Còr de Bearn Aÿgues caudes / stations thermales

Salies-de-Béarn / Salias de Bearn

- Vincent P.


 

Rue Orbe

en graphie alibertine :

(la) Carrèra òrba

carrèira, carrèra / rue, route

Souvent écrit "carreyre". variante : carrèra carreròt, carreiròt : (...)

òrb, òrba / aveugle

Bayonne et Libourne, en pays gascon, possèdent une rue homonyme. En pays d’oc, ailleurs, une rue Orbe à Souillac en Quercy ... et en pays d’oïl, à Rouen ! Du latin orbis "rond, en cercle", pour nommer une rue ayant une telle forme. Faut-il restituer "Carrèra Òrba" ? Salies avait-elle d’ailleurs des carrèras ou des arruas comme à Bayonne ? òrb, òrba = aveugle


 

Grans de sau

  • Mmh… les quatre rues en question (à Salies, Bayonne, Libourne, Rouen) sont à peu près droites (sur les plans, en tout cas).
    À ma connaissance orbis (ou orbs) en latin n’est jamais un adjectif ; et l’adjectif orbus signifie “privé de” (ses parents, ses enfants, son conjoint… un œil ou deux, etc. selon le cas). Substantivé, il désigne notamment un orphelin ou un aveugle.
    L’ancien fr. orb signifie plutôt 1. aveugle ; 2. sombre, obscur (Greimas) ; les glissements de sens en vieux français donnent “confus”, “douteux”, “secret”… et s’est en effet appliqué à des rues. On peut sans doute en dire autant du g. òrb. Les anciens dictionnaires semblent aller tous dans ce sens.
     Sans issue ? Pour Lespy, la rue Orbe de bayonne était jadis une impasse.
     Manque de soleil ? Mettons… À Salies, la rue Orbe semble bien oscure, avec pas mal de maisons en surplomb…
     Activités interlopes ? Il faudrait bien connaître l’histoire locale, et puis c’est un peu romanesque.
     Rapport avec un orphelinat, un hospice pour aveugles ? On attendrait plutôt (carrèra/arrua) deus òrbs.

  • Il me semble que le sens d’impasse est bien connu (en languedocien ?), en tout cas c’est celui qui me vient spontanément à l’esprit.

  • Le sens d’obscur peut parfaitement coller à la rue Orbe de Souillac en Quercy, très étroite et particulièrement obscure. Difficile de dire pour les autres rues, qui ont bien changé de disposition depuis les origines médiévales, d’autant que l’on peut supposer que l’obscurité, si c’est bien elle qui était désignée, était créée par le bâti lui-même (or, ni à Salies, ni à Libourne, pas même à Bayonne, il ne reste en l’état des maisons du XIVème siècle).

    Reste que j’aimerais une attestation en ancien gascon de ce sens. Que dit Lespy plus précisément ?

  • Lespy :
    "ORB aveugle ; Beden[t] hèn lous orbs, en audin[t], hèn lous sourdz. F. Egl. Voyant, ils font les aveugles ; en entendant, ils font les sourds. - Orbe, ancien nom d’une rue de Bayonne (jadis une impasse) ; aujourd’hui « la rue Gambetta » : L’arrue Orbe. L. O. La rue Orbe. - D.-C. « orbus vicus ; carriera orba ; cul-de-sac. » - En fr., « mur orbe », celui qui n’est percé ni de portes, ni de fenêtres"

    En languedocien après vérification, carrièira òrba "impasse".

  • En effet, ce qui me turlupine avec le “simple” sens d’obscur, c’est que cela pouvait sans doute s’appliquer à de nombreuses rues ; et comme vous le relevez, ceci tenait sans doute plus à l’architecture (rues étroites, bâtisses à étages) qu’au tracé.
    Le fait que le nom se retrouve dans beaucoup de villes m’incite à penser que le sens était à peu près le même partout, et le fait qu’il n’y en ait qu’une, que le sens était particulier plutôt que général. La rue Orbe devait avoir un sens “social” ; le nom aurait une connotation de repoussoir. Peut-être était-ce la rue principale d’un “ghetto” où l’on cantonnait les indigents, les réprouvés, voire les prostituées. Pour les “bonnes gens”, c’était la rue où il ne faut pas aller. Et bien sûr le fait qu’elle soit éventuellement (mais sans doute pas systématiquement) fermée à un bout aurait pu faciliter le contrôle de ceux qui y vivaient.
    Je n’affirme pas, hein ! je réfléchis… :)
    — 
    Pour Bayonne, Balasque signale que les tenanciers de la rue Orbe payaient le cirmanatge (cens des maisons, taxe d’habitation). Elle n’était donc pas (ou plus) “hors-société” à l’époque (XIIe siècle) - Études historiques sur la ville de Bayonne, T. 2, p. 217-218. Voir aussi : Livre d’or de Bayonne, p. 92.


Un gran de sau ?

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