlantique comme méditerranéen. Diderot n'a rien
inventé, il a simplement répété ce qui se disait de son temps dans son
savant milieu.
Prétendre que Diderot se plante, pardonne-moi, mais ça me semble plutôt
"exagéré", non ?
Cordialement,
Daniel