Armagnac & Condomois

Valence-sur-Baïse

- Gerard Saint-Gaudens


 

Flaran

en graphie alibertine :

Hloran
Prononcer "Louran". Forme gasconne normale pour un nom originel latin (...)

Visite de l’abbaye de Flaran l’autre jour, premier monument public du Gers en termes de fréquentation, dit le dépliant touristique.
Magnifiquement restauré depuis ma lointaine première visite (par le département du Gers) ce chef d’oeuvre roman tardif abrite une très belle collection d’oeuvres d’art (peintures et sculptures, la collection Simonow) prêtée pour 7 ans renouvelables (et renouvelés).

Mais rien de gascon là dedans alors qu’au début de sa reprise par le département il devait devenir le « Centre culturel de Gascogne ». Il n’est jamais trop tard pour bien faire !


 

Grans de sau

  • J’y étais en juillet 2016, il faisait évidemment un temps lourd bien que lumineux, comme souvent l’été en Gascogne. J’avoue avoir été déçu - mais c’est là un biais maladif chez nous - par l’absence totale d’ancrage local dans l’utilisation de ce lieu magnifique, très rustique, un peu sur un même modèle que ces cloîtres du Nord de l’Espagne, ou mieux, comme Arthous d’une certaine façon.

    Bref, Flaran dégage une gasconnité immédiate par son architecture, mais développe un univers très mondial par les collections exposées. Bon, il n’en reste pas moins que les œuvres sont magnifiques, mais j’ai ressenti le même décalage que lors d’une exposition Sisley à Aix-en-Provence cette année : les paysages enneigés d’Île-de-France en plein septembre lumineux provençal, j’avoue avoir été déstabilisé.

  • Moi, j’y étais... il y a bien plus longtemps (A 60 ans passés, je me crois autorisé à ouvrir ici une série "souvenirs" - vous n’avez donc pas fini de me lire dans cette veine !) :
    Qu’èra un estiu de las anadas... sabi pas, mais ce que je vais dire après permettra de situer à peu près.
    Il était justement question de la création d’un Institut gascon, et c’était à Flaran.
    En fait j’ai deux souvenirs.
    Le premier : j’avais amené mes parents - enfin, matériellement, c’est eux qui m’y avaient amené - à une réunion gasco-occitane (à cette époque, les deux coexistaient assez bien). Je me souviens de phrases-idées... Les intervenants s’exprimaient volontiers en gascon :
     une contestation de l’étiquette "Lot-et-garonnais" : « n’i a pas d’estile òlt-e-garonés de las maisons » je m’en souviendrai toujours... on és, lo qui disèva acò ?
     « la politica de la cadièra vuèita » contestée par un autre (ou le même, je ne sais pas) ; déjà la question était de participer, ou non, à des réunions officielles dont on savait d’avance qu’on aurait du mal à s’y faire entendre...

    Je ne sais plus si c’est à cette réunion ou à la suivante qu’une jeune femme était venue, je suppose du Béarn, présenter une nouvelle Calandreta. Je me souviens de ses mots "Qu’am apitat ua Calandreta". Pour moi, c’était merveilleux !

    La deuxième réunion à Flaran, je pense que c’était dans la foulée de la première, mais cette fois j’y étais allé à vélo sans même en parler à mes parents. Je devais être en short, et les assistants les plus mûrs devaient se réjouir de voir un jeune participant ; il m’avait semblé le percevoir par un sourire bienveillant. J’avais peut-être risqué moi-même quelques mots dans mon gascon encore tout neuf et très limité !
    Mais il y avait d’autres jeunes : je me souviens qu’il y avait des stands - dans le péristyle du cloître - et qu’un des jeunes essayait de rabattre le public (clairsemé) en lançant "Crompatz gascon !"

    D’après mes calculs, ce devait être dans les années 1975...
    Finalement, le projet d’Institut gascon n’a pas abouti. Je me souviens qu’il était question de demander l’aide des différents Départements de la Gascogne, vous imaginez la difficulté...
    Et concernant précisément Flaran, d’après vos constatations et les miennes, la piste gasconne n’a pas été suivie, mais plutôt l’idée de faire un lieu culturel prestigieux, donc surtout pas trop gascon...

  • Il nous faudrait montrer que les deux ambitions ne sont pas incompatibles.

    Rêvons un peu:des tableaux de Labégorre sur fond de textes de Manciet ou quaucarren atau !

    Mais je ne sais trop si l’espace dégagé par l’exposition Simonow (que la direction aimerait visiblement pérenniser un jour par une dation quelconque) serait suffisant.Cela dit il m’a semblé qu’il y avait pas mal d’espace peu densément utilisé .

  • Après quelques recherches sur le web, j’ai l’impression que Flaran est solidement tenue par l’institution culturelle du Département du Gers.
    Une expo en cours (l’as tu vue, Gérard ?) : Bernard Plossu, Pais de piedras
    « Alternant, au gré des rencontres artistiques, le noir et blanc ou la couleur, les départements ou régions françaises et le reste du monde, l’Abbaye de Flaran poursuit inlassablement son questionnement sur la ruralité de notre planète, à travers les sillons successifs creusés par les travaux personnels et originaux des photographes invités. »
    La ruralité... en Gascogne condomoise, on est bien placé !-)

    Je dirai : A suivre ! Ce n’était pas forcément le lieu idéal pour un Institut gascon.
    Cela me fait penser à un autre lieu prestigieux - bien différent - et récemment restauré : le Château de Caumale à Escalans près de Gabarret, où la Fédération des Académies de Gascogne, pilotée par notre ami Jacques de Cauna, a trouvé un port d’attache.

    Ces lieux patrimoniaux, publics ou privés, comme, dans un genre plus simple, les innombrables églises à clocher-mur qui parsèment la campagne gasconne, sont en attente d’utilisation. Sans utilisation, ils ne seront pas entretenus.
    Une movida gascona saurait les utiliser.
    L’acoustique et l’ambiance devrait se prêter à des chants polyphoniques gascons... Une idée comme ça...

    Je ne pouvais pas me pencher sur Flaran sans chercher l’origine du nom.
    Mes recherches par Google me font arriver à Flaranum puis Floranum, nom à première vue lié au passé cistercien de l’abbaye :
    Flaranum, le même que Floranum d. Auch
    Floranum, Flaran

    Flaran faisait partie (ou pas ?*) de la commune de Flarembel ou Flarambel qui a fusionné en 1836 avec la commune de Cassaigne.
    Une explication de ce Flarambel très peu gascon à première vue : les attestations latines de Flaranum Vetum suggèrent un Flaran Vielh.

    * En tout cas, maintenant, Flaran est dans la commune de Valence sur Baïse, que j’ai aperçue cet automne, bastide haut perchée, que je me suis promis de visiter dès que possible. Je couplerai avec Flaran.

  • Je suis passé à côté de la chapelle de Flarembel, lors de mon passage en 2016, à quelques encablures de Flaran, mais déjà sur le territoire communal de Cassaigne comme indiqué ci-dessus. J’essaierai de réparer cette erreur, si Tederic ne me devance pas : la saison n’est pas idéale pour les longues escapades "gersoises", mais à compter du mois de mai, ce sera parfait ! (Cassaigne)
    La Chapelle de Flarembel et le château de Lébéron

    Pourquoi suis-je passé à côté de cette chapelle ? C’est que notoirement, la signalisation dans le Gers est absolument déficiente, même si cela fait aussi le délice des escapades en ces lieux : tomber nez à nez avec une tour médiévale perdue au milieu des tournesols, s’interroger sur le caractère public ou privé, rentrer à la maison et chercher sur le net des indications, rien bien souvent, à part quelques références anciennes sur Google Books.

    C’est fou comme l’on a peu écrit sur ces contrées ! Quelques auteurs illustres au XIXème siècle, comme Bladé, et depuis, plus rien, le néant total. Cela vaut aussi pour la toponymie : il n’y a rien sur le Gers (ce serait à nous de le faire, nous en aurions les compétences). On peut y voir la preuve du maintien de la civilisation rurale, qui parle peu d’elle, mais survit ; plus probablement, et selon moi, c’est là la preuve que les élites locales n’ont pas joué leur rôle, et que le terreau gersois ne sait plus faire émerger les érudits locaux, les personnalités originales, les notables férus de culture autochtone, comme on en trouve marginalement encore dans les pays de l’ancienne Aquitaine administrative.

    Pour revenir à Flarembel, oui, il doit s’agir de "Flaran Vieux", mais la dépalatisation de -lh final est bizarre : l’ALG montre que localement, -lh était bien prononcé palatisé (lire : comme la ll espagnole), ou parfois yodisé (lire : comme un y espagnol), mais jamais dépalatisé (lire : comme un l classique). Autrement dit, c’est nettement un trait toulousain. On aurait attendu Flarambeil(h) dans un moule orthographique français.

    • La bizarrerie de Flarembel, que j’écrirais plutôt Flarambel puisque le lien avec Flaran est quasi-certain, est peut-être liée à cette particularité de désigner des lieux non pas bizarres, mais qui sortaient de l’ordinaire paysan : une abbaye cistercienne avec des dépendances...

      Flarambel semble plus un nom de seigneur que de paysan. On trouve même le "Marquis de Flarambel" dans une pièce de théatre et le Marquis de Florembelle dans un opéra comique de Delibes !
      Florenbelle est un vin de la gamme des Côtes de Gascogne chez Plaimont...
      Il y a flor, il y a bel, dans ce nom... ça sonne bien, ça fleure la noblesse ; de quoi exercer une attraction forte sur notre Floran Vielh !

      En gascon normal, Floranum vetum aurait donné Louranbielh / Hloranvielh !
      Et Floranum, si c’est bien la forme latine originelle de Flaran, aurait donné Hloran, qui serait graphié Louran. Et Louran existe (FANTOIR : 32393 Saint-Maur A LOURAN), comme Louranne (à l’Isle Jourdain) ! Ou au minimum Floran/Flouran... qui existe (à L’Isle-en-Dodon) !
      C’est l’oralité qui peut amener jusqu’à nos jours une forme comme Louran, avec la perte du F que les gascons ne savaient pas prononcer.
      Dans le monde très latinisant et écrivant (je suppose), et peut-être plus cosmopolite et moins gasconophone, des abbayes cisterciennes, le F initial de Floran avait peu de raison de tomber.
      Le passage de Floran à Flaran est, lui, bizarre quand même !

  • J’avais bien perçu aussi le rattachement de Flaran au Conseil départemental du Gers ; la présidente de la commission culture et patrimoine est une élue du Pardiac,Mme Nathalie Barrouillet et je suppose que c’est à elle qu’il faudrait apporter des recommandations ou suggestions .Je ne sais trop par ailleurs comment se traduit cette quête inlassable de la ruralité planétaire (je n’ai pas essayé de reconstituer l’histoire des expositions de Flaran) mais puisqu’elle est proclamée …Il ne me semble pas ,par contre,que Flaran,ait joué la carte des concerts ,choraux ou autres ,ce que fait plus ou moins régulièrement l’abbaye d’Arthous (centre culturel des Landes) avec entre autres le festival annuel de chant choral international en juillet.Et comme nous l’avons vécu à Samatan,le chant polyphonique gascon a le vent en poupe .Cela vaudrait la peine d’en parler avec nos amis de Vox Bigerri ou de Balaguère.
    Par ailleurs je constate moi aussi une insuffisante signalétique dans ce département pourtant si riche en tous lieux magnifiques. Mais ailleurs aussi ,un exemple :Nérac dans le département voisin ,autre étape de ma route entre pays auscitain et Bordeaux l‘autre jour :aucune indication du château nullepart, château du reste fermé pour travaux depuis l’été dernier,je crois et pour plus de six mois.
    A propos de château, celui qui pourrait être un autre centre culturel gascon,celui de Montaner sur lequel je me réserve de revenir prochainement.

    PS j’ai vu au pas de course l’exposition "pais de piedra" centrée sur l’Aragon, belle expo photos m’a-t-il semblé (mais je suis comme on sait,un photographe des plus médiocres ,plus touché par la peinture !).

  • Esprit de l’escalier : l’église romane de l’abbaye est meublée d’une petite centaine de chaises de type concert ; il y a donc certainement des concerts à Flaran !


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