Benauge Entre-deux-Mers

Cadillac

- Vincent P.


 

Le Pin Franc


Le toponyme, français, est présent assez abondamment en Gascogne et pays alentours, il ne faut sans doute pas y voir autre chose qu’un toponyme récent pour indiquer un lieu où se situait un pin parasol remarquable, sans doute dans le contexte d’une demeure un peu bourgeoise.

Reste que la maison du Pin Franc de Cadillac est intéressante, outre qu’elle domine la vallée de la Garonne, qui est très belle en cet endroit : la maison est très nettement marquée par le style régional néo-vascon !


 

Grans de sau

  • Toponyme français ? Un peu gascon quand même : le terme de pin franc est typiquement girondin, et certes peut-être un peu sur le littoral charentais. Les Méditerranéens parleront de pin pignon ou pin pignier.

  • Ce que dit M.Dubedout sur les pins francs de Chalosse sur son site de Doazit : le terme fait référence à la structure sociale typiquement gasconne des maisons capcazalières. Peut-être cela ne peut-il être étendu à la Gironde, ni à une maison "moderne", mais c’est un terme très gascon quoiqu’en français, le terme serait "pin mèishe". Une maison "néo", d’un mestre ou d’une daune "montée au nord" de la Gascogne ?

    "Si aujourd’hui les pins francs n’intéressent plus que les bécasses, autrefois, la silhouette très reconnaissable de ces arbres indiquait au passant que telle maison jouissait du droit de voisinage. (Colombiers et trottoir pavé de cailloux étaient également réservés aux maisons capacasalères).
    Le capcasalier, c’est l’homme franc, c’est à dire libre, qui, en signe de cette franchise, a droit de planter près de sa maison un pin parasol (pin pignon ou en gascon "pin mèishe" , c’est à dire "cultivé"), que pour cette raison, on appelle encore actuellement un pin franc.
    A son décès, c’est avec le bois de cet arbre qu’était fabriqué le cercueil du chef de famille.
    Pour beaucoup, les pins que nous connaissons sont postérieurs à la Révolution - lorsque la coutume cessa d’exister - puisque la durée de vie d’un pin parasol est d’environ 250 ans. On peut toutefois penser que bon nombre d’entre eux se sont ensemencés naturellement, à l’emplacement où il en existait antérieurement.

  • En gascon girondin c’est pin mètge (mètche) (du latin domesticus), pin empèut ou pin franc. Le terme de pin franc a peut-être une origine landaise mais alors très ancienne et a eu le temps de se répandre partout en Bordelais et Bazadais.

  • Et si, sans toujours faire appel à du symbolisme ou à voir des "choses" cachées, les gens plantaient-ils des pins parasol seulement pour montrer qu’ils étaient riches ? C’est peut-être ça et pas le contraire... Comme dans le Comminge, les gens qui avaient émigrés aux USA et en revenaient fortunés plantaient des palmiers.

    Quand j’habitais dans le Poitou, on m’avait dit que le pin parasol signalait qu’il y avait un protestant dans la maison (j’en doute quand même, étant donné le statut clandestin du Protestant, pourquoi le signaler par quelque chose de si voyant...).

    Alors, certes, le "pin franc" ne porte pas ce nom sans raison mais je ne pense pas qu’il faille généraliser ou faire "des coutumes" quelque chose de précis et de non contournable. Par exemple, que le maître de maison faisait son cercueil avec le bois du pin parasol, cela me paraît compliqué, pour de simples raisons logiques...

  • Signe vraisemblable de protestantisme en Poitou en effet (discret plutôt que clandestin, tout comme l’habitude de se faire inhumer dans son champ, le cimetière étant réservé aux catholiques), de maison capcazalère ou en tout cas de "maitre" en Gascogne. Le coup du cercueil me parait à moi aussi bien douteux sauf quand le maitre décédait ...en même temps que son pin franc !
    Un dicton (disedèir) grand-landais : escargalha’s com ua pinha metge (escargalha-s coum ue pigne mètche) : éclater de rire comme une pomme de pin franc (sous entendu : quand on la met dans le feu).

  • Renaud : bien évidemment que le pin franc est un marqueur social. En Bordelais il y en a trois qui sont flagrants : le cèdre (de l’Atlas ou du Liban, mais pas celui de l’Himalaya qui chez nous ne parvient pas à un âge avancé pour cause de dépérissement), le pin franc et le palmier à chanvre. Cela dit, ces essences se sont démocratisées et je dirais plus justement que ce sont des marqueurs de propriété, même dans les zones pavillonnaires de la 2de moitié du XXe siècle. Il faut donc tenir compte de la taille des cèdres et des pins francs. Plus rares, les séquoias et les magnolias en sont aussi. Je vais essayer de préparer un article sur ce sujet.

  • D’ailleurs, sur cette photo, derrière le pin franc, ce sont des séquoias

  • " Le coup du cercueil" est curieux,certes, mais rien n’interdit de penser que des branches maîtresses de ces immenses arbres aient pu être conservées et séchées dans les maisons pour en faire des planches à usage de la sépulture future du maître de la maison qui avait seul droit de sépulture dans l’église !
    Bien certainement aussi pour les périodes récentes, c’est la richesse, les considérations esthétiques et de prestige qui devaient présider à la plantation de tels arbres, mais en donnant la référence de l’article de M. Dubedout (qui comporte pour Doazit des photos et le témoignage de l’existence d’ancestraux pins francs comme marque de maison capcazalière), j’ai simplement voulu signaler que cet arbre avait une signification proprement gasconne bien ancienne et particulière.
    http://dzt-isto.chez-alice.fr/28_voisi.htm
    J’essaye de joindre une photo piquée sur le site qui montre une maison qui ne ressemble en rien aux pavillons roses pseudos- méridionnaux, mais est une maison magnifique avec son pin franc.


Un gran de sau ?

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