Bazadais

Bazas

- David Escarpit


 

Débouché de la rue Fondespan / Desbocat de la Carrèira Hont d'Espan / Desboucat de la Carreÿre Hount d'Espan

en graphie alibertine :

Lahont + (la,era) Hont

hont / fontaine, source

hontan ou hondan seraient d’autres formes, féminines aussi, de ce (...)

Espan


Un dissatte matin, pendent lo mercat.


 

Grans de sau

  • Pourquoi avoir mentionné ce "débouché" de la rue Fondespan ? Que veut-on savoir ?

    Ce que nous pouvons dire :
    1) sur le mot "débouché", c’est qu’il est entré dans la langue française (dans le sens qui nous intéresse ici) en 1770.
    C’est une issue qui permet de passer d’un lieu resserré dans un lieu plus ouvert. C’est le cas. Cette rue est effectivement peu large (ni rue, ni ruelle) et permet d’entrer sur la Place de la Cathedrale.

    2) sur le nom de la rue. A t-elle été baptisée du nom d’une célébrité locale ? Un sieur Fondespan ?
    Ou son nom a t-il une signification en lui même ?
    - "l’espan" c’est le vent d’Espagne dans l’Aude, mais on est un peu loin et elle n’est pas orientée dans le bon sens pour qu’un quelconque vent venant du sud puisse s’y engouffrer.

     "despanar" signifie dérober, voler, mais aussi s’évanouir, disparaître. Peut être faut-il chercher dans ce sens...
    Mais aussi : est-ce que le "fon" initial à quelque chose à voir avec une fontaine ou une source ?
    Votre avis SVP

  • Espan existe comme lòc à Pontonx-sur-l’Adour et Saint-Martin-de-Seignanx .

  • Information concernant la dénomination de la rue, trouvée dans les pages photocopiées d’une publication non identifiable.
    "Rue Fondespan. Dénomination très ancienne se rapportant à une vieille fontaine, la fontaine de Pan, consacrée au dieu des bergers, des troupeaux, des prairies et des champs.
    Ladite fontaine se trouvait allée Ausone. Elle a été malheureusement comblée, car placée en contrebas de la rue, son accès présentait quelques dangers. Il fallait en effet descendre une vingtaine de marches pour y parvenir. La fontaine de Pan alimente le lavoir actuel."

    En résumé, cette rue porte le nom d’une ancienne fontaine située dans un autre quartier...
    Curieux !
    Toutes mes élucubrations étymologiques sont à mettre au panier...
    [Claude]

    Réponse de Gasconha.com :
    L’explication par le Dieu Pan est très probablement fantaisiste.
    D’abord, on a une racine "Espan", et le gascon ne supprime pas les "s" placés ainsi.
    Ensuite, on n’a aucune attestation du culte d’un Dieu nommé "Pan" dans notre région.

  • Après examen d’un plan de la ville, il apparaît que la rue Fondespan était la sortie de la vieille ville la plus directe pour atteindre la Fontaine de Pan (Fondespan) qui elle était située hors des murs de la ville.
    La dénomination de la rue est donc logique.

  • Tout à fait d’accord avec Gasconha.com.
    J’ai rapporté ce que j’avais lu mais je restais sceptique.
    Pour l’heure je dirai ceci :
    "Fondespan" est probablement une écriture fautive de "Fontespan" qui se traduirait par "Fontaine espagnole" tout comme "Fontarabia" (toujours à Bazas) se traduit par "Fontaine arabe". (Bazas)
    La Fontaine de Fontarabie

    Les dénominations de ces fontaines tiendraient de la volonté de marquer le passage des arabes (et des espagnols ?).

  • Deux hypothèses :

     Si l’on considère Espagnet (Espanhet) comme le diminutif d’un nom Espanh qui signifierait ’’Espagnol’’, Fondespan signifierait ’’fontaine d’Espagnol’’ (Espagnol sans article, comme un chafre, celui d’une personne vivant près de la fontaine). Espagnet étant un nom du Bazadais également (notamment vers Grignols), peut-être que la région a connu des migrations ibériques au Moyen Age. Peut-être aussi que l’on qualifiait d’Espagnols des migrants basques ou catalans ? Un rapport avec la transhumance ??

     Moins probable à mon avis : ’’fontaine d’Espagne’’ à proximité de la route d’Espagne (route de Pau), tout comme on parle de ’’barrière du Médoc’’ par exemple. Mais dans ce cas, comment expliquer le passage Espagne > Espan ? Et puis ça ne marche qu’à moitié pour Fontarabie : cette fontaine est bien en direction de l’Arabie, mais pas à proximité d’une route ; quant à la ville basque du même nom, on sait bien que c’est un faux ami...

  • L’hypothèse "espagnol" vient facilement à l’esprit pour "espanh" et elle est peut-être la meilleure.
    Mais il faut se méfier des "faux amis".
    Palay donne d’ailleurs d’autres mots qui commencent pareil : espanet, espant, espanà-s...
    Multidiccionari francés-occitan

    A propos de faux amis, "Fontarabie" l’est sans doute, comme le rappelle Gaby. En basque, c’est "Ondarribia", sauf erreur, et là, la référence à l’Arabie disparait clairement. Mais il faut toujours garder une place pour le doute, et même les noms basques d’aujourd’hui peuvent avoir été restitués à partir d’hypothèses...

    Enfin, je retourne à la photo. Je pense que c’est moi qui l’ai prise, mais hélas (c’est une faille), je n’ai pas la date. Début des années 2000, je suppose.
    Le papi avec le vélo et les baguettes de pain sur le porte-bagages et le béret, ça fait cliché français (et non spécifiquement gascon) pour les anglo-saxons.

    Je remarque aussi la façade de la maison à l’arrière, qui fait décor de théâtre avec ses fausses colonnes grecques.
    Mêmes les arcades qui sont de face me semblent de cette veine classique (?) un peu prétentieuse, alors que l’arcade perpendiculaire qui donne sur la rue Fondespan se rattache aux cornières de Guyennes et Gascogne.

  • Dans pareils cas, les attestations anciennes sont vraiment nécessaires, et s’agissant d’une ville comme Bazas, elles doivent être abondantes : l’atlas historique des villes de France pour Bazas, par Marquette, doit donner la solution, mais je ne l’ai pas sous la main, ce jour.

    Reste qu’intuitivement, voici les pistes qui me viennent à l’esprit pour Fondespan et Fontarabie.

     La forme espan peut s’expliquer facilement en prenant en compte les transformations du latin lana qui donne lan "laine" en gascon.

    lana > la(n)a > laa (fortement nasalisé) > lan

    Dès lors, un étymon du type *fontem hispana, métonymie pour fontaine de la route d’Espagne, donnera quelque chose comme Fontespan/Fondespan, la question de la sonorisation de t dans le groupe -nt- étant un vieux trait de l’ancien gascon.

    Les attestations anciennes pourraient infirmer ou confirmer.

     Fontarabie m’interloque depuis des années.

    On le trouve deux fois en Grande Gavacherie, à Abzac et Pugnac, dans des zones dont la toponymie est encore majoritairement d’oc.

    C’est aussi un patronyme béarnais éteint, attesté à Jurançon à la fin du XIXème siècle. Sous la forme Fontarrabie, il subsiste, et est plutôt attesté en Vic-Bilh et Montanérès.

    Je sais que Grosclaude père propose une étymologie dans son dictionnaire des patronymes gascons : je ne l’ai pas non plus sous la main, mais de mémoire, c’est selon lui un composé de font "fontaine" avec un adjectif gascon que je ne connais pas.

    Pour ma part, je crois très probable que Fontarabie soit tout simplement le lieu d’origine d’un migrant, ou d’un autochtone qui a transité par Fontarrabie, ne serait-ce que du fait de l’importance de cette ville basque dans l’histoire gasconne (elle a été pour partie peuplée de Gascons).

    On peut fort bien imaginer que le nom de Fontarrabie ait résonné assez loin en Gascogne, dans l’ancien monde plus unifié, et au fond plus mobile qu’on ne le croit, moins clos.

    Le fait que Fontarrabie soit une déformation de l’étymon basque Hondarribia, "gué des sables", est sans incidence sur le fait que pour les Gascons, la ville a toujours été Fontarrabie, ou plus probablement, dans une vraie version gasconne Hontarrabie, ce depuis des siècles.

  • Et pour Bazas, le fait qu’il y ait une fontaine à Fontarabie ne serait qu’une coïncidence, au fond. Pourquoi pas.

  • Fontem Rapidum ou Fontem Rapitum n’aurait-il pas donné Fontarrabide ?


Un gran de sau ?

(identification facultative)

  • [Se connecter]
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document