Haut Entre-deux-Mers Anneau gascon Entre-deux-Mers

La Réole

Prononcer "La Réwle".
A l’origine du nom, "Regula" ("règle" - ici monastique - en latin), nom d’un monastère.

On peut même imaginer (plus gascon) "L’Arrèula", bien qu’il manque des attestations en ce sens. Il y a bien les "Arrocs" à St-Pey-d’Aurillac !

De toute façon, notons que, un còp de mei, la prononciation gasconne authentique est très loin de la prononciation française "laréole", sans diphtongue.

La photo ci-dessus, qui montre de vieux immeubles qui font face à Garonne, laisse deviner un passé prestigieux.
Hélas, le déclin a commencé il y a longtemps, pour des raisons que Gasconha.com connait mal.
Le 21e siècle sera-t-il le siècle du renouveau pour cette ville "pittoresque" qui ne souffre d’aucun enclavement, devenant même une banlieue lointaine de Bordeaux ?
[Tederic]

En 2019, la Réole est le chef-lieu de la Communauté de Communes du "Réolais en Sud-Gironde" (quel nom !) : 46 communes, 25 000 habitants

La fiche Wikipédia de La Réole ne mentionne pas d’appartenance à la Gascogne* ni à la Guyenne :
« La Réole est une commune du Sud-Ouest de la France, située dans le département de la Gironde, en région Nouvelle-Aquitaine. »
*sauf indirectement en donnant le nom gascon : « En gascon, le nom de la commune est La Rèula [la’rɛwlə] ou L’Arrèula. » )


 

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Lòcs (lieux-dits = toponymie, paysage...) de La Réole :


 

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Grans de sau

  • La Réole, un samedi soir de janvier ... Quin tristèr ... Un seul bar ouvert sur les quais, qui fermait dès 19h00. Une population rare, silencieuse, taciturne. La sensation d’une ville vitrifiée, plus qu’endormie, morte tout simplement.

    Quel est ce pays - la France - qui a tué de la sorte ses villes moyennes ?

    J’en discutais quelques jours après, à Bordeaux, avec un autochtone, de l’Entre-deux-Mers, qui travaille dans l’agriculture : il m’affirmait que la ville était bel et bien morte. Que dans le secteur, seule Marmande surnageait un peu, avec une jeunesse encore présente et quelques lieux de sociabilité festive.

    A rebours, toujours selon mon interlocuteur, le secteur agricole, autour de l’échelle du canton (il me parlait de Monségur), charrie encore une activité communautaire.

    Il se confirme que ce sont les villes petites et moyennes qui souffrent de notre mode de développement, mais que les chefs-lieux ruraux s’en sortent mieux, autour d’eux un chapelet de villages avec encore une agriculture et quelques entreprises. Quelle idée alors d’avoir créé des super-cantons !

    Tout a été fait à l’envers : suppression des anciens cantons, pourtant échelle de vie cohérente, création de super-régions pour favoriser les métropoles qui tuent les petites villes du type de La Réole.

  • Bravo pour la photo nocturne !

    Un petit bémol : vu que l’activité commerciale des villes s’est généralement délocalisée en périphérie, et que l’habitat se disperse lui aussi hors la ville, on ne peut plus dire qu’une ville est morte parce qu’on ne voit plus un chat au centre-ville, surtout le soir. C’est l’espace-ville qui n’est plus le même. Peut-être qu’il ne faut plus parler de ville mais de bassin de vie diffus. Il faudra trouver un nom... Les anglo-américains n’ont rien ? ça m’étonne...
    Je sais qu’il y a un centre commercial sur la route de Langon-Bordeaux, et je suppose que c’est là que ça se passe pour le commerce et même une partie de la vie sociale diurne réolaise, si l’adjectif "réolais" a encore un sens dans ce nouveau contexte.
    Evidemment, le soir, ces centres commerciaux sont déserts, et les habitants sont chez eux, parfois dans les nouveaux lotissements villageois, parfois dans de vieilles maisons retapées, mais le plus souvent loin du coeur historique de La Réole.
    Je pourrais dire la même chose pour Tonneins qui peut, pour les mêmes raisons, passer pour une ville morte alors qu’elle a des industries.

    La Réole et Tonneins ont cependant des marchés très actifs le samedi matin, et je vois là un espoir.

    Quant aux cantons : ils sont surtout une circonscription électorale et il faut reconnaître que c’était injuste que certains conseillers départementaux représentent 2000 habitants alors que d’autres en représentaient 10 000.
    Mais il faut sans doute critiquer les regroupements communaux exagérés. De La Réole, je ne connais pas le statut communal, mais autour de Marmande, j’ai toujours pensé que la création d’une "communauté d’agglo" sur une zone rurale qui a jusqu’à 50 km de diamètre, ne pouvait qu’aggraver l’étalement urbain, ruiner les centres historiques, conduire les gens au repli le soir dans leur cocon.

    Ensuite, je pense que la racine de tout ça, c’est le choix du tout automobile.

  • Tes bémols sont justes !

    Ce même soir, en prenant la départementale qui mène à Bordeaux, le long de la Garonne, rive droite, c’est en effet autour de la zone commerciale de Frimont, à l’ouest de la ville, que j’ai décelé un peu d’activité : des néons, quelques voitures au drive du McDo ou sur le parking d’un traiteur asiatique.

    Ce n’est tout de même pas satisfaisant que pareil mode de vie, éclaté, où les centre-villes ne sont plus qu’un musée, souvent médiocre, figé. Alors même que les grandes métropoles, paradoxalement, connaissent un renouveau de l’activité de leur centre-ville, et mieux, l’émergence de vies de quartier (c’est frappant à Bordeaux). Une question d’années avant que La Réole ne se "monoprise" ? (La "carrefourmarketisation" est un néologisme plus lourdingue !)

    Pour ce qui est des cantons, j’entends préciser ma pensée : bien évidemment que la circonscription administrative, ayant pour seul but d’élire des représentants, était mal découpée, au vu des évolutions démographiques. En revanche, je persiste à penser que la plupart des cantons, autour d’un chef-lieu que l’on peut dire "petite ville" (mais souvent, juste un village plus urbanisé) avaient une existence réelle, et il me semble clair que la commune de demain était sur cet espace : un centre-bourg avec services autour duquel s’égrènent des villages-satellites, anciennes communes.

    Si j’en crois ma connaissance de la semaine dernière, Monségur répond parfaitement à cette définition.

  • Dans la fiche de la Réole, je m’interrogeais sur les raisons de son déclin. Mes bémols acceptés par Vincent relativisaient ce déclin en demandant de ne pas juger seulement sur le centre historique de la ville.

    Pour compléter le tableau, après lecture de la fiche Wikipédia de La Réole, qui curieusement n’a pas de paragraphe consacré à l’économie :
     La Réole a été sous-préfecture jusqu’en 1926 ;
     Son Tribunal d’Instance a été supprimé en 2010 (comme à Tonneins ou Blaye) dans le cadre de la grande centralisation ordonnée par la Garde des Sceaux Rachida Dati, qui consistait à fermer de nombreux TI, à déplacer leur activité vers d’anciens TGI (Tribunaux de Grande Instance) eux-même déclassés en TI au profit, en général, des chef-lieux de département.
    Les frontières départementales et le ressort de l’ancien TGI de Marmande : une discussion avec une avocate "agenaise"

     La Réole a "encore" un lycée.
     La Réole est le centre de la Communauté de communes du Réolais en Sud Gironde qui s’étend assez loin des deux côtés de Garonne, et englobe notamment Aillas au sud et Monségur au nord.

    J’ajoute que, comme Tonneins, Marmande, Langon, La Réole a perdu sa manufacture de tabac, et en garde un très grand bâtiment désaffecté.

    Vincent se demande si La Réole pourrait connaitre un renouveau de l’activité du centre-ville, une "monoprisation" comme au centre de Bordeaux. Je vois bien ce qu’il veut dire : des jeunes et moins jeunes qu’on appelle souvent "bobos", parfois des étudiants, qui vont au marché, au bistrot peut-être, se déplacent à vélo, achètent en petites surfaces...
    Mon avis est que le développement de ces écosystèmes est nourri par une partie assez précise et très minoritaire de la société.
    Or, 5% de la population sur un million, ça fait 50 000 habitants, et ça suffit pour faire revivre un coeur historique de Bordeaux ; mais 5% sur 5 000 habitants, ça ne fait que 250 habitants, ça ne suffit pas pour le coeur de La Réole. En plus, les 5 % sociologiques n’y sont pas à La Réole, alors qu’ils sont dépassés à Bordeaux...

    Il faut donc trouver, pour les petites villes, un modèle de vie alternatif qui séduise au moins 20-30 % de la population : sur le bassin de La Réole, ça ferait environ 2 000 habitants qui se délecteraient de vivre dans ce cadre ancien et pittoresque...

  • Et voici une petite illustration supplémentaire !

  • Qu’èri a la Rèula dishatte passat, entà « 33 minutes pour changer de vie » e la jornada deu patrimòni.
    Le but de la manifestation est clair : amener des bordelais à choisir La Réole comme investisseur et/ou habitant, travailleur (avec la couleur "moderne" coworking-afterwork qui sied)...
    "33 minutes", c’est le temps qu’il faut théoriquement en train pour "faire" Bordeaux - La Réole.
    On compte sur le train, sur le charme du vieux La Réole, "l’esprit village" et les prix (bas) de l’immobilier pour déclencher un coup de coeur...

    Il y aurait un potentiel de 1200 habitants supplémentaires en centre-ville, dans des immeubles à réhabiliter ou même à construire complètement dans un tissu ancien.
    Mon impression, c’est que ça va marcher !
    Reste à voir comment la campagne environnante, et plus largement la Gascogne vont s’articuler à ça.

    La Réole « 33 minutes pour changer de vie » 2019
    "Auberge espagnole" au Prieuré des Bénédictins (haut-lieu de la Réole qui sert aussi de mairie, de médiathèque, etc.)
  • "La Réole, 2 minutes d’arrêt". Les annonces du TER n’indiquent plus - avec accent - les arrêts, c’est dommage !

    Il m’a semblé en 2022 que La Réole était en voie de boboïsation autour de quelques rues de l’hyper-centre, nous y reviendrons.


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